Intrigue Chapitre VI : Phase III

Elle en profite une nouvelle fois, toujours et encore lorsque des situations imprévues surgissent. Cette petite peste qui ne souhaite pas laisser le dernier mot à la louve. Cette nuisance énervante qui profite de chaque instant pour lui rappeler qu’elle est toujours en vie. Mordred se trouve à califourchon sur son hôte Cassidy Danvers. Armée d’un poignard la Noah tente de toutes ses forces de planter cet objet métallique et pointu dans le cœur de cette petite saloperie, mais elle résiste toujours. L’albinos retient les poignées de son opposante en serrant les dents, résistant tant bien que mal et ne souhaitant en aucun cas perdre contre une personne détestant la vie. Les deux femmes sont identiques exceptées sur la couleur de leurs iris. La scène fait penser à des jumelles qui se disputent pour une chose enfantine. Puis, la cowgirl arrive à se retirer de la louve en lui donnant un coup de tête très assommant. Cassidy se relève, attrape le poignard et le lance sur Mordred qui esquive de justesse la lame par un simple mouvement de tête. Pourquoi diable l’avocate du Diable n’arrive pas à dominer cette misérable humaine. Est-elle donc faible à ce point ? Comment se fait-il qu’une simple humaine arrive à l’égaler ? Ces questions sans réponses énervent énormément la Noah. De la fumée rouge s’échappe de ses mains pour entourer son corps afin de lui donner un aspect fantomatique. Les orbes jaunes de Mordred s’illuminent de haine et ses cordes vocales émettent un hurlement de guerre terrifiant. Face à cela, Cassie sourit de défi et fonce sur sa nouvelle ennemie qui est représentée comme un virus….

La véritable forme de Révolte n’existe pas encore, déchirée entre une partie désirant la destruction de ce monde et l’autre souhaitant sa libération. Mais il est dit que le souvenir gagne toujours contre son hôte, c’est donc un affrontement gagné d’avance pour Mordred…

La réalité reprend son cours après les nouveaux événements étranges et chaotiques de cette monstruosité appelée Innocence. La Révolte est aspirée et recrachée à la manière d’un aliment avarié. Elle tombe et roule sur elle-même en rencontrant l’eau nauséabonde et sale des égouts. La Noah se relève difficilement, recrache de l’eau qui s’est incrustée dans ses poumons et vomit même du sang en ne comprenant pas ce qui se passe. Son corps est à bout et commence à rompre des câbles à cause de Mordred et Cassidy qui s’acharnent à vouloir le contrôler. La Révolte tousse, se frappe les côtes et revomit une deuxième fois en ayant l’impression que son organisme va exploser. Des larmes s’échappent de ses yeux et dégradent son maquillage la faisant ressembler à une pure gothique. Puis, en ouvrant ses paupières, celle de Mordred surgissent laissant penser qu’elle vient de terminer son hôte, du moins pour aujourd’hui. Son grognement de colère, de douleur se fait entendre, sa vision se trouble, la reine révolutionnaire se tient la tête et attend que son organisme se régénère pour enlever son mal.

Il fait sombre, l’avocate du Diable ne voit presque rien. Elle manque de trébucher et plonger à nouveau dans cette sorte de vase dégoûtante. Heureusement, la Noah reprend son équilibre. Sentir l’eau qui est entrée dans ses bottes n’est pas du tout agréable, sans oublier l’intégralité de ses vêtements trempés. Mordred cherche donc sa boîte d’allumettes dans l’une de ses poches, elle espère pouvoir en tirer une faible source de lumière même si les petits morceaux de bois doivent être gorgés d’eau. Première tentative qui échoue, la deuxième se résume à la même chose puis la troisième action fait brûler le bout de l’allumette. L’obscurité s’enfuit légèrement à cause de cette toute petite source de chaleur et de lumière. Difficilement, Mordred s’avance dans l’eau qui ne la rend absolument pas discrète. Un petit miracle saute aux yeux de la Révolte. Un sol ferme et dur se présente devant sa position. Lorsque le talon de ses bottes rencontre ce sol bien dur, Mordred ne peut s’empêcher d’émettre un soupir de soulagement.

