Intrigue Chapitre VII : Ceux Qui Prient

Assise sur son lit, jambes contre son ventre, la détective répare tranquillement son instrument de musique, son violon, sa source d'inspiration, son moyen de faire la paix et de rétablir le calme dans son merveilleux palais mental. Hier soir, la fille du vent salé c'est acharnée à composer des nouveaux morceaux, des nouvelles mélodies pour tenter de ne plus repenser à sa mission de l'autre fois. Cette fille, cette Noah, Risa ne sait pas pourquoi mais rien ne va depuis qu'elle l'a rencontré. Elle a mal, oh oui elle souffre. Pas physiquement mais surtout psychologiquement. Son esprit refuse de faire le vide sur cette rencontre. Risa l'ignore, Holmes est dans le déni, que Ada van Eyck est l'amour de sa vie, sa rose qu'elle affectionne tant, son ange tombé du ciel qui lui a permis de chasser son désespoir. Mais son lien avec la brune n'existe plus ou plutôt se cache au plus profond de sa mémoire que l'humain n'arrive pas à exploiter et à mettre à jour. Pourquoi son cœur est si lourd, si douloureux ? Sans doute car Risa est amoureuse, du moins elle le pense et ça l'a fait énormément rire. Elle ? Risa Holmes ? Qui tombe sous le charme d'une femme ? Une ennemie par-dessus le marché ? C'est impossible car Risa préfère la solitude qui est son meilleur ami. Les gens sont ennuyeux, ils sont aussi idiots, réagissent toujours pareil et de la même façon. Un soupir long et bruyant ressort de l'enquêtrice qui termine ses réparations. Au moment où elle décide de tester son petit bijou, une alarme retentit et fait sursauter l'Anglaise.

Lorsque le son désagréable et assassin arrive dans les locaux de la Congrégation de l'Ombre, ce n'est jamais bon signe. Il y a une infime chance, à peu près un pourcent de probabilité qu'il s'agisse d'une farce ou d'une fausse manipulation sur le déclenchement de l'alarme d'urgence. Très vite, l'Exorciste enfile sa tenue d'Exorciste, cache comme à son habitude son visage à l'aide d'un masque intégral vénitien puis sort de sa chambre en vitesse. Toutes personnes se trouvant sur sa route esquive la bretteuse qui ne prend même pas la peine de se décaler pour laisser passer les fuyards. Elle sent le stress, l'adrénaline se mélanger dans son corps pour y créer une chose qui la rend encore plus impassible qu'auparavant. Son palais mental est en marche, à pleine puissance, visualisant déjà beaucoup de détails sur les passants en panique. Ça obstrue le champ de vision de la Sherlock Holmes qui ferme pendant une petite seconde ses paupières pour chasser ces détails qui ne sont absolument pas intéressants.

Les deux mains tenant ses épées imprégnées d’Innocence, l'épéiste se rapproche de plus en plus de la zone, de l'objectif, du champ de bataille en question. Simultanément, elle y découvre un démon de niveau un qui tente de s'en prendre à des pauvres membres de l'Ordre Noir. Avec hâte, Risa effectue un saut retourné en avant et abat ses lames violemment sur le démon qui explose aussi sec. De plusieurs pas, la Holmes se recule pour ne pas aspirer le gaz empoisonné rejeté par la mort de la machine. Les victimes la remercient brièvement durant leur fuite, Risa les ignore sans aucune gêne. Après tout, il faut bien commencer à s'échauffer pour passer au stade suivant.

