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Sujet: Le temps d'un verre Dim 17 Juin - 11:24
Le temps d'un verre
La sorcière dans une auberge.
Risa FT. Laoghaire
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Ouvrant doucement tes paupières, tu chasses plusieurs pensées de ton esprit qui pourrait augmenter ton désespoir de ton misérable destin. Depuis plusieurs jours tu fais ton possible pour tenter d’être plus positive que négative. Ruminer sur ton sort n’avancerait pas les choses. Te ruiner le moral pourrait te donner plusieurs mauvaises surprises pour les moments futurs. Tu ne souhaites pas mourir. Ni même voire les personnes en qui tu tiens périr par ton manque d’optimiste. Si tu souris un peu, tu pourrais avancer sur un avenir au côté de ta fille Flora. Cette petite demoiselle que tu aimerais porter dans tes bras, la chérir comme une mère. La voir grandir et devenir une jeune femme resplendissante.
Soupirant doucement, tu reprends la brosse posée sur une petite table en bois pour continuer de brosser ta jument du nom d’Orphée. Ton voyage en France l’a épuisée et tu dois trouver une auberge pour passer la nuit. Normalement tu aurais dû rentrer depuis ta mission en Angleterre, mais tu ne te sens pas encore d’humeur à retourner dans ton nouveau foyer. Tu souhaites calmer ton cœur désespéré dans un premier temps. Tu attendras de recevoir une mission via ton golem ou par un Traqueur.
Posant ta main gauche sur le chanfrein de l’animal, tu le caresses doucement avec un faible sourire. Voilà bien quelques années qu’Orphée t’accompagne dans tes aventures. Au tout début en tant que Chevalier de la Reine Victoria puis maintenant en tant qu’Exorciste de l’Ordre Noir. Tu songes à laisser ta jument à ton manoir pour augmenter son espérance de vie. Orphée pourrait très bien périr par des Akuma ou encore par un autre démon qui est l’humain. Elle deviendrait le nouveau compagnon de ta petite protégée. Instinctivement tu déposes un baiser sur le chanfrein d’Orphée.
« Tu en penses quoi Orphée, demandes-tu d’une voix très douce et attentionnée. Aimerais-tu devenir le nouveau compagnon d’une charmante demoiselle ? »
Reculant ton visage lorsqu’Orphée donne un petit mouvement de tête, tu penses que ta jument souhaite continuer à t’accompagner. Tu échappes un petit rire et ton cœur semble apprécier la réponse de ta jument. Peut-être espère-t-elle que tu guérisses de ta déprime maladive. Continuant de toiletter l’animal, ton regard d’un vert éclatant s’oriente sur les habitants de cette ville Française située à côté de la frontière Allemande. Tout d’abord tes iris observent une marchande réorganisant un présentoir de fruits et légumes. Ses vêtements demeurent assez sales, bordés de taches qui semblent être de la boue due à la pluie de la région. Tu remarques des ongles de ses mains assez abimés, de la terre se trouve encore sous certains ongles. Son mari doit entretenir un champ de culture. Du blé sans doute, non tu es idiote. L’homme de cette femme cultive des légumes ce qui explique l’état de la dame. Au vu de la pluie d’hier soir, la marchande a ramassé ses légumes de bon matin en salissant du coup ses vêtements. Tu secoues ta tête pour chasser ton esprit analyse mais lorsque tu ouvres les paupières, tes yeux se figent sur un homme. Berret sur la tête, moustache assez opposante, pain sous son bras gauche, pipe à la bouche, un style représentant les Français de cette époque. C’est du moins ce que tu constates en ayant vu pas mal de personnes faisant la même chose que ce citoyen. Tu fronces doucement les sourcils en remarquant son portefeuille qui dépasse légèrement de la poche de son blouson. Tes pupilles bougent de quelques centimètres sur la droite en analysant un gamin qui suit discrètement l’homme. Grâce à la foule, le garçon peut réussir son vol, mais tu constates que ses pas sont parfois hésitants, qu’il avale sa salive beaucoup trop souvent ce qui peut te faire penser que c’est son tout premier faux pas dans le vol. Posant ton index sur ton front, tu prends une bonne respiration pour tenter de réduire en silence ton côté déductif. Tu poses ensuite la brosse sur la table en bois et tu te faufiles dans la foule en direction du garçon. Ta main attrape celle du garçon qui se trouvait à quelques centimètres du portefeuille. Tu sens le garçon se raidir et tu vois son regard effrayé. Machinalement tu poses ton index sur tes lèvres pour lui indiquer de se taire puis tu l’entraines avec toi en direction de ton cheval. Tu remarques une légère résistance, tu lui lances donc un regard assez sévère pour qu’il arrête tout de suite. Une fois près d’Orphée, tu attrapes la brosse et la donne au gamin.