C’est en continuant sa route, en ayant eu recours à une autre allumette, que la voilà en présence d’une inconnue. Blonde, porteuse d’un regard de vampire et affreusement petite comparée à la louve. Elle s’approche donc de cette gamine, la regarde de haut sans un mot. Ses orbes de démon se plissent et ses lèvres émettent un sourire en coin. La gamine dégage l’odeur d’un Exorciste. Au vu de la situation actuelle, Mordred n’a pas envie de se battre et préfère sortir de ce lieu qui ne présage rien de bon. Mais très vite, la situation monte en tension quand d’autres bruits de pas surviennent. Elle se tourne donc, reprend un peu de distance à cause de la môme et invoque derrière son dos Calamity, sa toute nouvelle arme en forme de Winchester. Mieux vaut être prudente que pas assez.

Alors que le petit groupe se rassemble à la manière d’un troupeau d’agneaux qui cache avec eux la louve affamée, l’inévitable surgit sans prévenir, transperçant le cœur de l’amoureuse des révolutions en l’incitant à s’effondrer sur ses genoux contre le sol mouillé et crasseux des égouts de la ville. Ce qui se passe à l’extérieur, les secousses plus violentes, la colère, la haine, le désespoir des survivants procurent un plaisir incommensurable à la femme qui n’a jamais ressenti une telle sensation de sa vie de révolte. Ses mains se mettent à trembler, elle ne sait plus comment respirer, son sang bouillonne de joie, des larmes coulent de ses orbes dorés magnifiques. Le peuple d’Édimbourg appelle, hurle, supplie la Révolte d’intervenir. L’avocate du diable ne peut pas se tromper, son ouïe l’informe bien de ses appels angéliques. Mais pourquoi donc pleure-t-elle ? Pourquoi avoir l’impression d’être poignardé derrière le dos ? Son allumette qui brille encore sur le sol, dévoile une flaque d’eau qui présente un reflet de visage qui ne correspond aucunement à Cassidy. Des cheveux encore plus longs et plus blancs. Sous les paupières inférieures on peut y voir des traces noires qui ressemblent à l’écoulement de ses larmes de désespoir. Ce visage exotique procure des frissons de la tête au pied de la louve désireuse de savoir si ce visage lui appartient réellement. Elle tente donc de le toucher sur cette flaque d’eau mais lorsque ses ongles pénètrent dans ce liquide poisseux, l’image disparaît sous ses yeux curieux. De ce fait, la voilà qui attrape derrière son dos son arme bien-aimée. Le bruit du levier de son arme pour charger cette dernière provoque une mélodie douce et agréable pour la prédatrice désireuse de passer aux choses sérieuses. Ensuite, elle colle sa joue froide sur le bois de la crosse, ferme son œil gauche et appuie à plusieurs reprises sur la détente. Les balles empoisonnées foncent à vive allure sans s’arrêter laissant derrière elles des traînées violettes qui sont magnifiques aux yeux de la Révolte. Les projectiles frôlent à quelques centimètres la joue de l’Exorciste qui lui donnera une légère sensation de brûlure. Une autre déchire un bout de tissu de vêtement de la petite fille dont Mordred pensait que c’était un garçon avant qu’il ouvre sa bouche. Une dernière découpe une mèche de cheveux de son collègue Semi-Akuma. Les dards métalliques détruisent sur leurs passages les obstacles qui se trouvent devant leur chemin dans une facilité extrême et lasse. Ainsi, sans un mot, plaquant Calamity son petit fusil d’amour contre son épaule pour y alléger le poids de ce dernier, la louve dépasse tout le monde comme-ci de rien n’était. Son autre main valide y dégage son étrange don naturel sous forme de fumée rouge. Ça se met à tourner autour de ses doigts et murmures aux oreilles de la Révolte qu’elle désire s’amuser. Un appétit de révolution qui ne cesse de toujours réclamer sa part du gâteau, toujours affamé, toujours aussi goinfre, toujours aussi monstrueuse.

