Journée de célébration et rencontre inattendue

Brosser encore et encore pour embellir la robe sombre d'Orphée. Sa peau doit briller pour épatée les étalons ou les juments du coin. C'est ce que souhaitait Jaina pour que sa meilleure amie soit irrésistible à voir. Ce n'était pas indispensable, voire inutile à bien y réfléchir. La cow-girl souhaitait simplement donner beaucoup d'amour à ce cheval qui l'accompagnait depuis plusieurs années. Tous deux vénèrent de North Blue, dans les contrées arides et parfois désertiques d'Hat Island. En quelques années, la jument avait beaucoup voyagé. Galopant dans la neige, les jungles, les forêts et même sur les plages. Plus rien n'arrêtait cette incroyable jument de la race Morgan.

Jetant la brosse dans l'herbe, Jaina enfila ses lunettes de soleil pour protéger ses rubis. Elle attrapa une grosse poignée de foin et le positionna sous le museau de l'animal. Il ne fallut pas longtemps pour que sa chère et tendre amie déguste avec joie son repas. Orphée agita son fouet de gauche à droite, émit un léger gémissement puis tapota son museau contre la joue de sa maîtresse en guise de remerciement.

« Prend ton temps ma belle. » souffla Jaina à sa compagne. Elle caressa le museau du bout de ses ongles vernis de noir et sourit tendrement à cette dernière. « Nous resterons ici quelques jours. C'est calme, pas de marine, pas de gangster et le soleil n'est pas trop agressif pour moi. » avoua la dame qui devait trouver un toit pour dormir. Elle espérait que le village abrite une auberge qui ne demandait pas une somme épouvantable pour quelques nuits.

Après s'être occupée de sa demoiselle, Jaina referma la barrière de l'enclos et indiqua à sa jument par un mouvement de la tête les autres chevaux au loin.

« Va faire ta belle devant tes congénères. » Elle leva son index en l'air pour interpeller Orphée. « Évites d'être maman s'il te plaît. Je ne peux pas élever un poulain dans nos conditions actuelles. Compris ? »

La concernée vibra ses babines tout en secouant sa tête. Elle partit posément rejoindre les autres équins, dandinant son derrière comme une véritable déesse. Orphée possédait un trait de caractère de Jaina qui sautait aux yeux. L'arrogance.

« Vous avez une brave bête, ma p'tite dame. » déclara un homme âgé, sûrement un fermier qui savourait son tabac depuis sa pipe. « Vous comptez la vendre ? »

« Hors de question. » répondit rapidement la pistolera qui croisa ses bras contre la clôture de l'enceinte. « Elle est comme ma fille. » elle marqua une pause pour s’orienter face au villageois. « Il n'y aurait pas une auberge pas trop cher dans le coin ? »

Le papy retira sa pipe de ses lèvres, se gratta avec sa main valide son crâne dégarni de cheveux blancs pour réfléchir à la question de la touriste. Il se rappela d'un bâtiment proposant des services non onéreux.

« Le petit coin de plaisance. » répondit le vieux qui rigola en voyant les chevaux s'amuser. « Vous avez de la chance, aujourd'hui c'est la fête du village. Les villageois acceptent les berrys en échange de service. D'habitude on fonctionne avec des trocs. Les étrangers sont la bienvenue, en fait on espère en avoir beaucoup cette année. Dont vous ma p’tite dame. »

Découvrant que le chaudron de sa pipe venait de s’éteindre, il pesta dans sa grande barbe, car ce dernier n’avait plus rien pour alimenter ce petit réservoir. Rapidement, Jaina sortit son Zippo de la petite sacoche en cuir accrochée à son ceinturon. Elle ouvrit le couvercle par un mouvement contre sa cuisse et alluma son briquet par une autre agitation, mais au sens inverse. La molette roula sur le pantalon de la demoiselle et fit apparaître une vive flammèche.

« J’ai pas grand-chose à échanger, mais je ne dis pas non à un peu d’amusement. »

Une fête ? Dans ce trou perdu ? La cow-girl espérait dans sa caboche que l’alcool sera gratuite ou peu coûteuse. Saluant le papi par un hochement de son chapeau, la cow-girl décida tout d’abord de réserver une chambre pour quelques nuits. Puis, quand cette broutille lui coûta presque un rein à cause de sa pauvreté, Jaina s’aventura dans le village, plus précisément dans son centre pour participer à cette fameuse fête. La musique battait son plein, les rires et la bonne humeur soulageait la louve qui avait essuyé des aventures pénibles et périlleuses. Depuis combien de temps ne s’était-elle pas rendu dans un lieu aussi festif ? Ses souvenirs remontent à son enfance…

Se grillant une clope, se posant sur un banc en bois, dans un coin pour ne pas déranger, ses billes sanguines cachées par ses lunettes de vue divaguèrent sur une femme au rire non discret et irrésistible aux oreilles de la pirate. Elle se surpris à la contempler en silence durant une bonne minute et en ignorant totalement le décor qui se trouvait autour…

Spectatrice d'une mère allaitant son enfant, la fumeuse semblait être assez triste. En effet, cette femme avait la chance de pouvoir nourrir son bambin, mais pas Jaina. Ça lui rappelait malheureusement sa séparation avec Wanda. Que ses parents avaient décidé de confier son petit bourgeon de rose à une famille bien plus responsable que l'albinos. Si seulement la cow-girl pouvait retourner le temps afin de changer son caractère bordélique et avoir la chance d'être comme cette magnifique femme. Son index et son majeur pincèrent la clope prisonnière entre ses lèvres. Elle la retira et cracha la fumée depuis ses poumons. Dans le passé, la louve était affreusement amoureuse d'un beau loup. Il avait de la carrure, un physique envoûtant et une gentillesse digne du prince charmant. Hélas, ce cow-boy n'était qu'un faible au foie blanc, un lâche. Il avait déserté dès que Jaina était à la moitié de sa grossesse...

