[Intrigue] Chapitre VI : Groupe Clan Noah

Dans un faible soupir, Mordred constate l'étendue des dégâts dans sa chambre. Tout est détruit et rien n'a survécu. Les murs sont recouverts de traces de sang et de griffures. Le canapé est déchiré, le beau miroir est détruit en mille morceaux. De ses iris d'un jaune menaçant, elle lit certains messages écrits avec du sang.

Tu me le paieras salope.
Je me vengerais.
Meurt.
Tu m'as trahi.
Traître.
Menteuse.
Je te hais.

D'un sourire fatigué et moqueur, les cordes vocales de la Révolte fabriquent un rire à la fois doux et sombre. Elle est amusée d'avoir laissé sa petite humaine exprimée sa petite révolte contre la trahison que Danvers a subie il y a quelques jours au Danemark. En prenant un morceau de verre avec sa main ensanglantée, la Noah remarque que son enveloppe humaine est meurtrie de la tête aux pieds par Cassidy. Ce ne sont que des égratignures. D'ailleurs, les plaies commencent déjà à se cicatriser. Plusieurs fois ces veines aux poignets ont été sectionné car l'albinos souhaitait emmener la Révolte à la mort. Une tentative inutile. On ne la tue pas. Elle finit toujours par revenir quand on l’abandonne. Les êtres humains ont besoin de se révolter. Cette énergie, ce sentiment, sont indispensables pour faire évoluer l'homme ou l'inverse si ce dernier n'est qu'un simple bouffon. La Révolte n'est cependant pas si heureuse en voyant que sa tenue favorite est en lambeau. Ce rose si parfait et ce chapeau majestueux n'existent plus. Cassidy espèce de petite peste. C’est en fouillant un peu partout, que la femme récupère la tenue que porte généralement la petite Américaine. La manipulatrice se change en prenant son temps et fait attention de ne pas se couper avec les morceaux de verre qui traînent sur le sol. Elle rassemble ensuite des parties du miroir pour refaire son maquillage. La Révolte apprécie le silence qui règne dans ce qui reste de sa chambre. Plus de jurons de l’autre idiote, plus de bouteilles d’alcool qui traînent un peu partout dans la pièce. Lorsque son crayon s’approche de son œil droit, la Noah sent sa main s’engourdir et un sourire malicieux apparaît sur son visage.

« Tu luttes encore pour me faire souffrir petite chose ? » Mordred craque sa nuque et reprend aussitôt le contrôle de sa main. « Continue de te révolter Cassidy, car plus tu t’entêtes à le faire et plus mon estomac est rassasié en dévorant ta petite rébellion. »

L’avocate du Diable termine de se refaire une petite beauté et quitte la pièce comme-ci rien ne s’était passé. Mordred jouait juste avec son hôte en tirant sur les ficelles pour la faire réagir comme une marionnette. La Révolte est manipulatrice et compte bien le rester. Elle a hâte de commencer sa part du marché pour Fortuna. Ce qui est le plus drôle, c’est qu’Adam est au courant de rien. Agit-elle comme Néah ? Absolument pas. Mordred ne ressemble pas à cette erreur de la nature qui a osé toucher et faire du mal à la sœur qu’elle s’est juré de protéger. De son poing, elle le ferme d’une force monstrueuse à en faire craquer ses phalanges. Ce que la Révolte a perdu, elle doit le retrouver. Maintenant que l’humaine est en cage, que l’Akuma du nom de Sam est détruit de ses propres mains, plus aucun obstacle se trouve sur son chemin. Avec le temps, l’Apôtre va retrouver ses pouvoirs disparus dont sa dimension parallèle de révolution. Rien que d’y penser, une agréable sensation sous forme de frisson s’avance des pieds à la tête de la Noah. Mais le plaisir n’est que de courte durée quand une voix d’un démon du Comte vint la gêner.

« Le maître vous ordonne de rejoindre la salle à manger. » exclame une femme en tenue de domestique. « Vous êtes la der… »

Mordred pose son index sur les lèvres de la machine pour la faire taire et reprend son chemin en direction du lieu indiqué par la demoiselle. De ses ongles elle frotte le mur du couloir en se perdant dans ses pensées les plus noirs. Elle entend ses frères et ses sœurs qui discutent avec le Faiseur sans doute autour d’un dîner copieux. La Révolte se rend compte que des voix lui sont inconnues et que d’autres sont gênantes pour elle, heureusement certaines sont agréables mais il n’y en a très peu voire quasiment qu’une. La Révolte n’a jamais aimé se mêler avec ses semblables car beaucoup d’entre eux lui donne l’envie de vomir. Que ce soit sur leur caractère, mais aussi de ce qu’ils incarnent en Souvenir. N’est-ce pas plutôt de la jalousie ? La Révolte exprimée ce genre de chose ? Jamais ! Elle n’en a pas besoin.