Plus les talons de ses bottes retentissent pour se faire entendre à la sortie, plus son plaisir de révolte augmente et lui donne une force monstrueuse. Si seulement Mordred était capable de retrouver ses facultés, ses pouvoirs, pour profiter de cette occasion afin d’anéantir ses ennemis. Dont cette saleté d’Exorciste, cette gamine, et tant d’autres. Il suffirait juste d’une seule balle pour en tuer un à coup sûr. Elle imagine donc Cristal recevoir un de ses projectiles, de comprendre que la mort arrive devant elle pour lui arracher son âme et la brûler en enfer. Puis vint le moment le plus réjouissant, la destruction de son Innocence. Néanmoins, Mordred n’est pas assez forte contre cette naine aux yeux rouges. Elle doit le reconnaître, depuis qu’elle avance dans son petit chemin, elle y croise beaucoup trop d’ennemis redoutables. Un jour, l’avocate du diable le sera aussi, ou du moins le redeviendra comme avant. Quoi qu’il en soit, ennemi robuste ou non, la manipulatrice peut autant gagner une guerre grâce à sa malice, ses mensonges et surtout sa manipulation. C’est après tout grâce à ses nombreuses interventions dans l’ombre que des choses ont énormément changée. Dont les révolutions historiques, l’événement de Paris, et d’autres qui viendront prochainement dont Central. Oh oui, ces petits humains qui respirent tranquillement dans cette organisation et qui ne se doutent pas un seul instant qu’un désastre peut arriver. Patience, petite proie. Patience, petit escargot. Bientôt, la Révolte va intervenir pour y semer le désordre, le chaos et prévenir ses ennemis que Mordred sera toujours là pour y planter un couteau derrière le dos.

Ainsi, en ayant utilisée le service de son arme fétiche, Mordred montre sa véritable apparence. Sa peau grise, ses iris de démon, ses stigmates sur le front, son aura malsaine et envoutante en d’autres termes : la Révolte incarnée. Bien devant ses ennemis et de son allié Semi-Akuma, l’avocate du diable y allume de nouveau une allumette pour marcher et continuer sur le chemin de la sortie. Si jamais une personne derrière elle souhaite l’attaquer, la femme le saura grâce à son don naturel qui peut ressentir la révolte des gens. C’est un sixième sens, sa petite antenne qui prévoit le moindre danger. Puis, Mordred s’arrête, oriente ses iris jaunes au plafond, bouge ses narines à la manière d’une louve sentant de la viande fraiche.

« Nous sommes tous proche de la sortie. » annonce la Noah d’une voix douce et envoûtante qui caresse malicieusement l’ouïe auditive de ses camarades. « Mais je ressens la colère de ses pauvres habitants à cause d’une montagne qui vient de se réveiller. Elle y crache sa colère contre eux en les brûlant, les étouffants. » Mordred gonfle ses poumons par son nez en y attrapant au passage l’odeur dégoûtante des égouts. « Nous devons nous dépêcher de sortir de cet endroit. »

Sans les attendre, la Révolte décide de courir à l’aide de sa faible lumière pour sortir de ce cauchemar puant. Elle se fiche éperdument du Semi-Akuma qui n’est rien d’autre qu’une expérimentation douteuse et écœurante. Ni même du gosse à couche androgyne. Ou encore de la naine sur patte qui doit avoir un tempérament de parler beaucoup pour ne rien dire et qui ressemble à une minuscule fourmi aux yeux de la prédatrice. Ce serait tellement amusant de les ralentir en chemin pour les condamner à une mort certaine. Mais réaliser cette chose risque énormément de la conduire tout droit à la mort. Mordred ne souhaite pas retourner dans les abysses comme la dernière fois à cause de Néah. Non. La Noah souhaite vivre pour embrasser de ses lèvres délicates le monde en pleine révolution et condamner à un chaos apocalyptique.