Le père de sa fille lui avait promis d'être un parent responsable. De toujours être là pour Jaina et Wanda. Mais quand d'autres louves se sont présentées dans la meute, le bâtard a décidé de tromper sa louve alpha. Ce fut ainsi que l'albinos éprouvait une immense colère contre cet homme. Qu'elle n'était plus capable d'être la mère que Jaina souhaitait être. Aujourd'hui encore, en repensant à l'unique homme qui avait volé son cœur, la desperada sentit son palpitant la pincer et son sang bouillonner de rage. Depuis ce jour, son organe battant ne désirait plus battre à l'unisson avec celui des loups. La louve ne faisait plus confiance à ces clébards. Son cœur souhaitait désormais trouver une autre demoiselle, car elle était persuadée qu’elle y trouverait le véritable amour…

Reprenant une bonne bouffée de sa clope, la peau bien pâle du visage de celle qui pourrait être considéré comme une vampire, virèrent presque rouge au niveau des joues, en visualisant un bouton de chair de la mère qui venait de nourrir son enfant. La prédatrice s’en souviendra pour cette soirée et peut-être oubliera-t-elle ce petit spectacle gratuit au lendemain, après une bonne cuite. Pour cela, pour être bien bourré, il fallait de l’alcool. Jaina chercha donc l’endroit où on servait ce prodigieux breuvage. Quoi de mieux qu’une serveuse pour lui tendre gentiment une bière. Perdue dans ses pensées, ou plutôt dans sa petite bulle, la cow-girl s’étonna qu’une citoyenne de ce village paumé vint s’asseoir à ses côtés. Elle fut encore plus surprise lorsqu’il s’agissait de la femme de tout à l’heure.

Acceptant avec plaisir la bière qui ne ressemblait aucunement à celle de Hat Island, la demoiselle retira à nouveau sa cibiche de ses lèvres envoutantes pour les tremper dans la bibine. Une moustache de mouche apparu et fut vite balayé par la langue de l’albinos.

« Pas mauvaise. » dit-elle en parlant de la bière. « Pas la peine de t’excuser et ce serait te mentir de dire que je n’ai pas apprécié la scène. » Un de ses défauts, toujours être franche. « Je m’appelle Jaina, je cherchais un coin pour me reposer. »

Vidant la moitié de sa chope rapidement, elle essuya de nouveau ses lippes, mais cette fois avec son avant-bras. Elle se permit même de lâcher un petit rôt pour éviter de trop dégoûter sa charmante compagnie. Jaina était définitivement un réel garçon manqué.

« Tu as une jolie petite fille, comment s’appelle-t-elle ? » demanda avec une grande curiosité l’albinos. « J’ai eu une gamine aussi…Wanda c’était son prénom. » La cow-girl se mit à compter sur le bout de ses doigts valides après avoir arraché sa clope de sa main à l’aide de ses dents. « Je crois que cette année elle devrait avoir…huit ans. » Un long soupir s’échappa de ses poumons accompagné par de la fumée de cigarette. Plus les années passèrent et plus son petit bourgeon de rose lui manquait. Avait-elle les cheveux de sa mère ? Une bouille toute mignonne comme sa petite sœur Pearl ? Jaina espérait que Wanda n’était pas atteinte de la maladie de l’albinisme…

Donc la bière était faite par un artisan du coin ? C’était totalement différent avec Hat Island. Là-bas, la boisson se réalisait par le dur labeur des personnes n’ayant pas eu le choix que de travailler. En vérité, la Louve Blanche n’était pas vraiment au courant que Corporation Enterprise marchait grâce à sa main-d’œuvre gratuite. Des esclaves ayant eu le malheur de visiter cette île agressive. Hat Island regorgeait des sombres secrets que les Juges et la Marine n’avaient pas encore réussi à découvrir. Dans tous les cas, cette bière locale de l’Archipel Vert détenait un peu plus de sucres, ce qui donna un meilleur goût à cet alcool que Jaina n’appréciait pas spécialement. Elle se demanda si ce chaleureux village proposait du bon whisky. On ne fêtait pas un grand événement sans cette forte drogue.

« Mes vieux hésitaient avec Becky ou Cassidy. » révéla la cow-girl qui rougit légèrement face au compliment de son nom. C’était la première fois qu’une personne dont surtout une femme lui avouait que son prénom se révélait magnifique. «  Éléonore ? Tu es la première que je rencontre qui est nommée ainsi. C’est très charmant. »

Nom d’un cheval, l’albinos tomba presque amoureuse du rire de sa nouvelle partenaire de soirée. Son teint bien pâle pouvant rivaliser avec celui d’un vampire sembla reprendre un peu de couleurs. Ses joues furent chaudes, son palpitant tambourina et Jaina manqua de recracher sans vouloir sa bière en se perdant sur la silhouette de cette citoyenne d’Oakenhill. La Louve Blanche était presque conquise. Heureusement que le sujet de conversation se changea rapidement pour permettre à Jaina de reprendre les rênes du rodéo. Là, ça parlait de Wanda et comme-ci Rosenberg correspondait à un livre ouvert, Éléonore toucha dans le mille sur ce lien qui unissait d’une fine corde la mère avec sa fille.

Effectivement, en y repensant, Jaina n’était pas prête pour avoir un enfant. Le père de Wanda était le grand fautif de cette histoire. Lui, il désirait endosser le rôle de parent et avait réussi à convaincre la pauvre louve à accepter aussi ce rôle. La fin de cette histoire ? Ce guignol, ce faible au foie blanc l’avait trompé avec une autre durant le sixième mois de grossesse. Il prétendait ne jamais vouloir être le père et que c’était l’albinos la grande responsable. Ainsi, en mettant au monde son adorable trésor, Jaina ressentait une immense haine au lieu d’un grand amour pour Wanda. Son bébé n’y était pour rien, mais l’adolescente restait aveuglée et blessée de cette triste histoire d’amour…

Plus jamais, ô plus jamais son cœur battra pour un homme. Cette blessure, ce coup de couteau restait encore gravée dans sa chair et dans son palpitant. Cette cicatrice ne disparaîtra jamais. Peut-être qu’un jour une personne arrivera à combler ce vide que Jaina aimerait tant reboucher.

« Elle est bien mieux avec une famille aimante, avec des parents responsables. » murmura d’une voix à peine audible à l’ouïe de sa nouvelle amie. Cette déclaration tortura un peu plus l’organe battant de la fumeuse. N’étant pas de nature pessimiste, dépressive, la cow-girl sauta à pieds joints dans cette flaque d’eau. « Je suis navrée pour ton mari. » dit-elle d’une note triste et sincère. « Au moins tu sembles être une bonne mère pour Linette. Dommage que je n’étais pas comme toi à l’époque. Comment le vis-tu désormais ? Je veux dire depuis que tu es seule à élever ta fille ? Et est-ce que vous vouliez avoir un enfant où est-ce une surprise de la vie ? Pardon…de toutes ces questions, je n’ai malheureusement pas l’habitude de parler de ça avec quelqu’un d’autres. »

Vidant en dernière sa chope de bière, Jaina se leva et suivit sans aucune hésitation Éléonore. Elle accepta avec plaisir de faire le tour de cette fête avec sa nouvelle guide. Comment ne pas refuser venant d’une adorable personne détenant un charme presque envoûtant.

