Son geste est simple. Pourtant…le mécanisme de devoir charger son arme puis tirer deux cartouches semble être un acte presque oublié pour la vampiresse. Cela lui arrive par moments, voire très souvent en fait de déchainer la fureur de son fusil dans le sous-sol de son bar afin de calmer ses pulsions de colère. Néanmoins, devoir user de cet objet familial pour sauver la vie d’un être vivant est devenu rare pour l’ancienne mercenaire. Baissant sa Winchester dont le canon fume encore après le dernier coup de feu, la Nosfer est satisfaite d’avoir éliminé les deux cibles gênantes. Chaque projectiles s’est logé dans le crâne de ses proies. Du point de vue de la veuve, ses cibles n’ont pas ressenti de douleur. La mort est directe et propre, bien que l’hémoglobine et quelques morceaux de cervelle qui gisent maintenant sur le sol n’aient pas la même signification du mot : propre.
Hélas, son geste de gentille suceuse de sang n’a pas marché pour la victime. Car oui, la monstruosité repoussante ne s’est pas retenue pour commettre dans un premier temps une boucherie et dans un deuxième cas de transformer un pauvre enfant inoffensif en une momie. Cassidy s’est plantée sur toute la ligne. Voilà qu’elle se maudit d’avoir fourré son nez dans une affaire qui ne la regarde pas. «
Merde… » murmure l’albinos qui comprend très vite qu’elle devient une proie pour le monstre. Alors, lorsque le chat souhaite rejoindre la souris, le rongeur s’est déjà réfugié dans son trou…
Silencieuse, dans une course pour échapper au grand prédateur, Cassie ayant oublié sa foutue valise contenant d’innombrables poches de sang, recharge à la hâte sa carabine. Si le silence règne chez O’Hara, la nervosité et la précipitation ne font pas une bonne coordination chez la tireuse. Par la faute de ces deux défauts, elle loupe la chambre de chargement de Calamity. Par cette foutue erreur, son index et son pouce pressant l’une des cartouches, font tomber par mégarde la munition qui va effectuer plusieurs galipettes contre le sol pour à la fin rouler et arrêter son manège contre un gros gravier. Miséricorde, si Cassidy répète le même schéma, son arme risque d’être très vite à court de nourriture.
Cette course-poursuite, si on peut appeler ainsi ce cas actuel, est terriblement mal arrivée pour l’amoureuse du sang. Si son repas de tout à l’heure lui a permis de canaliser au mieux ses pulsions maladives de colère, cela risque très rapidement de ne plus suffire. Cassidy déteste courir tout comme être la proie de quelque chose. À l’époque, pendant les guerres de gangs entre les Nosfers et les Mutants, Cassie jouait le rôle de dominante et non de soumise. C’est elle qui menait la danse. C’est elle qui remportait constamment les parties. Devoir emprunter la route différente cause déjà de l’énervement pour la rebelle. Elle y sert ses crocs pointus. Elle grogne doucement puis dégage plusieurs jurons dans sa barbe invisible à propos de sa manie de vouloir aider son prochain. Les actes héroïques ne lui conviennent finalement pas.
Après quelques minutes à fuir le laideron, l’albinos s’arrête en plaquant son dos contre une ruelle qui se demeure bien calme malgré la ville meurtrière où elle se trouve. Essoufflée, une main contre son ventre, des gouttes de sueur coulant déjà le long de ses tempes, son regard carmin s’oriente au bout de la venelle, là où elle vient de venir. Si son odorat laisse à désirer, son ouïe quant à elle ressent la présence de l’abomination. Si son esprit bordélique et très sélectif ne lui ferait pas défaut, la vampiresse se souviendrait des rumeurs et brochures de journaux signalant la présence d’un Noctix absolument terrifiant. Le Hurleur est connu. Si Cassidy a entendu parler de ce vampire, ses pensées l’ont déjà effacé…
«
Salut ma jolie. » exclame une voix masculine qui surprend la fuyarde. «
Ce n’est pas un coin pour une poulette comme toi. » continue l’homme qui sort un poignard de sa poche puis le balance dans les airs pour sans doute rajouter de la prestance voire un semblant de charisme.
Prêtant son attention sur le mâle en chaleur, les sourcils fins et neigeux de la barmaid se froncent pendant que ses lèvres émettent un rictus. Au lieu que la poignée du couteau retombe correctement contre le ventre de la main du type, l’outil va bizarrement changer de trajectoire pour s’enfoncer dans le crâne du gêneur. «
Je te retourne le conseil. » gronde la tueuse qui craque sa nuque tout en enlevant son emprise de télékinésie sur le canif.
Ainsi, au lieu de reprendre la fuite, l’assoiffée attrape par les cheveux sa victime pour y planter férocement ses dents dans la jugulaire du mort. Elle est obligée de boire pour se préparer, pour se ressourcer et surtout pour éviter de succomber à ses pulsions gênantes. De plus, le chat a l’air plus rapide que Cassidy… Finissant son plat, la Morifer enlève son camouflage pour y dévoiler son véritable visage. L’inconsciente s’apprête à jouer avec la mort déguisée en félin…