Alors, la femme s’adosse au mur du couloir près des deux grandes portes d’entrée de la salle à manger. Son absence semble ne déranger personne et ce sentiment de n’être qu’un fantôme augmente sa fureur de créer une nouvelle révolution. D’un geste rapide, elle frotte une allumette sur le mur pour créer une jolie flamme afin d’allumer la cigarette qui vient d’être emprisonnée entre les lèvres de la Noah. La fumeuse secoue le petit morceau de bâton pour éteindre la flamme et le jette sur le sol. Mordred lève sa tête et recrache la fumée en continuant d’écouter les conversations ou plutôt en se fixant sur une voix en particulière : celle du Comte Millénaire.

« Édimbourg…l’Écosse…j’aime bien ce pays. » marmonne dans sa barbe la Révolte en mordant ensuite le bout de sa cigarette. « Surtout pour les petites guerres d’indépendance qu’ils ont eues contre l’Angleterre. Ils seront sans doute plus accueillants que ses trouillards de Français. »

L’heure est venue, et la Révolte est prête pour une nouvelle mission. Le sujet de la petite sortie l’intéresse grandement. Qui dit Innocence, dit Exorciste. Mais le plus important ce sont les autres pièces de l’échiquier adverse. Mordred a besoin d’informations et peut-être que des agneaux solitaires seront répondre à ses interrogations. Rechercher le cristal divin n’est pas sa priorité. Ce travail va l’ennuyer et sera mieux adapté pour le reste de sa famille. Compte-t-elle s’amuser ? Le mot n’est pas approprié et Paris l’a énormément vexé.

Elle sort enfin de l’Arche pour déposer le premier pas sur cette terre d’Écosse extrêmement pure et innocente. Du moins, avant que la Révolte ne pose le talon de sa botte sur le pavé de ce pays étranger. Son attention ne se porte sur aucun des Noés, personne ne l’intéresse excepté celle qui est très importante à ses yeux et à son cœur. La Révolte reste en retrait du petit groupe tout en terminant de fumer sa cigarette. Mordred remarque que maintenant les deux Semi-Akumas et n’éprouve pas de joie. En réalité, elle préfère ne pas se soucier de ses brindilles qui risquent de se casser en deux si les ennuies se pointent un peu trop vite. Cependant, s’ils désirent de son aide, la Révolte est prête à conférer un peu de son pouvoir pour les retirer de l’ombre.

D’une pichenette, elle dégage dans les airs ceux qui reste de sa cigarette et s’oriente sur les Akumas qui ont décidé de l’accompagner. Ils ne sont que quatre mais cela est suffisant.

« Messieurs, dames. » commence-t-elle d’une voix douce et envoûtante. « Si vous êtes ici, ce n’est aucunement pour vous sacrifier pour eux. » La Révolte pointe du doigt les Noés restant qui n’ont pas encore commencé les recherches. « Ni pour moi. »  Mordred remarque subitement une jeune fille Akuma qui est en retrait et fronce doucement les sourcils. La Révolte ne compte pas lui parler mais est disposée à l'aider si elle le souhaite. « Nous avons besoin de votre aide pour rechercher des informations sur le mystère qui entoure Édimbourg. Je ne vous donne aucun ordre, pas même des contraintes. Je souhaite juste que la mission se déroule sans perte de vos côtés ni du mien. » de sa main droite, Mordred la plaque sur le torse d’une machine et utilise son pouvoir, son désir, pour créer une meilleure structure à l’individu. « Tu te demandes ce que je suis en train de réaliser ? Je te donne un petit boost pour te revoir à mes côtés quand la mission sera achevée. » elle sourit doucement à l’Akuma lambda et répète ce numéro aux trois autres de sa petite escouade. « Si vous désirez commencer les recherches, ne vous faites pas remarquer. Si vous apercevez un problème, n’hésitez pas à nous en parler au lieu de risquer vos vies comme des désespérés. Nous sommes là pour ça. »

Le rire manipulateur et mensonger grandit de plus en plus à l’intérieur de Mordred. Elle s’arrête donc de parler pour éviter de lâcher sa moquerie et dévoiler le vrai du faux. En réalité, la Noah se fiche des pertes de ces abominations. Un de perdu, dix de retrouvés. Il suffit juste de créer un petit désastre pour donner du travail au Comte Millénaire. Mais d’où vient son mépris pour l’humanité ? Peut-être que c’est à force d’aider les gens et de n’avoir rien en retour qui la déçoit énormément. Elle promet des choses, mais est toujours désespérée et ennuyée du spectacle miteux qui s’offre à Mordred. On peut donc dire que la Révolte est toujours perdante ? Mais c’est faux. L’histoire se souvient des révolutions mais pas des personnes qui y ont participé.

Elle reste donc devant l’entrée de l’Arche, immobile à guetter sa protégée. La Révolte est assez éloignée pour ne pas faire de l’ombre et être une nuisance pour le moment. Elle attend patiemment, comme une louve affamée espionnant le troupeau de moutons à la recherche d’un dîner.