« Tant que je passe un bon moment, je ne dis pas non. » fit-elle en effectuant un clin d’œil pour répondre au sourire taquin d’Éléonore. « J’ai entendu dire qu’il allait y avoir de la danse. Es-tu une formidable danseuse ? Chez moi, tous cow-boys et cow-girls qui se respectent pratiquent la danse country. C’est un bon moyen pour s’amuser, rire et prouver qu’on pouvait être adroit sur nos santiags plutôt que sur la selle de notre cheval. »

La blonde entraîna l'albinos dans les différents stands de la fête. Elle avait attrapé la patte froide de la louve sans lui demander son accord. La chaleur de la main d'Éléonore réchauffa progressivement celle de Jaina. La dame se sentit toute bizarre et voulut resserrer doucement cette étreinte. De vouloir caresser le pouce de sa nouvelle amie avec le sien. Son cœur pinça tout son être. Elle ressentit un vide, un manque de chaleur humaine. Depuis des années, la vampiresse se battait, tuait et pataugeait ses santiags dans le sang de ses victimes. Il fut rare pour elle de se détendre en si bonne compagnie. Suivant sans aucune retenue sa camarade mère de deux enfants, Jaina se perdit dans l'immensité de cette fête. Ses billes sanguines qui n'étaient pas cachées derrière les lunettes de soleil, visualisèrent les innombrables activités. Elle fut témoin des rires et des joies des habitants. Des cris des fêtards ayant déjà un coup dans le nez à force de boire de la bière. Ou encore des braillements des enfants qui arrachèrent une larme à Jaina...

Pourquoi ? Ô pourquoi sa tristesse de la séparation de son enfant lui montait tant à la tête ? Son cœur la torturait depuis sa venue à Oakenhill. Entre sa fille qui lui manquait tant et cette magnifique femme qui réchauffait son corps gelé. Agacée, la louve retira cette vilaine perle invisible chatouillant sa joue. Il lui fallait un remontant, quelque chose de fort. Heureusement, son amie fit une halte dans un stand de dégustation. Les noms des bières proposées par le brasseur donna un sourire amusé à la pirate. Impossible de choisir, toutes les boissons furent tentante. Finalement, elle se décida de prendre le même breuvage qu'Éléonore. L'Impératrice du Trou du Diable. Remerciant le vendeur pour la gratuité de son ouvrage, l'albinos ne perdit pas de temps pour goûter l'alcool.

La bière revigora l'albinos et lui rendit des couleurs. Ce fut à cet instant qu'elle tilta que son autre patte détenait des brochettes de viandes. L'odeur réveilla l'estomac carnivore de la louve. Sans retenue, avec violence, ses crocs arrachèrent les carrés de bidoche. La barbaque était tendre, bien saignante et extrêmement bonne. Les brochettes ne firent pas long feu…

« Tu ne connais pas la danse d’Hat Island ?! » s’étonna l’albinos qui cherchait avec peine des restes de nourriture sur ses bâtonnets en bois. Jetant les piques sur un plateau mise à disposition pour les déchets, Jaina ferma son poing, le plaqua contre ses lèvres et lâcha un rot discret et non bruyant. Elle s’arrêta en chemin pour vider d’une traite sa bière et sentit l’alcool lui monter au nez. Bigre, la buveuse allait être ivre en continuant de la sorte. Il faut dire que Jaina se laissait aller, surtout dans un moment comme celui-là.

« Un concours de danse ? Je suis partante et je tiens à te dire que je déteste perdre. » avoua la cow-girl qui donna son verre vide à un serveur. Elle ne prit pas une nouvelle boisson, sentant déjà sa limite arriver. Hors de question de se montrer dans un état déplorable devant une beauté incroyable. La Chapeautée d’Hat Island s’inclina, Stetson à la main et l’autre patte attrapant délicatement celle de son amie. La louve, grande prédatrice pour les femmes se permit de déposer un faible baiser sur le dos de la paluche d’Éléonore. « Veux-tu être ma partenaire de danse pour cette soirée ? Je ne connais pas toutes les quadrilles que tu as cité, en revanche ma mère m’a appris la valse. Daisy Rosenberg avait un dicton. Une Rosenberg qui ne savait pas valser n’était pas digne d’être dans la famille. Ma daronne était une danseuse extraordinaire, ce fut par ce talent qu’elle rendit fou amoureux mon père. »

Se redressant pour remettre son chapeau de cow-girl, l’albinos mit fin à l’anecdote de sa famille quand elle entendit le bruit des carabines à plomb. Ce doux son excita celle qui désirait être la Reine du tir. Sans prendre de pincette, Jaina tira doucement sa potentielle cavalière de la soirée pour l’entraîner dans le fameux stand. Le principe du jeu fut simple. Chaque ballon d’hélium détruit augmentait la chance d’avoir un gros lot. Rosenberg donna une carabine à Éléonore et chargea la sienne.

« Que dis-tu d’un petit duel ? Celle qui pète le plus grand nombre de cible choisira le prochain stand et devra payer d’autres collations. » Afin de montrer son merveilleux talent, son don hérité de son père, la fille de Lawrence Rosenberg éclata tous ses ballons au nombre de dix en moins de quatre petites secondes.

Jaina fit une courte révérence après sa prestation de tir. Elle n'y avait pas été à fond pour ce jeu de pacotille. Tel fut ce mot pour représenter ce stand. Rosenberg était née avec un pistolet à la main en guise de peluche. Les armes à feu avaient toujours été ses meilleures amies. Aujourd'hui, ce fut toujours le cas. D'ailleurs, en parlant de son amour pour ces engins meurtriers, la louve constata un défaut de son fusil. Sans demander la permission au gérant du stand se nommant Albert, la cow-girl démonta la carabine pour découvrir que les différentes pièces, à savoir le canon, la crosse, la détente et autres composants étaient tous mal entretenu. Un comble pour Jaina qui secrètement ne le faisait pas non plus. Elle détestait s'occuper des armes pouvant être vite remplacées.

Les mains sur ses hanches, lançant un regard furieux à l'habitant du village, il comprit très vite que ce dernier devait régler le souci. Éléonore aurait pu avoir un meilleur score avec un fusil bien huilé et surtout sans reste de poudre à l'intérieur du canon. Sans un mot, Albert lui offrit des tickets servant de monnaies d'échanges pour la nourriture et la boisson. Une collation réduisant considérablement la colère de la Louve Blanche. Elle devait ensuite choisir une récompense pendant que ses joues cessaient de chauffer à cause du doux baiser si innocent de sa nouvelle amie. Nom d'un cheval, la cow-girl ne s'y attendait pas et souhaitait se contenter de ceci comme récompense...

