Un homme courrait à toutes jambes, bousculant les badauds se trouvant sur son chemin. Il regardait plusieurs fois derrière lui, tentant de se rassurer d'échapper à quelque chose qui l'effrayait. Car oui, son visage remplit de sueur était terrorisé. Le fuyard haletait, puisant dans ses réserves physiques et mentales pour ne pas penser à son douloureux point de côté. La plus grande source de lumière, de simples lanternes, ne permettaient aucunement au trouillard de connaître la position exacte de cette chose qui le poursuivait dans le quartier de Palafitte. Hélas, sa course l'entraîna dans un cul de sac, une impasse impossible à franchir, à escalader. Il jura dans sa barbe de quelques jours et s'apprêta à rebrousser chemin.
Une mélodie chantonnée par un harmonica défia le silence environnant. À son écoute, le sang de l'homme se glaça. Son dos se plaqua contre le mur, une goutte de sueur coulant depuis la racine au dos puis au bout du nez, se jeta pour s'étaler sur le sol. Des sons d'éperons se mirent à accompagner l'air de la musique qui se rapprochait lentement, mais sûrement. Les lanternes dessinèrent une ombre féminine porteuse d'un Stetson.
La Louve Blanche se montra dans le champ de vision du désespéré. La prédatrice s'arrêta à quelques mètres tout en poursuivant sa musique. Sa tête penchée, empêchait l'inconnu d'apercevoir les perles rouges de l'albinos. Puis, lorsqu'elle termina ce concert gratuit, les plaintes du pleurnicheur se firent entendre. Il gémissait de désespoir, demandant la pitié de Jaina Rosenberg.
Le gibier à genoux, fut projeté contre le mur de l'impasse en recevant un coup de pied au centre de son ventre graisseux. Son odeur corporelle dérangeait beaucoup les nasaux de la Louve Blanche. Elle avait presque envie de vomir. Tout cela à cause d'un mélange de drogues, de transpiration et de poisson pas frais. Jaina se demanda même, si elle devait nettoyer sa santiag.
« Ton nom est sur ma liste. » gronda la pistolera qui sortit de sa veste sans manche un papier froissé possédant plusieurs identités. Une grande partie fut barré. Celui qui attirait l’attention de la victime fut son identité. Visiblement, la cow-girl connaissait ce bougre. L’albinos lâcha son instrument de musique qui pendouilla autour de son cou, l’harmonica balança de gauche à droite, comme une pendule d’une horloge. Les lèvres charnues de la demoiselle attrapèrent avec amour une cigarette. Son Zippo fut retiré d’une petite sacoche en cuir marron. Le couvercle se leva, Jaina fit rouler la molette contre son pantalon par un mouvement de va-et-vient à l’aide de son bras. La flammèche brûla la tête de la clope. « Il paraît que tu sais te servir d’une arme à feu. Les rumeurs circulent que tu es un as du tir. Je me trompe ? »
Aucune réponse sortit des cordes vocales du peureux. Il était tétanisé et ses yeux firent comprendre à la prédatrice que sa cible devait être du genre à mentir pour obtenir une soi-disante réputation. Mordant férocement le cul de sa cibiche, Jaina attrapa l’un de ses deux colts et élimina la nuisance d’une balle dans la tête. Un nouveau nom fut barré de sa liste…
Quelques heures plus tard, la Louve Blanche se reposa dans un terrier, dans un bar malfamé. Elle avait volé l’argent de sa proie pour au moins se payer un coup à boire. Disons que son portefeuille était très maigrichon. Alors, elle se contenta d’une bière et d’un seul verre. Son pichet était à moitié consommé.
La dame se perdait dans sa bulle, à inspecter une nouvelle identité qui se trouvait également à Carcimonia. Mais, d’après le barman, sa nouvelle proie n’allait pas être simple à chasser. Il semblait être un membre de la mafia, qui dirigeait lui-même son organisation. Ce qui voulait dire que la rêveuse du titre de Reine des tireurs allait devoir se frayer un chemin pour accéder au chef. C’est-à-dire éliminé les nuisances sur sa route.
« Je peux te servir un verre ma jolie ?! » proposa un inconnu détenant un parfum empestant l’alcool, que ce soit sur ses vêtements et dans sa bouche. La cow-girl bougea lentement son visage avec lassitude, inspectant le spécimen des pieds à la tête.
« Non, dégage. » gronda l’albinos qui réussit à bien se faire comprendre en dégageant son regard du diable contre le gêneur. L’homme s’éclipsa aussitôt, comme-s-il venait d’apercevoir un fantôme. Désireuse de foutre le camp, de reprendre sa chasse, elle vida d’une traite le restant de sa bière et s’apprêta à partir. Sauf, qu’une autre personne vint l’importuner. Au moins il s’agissait d’une femme et non d’un homme. « Je ne suis pas une Chasseuse de primes, ma jolie. » déclara Jaina qui plissa ses billes sanguines pour découvrir la silhouette de la dame. Devait-elle se méfier ? Ou bien tenter de tourner autour ? La louve préféra garder ses distances et ne pas retrousser ses babines. « Si ce n’est pas la mafioso Luigi Salvi, je passe mon tour. »
La cow-girl croisa délicatement sa cuisse droite contre la gauche, rangea ses bras sous sa poitrine généreuse et mâchouilla le cul de sa clope.
« Et s’il s’agit de lui, j’accepterai uniquement si tu me payes un repas chaud. Je suis à sec, mais pas en munitions si cela peut te rassurer. »