   

Deux silhouettes se défient du regard. L'une est libre et l'autre est prisonnière. La plus mal-en-point est détenue par des chaînes qui l'empêche de faire le moindre mouvement. Mais elle souhaite s'enlever de ses étreintes à l'aide de sa volonté de fer. L'ombre n'abandonne pas car rien ne l'arrête quand elle désire quelque chose. La prisonnière est essoufflée, des gouttes de sueur perlent le long de ses tempes et son maquillage autour de ses yeux s'est rependu un peu sur ses joues à cause de ses larmes remplies de colère. Sa gardienne quant à elle reste plantée devant la fugitive. Elle la surveille et affiche de l'amusement malsain sur son visage. Celle qui est libre apprécie la situation actuelle. Elle en rêvait même. Bientôt, la prisonnière sera consumée, à jamais, et pour toujours. Comme la propriété de ses balles sur un humain. Il finit par n'être que poussières. Le temps, il n'est pas son allié. À cause de lui, la gardienne n'a pas encore toute sa liberté. Mais dès qu'il aura cessé de se moquer de la profiteuse, l'obscurité reviendra. Quand ce moment viendra, la Révolte dominera.

Intriguée par autant de résistance de la prisonnière, la gardienne lui demande :

« Pourquoi résistes-tu autant ? »

La prisonnière qui n'a pas lâché son regard rêveur, lui répond avec un sourire moqueur :

« Je ne perds pas, face aux personnes qui considère la vie comme son ennemie. Et tu ne gagneras jamais cette guerre, salope. »

D'un mollard sur le pied de sa gardienne, la prisonnière refuse de se soumettre. La gardienne aura beau utiliser tous les moyens possibles et imaginables, la détenue en sourira. La torture est une vieille connaissance par ses géniteurs. La trahison ne l'effraie plus. La mort quand elle, est incompétente pour faucher son âme.

Un doute laisse planer entre la gardienne et la détenue.

Qui est en réalité la Révolte ?

De retour à la réalité, la Révolte se sent fixée par un regard assez triste. Il s’agit de l’humaine d’Angsthasia. Quel est son nom déjà ? Leni ? Lana ? Non, il s’agit de Lena. La demoiselle s’approche de Mordred et semble se poser des questions. Elle hésite, effectue des pas lents sous le regard meurtrier de la Louve. En réalité, la Noah désire parler à la Peur et non à son hôte. Du plus profond de son cœur, la prédatrice a besoin de se confier car à chaque nuit elle retrouve peu à peu sa mémoire perdu, détruite par le destructeur de toutes choses, Néah. De ses cauchemars, Mordred entend le rire de sa propre famille à son sujet. Elle sent son cœur s’alourdir, le désespoir survenir et la solitude l’enlacer comme une vieille amie. Récemment, Mordred ne désire plus dormir, elle manque cruellement de sommeil, mais elle récent de la peur de devoir fermer les yeux et de retrouver des fragments de sa vie d’avant. Est-ce pour cela que la Révolte était aussi manipulatrice l’autre jour au Danemark avec la Chance ? Pourquoi lui demander de continuer à se révolter contre les Noés ? Pourquoi tant d’acharnement contre le Comte Millénaire qui prend soin d’elle ? La Révolte baisse le regard car elle est triste. Au fond elle-même, Mordred pense que le Faiseur se sert d’elle comme une vulgaire arme. Il ne la traite pas comme ses autres frères et sœurs. Sa présence semble le gêner. Pourquoi donc ?

La douce mélodie de Lena sort Mordred de ses pensées. Elle lui pose une question ou plutôt deux. La Révolte ne trouve aucun mot pour lui répondre. Sa langue ne bouge plus, ses cordes vocales sont au silence. S’amuser avec elle ? Pourquoi cette question est si familière, si réconfortante pour Mordred ? Pourtant, Angsthasia et la Révolte se sont retrouvées il y a quelques jours de cela dans l’Arche. Les deux ont échangé comme-ci leur absence n’avait duré que quelques jours. Mordred sent sa tristesse l’emportée mais aucune larme n’est versée. On pleure pour la perte d’un Noé et rien d’autre. Son cœur émet un faux bond et son cerveau lui dévoile quelque chose d’inconnu. Un souvenir remplit de douceurs, de chaleurs et de bonheurs. Sa première rencontre avec Angsthasia qui ouvrit sa cage d’acier pour lui tendre sa main et lui faire découvrir une raison d’exister dans ce monde pourri.

N’ayant pas eu le temps de lui répondre car la chipie incarnant la Peur vient de partir pour se promener en ville, la Louve décide de la suivre ou plutôt de la rattraper. C’est lorsqu’elle finit par arriver près d’elle, que la voix de la Sagesse informe sa famille d’un danger menaçant. La Congrégation est ici, en ville, en petit groupe, mais rudement dangereux. Connaître l’information que deux Maréchaux sont avec eux embrase la colère de la Révolte. Mais un détail pique la curiosité de Mordred. Wisely a bien dit que tous ne sont pas exorcistes. Alors, si la chance lui sourit, peut-être que la prédatrice va trouver l’agneau égaré du troupeau. Ses iris dorées s’illuminent de malice. La Révolte espère trouver un membre de Central pour lui soutirer des informations et pourquoi pas s’amuser un peu avec lui.