« Occupe-toi de ma jument avec douceur, ordonnes-tu d’une voix neutre sans quitter du regard les yeux du petit bonhomme. Elle s’appelle Orphée et si tu t’en occupes bien je ne te dénonce pas à la Police et je te donnerais ce que tu as tenté de voler dans le portefeuille du monsieur. Avons-nous un accord my dear ? »
Sans un mot, le jeune homme hoche la tête. Il a les larmes aux yeux et cela peut se comprendre. Première tentative de vol et premier échec. Tu glisses une petite pièce dans la poche du garçon.
« Je reviens dans quelques heures, annonces-tu en te baissant à sa hauteur. Instinctivement tu attrapes un mouchoir blanc pour enlever les larmes du jeune homme. Si tu es sage et que tu ne fais pas de bêtises, je t’apporterais aussi à manger pour combler tes petits grognements de ventre. Surtout, ne recommence pas ce que tu as tenté de faire. »
Tu vois le petit hocher la tête énergétiquement pour répondre à tes demandes ce qui te fait sourire légèrement. Ta main frotte doucement les cheveux bruns de ton nouvel écuyer provisoire puis tu commences à partir en direction d’une auberge. Tu n’as pas mangé depuis hier soir et ton organisme te signale qu’il est temps de te nourrir. Tu trouves facilement ce que tu recherches. Entrant dans l’auberge, tu distingues déjà plusieurs regards curieux sur ta personne. Pour une fois, tu ne portes pas ton uniforme. Tu as décidé de te fondre dans la masse pour seulement aujourd’hui. Tu pensais passer inaperçu mais ce n’est pas du tout le cas. Grossière erreur de garder ton style vestimentaire anglais. Tes vêtements ne sont pas donnés à tout le monde et ton visage reflète bien le non coté français. Mais peu importe, tu décides d’ignorer ces regards. Tu t’installes à une table au fond de l’auberge pour être légèrement tranquille. Une personne travaillant dans l’établissement s’approche pour prendre ta commande. Ayant oublié de regarder ce que l’auberge propose, tu scrutes très rapidement le tour des tables de tes voisins pour voir ce qu’ils mangent. Il ne te faut que trois petites secondes pour connaître ton choix. Un morceau de volaille accompagnée de légumes.