Après une grande réflexion, Jaina désigna un ours en peluche. Attrapant son bien, elle le donna à Éléonore.

« Pour ta chipie. Je pense que ça lui fera plaisir. » dit-elle d'une note douce et presque maternelle. La dame se perdit dans les cristaux de sa partenaire et se demanda si le temps ne s'était pas arrêté. L'un des défauts de Jaina fut de toujours tomber sous le charme des jolies demoiselles. On arriverait presque à la tuer de cette façon. Un côté que l'albinos avait hérité de sa mère. Son cœur basculait pour les femmes ainsi qu’avec les hommes et termina son parcours pour battre à l'unisson avec un criminel à la retraite.

« Prendre une pomme avec sa bouche dans un seau d'eau froide ? » redemanda la Chapeautée qui ne connaissait absolument pas ce genre de jeu. Elle s'imagina tenter l'expérience et pensa que le jeu était difficile. Laissant son bras prisonnier par Éléonore, la cow-girl préféra choisir une autre activité qui ne la tournera pas au ridicule.

Jaina finit par conduire doucement sa chère et douce camarade à l'emplacement du lancer de hache. Un exercice dont elle n'avait jamais pratiqué.

« Mon père était un excellent lanceur de couteau. » fit Jaina débordant de fierté d'être sa fille. « Regarde et soit impressionnée, sucre d'orge. »

Attrapant l'objet pouvant servir d'arme, la louve débuta les hostilités. Tirant la langue sur le côté, fermant sa paupière gauche pour viser avec son œil directeur droit, la pirate balança l'objet coupant. Par sa formidable maîtrise, le gérant du stand hurla. Le son correspondait à de la frayeur. Car oui, au lieu de toucher la cible, Jaina manqua de tuer sans le vouloir le gérant. La hache faillit se planter dans le crâne de l'homme se nommant Paul.

« Mais vous êtes malade !? » cria le citoyen de tous ses poumons. Main sur son palpitant, le visage aussi blanc que l'albinos, Paul manqua de s'effondrer.

« Shit...je suis désolé. » paniqua la hors-la-loi qui s'étonna d'être aussi maladroite avec ce genre de jouet. « Votre hache n’est pas équilibrée ! » protesta Jaina qui se chercha des excuses. « Moins qu'un couteau en tout cas ! »

« Ce n'est pas la même chose, mademoiselle ! Le poids est différent et achetez-vous des lunettes, vous avez l'air d'avoir un souci pour viser ! » gueula de plus belle le gérant qui vira du blanc au rouge. Ses oreilles fumèrent comme la cheminée d'une locomotive.

Normalement, Jaina n'aurait pas laissé passer ça. Détestant qu'on critique sa vue qui se dégrade petit à petit à cause de son albinisme, la louve opta pour prendre congé...l'heure n'était pas venue pour réveiller sa soif de sang... Soupirant bruyamment, elle croisa ses bras sous sa poitrine généreuse, tourna le dos au comptoir pour tenter de se calmer...

« Ma vue est parfaite... » grommela Jaina de sa voix à peine audible. « Je voudrais bien le voir avec mon albinisme... » continua-t-elle en étant toujours mécontente.

Ce fut au tour d'Éléonore de reprendre ce jeu. Était-elle plus compétente que Jaina ou plus maladroite ? La tentative de Jaina pour impressionner la belle avait échoué en tout cas...

La caresse sur sa joue augmenta la chaleur corporelle du visage de Jaina. Diable que cette femme de West Blue rendait de plus en plus dingue la cow-girl. L'envie irrésistible de la saisir autour de la taille et de joindre ses lèvres contre celle d'Éléonore lui trottait de plus en plus à la tête. Jaina refusa de commettre cette action, elle ne souhaitait pas détruire ce moment magique et fort romantique qui s'installait entre les deux femmes. C'était l'impression de l'albinos et peut-être qu'elle se trompait sur toute la ligne. Il existe des personnes très tactiles et cette femme pouvait entrer dans cette catégorie.

En tout cas, cette villageoise était très adroite au lancer de hache. Sans regarder les cibles, Éléonore touchait ses proies tout en posant son regard océanique sur les rubis de Jaina. Elle lui expliquait comment faire d'une voix agréablement séduisante qui faisait doucement fondre le palpitant de Rosenberg. Lorsque Éléonore l'invita à la rejoindre, qu'elle la plaça correctement pour l'aider à faire un nouvel essai, Jaina réussit à toucher la cible. Un sourire de triomphe rayonna sa bouille tandis que ses pommettes montraient un peu plus de couleurs au lieu d'un ton pâle digne des vampires mentionnés dans des livres.

Frottant timidement son oreille récemment pressée par les lèvres envoûtantes de la villageoise, Jaina manqua de faire tomber la peluche. Elle la rattrapa au dernier moment, juste avant que l'une de ses pattes touchent le sol. Puis Éléonore revint près d'elle, pour lui rendre un cadeau, une boîte sombre qui renfermait un précieux trésor. Faisant l'échange entre l'ourson et le petit boîtier, Jaina l'ouvrit délicatement pour être émerveillé par l'objet qui y dormait...

Ses rubis s'illuminèrent et reflétaient l'améthyste accroché par un collier en argent. Doucement, l'albinos attrapa le bijou et ne sût quoi dire à sa charmante compagne. Elle abandonna le paquet vide sur le comptoir de Serge, décrocha les deux crochets du médaillon afin de l'installer autour de son cou. Profitant du petit miroir tendu par le vendeur, Jaina admira ce trésor lui donner un peu plus de splendeur.

« C'est...il est magnifique... » La cow-girl se tourna face à Éléonore pour lui offrir son plus beau sourire. « Merci sucre d'orge. » Sans lui demander la permission, Jaina déposa un doux baiser sur le front de la dame. Par ce contact, le parfum de la villageoise rendit toute chose la pirate. Elle sentait divinement bon...

Tendrement, la Louve Blanche saisit avec l'une de ses pattes, la main de sa partenaire. Jaina l'emmena dans un autre stand pour profiter encore plus de cette joyeuse fête. Elle l'entraîna dans ce fameux comptoir de pommes flottantes dans un baril remplit d'eau qui fallait rattraper avec ses dents. L'idée ne plus plaisait guère car son maquillage allait être dégradé. Jaina observa un jeune homme tenter l'expérience pour impressionner sa belle. Il se démerdait bien pour un gosse. Rattrapant à chaque fois une pomme avec ses canines.