Un mur fait d’Innocence bloque la sortie à la Révolte, la laissant seule dans ces égouts devenant progressivement un passage dans les Enfers. La gamine l’a bien eu à son propre jeu de provocation, cependant la louve n’émet aucune plainte de désespoir, de supplice pour sortir de cet endroit maudit. La buée créée par la fusion de l’eau et de la lave remplit de sueur du visage de la Noah qui sent ses poumons brûler petit à petit. Cependant elle ne bouge pas, restant planter en bas de l’échelle et fixant l’obstacle à sa sortie. Ses narines bougent à la manière d’un loup pour sentir les agneaux, les brebis de l’extérieur. Ça sent horriblement mauvais, et Mordred se bouche le nez machinalement pour ne pas être écœurée à en vomir son petit déjeuner du matin. À l’intérieur de son corps, son humaine s’agite et tente de briser les chaînes pour reprendre le contrôle. Pourquoi donc paniquer dans un moment pareil, c’est plutôt amusant de se retrouver piéger par une gamine disposant d’un ego frisant le ridicule. Puis, l’Avocate du Diable se rend compte que la cowgirl ne s’agite pas à cause de l’inquiétude mais plutôt pour quelque chose qui est marche dans ce qui reste d’Édimbourg. Un sourire manipulateur se construit sur son visage. Oh oui, ce parfum rare et délicieux. La danseuse de l’Opéra est ici, sans doute victime de cette saloperie d’Innocence. L’albinos souhaite donc lui venir en aide mais il en est hors de question. Souffre petite Cassidy, ressent le désespoir de la Révolte pour mourir à petit feu et céder l’enveloppe charnelle à la prédatrice désireuse de vengeance et de révolution. Du sang se met à couler de ses narines et de sa bouche car cet affrontement intérieur est violent et endommage ce corps humain. Mordred pose sa main sur le mur, respire difficilement et échappe un hurlement de douleur. Elle serre les dents et concentre son autorité sur son humaine insupportable.

« Retourne à ta place !! » gronde férocement la Noah en montrant ses crocs de prédateur. « Sinon je me charge de ta danseuse comme je l’ai fait avec Sam. Je ferais… »

Une gerbe importante de sang s’échappe des babines de l’animal qui s’écrase violemment sur le sol chaud et cause des maux de tête insupportable pour la Noah. Elle a l’impression de ressentir les douleurs quotidiennes de Wisely. Son cœur est à la limite d’exploser dans son organisme. Jamais. Jamais Mordred n’a connu une hôte aussi violente, insoumise et imprévisible que cette foutue femme de l’Ouest. Si ça continue, leur acharnement intérieur va les tuer.

« Touche un seul cheveu de cette Princesse et je te dézingue, stupide parasite !! » hurle Cassidy qui vient de réussir à faire entendre sa voix malgré la torture qu’elle subit face à la Noah.

Difficilement, la main droite de la Révolte se lève pour en faire ressortir sa fumée pourpre. Un colt apparaît et le canon de l’arme s’oriente sur Mordred. La détente est pressée et un rugissement de douleur retentit dans les alentours des égouts. La Noah vient de se tirer dans le ventre pour calmer les ardeurs de son hôte bien trop énervant. Elle lève son visage, inspire péniblement et expire douloureusement.

« Ni toi, ni mon clan, ni les Exorcistes et l’Innocence ne m’arrêteront. La révolte est mon corps, et la rébellion est mon sang. Je n’ai pas de regrets. C’est la seule possibilité. Toute ma vie a été la Révolte ! » Les orbes dorés de la Noah s’illuminent d’un feu indomptable à en faire frissonner ses ennemis et ses alliés. Ses griffes font disparaître le colt pour en recréer deux dans chaque main. Ses index assassinent la détente de ses armes qui crachent leur colère sur le mur d’Innocence de la petite peste sans cervelle. Ça s’effrite, ça se déchire, ça commence à se détruire. Douze balles entrent dans ce roc et Calamity la Winchester de Cassidy réduit en poussière l’obstacle en y crachant deux projectiles de son magasin. « Insoumise à l’ordre. Ennemi de l’autorité. Je suis le drapeau de la Révolution. »

Mordred monte l’échelle brûlante qui dégrade énormément les mains de la Noah blessée. Une fois à la surface, elle fait tourner sa Winchester à la manière d’une cowgirl et repère au loin, très au loin l’Exorciste et la môme. Plaçant sa crosse sur sa joue, fermant son œil gauche, la Révolte attend, patiente, reste silencieuse, sent la lave arriver de plus en plus près d’elle, reçoit des restes d’une pierre de magma qui s’écrase près de sa position ce qui provoque un début d’incendie sur son manteau, puis presse deux fois la détente sur la direction de Cristal et de Maxence. Un projectile pour l’Exorciste et un autre pour la gosse. Les balles n’ont pas le virus mais si jamais elles touchent ces derniers, ça va laisser des séquelles.