Quelques minutes plus tard, tu remarques que l’auberge se remplit très vite. Attendant patiemment ton repas, ton ouïe auditive s’oriente sur tes voisins. Tu entends du tout et du n’importe quoi. Deux hommes qui parlent de leur travail de ce matin et qu’ils n’ont pas envie de reprendre cet après-midi. D’une femme se plaignant que son mari s’absente trop souvent dans la soirée, ce qui pour toi correspond à un homme infidèle. Mais le sujet de conversation qui revient le plus ce sont les frontières France – Allemagne. Un individu se plaint d’avoir été refoulé par les douaniers, on refuse l’accès à une demoiselle qui souhaite retrouver son petit ami, etc etc. Soupirant une nouvelle fois, tu fermes lentement tes paupières pour entrer dans ton palais mental. Tu te déconnectes progressivement de la réalité pour ne faire qu’un avec ton esprit. Comme-ci actuellement tu venais de tomber dans une immense bibliothèque où se trouvent des livres renfermant les informations que tu gardes dans ta tête. Baissant la tête, tu aperçois des livres étalés sur le sol représentant des informations totalement inutiles que tu as enregistrées durant la journée. Les ramassant un à un, tu les jettes dans le feu en restant impassible. Comme tu le dis toujours, tu supprimes les informations qui sont pour toi sans importance pour toujours laisser des places libres dans ton palais mental. Pour éviter les migraines, mais aussi pour réfléchir beaucoup plus vite. Un entraînement extrêmement difficile à réaliser. Lorsque tout est terminé, tu reviens à la réalité pour redécouvrir les voix des gens autour de toi, l’odeur de la nourriture, mais aussi qu’une personne se trouve près de toi. Tu ouvres lentement les paupières, tes pupilles grossissent et rétrécissent pour s’adapter à nouveau à la lumière de la journée.
« Bonjour. Je suis navrée mais, est-ce que je peux m’asseoir ici ? Il n’y a plus de table de libre et j’aimerais pouvoir manger et boire un verre avant de reprendre mon voyage. Je ne vous embêterai pas, c’est promis. Et aussitôt la frontière ouverte, je disparais. »
La jeune femme ne te quitte pas des yeux et t’adresse un sourire fatigué. Fronçant légèrement les sourcils, tu es légèrement surprise de l’apparence de la demoiselle. Te donnant une petite pichenette sur le front, tu réduis en silence ton côté solitaire. Une chose que tu as toujours détestée c’est d’être malpolie envers une personne. Sans doute dû à ta famille et à ton côté chevaleresque. Ainsi, tu l’accueilles avec un sourire chaleureux que tu as l’habitude d’exprimer lorsque tu servais la Reine d’Angleterre. Une expression que tu as inventée et qui n’a jamais été ton véritable sourire. En fait, la seule fois où tu as véritablement souris c’est lorsque Flora est née.
« Je vous en prie my lady installez-vous, dis-tu d’une voix très douce et accueillante. Ne vous en faites pas, votre présence ne me gène point. C’est plaisant d’avoir un peu de compagnie. »
Par la barbe de Merlin, tu remarques que maintenant que ton plat est déjà servi sur la table. Tu émets donc une légère grimace discrète. A force de t’enfermer dans ce que tu appelles ton palais mental, tu ne remarques pas en attendant ce qu’il se passe dans la réalité. C’est un défaut à combler. D’instinct tu vérifies si tu as toujours ton argent sur toi et grâce au ciel, tu n’as pas été volé. Attrapant tes couverts, tu débutes la dégustation de ton plat afin de combler le vide dans ton ventre. Au moins tu peux guérir de cette maladie qui est la faim. Après une petite bouchée de cette fameuse volaille, tu constates que la viande n’est pas assez cuite. Cinq à dix minutes de plus auraient été l’idéal. Ton attention se focalise à présent sur la gente demoiselle aux cheveux roux. De ce fait, les premières paroles de la jeune fille reviennent dans ta tête dont certains mots. Voyage, promis, disparais. Posant tes couverts, tu essuies ensuite tes lèvres avec la serviette. Enlevant ton gant noir de ta main droite, tu l’orientes près de la demoiselle pour pouvoir la saluer, du moins si elle accepte.
« Je vous prie de m’excuser de mon impolitesse, my ladie. J’ai complètement oublié de me présenter. Je m’appelle Risa Drake. Au vu de votre faible sourire, je vous suggère de vous reposer pour au moins cette nuit. Dormir est un bon moyen pour réparer son corps. Au passage, je trouve que votre chevelure est resplendissante, je pourrais en être jalouse, ris-tu doucement en plissant légèrement tes yeux émeraude. »
Penchant ta tête sur le côté, ton pendentif représentant un crucifix tombe au creux de ta poitrine.