« Tentons l'expérience... » soupira doucement la louve qui attendit son tour en gardant toujours sa main avec celle d'Éléonore. Son pouce caressait amoureusement l'index de Grey. « Interdiction de te moquer, compris ? » posa comme condition Jaina qui était une incroyable mauvaise perdante.

Lorsque ce fut son moment de passer à l'action, l'albinos observa les nombreuses fruits qui se baignaient tranquillement dans le petit bassin offrant ce tonneau en bois. Repérant sa cible, Jaina plongea pour mordre sa proie. Un échec cuisant qui mouilla inutilement son visage... Mais, la Chapeautée d'Hat Island n'abandonna pas. Hors de question de plier le genou face à ce jeu pour enfant. Après une quatrième tentative acharnée, la louve mordit dans sa pomme.

« Je crois avoir pigé le truc. » fit-elle en prenant une deuxième bouffée de sa pomme. « Crois-moi, je m'en sors mieux sur un autre domaine quand il s'agit de m'occuper du fruit. » dit-elle d'un ton taquin en effectuant un clin d'œil à la douce. « C'est à toi sucre d'orge. Impressionne-moi comme au lancer de hache. Si tu réussi du premier coup, je te donne une récompense. » déclara amoureusement la pirate qui n'arrivait pas à calmer les palpitements intenses de son organe battant.

Prenant une nouvelle bouchée de sa pomme bien rouge rivalisant avec la couleur de ses yeux, Jaina surveilla attentivement Éléonore qui relevait le défi de Rosenberg. Mordre du premier coup l’un de ses fruits dont l’un de ses frères était mentionné dans un conte pour empoisonner une belle demoiselle. Après le coup du jeu de hache, la cow-girl ne sous-estimait plus sa charmante nouvelle amie. Elle ne souhaitait plus se couvrir de ridicule. Mordant à pleine dent son aliment, Jaina réfléchissait en silence à une récompense si la villageoise en ressortait victorieuse. Il est clair que son esprit divaguait sur des idées réservées pour les adultes. Après tout, ce brin de femme procurait de plus en plus d’effet à la pistolera.

La voyant plonger la tête la première dans ce petit bassin d’eau douce, Éléonore revint quelques secondes plus tard avec une pomme entre ses lèvres. La maîtresse des haches en ressortait à nouveau victorieuse. Pour une fois, le côté mauvais joueur de Jaina ne vint pas titiller la corde sensible. Depuis gosse, la demoiselle avait une sainte horreur de perdre. Cela dit, pour ce soir, la louve se réjouissait du résultat. Jaina sourit doucement à sa compagne et se rapprocha de cette Aphrodite.

« Ah oui, cette récompense. » fit-elle d’une voix douce, tendre presque hypnotisante. De sa main valide, elle entoura le bassin d’Éléonore avec son bras. Ses rubis se figèrent dans les saphirs de la gagnante pendant que son visage réduisait lentement la distance qui le séparait de celui de la veuve. Son souffle chaud se mélangea à celui de sa partenaire. Son nez flairait le parfum enivrant de Grey. Il ne restait que deux centimètres pour joindre ses lèvres avec celle de sa compagne. La tentation était si grande que Jaina ressentait son corps la torturer. Son cœur allait exploser. Puis…en expirant un souffle amusé, taquin, la cow-girl remonta son visage pour embrasser le front de la gagnante. « Voici ton cadeau sucre d’orge. » déclara la Chapeauté d’Hat Island.

S’écartant pour reprendre de la distance en effectuant deux pas en arrière, Jaina tripota son collier en apprenant de sa chère et tendre que le souper du soir allait arriver. En effet, la plupart des villageois et visiteurs de cette magnifique fête se dirigèrent tranquillement dans un lieu remplit de tables et de bancs. Des nappes furent dressées sur les banquets pour donner de l’allure au festin qui était en train de naître. La bonne odeur de la nourriture réveilla la faim de la pirate. Jaina espérait boire de la bonne bière pour apprécier le repas.

La Louve Blanche s’installa en face de sa ravissante amie, non désireuse de devoir tourner la tête pour pouvoir lui parler. De plus, il serait plus simple de la contempler tout en dégustant le repas. Lorsque tout le monde se mit à table, Jaina cala son coude contre le buffet, reposa son menton contre le ventre de sa main et soupira doucement en contemplant Éléonore.

« N’as-tu jamais eu le désir de voyager ? Découvrir le monde ? » questionna la louve qui souhaitait en apprendre plus de cette personne qui était si douce et si attachante que l’envie de rester dans ce village trônait petit à petit dans l’esprit de la desperada. « Je voyage depuis mes dix-huit ans et j’ai vu tellement de lieux qui sont beaucoup plus attrayants que mon île désertique. Je dois tout de même avouer, que l’Archipel Vert me donne l’idée de m’y installer. »

Elle taquina la cheville puis la jambe de sa voisine de table à l’aide de son pied. Elle accompagna son geste par un sourire charmeur pendant que sa fourchette se planta lentement dans le morceau de viande servit dans son assiette. Plissant ses iris sanguins, la louve dirigea le petit fragment de veau accroché par son couvert en direction d’Éléonore.

« Quel est ton programme après la danse ? Je peux te présenter à ma fidèle alliée. Une jument que j’ai élevé dans le ranch de ma famille. Un pure sang de la race Morgan. Je l’ai baptisée Orphée, en quelques sortes c’est un peu comme ma fille. » raconta passionnément la cow-girl qui ne manquait pas de mots et de phrases pour parler de son amour pour ce cheval.

Pendant de longues minutes, Rosenberg révéla à Éléonore ses nombreuses aventures aux côtés de sa jument. Ses histoires tournaient constamment sur son attachement envers Orphée. Bien entendu, Jaina ne mentionna pas les sombres secrets qui la qualifiaient de tueuse voire de monstre. Elle ne souhaitait pas…gâcher la soirée en révélant son autre facette…celle d’une pirate sanguinaire…

À son tour, Jaina attrapa délicatement le morceau de lièvre proposé à sa chère et tendre partenaire. N’étant pas habituée à déguster ce met, l’albinos découvrit les bienfaits qu’apportait cette chair fondante. Ses iris s’orientèrent sur la droite puis sur la gauche pendant que son cerveau enregistrait les informations sur cette proie appétissante. La viande n’était pas aussi savoureuse qu’un bœuf, son goût fort apportait néanmoins une saveur unique pour le palais gustatif de la louve. Désireuse d’en remanger, la cow-girl remplit son assiette de lièvre mélangé avec des pommes de terres trempées dans une sauce piquante et forte savoureuse. Elle dévorait à sa faim, appréciant de ne pas verser le moindre berrys pour cette bonne collation.