Enlevant son manteau en feu et se retrouvant avec sa chemise blanche en guise de haut, la Noah remet son arme derrière son dos puis prend une direction différente de la leur pour retrouver la porte de Road. Son bras droit est brûlé à cause de l’incendie de son vêtement, son ventre pisse le sang, ses mains sont recouvertes de brûlures mais au moins Cassidy semble être calmée pour aujourd’hui. Elle ne sait pas où s’est dirigée le Semi-Akuma et Mordred s’en fiche royalement. Ses pensées sont plutôt orientées auprès d’Angsthasia et espèrent qu’elle n’a rien de grave.

L'entrée de la nouvelle Arche fondée il y a peu par le Comte Millénaire s'offre au loin aux orbes haineux de la Révolte. Elle est la seule à briller contrairement au reste de cette ville portant le nom d'Édimbourg. Le feu, les cendres, la lave, les nuages volcaniques, la mort, les bâtiments en ruine, font obstacles à la vie. Le chaos est immense sans avoir eu l'aide de la Révolte. Ce spectacle épouvantable est causé par Dieu, avec son Innocence infecte. Les victimes ne comprennent pas encore car ils sont étrangers à cette guerre secrète, cet affrontement entre les élus du Cube et les élus de Noah. Les civils ne sont rien d'autre que des victimes. Ils payent le prix de ce combat sans merci, pleurent et désespèrent pour ne jamais être entendu. Leurs voix de détresse se font entendre par une seule entité désirant la destruction de ce monde. Il ne s'agit pas de la Révolte mais du Faiseur. Sans aucune retenue, le balourd pioche dans les désespérés pour y fonder son armée. Les nouvelles recrues provenant de cet endroit seront vendues à cause de ce cristal divin qui a pour rôle de protéger ce monde. Mais le fait-il vraiment ? Après son spectacle des enfers, les gens auront-ils toujours foi au Seigneur ? La plupart répondront par un oui, car cette majorité ne sait pas cette vérité à propos de cette guerre...

Empruntant un chemin des enfers, la Noah porteuse de cheveux de neige, se tient le ventre recouvert de sang et tousse abondamment. Sa propre blessure pour empêcher son hôte de revenir fut douloureuse et pénible. Mordred ne se plaint pas. Avec le temps, cette blessure va guérir contrairement aux fissures toujours profondes dans son cœur. Les brûlures sur ses mains viennent de guérir cependant ses poumons sont toujours en feu à cause de cet oxygène pollué. Son attention se rive sur la montagne du Diable qui continue encore et encore à cracher sa haine sur cette triste ville. Mécontent d'être réveillé après un très long sommeil, il exige des réponses et des excuses pour être sorti de ses rêves. La lumière désagréable de cette monstruosité de la nature illumine le regard doré de Mordred. Elle qui s'est juré de faire de la vie son pire ennemi est maintenant heureuse de voir un tel chef-d'œuvre. Mais sa réjouissance ne dure pas très longtemps. Ce désespoir n'est pas causé de ses mains mais de l'Innocence qui est un autre ennemi à abattre. Au lieu de sourire de satisfaction, une expression de dégoût se dessine sur ce visage gris. Il est inutile pour elle de rester plus longtemps dans cet endroit cauchemardesque.

Ses pas sont lents, piétinant ces terres tristes et mortes. Les gravats ne sont pas contents de recevoir les bottes de la Révolte sur leurs visages, ni mêmes de la poussière sur le sol qui préfère s'enfuir dans les airs. Cette ville souhaite retrouver la paix et se débarrasser de ses enquiquineurs se nommant eux-mêmes des sauveurs. Exorcistes, Maréchaux, Semi et Akuma, Noés, n'ont aucunement apporté le bien-être sur ces terres qui ne souhaitaient que la tranquillité. Elles qui ont ouvert les bras pour les recueillir et leur montrer les ravissantes merveilles qu'elles conservent, les invités préfèrent répondre par la guerre et toujours la guerre.