Elle reste derrière les lignes contrairement à d'autres qui attaquent déjà en première position à la manière des guerriers sans cervelle qui sont assoiffés d'action. Et dire que ce sont toujours ce genre de cas qui finissent en gruyère...tant pis Risa n'en a que faire, elle s'en moque. Mais il ne faut pas ignorer que c’est souvent grâce à ce genre de personne que la guerre peut se gagner très vite, ou être perdu. Des tirs d’obus foncent dans sa direction, de ses lames, les projectiles sont tranchés, d’autres esquiver de justesse car leur vitesse n’est pas à prendre à la légère. Puis, la compatible est attirée par un char égyptien. En se concentrant, les informations, descriptions tournent autour de sa tête. L’engin appartient à Ramsès II, troisième pharaon de la XIX dynastie égyptienne, réputé pour être un grand guerrier, un grand conquérant, détenant plusieurs œuvres historiques à son image, que ce soit des statues, des temples, du moins d’après les bouquins qu’a lus la détective. Visiblement, la tourmenteuse de son état psychologique est présente, une nouvelle fois comme si le destin souhaite à tout prix les réunir pour une chose que Holmes ignore. Visiblement un Exorciste reconnaissable attaque déjà le Savoir, d’une façon…très lâche. Attaquer derrière le dos, comme l’a fait dans le passé Risa, visiblement le borgne a raison, les deux se ressemblent beaucoup. Autant donc prêter main-forte à ce collègue qui ne l’agace plus vraiment. Contournant le champ de bataille ou plutôt la zone où se trouve Dominus, la sorcière à la rose noire visualise la structure du char pour y repérer un élément en particulier pour le dégrader. Détruire une roue ou bien tuer les chevaux ? Risa préfère rester légèrement humaine et lorsque le char passe près de sa position, lorsque Risa se trouvait de dos face à Dominus, capuche cachant ses cheveux, la bretteuse coupe une des roues du char pour stopper la course et permettre à Akira d’avoir une meilleure chance de toucher, blesser, gêner le Noah du Savoir. Le moyen de transport s’effondre et le grand héro de l’Égypte Antique, Ramsès II lui-même, engage le fer contre l’épéiste.  Il utilise un khépesh comme arme et Risa doit le reconnaître, l’homme se défend plutôt bien. La mage contre à l’aide de ses épées les assauts sans merci et extrêmement rapide du héros. Coup à droite, coup à gauche, tentative de trancher les jambes de Risa mais cette dernière saute pour esquiver, Risa est silencieuse observant la manière de se battre du Roi. Une faille apparaît, une deuxième survient ensuite, la troisième se montre timidement. De toutes ses forces, la Sherlock Holmes use d’une première tentative pour abattre ses lames sur l’arme de l’Egyptien qui grâce à l’Innocence coupe le khépesh en deux. Ensuite, d’une extrême agilité, la femme se penche en arrière pour esquiver un coup de pied qui frôle le bout de son nez. Pour répondre au geste rapide et furtif de Ramsès, la détective shoot sur le pied en équilibre de l’homme pour le faire chuter, une tentative qui réussit. Pour terminer cette discussion musclée, les épées de la demoiselle se plantent au niveau du cœur du Pharaon pour l’éliminer pour de bon.

Risa est essoufflée, son masque vénitien se brise en deux, dévoilant une blessure sur une partie de la joue de l’Anglaise qui se met à saigner. Visiblement, elle n’a pas vraiment réussi à tout esquiver…

L'assaillant est éliminé des mains de la Rose qui à l'heure d'aujourd'hui est une coquille vide à cause des méfaits de Central, de sa trahison pour avoir donné son cœur à une ennemie qui au lieu de le détruire s'est contentée de le chérir du mieux qu'elle le pouvait. Aujourd'hui, Risa se bat une nouvelle fois, une deuxième fois contre la femme qui n'a jamais voulu la faire souffrir et ne le souhaite toujours pas. Son destin a été écrit, manipulé pour que l'Anglaise confonde et voit son amour comme le pire ennemi de sa vie. Pourquoi sa destinée est si injuste ? Pourquoi la sorcière doit-elle attaquer son espoir, sa raison de vivre ? C'est trop injuste, le désespoir ne fait que la torturer... Alors, la bretteuse fixe de manière impassible la Noah du Savoir. Ses cristaux sont vides de toutes émotions, son esprit ignore les conseils du Maréchal qui était comme un père pour la petite Holmes. Dorénavant, la sociopathe n'écoute que son ego repoussant et insupportable. Lorsque la terre se met à trembler, la femme manque de tomber sur le sol mais reprend équilibre pour éviter la mauvaise chute. Lentement, son attention se porte sur une de ses collègues, une rousse qui vient d'invoquer en un claquement de doigt un immense galion. Elle plisse ses iris et son palais mental se met automatiquement à chercher des informations sur cette merveille historique. Le Santa-María, un des trois navires qui a permis au grand Christophe Colomb de traverser le redoutable Océan Atlantique durant sa toute première expédition en 1492, à la recherche de l'Inde. Jamais, oh grand jamais la détective n’aurait pensé avoir la chance de découvrir ce magnifique galion. Elle aimerait pouvoir y entrer à l'intérieur, regarder de fond en comble l'intégralité de ce bateau mais l'heure n'est pas venue pour Risa de faire une chose de la sorte. Car oui, par cette faute d'inattention, la Sherlock ne se focalise plus sur Dominus qui compte bien en profiter. Toujours à bout de souffle, l'enquêtrice se fait soudainement agresser par le Savoir qui normalement devait s'occuper d'Akira Nakamura. Encore un mauvais jugement de la part de celle qui prétend tout savoir. Elle est plaquée au sol, impossible de se servir de ses épées (qui emmagasine de plus en plus d'eaux) car ses poignées sont bloquées par les mains de son cher et tendre amour. La détective sert ses dents, puis ses billes d'un bleu océan se figent sur ceux du bleu acier d'Adalie. La Noah pleure pour une raison que l'Anglaise ignore. Sa respiration est rapide, Risa sent le pouls de la demoiselle qui est nerveux et sans doute en colère. Les larmes de la pleureuse tombent sur Risa qui se mettent ensuite à tomber le long de ses joues pour remplacer la tristesse et le désespoir de Holmes qui a été effacé à cause de sa propre sœur...