Lorsque son ventre était rempli, que le grondement sourd de sa faim venait de cesser, l’albinos s’abstient de lâcher un rôt pour ne pas importuner ses voisins et voisines de tables. Ayant eu la gentillesse de l’accueillir dans ce festin, bien que ce soit une tradition de cette fête, la pirate sanguinaire préférait se faire discrète. Tournoyant le vin à l’intérieur de son verre pour oxygéner le breuvage, elle prit une petite gorgée et se ravisa d’en prendre une deuxième. Cet alcool ne lui convenait pas, son goût amer apportant une sensation d’amertume dans sa bouche lui indiquait de se servir dans de la bière. Chose qu’elle fit sans aucune hésitation.

Débarbouillant ses lèvres recouvertes de mousse à l’aide d’une serviette, sa langue termina le travail sur une zone proche de son nez. Reposant ses mirettes sur Éléonore, Jaina Rosenberg lui sourit tendrement. Diable que ses lippes étaient attirantes. Son envie de les embrasser tiraillait l’esprit et le corps de la pirate. Son cou offrait une cible de joie pour mordiller cette peau qui devait être douce comme ses mains que Jaina avait serré tout à l’heure. Mais allait-elle franchir cette barrière ? Face à une femme qu’elle connait à peine ? Veuve par-dessus le marché ? La Louve Blanche hésitait encore et savait que plus le temps défilait, plus la torture deviendrait grande.

Posant ses couverts sur son assiette, Jaina se retira de table et contourna le banquet pour rejoindre la chasseuse. Elle se permit de lui saisir sa main, d’embrasser tout d’abord l’ongle de son majeur, d’en redéposer un autre sur le dos de sa paluche et de terminer sur l’avant-bras. Jaina se redressa, tira doucement sa compagne de ce buffet remplit de gens pour l’attirer loin de ce boucan. La louve relâcha son emprise, marcha à reculons en dévorant de ses billes sanguines les cristaux azur de la demoiselle. Mains jointes derrière son dos, aux extrémités de son fessier, Jaina lui fit un clin d’œil taquin et lui tourna le dos.

Ses pas résonnant par la douce mélodie de ses éperons l’emmenèrent au fameux enclos où se trouvait Orphée ainsi que d’autres chevaux. S’appuyant sur la barrière en bois, la cow-girl siffla d’un ton strident pour interpeller sa belle qui leva ses fines oreilles en direction du bruit. Un hennissement de joie se fit entendre, Orphée galopa à toute vitesse puis trotta pour rejoindre sa maîtresse. Faisant vibrer ses babines en effectuant un son toujours aussi amusant aux oreilles de la renégate, Jaina caressa le chanfrein de l’animal.

« Voici Orphée, la jument dont je te parlais peut-être un peu trop tout à l’heure. » dit-elle à Éléonore en tournant son visage sur cette dernière. « Sur mon île à Hat Island, le cheval est presque considéré comme un…dieu. Un cow-boy n’est rien sans son canasson. Certains accordent plus d’importance à cet animal qu’à leur vie voir même à leur propre femme. » Jaina cessa les cajoleries pour permettre à la demoiselle habitant dans ces lieux de se présenter à la jument.

Se servant de la clôture en bois comme d’une chaise, bien qu’aucun dossier ne s’offrait à cette dernière, l’albinos réfléchit aux paroles précédentes d’Éléonore. Qu’elle espérait continuer à passer plus de temps avec la louve. Était-ce une invitation ? Jaina se mordit doucement la lèvre inférieure en contemplant une énième fois cette femme. Tout était parfait chez elle, à rendre jalouse la cow-girl atteinte de la maladie de l’albinisme.

« Connaîtrais-tu un coin sympa où je puisse me reposer quelques nuits ? » demanda la louve qui n’avait pas réfléchi à cette option. Elle n’était pas très encline à dormir à la belle étoile, du moins pas aujourd’hui. Un bon lit douillet lui ferait du bien. « Si tu veux qu’on passe plus de temps ensemble sucre d’orge, que ma compagnie ne t’importune pas, je veux bien réfléchir à rester plus d’une semaine. Quand penses-tu ? » Elle descendit de son perchoir, réduisit la distance qui la sépara d’Éléonore pour lui prendre délicatement ses mains. Jaina savourait la douceur ainsi que la chaleur de la peau de cette chasseuse.

Orphée appréciait la nouvelle amie de sa maîtresse. Elle prit son temps pour découvrir l'odeur de cette blonde puis remua son visage en faisant vibrer ses babines. D'un petit hennissement, la jument s'éloigna pour rejoindre ses camarades. Elle n'avait plus la chance d'être en présence de ses congénères. Les folles aventures de Jaina traînaient continuellement Orphée dans des prairies de cadavres et d'odeur de poudre. Cette petite nuit lui procura un bien fou. Quant à sa cavalière du nom de Jaina Rosenberg, l'albinos se plaisait de plus en plus sur l'Archipel Vert. Surtout depuis sa rencontre avec Éléonore.

Voilà bien longtemps que son organe battant n'avait pas été aussi actif pour pomper le sang de son organisme. La louve était très attirée par cette demoiselle. Elle savait que cette relation ne tiendrait pas. Qui voudrait d'une pirate sanguinaire en tant que petite amie ? Sûrement une personne bien plus chaotique que cette dernière. Néanmoins, Jaina profita de l'instant présent, non désireuse d'obtenir des regrets...

Pendant que son bassin était collé à celui de la citoyenne, son front se reposa contre sa partenaire. Son souffle chaud se mélangea à celui d'Éléonore. Diable que l’envie fut grande pour céder à cette grande tentation de l’embrasser, d’entrelacer ses lèvres contre celles de sa compagne. Surtout que sa chère et tendre lui avait même proposé son lit pour cette soirée tout en lui avouant vouloir créer des souvenirs uniques pour cette nuit étoilée. Comme Jaina le pensait, Éléonore ne cherchait pas du long terme, ce qui pouvait se comprendre à cause de son défunt mari. La pirate hocha doucement son visage. Sa main gauche se permit de caresser l'une des joues de la veuve. Une peau si douce, si magnifique qui rendait cruellement jalouse la dame atteinte de la maladie de l'albinisme.