« Je peux m’arrêter de vous questionner si vous le souhaitez, mon terrible défaut est ma curiosité. »
Oui, tu parlais beaucoup trop, mais bizarrement cette demoiselle inspirait la confiance. Cela aurait pu être un Akuma venant détruire ton Innocence se trouvant à ta ceinture, ou bien un Broker comme l’autre fois, mais elle ne ressemblant en rien de tout ça. Tu pouvais donc lâcher un peu la laisse à ta curiosité maladive en espérant ne pas faire fuir cette gente demoiselle.
(c)Lili - ne pas reproduire
Dernière édition par Keisa Kyoko le Jeu 18 Juil - 15:34, édité 1 fois
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Sujet: Re: Le temps d'un verre Mer 27 Juin - 16:24
Le temps d'un verre
La sorcière dans une auberge.
Risa FT. Laoghaire
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Toujours assise confortablement sur ta chaise en bois, tu ne cessais pas de poser des questions à cette demoiselle qui te servait de voisine de table. Tu aperçois des rougissements montant à la limite des oreilles de la rouquine. Cela te fait rire doucement et semble apaiser ta déprime qui rode toujours autour de toi. Voilà bien plusieurs jours que tu es restée très discrète voir très muette au sujet de la conversation. Tu souhaitais rester dans ta bulle pour être au calme et te reposer. Chaque personne qui souhaitait entreprendre une discussion avec toi se prenaient de merveilleux vents. Aujourd’hui c’est différent. Ton instinct te dicte de t’ouvrir un peu plus dans les conversations. Ce qui est totalement logique. Tu te souviens avoir lu dans un livre qu’un des moyens pour ne pas penser à sa déprime est de parler avec ses amis. Le gros problème c’est que toi, une jeune femme totalement arrogante sur son intelligence, qui préfère rester solitaire pour ne pas être gênée, n’a actuellement aucun ami avec qui parler. Ton majordome John ne figure pas sur cette liste, ainsi que la Reine Victoria, mais également ton maître Cloud Nine. En fait, tu devrais plutôt te plaindre de ta situation sociale. Cependant cette demoiselle aux cheveux couleurs carotte pour être un moyen de te sentir un peu mieux.
Tu secoues d’un coup ta tête pour chasser les mauvaises idées de ton cerveau. Tu étais en train de voir cette pauvre jeune fille comme un simple outil. Instinctivement tu attrapes ton petit crucifix qui sert de collier pour revenir progressivement dans la réalité. Grattant avec ton index ta joue droite en signe de gêne, ton regard s’arrête sur celui de la jeune fille qui venait d’observer ta petite croix. Tu semblais avoir lu une pincée de prudence en elle. Même si c’était très rapide et absolument pas voyant pour une personne quelconque, tu as déjà remarqué cette petite hésitation dans tes enquêtes passées au service de la Reine. Néanmoins, tu ne souhaites pas t’étendre davantage. C’est du moins ce que ton instinct de détective te conseille. Tournoyant ton couteau entre tes doigts comme le faisait ton père à ton jeune âge, tu écoutes très attentivement la fillette. Tu te réjouis silencieusement que tes questions ne la gênent pas. Cela tombe bien, tu as une montagne de questions qui attendent patiemment. Au moment de sa présentation, tu t’arrêtes sur le petit blocage sur son identité. Là, tu ne peux pas te tromper. Cette jeune femme s’apprêtait à mentionner quelque chose d’autre que Gabrielle Rousseau. Néanmoins, tu passes outre avec un hochement de tête et un sourire tout en buvant après une gorgée d’eau. Ta curiosité maladive t’envoie déjà plusieurs questions pour tenter de trouver ce que Gabrielle tentait de cacher. Prenant une bonne bouffée d’air tu poses deux doigts sur ton front et tu fermes les yeux.