Pendant un moment qui est long pour Risa mais court dans la réalité, l'épéiste se sent bizarre, son cœur se déchire lentement, son palais mental devient de plus en plus inaccessible pour l'amoureuse des vérités. Une migraine arrive, elle descend lentement comme une plume pour ensuite s'écraser à la manière d'une enclume. Risa écarquille ses orbes, ouvre ses lèvres pour tenter d'échapper un cri de douleur qui au final n'a aucun son. La jeune femme sur elle lui pose une question qui est difficile à prononcer. C'est un murmure, qui est très difficile à entendre. Pourquoi Risa fait ça ? Car c'est une Exorciste. Car son rôle est de sauver ce monde de l'apocalypse que souhaitent apporter les Noés. Car c'est à présent une marionnette sans âme. Car on lui a instauré dans son cerveau que Ada van Eyck est la grande responsable de sa perte de mémoire. Oui, c'est elle la véritable ennemie. La nuisance a éliminé. Si ses lames arrivent à transpercer le cœur de cette Noah, Risa sera libre. Il faut le faire ! La porte est grande ouverte ! Cet obstacle qui se dresse devant Holmes est désormais faible, fragile pour une chose dont la Sherlock Holmes ignore. Mais l'amnésique est arrêté sur sa tentative à créer une tornade d'eau pour éliminer le Savoir. Car oui, la brune se remet à parler, à lui poser des questions qui normalement sont sans intérêt pour l'Exorciste. Pourquoi est-ce que chaque phrase de cette ravissante fleur détruit de plus en plus Risa ? Pourquoi ces mots arrivent à paralyser la pauvre bretteuse qui souhaite juste en finir contre cette menace ? Impossible de savoir...impossible d'y répondre...Risa est totalement perdue et déboussolée. Ô toi la Sorcière aux Roses Noires. Ô toi l'ignorante qui est face à l'amour de ta vie. Il est temps de relever la tête. L'heure de changer de route est arrivée. Le moment d'ouvrir les yeux est venue. Vas-tu te réveiller, ô grande détective que tu étais ? Toi qui t'es jurée de chérir à jamais la femme qui pleure pour toi ? Vas-tu fuir une fois de plus tes responsabilités ? Comme tu l'as fait pour ta pauvre fille qui est morte par ta faute ? La réponse est...impossible à deviner...

Des projectiles d'Akumas arrivent de partout, ça mitraille les Exorcistes et les fuyards travaillant pour l'Ordre Noir. Ça tente d'en tuer le plus possible et ça vise soudainement la Rose Noire qui donne un coup de pied dans l'estomac d'Ada van Eyck pour la dégager. La détective effectue un mouvement de 180° sur elle-même, évacue l'eau de ses lames pour fabriquer une tornade aquatique. Elle tourne autour de Risa...elle tourne autour d'Adalie. Entre les deux, une balle d'Akuma s'est écrasée. Elle a réussi à franchir la zone de justesse avant que la tornade se forme. Une petite chose ronde s'écrase sur le sol, effectue un léger bruit métallique, roule puis se pose près de la Noah en s'éteignant lentement de sa lueur verte. Les deux démons qui ont agressé Risa se détruisent à cause de l'attaque aquatique de la sorcière. Puis...la compatible se retourne, observe Adalie, des larmes viennent de couler. La fille du vent salée vient d'écouter son cœur qui souffrait d'une douleur indomptable et inimaginable... Elle se rapproche, lâche son épée, tend sa main droite où son index est manquant pour se poser délicatement sur la joue du Savoir. Ses lèvres attrapent ceux de la Noah pour y déposer un baiser. Car oui…un choc juste avant de créer sa tornade d’eau vient de lui permettre de retrouver une partie de sa mémoire, celle qui est la plus importante, celle qui lui montre que l’espoir se trouve juste devant ses yeux.