« De toute manière sucre d'orge, je ne suis pas douée pour le long terme. » répondit la Louve Blanche qui sourit faiblement à Éléonore. Le grand amour, Jaina l'avait connu et en était très déçu. Le père de sa fille lui avait promis une romance jalousant les contes de fées. La cow-girl en avait été cruellement charmé pour être au final poignardé en plein cœur. À la limite d'être peureuse ou alors préférant être prudente, Jaina choisissait les aventures sans avenir derrière... Elles étaient plus sécurisante pour son organe battant.  « J’accepte la proposition de ton lit, néanmoins je dois te prévenir… J’ai tendance à prendre beaucoup de places. »

De sa déclaration, Jaina rit doucement, d’une note basse qui pouvait être considérée comme une mélodie. La cow-girl joignit ses lèvres contre le front de la blonde. Le contact tortura beaucoup plus le corps de la pirate. Alors, tendrement, avec douceur, l’albinos descendit pour embrasser le bout du nez d’Éléonore. Ses joues rosirent, la chaleur de son être augmenta et son esprit ne pensa qu’à cette douce chasseuse pouvant être prise pour une Aphrodite. Son souffle devint court, sa respiration saccadée. Ô Diable que la torture était si forte…contraignant Jaina à resserrer ses cuisses pendant qu’une main baladeuse passa caresser du bout des ongles le bras de sa partenaire.

Le moment arriva, tant attendu par la renégate qui en avait assez d’être torturé. Fini de jouer, il était temps de conclure ce début de chapitre. La deuxième phase arriva en tournant la page de ce long texte qui impatientait le lecteur. Oh oui, la louve qui actuellement n’avait de yeux que pour cette Lune, allait enfin pouvoir hurler devant son astre lumineux. Pour finir, le visage de la prétendante réduisit considérablement l’espace qui le séparait de la veuve. Avec tendresse, délicatesse les lèvres de Jaina se joignirent sur celles d’Éléonore. Une fois pour céder à la torture, deux fois pour apprécier le goût de sa compagne. La troisième action ne vint pas, stoppé par un villageois qui interpella les deux femmes par sa voix porteuse que la danse allait arriver... Quel dommage, Jaina aurait voulu poursuivre son échange avec cette autre louve divinement séduisante.

« Prêtes à danser pour captiver la foule sucre d’orge ? » demanda Jaina qui enlaça tendrement Éléonore tout en se faisant bercer par le parfum envoûtant de cette dernière.

Sur le plancher de la piste de danse, le nombre de participants était assez bluffant. Fort heureusement chaque couple disposait de l’espace suffisant pour participer. Jaina n’avait pas l’habitude de poser ses flingues pour bouger son corps avec celui d’une autre dans une valse. Bien qu’elle soit expérimentée dans les chorégraphies country, la cow-girl ne savait plus à combien d’années dans le passé. C’est ainsi qu’elle se souvint d’avoir participé à ce genre d’événement avec le soi-disant homme de sa vie. Un beau parleur, un fin séducteur et elle devait bien le reconnaître que son corps vendait du rêve…

Ce fut l’un des meilleurs moments de sa vie. Pouvoir roucouler en dansant avec le père de son enfant, échanger des baisers et s’enivrer de sa douce odeur. Si ce vaurien ne s’était pas barré, Jaina n’aurait pas entrepris sa petite carrière de pirate. À bien y réfléchir, s’il avait tenu sa promesse d’être le mari exemplaire, l’albinos habiterait avec lui sur Hat Island, sûrement dans un ranch. Elle jouerait le rôle de maman, à élever Wanda et peut-être d’autres marmots. Une vie paisible à l’identique de ses deux sœurs. Au final…est-ce que Jaina regrettait son existence actuelle ? Pas la moindre du monde. Il lui manquait cependant un seul élément. Nullement une âme sœur, car la prédatrice ne croyait plus à l’amour. Non. La louve réclamait son unique louveteau, se sentant désormais capable de bien l’élever.

Revenant au moment présent, sur cette fameuse piste de danse, Jaina qui fut pensive pendant un laps de temps, reprit maîtresse de ses moyens. Elle entoura la taille de sa promise avec son avant-bras droit puis attrapa la douce main de sa chère et tendre avec la sienne. Les billes sanguines de l’albinos admirèrent la belle demoiselle qui s’offrait à elle. Ses yeux faisaient fondre le palpitant de Jaina. Ses cheveux soyeux respiraient l’élégance à l’état pur. Sa peau ne demandait qu’à être touchée, cajolée et l’horrible envie d’y mordiller trottait à l’esprit de la soi-disant vampiresse. Doucement, Rosenberg s’approcha de l’oreille de cette Aphrodite.

« Je préfère t’apprendre une danse en privée que je réserve uniquement à de rares occasions. » souffla Jaina à sa promise de son souffle chaud et affamé. Elle se permit d’attraper le lobe d’oreille avec ses dents pour le mordiller délicatement.

La musique du bal fut jouée par d’incroyables talentueux villageois. La mélodie n’agressait pas l’ouïe de la cow-girl. En réalité, Jaina n’aimait pas vraiment ce genre d’événement, surtout à cause de son premier amour. En revanche, elle devait admettre que le moment réel n’était pas aussi déplaisant. Qui l’aurait cru que son voyage sur l’Archipel Vert lui offrirait une soirée romantique auprès d’une véritable déesse. La gunslinger se jura intérieurement de ne pas être décevante aux yeux de sa belle. Pour la remercier de lui fournir du bonheur éphémère pour cet instant présent.

Jaina en tant que cavalière d’Éléonore redevenait la danseuse qui fut durement entraînée par sa mère Daisy Rosenberg. Sa daronne était une valseuse incroyable, donnant des étoiles dans les yeux aux clients de son lieu de travail. Elle demeurait convoité, idolâtré par tous les cow-boy d’Exact Town. Ce fut Lawrence Rosenberg qui l’arracha du patron de sa future femme pour que les deux tourtereaux puissent profiteur de leur amour donnant naissance à quatre enfants. Annie, Jaina, Pearl et Terence.

L’albinos fit tourner sa partenaire pendant que les juges notaient leur prestation. Les gestes de Jaina furent professionnels, digne des enseignements de sa très chère mère. Oui, elle faisait aussi rêvasser les autres dames et rendait jalouse les hommes qui ne disposaient pas de l’expérience de la fille de Daisy Rosenberg. La louve souriait, s’amusait et ne manquait aucunement de lancer son regard séducteur sur Éléonore.