« Je vous prie de m’excuser mademoiselle Rousseau, soupires-tu en faisant progressivement le vide dans ton esprit. Un simple mal de tête à cause de tous ces gens qui papotent de leurs vies de famille, de leurs travails, mais aussi d’un sujet qui revient énormément sur la fermeture provisoire de la frontière entre la France et l’Allemagne. »
Ouvrant les yeux lentement, ton regard émeraude s’arrête sur ton assiette.
« J’espère de tout cœur que votre amie n’a rien de grave, à vous attendre elle semble être très importante dans votre cœur. Je mentirais en disant que je ne suis pas jalouse que votre amie est une personne qui se soucie énormément d’elle plutôt que de sa santé. »
Tu émets un faible sourire tout en poursuivant la dégustation de ton plat. Gabrielle rougie de nouveau sur ta remarque à propos de sa magnifique chevelure de feu. Tu aimes beaucoup ce qui sort de l’ordinaire dont les personnes arborant des cheveux roux. D’ailleurs, tu ne peux te retenir de contempler une nouvelle fois cette toison orangée. Tu aurais aimé que Flora soit rouquine mais au moins elle ne possède pas les cheveux corbeaux de son père fuyard. La simple idée d’une pensée te fait serrer ton poing droit. Tu n’y penses plus lorsque Gabrielle te pose des questions sur ta venue en France. Tu ris doucement avec elle tout en avalant une seconde gorgée de ton breuvage d’eau.
« Je vous souhaite également un bon appétit. Commences-tu en réfléchissant à ce que tu comptes répondre pour ton voyage dans ce pays. En vérité, tu cherches un moyen de retrouver la Risa d’autres fois. Une femme fière d’elle qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Quelqu’un de fort et qui n’hésite pas à trancher le désespoir en deux. Une Risa qui égalait son père. Je suis tout simplement à la recherche de réponses. Depuis quelques années elles me fuient pour me narguer. Ne vous en faites pas mademoiselle Rousseau, si quelqu’un possède de mauvaise attention je n’aurais qu’à demander que mon chevalier saute à mon secours. Comme beaucoup de femmes espèrent un jour. N’est-ce pas ? »
Tu reposes ton menton sur le creux de ta main droite accoudée contre la table tout en observant le visage de ta voisine. Il est vrai que les routes ne sont pas sûres pour des femmes voyageant seuls. Mais étant une combattante du Baritsu, tu peux au moins te défendre contre ton agresseur.
« Vous devriez tout de même dormir un peu avant de vous rendre en Allemagne. Votre corps risque de vous abandonner. Si cela peut vous dépanner, je peux demander à l’aubergiste de vous réserver une chambre pour quelques heures. Un bon lit bien douillet pourrait redonner une meilleure mine à votre visage mademoiselle. Ne vous en faites pas pour le prix de la chambre, je vous l’offre de bon cœur. Qu’en dites-vous, miss Rousseau ? »
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Sujet: Re: Le temps d'un verre Lun 3 Sep - 14:53
Le temps d'un verre
La sorcière dans une auberge.
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Observant un serveur déposer un plat sur la table de la demoiselle, tu ne peux que sourire de bon cœur. En réalité, peu avant la venue de Gabrielle, tu souhaitais que la personne s’installant à ta table, reçoive un plat gratuitement. Évidemment payé par tes soins. Au vu de la température et de la météo, tu venais de commander un bon repas bien chaud, adapté pour redonner le plein d’énergie. Autant avouer, que le plat pour Gabrielle, qui est assez simple, te coûtait plus cher que le tien. Tu souhaitais surtout étudier la réaction de la personne qui allait recevoir ce bon petit plat. Pour améliorer ton sens de déduction sur le comportement humain. Même si un simple repas ne te ferait pas gagner grand-chose. Honnêtement, les gens pourraient vraiment te confondre comme une personne totalement folle, voir pas net. Tu espères au moins, que ta fille ne sera pas comme toi. En silence, discrètement, voire furtivement, tu observes la réaction de Gabrielle. Tu souris doucement en la voyant un peu confuse et souhaitant interpeller les serveurs sans espoir sur ce plat qui selon elle ne lui appartient pas. Puis, tu retires ton attention sur la jeune fille en l’ayant vu commencer à manger. Plantant ta fourchette dans un morceau de viande, tu deviens à nouveau pensive. Tu venais tout à l’heure de lui poser une question à propos des princes charmants. Gabrielle n’y répond pas tout de suite. Pensive. Tu n’y prêtes pas attention, tout simplement par la faute d’un serveur. Il venait de faire tomber un couvert sur le sol. Aussitôt tu orientes tes iris émeraude sur chaque employé d’une façon très rapide. Des soupirs, des sourires en coin, des échanges de regards. Sûrement un maladroit qui n’obtient pas les encouragements de ses collègues. Tu soupires à ton tour.