« Je t'aime... » dit-elle dans un murmure très faible. Risa retire sa main qui se recouvre d'étoiles sombres qui est en réalité le virus Akuma. « ...et je...suis désolée… » Son épée gauche se lève très haut dans le ciel. Personne ne peut le voir car la tornade aquatique est toujours activée. Il n'y a que le Savoir qui peut être témoin de cette scène. La Sorcière est sur le point de le faire, d'exécuter une chose qu'elle n'aurait jamais pensé faire. Son cœur bat de plus en plus vite, le chagrin et la douleur de se souvenir de ses sentiments pour Adalie la tiraillent et la rend heureuse pour ce dernier instant...cette dernière action qui va sans doute...détruire sa vie. L'arme blanche s'abat pour trancher la nuisance de Risa. L'épée élimine pour de bon ce qui cause actuellement sa perte. Elle se met à hurler quand l'action vient de réussir, la détective crie de tous ses poumons par son geste désespéré. Pour...ne plus commettre une deuxième fois l'erreur. Oh non, hors de question de laisser le désespoir revenir...désormais...la sorcière se fait la promesse...de ne plus jamais fuir.

Risa tombe sur ses genoux, comme elle l'a fait autrefois à Paris en perdant sa fille. La scène est similaire. La sorcière vient de perdre quelque chose de précieux. Mais cette fois, ce n’est pas l'amour de sa vie qui est revenue pour toujours et à jamais dans sa mémoire, mais sa main ainsi que son avant-bras droit qui ont été sectionné par la Sherlock. Ainsi, elle se sauve de justesse de la propagation du virus. Ainsi, la Rose Noire survit en perdant un pétale de Rose. Son Innocence se désactive, la tornade cesse, la Sorcière est désormais sans défense, elle qui tente par tous les moyens de se faire un garrot en utilisant ce qui reste de son adrénaline et de sa force…elle qui attrape la bague qui se trouvait sur son index droit qui n’existe désormais plus…

La douleur est insupportable, cette sensation de ne plus pouvoir bouger sa main droite, de serrer ses doigts ou bien les ouvrir est affreuse. Comme c’est regrettable pour la grande détective de devoir se couper un de ses avant-bras pour se sauver in extrémis de la mort, de ce foutu virus d’Akuma. Tout cet effort pourquoi au juste ? Ah oui, les souvenirs de la Sherlock sont pas mal en bordel depuis ce démembrement et ce découpage de doigt par l’Akuma. Si Risa vient d’agir de la sorte c’est pour une unique et réelle intention que de protéger une chose qui était perdue dans son noble et magnifique palais mental. Adalie Elisabeth van Eyck, une femme qui a réussi à reconstruire le cœur meurtrit de l’Exorciste. Une ennemie naturelle qui au final n’en est pas une pour la sorcière. Oh oui, Ada est un Noé mais c’est devenu également l’amour de Risa, sa chérie, son magnifique ange, sa dulcinée, sa moitié, son espoir et sa raison de vivre. Sa cervelle ne lui montre pas tout, elle est capricieuse et souhaite cacher beaucoup de choses dont leur premier baiser, leur dîner romantique et d’autres choses que font deux personnes qui s’aiment à la folie. Pouvoir redécouvrir ce genre d’élément apaise légèrement l’immense douleur de la perte de son avant-bras. La compatible sert ses dents, ne peut être qu’observatrice de l’immensité de son sang qui coule sur le sol, sa vision se trouble, Risa sait qu’elle est en train de franchir la limite et que bientôt la perte de connaissance va arriver, mais elle tient bon, elle se bat de toutes ses forces car on a besoin d’elle et surtout…l’Anglaise doit survivre car son palpitant désire retrouver celui du Savoir.