« Akiza ? » tousse une voix très faible qui interpelle Mordred et l'oblige à s'arrêter. « Est-ce toi ? »

La Révolte trouve d'où provient la voix qui appartient à une victime mortellement blessée, assise sur le sol dos contre le restant d’un mur. Elle s'en rapproche, plie ses puissantes cuisses pour être à hauteur du visage de la femme qui doit avoir des origines d'un pays de l'Est.

« De quoi parles-tu ? » demande la louve à la femme sur le point de mourir.

La main de la victime de l'innocente se pose faiblement sur la joue de la Noah qui reste impassible de ce geste.

« Oui...c'est toi. J'en suis sûr... »

Fronçant ses sourcils, la prédatrice agrippe le poignet de la pauvre âme pour retirer la patte de cet animal de sa joue froide.

« Tu dois faire erreur sur la personne... »

« Tu n'es plus la même oui. » coupe difficilement de sa voix fragile et délicate l'interlocutrice de Mordred. « Mais tu es Akiza Cameron, ma grande sœur. Je sais que c'est toi. » pleure la dame de son ton tremblant.

Les griffes de l'affamée relèvent le menton de la citoyenne d'Édimbourg. Pendant plusieurs secondes, les iris cruels de la Révolte dévisagent cet agneau qui se dit d’être la petite sœur, de son ancien hôte. Ses souvenirs brisés, son cœur détestant la vie, sont soudainement tristes. Des larmes se mettent à perler des yeux du démon qui ne jure que par la révolution. Pourquoi donc verser des larmes pour ce morceau de chair qui ne représente rien pour Mordred. C'est même elle qui a dévoré l'âme d'Akiza pour prendre possession du corps. Pourtant cet ancien repas n'a rien eu de plaisant. De ce passé soudain, l'Avocate du Diable se remémore ce moment où son ancien hôte lui a autorisé à la tuer en échange d'un marché. La Noah devait protéger une humaine, porteuse de l'identité de Ginger Cameron. Mordred n'a pas réussi à tenir parole, rongée par sa colère, sa haine et son désespoir.

« Je suis désolée... » marmonne la Révolte à la victime. « Tu fais erreur sur la personne. »

« Alors pourquoi afficher ce visage triste et verser ces larmes lorsque j'ai mentionné ce nom. » l'Écossaise sourit tristement. « Lorsque j'ai su ce qu'il t’est arrivé, j'ai pactisé avec le diable en personne pour te retrouver...mais malgré mes efforts, il n'a jamais voulu me laisser revoir ton visage, ma sœur...pour être à tes côtés... »

La tête de Ginger tombe lentement sur la poitrine de la Révolte. De son index et de son pouce, la louve inspecte le pouls de la pleureuse et constate qu'elle n'en pas plus pour très longtemps. Quelques minutes à peine, voire quelques secondes en fait.

La vie n'est que souffrance...
L'espoir est vain...
Sèche tes larmes...
Tu rejoindras bientôt les tiens...

« Laisse-moi...t'accompagner...ma sœur. Ne me laisse pas une seconde fois... »

« Ta sœur est morte. » répond froidement Mordred. « De mes mains. Si tu te laisses aller, tu la rejoindras, dans les verdures infinies parsemées des fleurs qu'Akiza aimait tant. » La Noah sèche les larmes de la mourante avec son index. « Il te suffit de fermer les yeux, de sentir cette prairie magique, que ta sœur parlait tant... »

Les battements d'espoir de Ginger ralentissent de plus en plus et le moment fatidique arrive. Un dernier soupir chaud se percute sur le cou de la Révolte qui ne cesse de pleurer en silence et de ne le montrer à personne. Sa main caresse les longs cheveux blonds de cet être venant d'abandonner la vie pour marcher dans ce champ de fleurs aux arômes envoûtants. Si Ginger n'a reçu aucune protection de la meurtrière, cette dernière fut quand même guidée pour rejoindre sa grande sœur.

Pour que cette guerre ne dérange pas plus longtemps les deux sœurs, la parasite détruit le corps de Ginger avec le virus Akuma. Ainsi, cette histoire de lien et de sentiments entre Akiza et Mordred prend fin à cet instant. Séchant ses larmes d'adieux et de culpabilités envers sa trahison sur son ancien hôte, la Manipulatrice reprend son chemin pour rentrer dans sa soi-disant maison pour s'y reposer et guérir de ses blessures pouvant être soignées...