« J’espère être capable de me débrouiller seule, mais si un chevalier pointe le bout de son nez je ne dirai pas non. Quant à vos réponses, je croise les doigts pour que vous les trouviez. Ce n’est jamais agréable de vivre sans savoir, d’être coincé dans un brouillard épais. »
« À force, je vis avec, réponds-tu doucement en buvant une nouvelle gorgée d’eau. Tout n’est jamais rose dans ce monde. Ou si jamais c’est le cas, les obstacles surgissent. Le désespoir est une terrible maladie qui ronge beaucoup d’humains. »
Tu ne sais pas pourquoi tu parles de ça. Souhaites-tu peut-être avouer que tu n’arrives pas à sortir de ce fameux désespoir. C’est toi-même, qui l’as construit. Tu t’es créé une barrière ou plutôt une prison infranchissable. Tu pourrais entamer un premier contact avec ta tendre fille Flora. Simplement lui avouer que tu es sa mère. Son seul est unique parent ! Mais si tu t’exécutes, plus tard, elle souhaiterait te rejoindre. Ou un ennemi pourrait s’en servir comme une arme contre toi… Est-ce le destin des Holmes, d’abandonner leurs enfants ? À présent, tu sembles comprendre les véritables raisons de tes parents.
Le refus de Gabrielle, semble te donner un léger rire à propos de ta proposition de lui payer une chambre afin qu’elle se repose. Tu apprécies beaucoup ses réactions. Cette jeune fille en face de toi, a l’air de sortir de l’ordinaire. Tu souhaites intérieurement que la demoiselle trouve son chemin sans embrouille.
« L’Allemagne est un très beau pays d’après les dires des voyageurs, ajoutes-tu en laissant échapper un regard rêveur de pouvoir visiter ce pays. J’espère que vous ne vous ennuierez pas. Moi, je compte visiter un peu plus ce pays qui est la France. Il regorge des mystères. Je souhaite me rendre à Paris. Où la romance parcourt les rues de cette capitale. Je suis curieuse de savoir, si c’est vrai. Avez-vous déjà visité Paris ? »
Tes yeux s’illuminent d’excitation en souhaitant entendre la réponse de ta voisine de table à propos de Paris. Tu es souvent comme ça et grâce à ta curiosité, tu t’échappes de ton côté froid voire impassible. Cependant, ton expression est moins rayonnante que le sourire de ta voisine. Tes échanges avec elle, lui ont peut-être remonté le moral. Ou de lui rendre sa journée plus joyeuse.
« Au moins, votre petite mine est beaucoup mieux à présent, exclames-tu en fixant le visage de Gabrielle. On voit mieux votre joli visage.
Quelques secondes plus tard, tu te mets à rire de bon cœur sur ta soi-disant fortune et du pourquoi tu manges à cette auberge. Tu reprends doucement ton sérieux comme le ferait un gentleman. Repoussant un peu ton plat, tu décides de commander un café tout en faisant patienter ta jeune amie de ta réponse. Par la suite, tu tournoies ton index dans ta chevelure d’orée tout en reprenant ton attention sur Gabrielle.