Ada retire sa veste et l’aide à faire un garrot autour de ce qui reste de son bras, mais ça ne suffit pas. Le vêtement bordeaux de la femme devient de plus en plus rougeâtre, il s’humidifie peu à peu des globules rouges de la sorcière. Risa ne se plaint plus, Risa ne crie plus, Risa ne gémit plus, il n’y a qu’un faible sourire sur ses lèvres. C’est sans doute très idiot de sourire en pleine apocalypse de ce champ de bataille, mais c’est plus fort qu’elle. Peut-être que la douleur et retrouver des partiels de sa mémoire l’a rendue complètement folle. Pourtant c’est faux, Holmes sourit car elle se rend compte que la vie lui a donné une chance, une seule et unique opportunité de trouver un jour une personne qui souhaiterait l’aimer d’une manière aussi colossale. La femme souhaiterait prévenir à van Eyck que tout va bien, qu’il est inutile de s’inquiéter, que désormais la Sherlock va trouver un moyen de revenir retrouver sa chère et tendre dame pour poser un genou à terre et lui demander sa main. Malheureusement, rien ne sort des cordes vocales de Risa car sa voix est absente, sûrement encore sous le choc du découpage forcé. En réalité, plus rien ne fonctionne correctement chez la fille du vent salé. Impossible d’entendre les paroles d’Ada, de remarquer les blessures que la Noah reçoit d’Akira Nakamura, ni même de la présence d’un nouveau Noé qui est la Maladie, ou du carnage que provoque Adélaïde Thompson avec son rafiot, en fait la Sherlock Holmes tente dans sa tête de relever les nombreuses étagères de sa bibliothèque, de son palais mental. De ranger correctement l’immensité des livres qui traitent que des sujets intéressants gardé précieusement par la bretteuse. Puis…soudainement…son cerveau s’enclenche en mode défensif, armant en vitesse un schéma très détaillé pour contrer une petite armada qui vise la Rose Noire. Quatre Akuma se sont rapprochés de sa position, ils vont commencer à tirer, l’esquive est impossible, il est donc crucial d’armer son Innocence, de créer une arme de jet pour détruire la menace le plus rapidement possible. Des calculs mentaux sont effectués par le grandiose palais mental de la détective afin de déterminer quel objet sera le plus efficace pour éliminer le plus rapidement possible les démons. Elle se souvient alors d’une histoire, d’un livre ou un guerrier utilisait une arme tranchante pouvant être lancée et revenant ensuite à son propriétaire. Alors, sans attendre, la femme enfile le deuxième anneau avec beaucoup de difficultés sur son annulaire gauche. Les bagues de Poséidon s’activent d’une lueur éclatante, un boomerang à trois lames se matérialise dans sa plume gauche. L’objet est en eau solide et extrêmement tranchant. D’un geste précis et très rapide, l’arme est lancée et détruit en vitesse quatre Akuma qui désiraient achever la sorcière. Oh, ils ont surestimé Risa, une erreur qu’il ne faut jamais connaître surtout pour une sociopathe de haut niveau. Levant son unique bras, le boomerang revient dans la paluche de l’Exorciste.

Les cristaux d’un bleu océan de l’épéiste deviennent au fur et à mesure vides, sans émotion, faibles, car la perte de sang commence doucement à être importante, à être critique. Si aucun médecin arrive, la vie de Risa risque de revenir en état plus que critique. Car oui, sans s’en apercevoir, Akira et Ada l’ont aidé grâce à une fiole du vampire sur sa plaie importante. Le sang de son coéquipier a permis de ralentir l’écoulement du sang et ça…la pauvre Anglaise ne l’a pas vu, elle ne regardait pas, elle n’observait pas car la demoiselle est à moitié consciente, à moitié présente, à moitié là. Si Risa arrive à se battre en ce moment même, c’est grâce à son désir de survivre, à l’adrénaline encore présente dans son corps, à l’espoir qui vient de revenir pour la Sorcière au sujet de son ange qui est revenu de ses souvenirs. D’ailleurs, la femme ne remarque même pas Destiny qui entame une douce mélodie, une douce musique de son violon, un instrument que Risa adore par la même occasion, pour arrêter définitivement l’écoulement de sang de la violente blessure de la compatible. La femme se sent mieux et c’est en se tournant qu’elle remarque que maintenant la violoniste. Un merci s’impose, un grand remerciement même, pourtant la Sherlock est incapable de le faire. Non pas parce que dire merci est quelque chose de très rare pour la sociopathe mais surtout qu’à l’heure d’aujourd’hui, la pauvre désespérée n’arrive pas à retrouver sa voix. Un simple hochement de tête est effectué, en espérant que la ravissante Destiny comprenne le geste…