Lorsque le bal se termina, Jaina redescendit sur Terre. La fatigue s’abattit sur ses épaules, la sueur perla depuis son front. Son souffle était saccadé pendant que son palpitant battait à plein régime jalousant les rares locomotives du globe. Pendant que le jury délibérait, Jaina se permit de quitter un temps sa cavalière pour récupérer des rafraîchissements. Elle fut félicitée par le vendeur de boissons par ses prestations de danses, la louve ne manqua pas de remercier cette personne qu’elle oubliera la seconde d’après.

Revenant auprès de sa dulcinée tout en lui offrant la liqueur, la dame enroula son bras autour de la taille d’Éléonore. Elle ne l’embrassa pas, préférant le faire dans un endroit privé. Exposé cela en plein public pourrait peut-être nuire à sa ravissante camarade de danse. Toutefois, l’albinos caressa discrètement du bout de ses doigts une partie de la ligne de sa colonne vertébrale…

« J’espère ne pas t’avoir déçu sur mes pas de danse, sucre d’orge. » déclara la cow-girl qui trinqua son verre à pied avec celui de la blonde. Pendant ce temps, lorsque la buveuse vida d’une traite son rafraichissement, les vainqueurs furent désignés. Éléonore et Jaina. Les organisateurs du bal offrirent aux deux cavalières deux bagues en argent qui devaient avoir servi à d’autres dans le passé. La demoiselle inspecta le bijou et se refusa de le vendre si sa partenaire décidait de garder le sien. Il servira de souvenir pour ne pas oublier Éléonore. Jaina l’enfila à son majeur. « Et si nous allions…ailleurs ? » proposa d’un ton mielleux, séducteur l’albinos qui désirait ardemment sa promise…

Lentement, Jaina se réveilla de son sommeil après une nuit agitée et forte agréable. Elle ne se trouvait pas dans le plumard d’une auberge ni sur le plancher des vaches. En ce beau matin, où le coq chantonna dans le poulailler à côté, la louve était allongée dans le lit d’Éléonore. Sa partenaire d’hier soir dormait toujours à point fermé, son ventre était face à celui de l’albinos. Sans un bruit, la cow-girl admira ce beau visage endormi. Ses lèvres envoûtantes, son nez si parfait et son teint bien plus coloré que celui de Jaina. Ses narines s’enivrèrent une nouvelle fois du parfum de sa belle. Instinctivement, son esprit se remémora cette danse nuptiale. De ses moments où la pirate mordillait passionnément les lèvres de sa partenaire. Que sa langue dansait un slow en compagnie de son amour d’un soir. De la douce mélodie chantonnée par les cordes vocales de sa valseuse lorsque leurs passions montaient jusqu’aux ciels.

Mollement, avec douceur, le dos des phalanges de Jaina caressèrent l’épaule nue de la villageoise. La douceur de sa peau redonnait une envie à la Chapeauté d’Hat Island de dévorer sa chair par des mordillements et de reposer des marques pour son désir envers elle. Rosenberg sentit ses joues se réchauffer puis son cœur battre d’une mélodie qui torturait l’intégralité de ses sentiments et de son corps. Sa respiration devint courte et chaude. Comme il y eut quelques heures où chacune tâchait d’apporter une nuit inoubliable à l’autre en franchissant les limites réservées aux amants. En sentant un sentiment extrêmement fort, ses cuisses se resserrèrent sous le drap retenant la chaleur installée par les deux demoiselles…

Sa main qui caressa depuis un petit moment l’épaule de la chasseuse, descendit avec tendresse jusqu’aux extrémités des ongles de cette dernière. Sa patte décida de s’aventurer sur le ventre pour l’aborder une toute dernière fois. Jaina préféra ne pas descendre ses doigts ni de les remonter. Elle eut tout le loisir et le plaisir de l’avoir effectué pendant la nuit dernière. Ce fut une véritable torture pour celle qui convoitait à nouveau cette femme. Son esprit se demanda si Éléonore correspondait à la perle rare, à cette personne que Jaina recherchait depuis la nuit des temps. Sa mauvaise expérience avec son premier amour lui avait donné une bonne leçon. Son âme sœur s’harmonisait peut-être envers une femme et non un homme.

Gentiment, Jaina remonta la couverture jusqu’à l’épaule de sa douce pour éviter que le froid réveille cette merveilleuse déesse. Avec regret, la cow-girl se retira du lit sans donner un quelconque baiser sur le front, sur les joues ou sur les lèvres de cette personne qui ne lui était finalement pas destinée. La dame se rhabilla discrètement, enfila la bague en argent autour de son majeur gauche, à la même position qu’Éléonore. Elle remit une mèche de cheveux blondes derrière l’oreille de sa muse et sourit doucement à cause de ce beau visage innocent.

Elle se dirigea à la porte de sortie, empoignant sa paluche contre la poignée de la porte. Jaina hésita à partir, à s’enfuir de cette maison où reposait une âme qui lui plaisait de plus en plus. Le doute paralysa celle qui désirait être la Reine des tireurs. Devait-elle faire une croix à sa destinée pour avoir une chance de gagner l’amour de cette nymphe ? Ou devait-elle partir pour épouser cette voie de la piraterie qui était l’exact opposé de la vie d’Éléonore ?

Inspirant profondément, titillant l’harmonica de son père accroché autour de son cou en guise de collier, l’albinos tourna une dernière fois son visage dans la pièce où se trouvait la chasseuse. Elle décida de voler un morceau de papier, un stylo et d’écrire un message à sa partenaire de danse.

Ô toi, mon sucre d’orge,

Pardonne-moi de ce départ si abrupte. Je n’ai jamais été très doué pour la douceur. Tu semblais être la perle rare que je recherchai, mais nos chemins nous emmènent chacune dans une direction différente. Tu resteras toujours pour moi, ma merveilleuse cavalière. Sache qu’une partie de mon cœur battra continuellement pour toi. Peut-être qu’un jour je t’apprendrai les pas de danse de mon île.

Merci pour cette merveilleuse soirée en ta compagnie. Prend soin de toi et de tes enfants.

Jaina Rosenberg.

Après son message laissé sur la table, la louve déposa à côté la peluche gagnée durant la fête pour l’enfant d’Éléonore. Jaina sortit de la maison, rejoignit sa jument et partit du village pour ne plus être tentée de retirer définitivement son ceinturon et rester dans ce petit paradis.