Je regarde frénétiquement ma montre à gousset pour m’assurer de l’heure. Ce n’est point que je suis littéralement impatiente de débuter mon enquête mais je le suis en réalité. Je déteste devoir attendre, surtout pour une ou des personnes qui doivent m’accompagner pour l’énigme que je dois résoudre. J’ai toujours pour habitude d’arriver la première à des lieux de rendez-vous. J’aime être en avance, c’est à la mode d’après l’époque de maintenant. Je ne me souviens point d’avoir été en retard sur une quelconque affaire cela prouve que je suis considérablement obsédé dans mon travail, du moins uniquement sur des affaires qui valent une note égale ou supérieure à sept sur dix. Donc, en observant et non point en regardant ma petite horloge portable, je constate qu’il ne reste exactement que trois minutes et quarante-sept secondes à ma partenaire pour me rejoindre avant d’être en retard. Si jamais cette dernière l’est, je serais contrainte et plutôt heureuse de partir de cette auberge pour enquêter seule. Pourvu que cette Kahina Hawkesbury le soit. Ainsi, pour éviter d’attendre la fin du compte à rebours, je décide d’effleurer mon palais mental pour débuter sans autorisation un de mes passe-temps favoris. Je ferme la couverture de mes cristaux de mer, j’adapte une respiration lente, silencieuse, décontractée afin de me permettre de fouiller discrètement dans l’auberge à la recherche d’indice. Mon ouïe auditive se met à travailler, je l’oriente tout d’abord sur la discussion d’un couple qui se trouve à quelques tables de ma position. Les paroles sont centrées sur le projet de mettre un enfant au monde. Je peux constater que le ton de l’homme semble ne point être enjoué, je note également quelques soupçons d’hésitation dans ses propos. Je décide d’ouvrir mes paupières pour centrer mes orbes maritimes sur le couple en question. Je repère automatiquement que l’amant de la femme détient une barbe négligée détenant plusieurs poils blancs sûrement dus par le stress car le visage de ma cible possède une approximation d’âge entre vingt-cinq ans à trente ans. L’âge idéal pour concevoir une famille avec sa moitié. Oh, mais que vois-je au niveau du col de chemise de monsieur, n’est-ce point du fond de teint ? Je plisse mes yeux, signe qui montre que je me concentre davantage afin de comparer le fond de teint à celui de la femme de l’individu. Comme c’est regrettable et tellement prévisible. Monsieur s’accoquine avec une autre demoiselle derrière le dos de madame. Je pourrais être outrée en constatant cela mais je ne suis point touchée à cette découverte, moi la sociopathe de haut niveau. Il s’agit là d’une réaction humaine chez les hommes surtout que ces derniers en profitent à cause de la discrimination des sexes…
Lorsque je souhaite passer à une autre analyse, plus précisément sur le barman qui vient de ramasser les morceaux de verre à ma table, mon attention se tourne automatiquement sur l’arrivée de celle que j’attendais. Kahina est en avance de vingt secondes, ce qui lui donne un bon point pour travailler à mes côtés. Je ne prends point la peine de retirer mon masque qui camoufle l’intégralité de ma figure fort fatiguée suite à la perte de mon bras et de mes préoccupations sur la Noah du Savoir. Ma coéquipière se rapproche de ma position pour s’installer en face de moi, débordant d’un sourire radieux que je ne rendrais point pour deux raisons. La première c’est que je porte un masque, la deuxième c’est que je n’en vois aucune utilité de le faire. Pourquoi donc faire travailler les muscles de mon visage pour un geste aussi futile et enfantin ? «
Vous avez de la chance Miss Hawkesbury. » commençais-je en ne répondant ni à sa petite courbette de salutation ni à son serrage de main. «
Heureusement, je suis votre alliée. Détective de renom. Risa Holmes, détective consultante, la seule au monde car j’ai inventé la fonction. » avouais-je d’un ton très arrogant car je peux me permettre de l’être vu qu’aucun individu n’a réussi à me vaincre en matière d’enquête et de déchiffrer le crime. Je me pensais être exceptionnelle et je le pense toujours. Je baisse ensuite mon menton pour lever mes joyaux océan sur ceux de ma camarade tout en attrapant mon masque de ma main robotique pour l’enlever. «
Enquêter exige bien des talents, Miss Hawkesbury. Ce n’est point à la porter de tout le monde, même si les gens pensent le contraire pour au final réaliser un travail médiocre, passable, honteux pour un détective de ma trempe. »
J’affiche un sourire furtif, détenant des bruns de moqueries sur les chuchotements de l’Anglaise à propos de l’objectif de cette mission. N’a-t-elle point lu le rapport sur cette affaire ? Est-ce dans ses habitudes d’accepter une mission sans y savoir ce qui l’attend. Je soupire bruyamment, je suis agacée et je le montre bien, ce qui dénonce que je ne suis littéralement point faite pour travailler en équipe, que je suis la plus désagréable, la plus grossière, la plus rustre et la plus odieuse de connes qu’on puisse avoir le malheur de rencontrer. «
Comment passerais-je le temps sans vos question Miss Hawkesbury ? » demandais-je à mon tour en sortant une pipe en argile de mon uniforme d’Exorciste. Je prends mon temps pour confectionner mon tabac tout en laissant un grand blanc dans notre conversation. En réalité, mon esprit est déjà tourné ailleurs, ennuyé de bavasser avec ma partenaire. Mon centre d’intérêt se retourne sur le barman dont je peux lire ses paroles grâce aux mouvements de ses lèvres grasses. Vient-il de mentionner l’existence d’un de ses amis capable d’affronter la mort en personne ? L’affaire devient très intéressante. J’inspire une grande quantité de mon tabac pour ensuite la recracher en évitant d’envoyer la fumée sur le visage de Kahina Hawkesbury. «
Oui. » repris-je soudainement d’une voix basse et sombre. «
Un brooker se niche à Londres et je suis même prête à parier ma deuxième main à couper que d’autres individus de ce genre se terrent dans la ville que j’aime. Après-tout l’Angleterre a déjà tourné le dos au Vatican par la passé. Londres. Un grand cloaque dans lequel toutes sortes de criminels, d’agents et de paumés se déversent. » Je pointe discrètement l’index de ma main non humaine sur le barman. «
Le propriétaire est un sous-fifre de notre cible. Que suggérez-vous Miss Hawkesbury ? Doit-on attendre patiemment la fermeture de l’auberge afin de le suivre en filature ou doit-on lui tordre les doigts pour lui faire cracher les morceaux de la vérité ? » Je reprends du tabac dans ma pipe tout en lançant mon regard le plus perçant à ma collègue. Je suis désireux d’apprendre à la connaître car autant me préparer à tout quand je serais face au brooker. Est-ce que Kahina Hawkesbury est fiable ou point du tout ? Après tout, d’innombrables traitres gisent au sein de l’Ordre, dont la plupart sont partis. D’ailleurs, j’en suis une également car je ressens des sentiments pour une ennemie, moi la sociopathe de haut niveau qui était étrangère à ce genre de choses…