Pour Risa Holmes, les sentiments sont une tare chimique pour les perdants. Les amis ne servent à rien, ne font que ralentir la grande détective. Que seule sa solitude lui permet d’avancer car elle est sa plus grande amie, sa meilleure amie en fait. Pour la première fois de sa vie, du moins depuis son lavage de cerveau forcé par sa saloperie de sœur Wanda. Holmes se rend compte qu’il est important d’être bien entouré car malgré son caractère non sociable, des personnes ont quand même aidé la sociopathe à survivre et ça…ce genre de chose…cet événement ne sera aucunement oublié pour la Rose Noire. Oh jamais…oui jamais Risa oubliera l’aide qu’on lui a fourni pour la maintenir en vie. Peu importe si ces derniers la considèrent comme une simple arme, un simple pion, une moins que rien, la sorcière ne peut pas se permettre de contourner ce cadeau…voire ces cadeaux tendus par les mains de ses alliés et de son amour. C’est ainsi que la plus petite des Holmes se place près de Destiny afin de la couvrir pendant que cette dernière termine les soins. Son visage se recouvre d’un masque intégral vénitien aquatique, l’eau froide et gelée adoucie et réduit sa migraine importante.

« Thank…you, my…dear. » finit-elle par enfin dire à Destiny Richards. « I owe a debt to you. » Mais la dette est également adressée pour Akira et Adalie car grâce à eux…la Rose ne fanera pas et continuera même avec des pétales en moins à garder sa beauté grâce au soleil qui représente les personnes qui ont toujours foi en l’amnésique…

La sauveuse de Risa, la coéquipière de cette dernière, la violoniste aux cheveux d’or lui demande de ne plus s’inquiéter. Que la femme est présente pour la couvrir et que Risa doit à tout prix rester en vie. La sorcière n’a pas l’intention de la contredire. Depuis que la Rose se souvient d’Adalie, sa volonté de survivre n’a jamais été aussi grande et profonde. Ainsi, Dame Holmes se laisse soigner par son allié Destiny Richards et entre-temps, en usant de ses dernières sources d’énergie mais surtout de son adrénaline qui ne souhaite aucunement partir, la mystérieuse sorcière aux roses noires va se contenter de couvrir également sa nouvelle amie en la protégeant des démons qui sont toujours autant nombreux. À croire que quand une machine est détruite, deux reviennent comme par magie. La mage se doit de rester prudente, d’autant que sa folie de couper son avant-bras la rend encore plus vulnérable contre ses ennemis. Une goutte de sueur froide tombe le long de sa tempe gauche. Elle représente l’inquiétude et la crainte sur l’avancement de ce règlement de comptes très violent. Beaucoup de ses camarades sont blessées, certains ont subi une explosion de pleine face, d’autres ont été victimes d’effets secondaires des Apôtres, et quelques-uns reste encore indemne grâce à leur remarquable attitude à se battre. Ce n’est pas le cas de la Sherlock qui est toujours aussi faible dans ce genre d’affrontement. Se battre contre un humain normal est chose aisée, mais contre des machines et surtout des Noah c’est une autre paire de manches. Gémissant à nouveau par la douleur infernale de la perte de son membre, quelques larmes de souffrance perlent le long de ses joues. Son masque aquatique cache le tout excepté le gémissement qui est légèrement étouffé. La femme aux cheveux de neige souhaite à tout prix camoufler le plus grand nombre de ses faiblesses afin de montrer aux autres que la grande détective est inébranlable. Sauf que cet événement prouve fortement le contraire.