« Mademoiselle Rousseau, réponds-tu enfin après quelques petites minutes. Si j’étais une femme fortunée, je ferais en sorte d’aider un maximum de personnes dans le besoin. Dont des enfants orphelins, des sans-abri. Je demanderais à construire des orphelinats, des foyers pour qu’ils évitent de vivre dans les rues. L’argent ne procure aucun bonheur, mais il peut toujours construire un avenir meilleur. Malheureusement, il ne remplace pas l’amour que pourrait donner un parent envers son enfant. Mais je m’égare sur votre question, j’en suis désolée. Tu croises les doigts de ta main gauche avec celle de droite tout en reprenant d’une voix douce. Je suis comme beaucoup de personnes. Je survis avec ce que j’ai. »
En fait, tu détournes une nouvelle fois la question de Gabrielle à propos de ta richesse. Tu ne te considères pas comme fortunée. Ce sont tes services auprès de la Reine Victoria, de l’Ordre Noir et l’héritage de tes parents, qui te donnent les moyens de vivre. Il t’arrive même de travailler avec n’importe quelle Police d’un pays en tant que détective privé. Même si Gabrielle venait de tenter de se rattraper avec une autre question, tu ne pouvais t’empêcher de répondre par forme de politesse. Tu en poses déjà assez à ta voisine, alors pourquoi refuser de répondre aux siennes. Néanmoins, la dernière question à propos du prince charmant te pince énormément le cœur. Après tout c’est ta faute. Tu es la première à avoir discuté de ce sujet. Sans t’en rendre compte, ta main gauche lâche ton verre d’eau comme si tu n’avais plus aucune force. Il finit par se briser sur le sol, ce qui devient une zone touristique pour pas mal des gens dans le bar. Ton regard est à présent caché sous ta frange de cheveux. Tu te souviens soudainement de cette fameuse nuit qui te ronge le cœur. Un souvenir que tu avais pourtant détruit à maintes reprises…
Tu te trouvais à l’extérieur du manoir, sous la pluie. Tu t’étais écroulée sur tes genoux et tes yeux ne cessaient pas de verser des larmes. Devant toi, ton ex-époux. Habillé comme à son habitude. D’un style très classe digne d’un gentleman. Il te tournait le dos. Canne dans sa main droite, pipe de la main gauche. Tu lui demandais les raisons de son départ. De devoir t’abandonner toi ainsi que ta future fille encore dans ton ventre. Tu étais à ton septième mois de grossesse. Il préférait ne pas te répondre. Sa première occupation fut de regarder sa montre à gousset en argent tout en soupirant d’ennuis. Morgan ne se retourna pas dans ta direction, il partit rejoindre une diligence qui venait d’arriver devant ton manoir. Tu étais impuissante, faible, et très stupide d’avoir bâti une union avec cet homme. Tu n’as jamais su la raison de son départ. Tout comme toi, il travaillait pour la justice…
Un nouveau pincement au cœur te fis revenir à la réalité. Tu n’avais même pas remarqué qu’un serveur ramassait les verres brisés de ton verre. Que quelques personnes te regardaient encore avec des expressions inquiètes et également curieuses. Une larme de ton œil gauche venait de perler sur ton visage.
C’était vraiment une réaction involontaire de ta part. Comme si ton corps réagissait à la place de ton cerveau. Que ton cœur prenait les rênes. Tu tapotes alors avec tes doigts de ta main gauche, ton front. Afin de te remettre les idées en place. Une attente de plusieurs secondes… Trente à peu près.
« Accepteriez-vous de m’accompagner dehors, mademoiselle, demandes-tu d’une voix calme et posée. J’aurai besoin de prendre un peu l’air. J’en serais honorée et rassurée d’avoir une personne comme vous à mes côtés pendant un petit moment. Histoire, d’enlever ce mal de tête gênant. Si cela ne vous dérange point. »
Tu ris nerveusement et t’excuses poliment auprès du serveur à propos du verre, t’engageant à le rembourser.