D’autres enfants du Faiseur s’approchent dangereusement de sa position et avant que sa coéquipière ne réagisse, la fille du vent salé relance une nouvelle fois son boomerang à trois lames. L’arme entre en contact avec un Akuma et explose avec ce dernier. La création de Holmes vient de prendre fin, elle doit donc puiser à nouveau dans l’eau environnante pour former une nouvelle création. C’est ce que Risa fit sans aucune hésitation et en un temps-record. Un fouet aquatique est formé, il est recouvert de pointe pour que l’arme ressemble à une ronce, à la tige d’une magnifique Rose. Tournant son bras gauche au-dessus de sa tête en faisant des moulinets, la création de Risa s’agrandit petit à petit grâce à l’absorption en continu de l’eau invisible à l’œil nue. Plus le fouet grandit et plus la compatible souffre intérieurement. Du sang s’échappe même de sa narine droite. L’Exorciste n’abandonne pas et par sa volonté ressemblant à un immense tsunami, le fouet s’abat sur quatre Akuma qui se détruisent littéralement pour le contact de l’Innocence. Comme convenu, Holmes vient de protéger Destiny ou plutôt lui épargner la peine de rajouter des machines à son compteur d’élimination. Le fouet disparaît de la main de la compatible, Risa tombe sur ses genoux et tente de reprendre au mieux sa respiration qui est très saccadée. La femme pose sa main sur son palpitant, froisse son vêtement, se met à tousser du sang, et son regard s’oriente sur le combat. Mais bizarrement, l’enquêtrice n’est pas attirée par la disparition tragique du bateau de l’arrogante ainsi que des nombreux boulets de canon qui heureusement ne sont pas allé sur elle, ni de la femme qui avale les attaques ou encore d’Akira Nakamura ou bien du Maréchal De Buzancy. Non, contrairement aux autres, contrairement aux personnes qui n’utilisent pas forcément l’intégralité de leurs petites cervelles, Risa est intriguée par plusieurs machines qui cessent de se battre. Il est impossible d’envisager que des Noah ont donné l’ordre de cesser le feu, ils sont bien trop enragés contre l’Innocence. Non, il s’agit d’un cas plus différent et particulier. Soudainement, le palais mental, l’immense bibliothèque de la détective trouve une réponse à sa question, au mystère ou l’énigme très curieuse à propos des machines. Ce que son cerveau lui apprend ou plutôt lui fait remémorer lui donne un frisson de terreur du début à la fin de sa colonne vertébrale. Ce genre de cas est déjà arrivée plusieurs fois d’après les rapports. Au Japon quand plusieurs Exorcistes se sont battus contre des Noés pour tenter de retrouver le Maréchal Cross Marian. Puis également dans l’ancien QG, quand la Luxure est arrivée aussi facilement dans leur maison comme dans un moulin à vent. Risa doit faire quelque chose, oui, elle doit agir, elle doit faire appel aux Cerbères car eux seront assez rapides pour agir. Alors, de sa main la Sherlock la plaque sur le sol pour tenter d’utiliser l’eau se trouvant en dessous mais c’est peine perdue car il est déjà beaucoup trop tard…

Le monstre de plusieurs mètres de haut prend forme, s’élevant pour sans doute faire de l’ombre aux Noés assez mal en points et en difficultés contre les nombreux Exorcistes. Il est sans doute arrivé pour faire diversion et son apparition risque de dégrader encore plus le QG mais également de causer beaucoup de soucis aux forces de l’Ordre Noir. Alors, la sorcière n’a pas le choix…autant aidé du mieux qu’elle peut son camp pour ne pas être un point mort.

La sorcière a besoin de ses serviteurs pour faire peur, la Rose a besoin de ses pétales pour montrer sa beauté. Sa main unique toujours sur le sol s’illumine, la femme gémit de nouveau à cause de la douleur. La détective tente de faire le vide dans sa tête, de ne plus être perturbée bien que ce soit très difficile à cause de son état actuel et de la situation de l’affrontement. Des formes aqueuses sortent du plancher en pierre du QG. Ils se mettent à grogner à aboyer… Chacune des têtes se mettent à baver comme si la maladie de la Rage était présente dans…les deux Cerbères que vient d’invoquer la Rose Noire. Les bêtes mythologiques qui ne sont pas aussi grandes que dans les livres, fixent attentivement le Savoir, le Châtiment, la Révolte, la Discorde, la Maladie. Ils ont faim, ils souhaitent goûter à la chair fraîche des Noés.

« Sit ! » ordonne la maîtresse des Cerbères. Les animaux s’assoient et se mettent à couiner souhaitant à tout prix attaquer. « Look ! » De son index, Risa pointe l’Akuma. « Attack ! » dit-elle aux deux bêtes qui foncent à toute vitesse sur la machine géante et redoutable. Chaque canin à trois têtes sautent sur la machine pour planter leurs crocs redoutables imprégnés d’Innocence sur le géant…