Mission spéciale pour agent très spéciale

Cela devait être une journée paisible, une matinée calme, un début de jour reposant. Donc, la Duchesse qui ne travaillait pas aujourd'hui devait consacrer son temps libre à ne rien faire, surtout que son dernier affrontement contre une Exorciste l'a pas mal affaibli. Cette saleté de petite blonde qui contrôle les pierres. Heureusement que sa sœur Adelheid est venue pour sauver de justesse la Baronne qui aurait une nouvelle fois…enlacée la mort. Dorénavant, l’albinos se doit d’être extrêmement prudente pour la suite car plus elle se bat et plus les ennemis deviennent plus difficiles à vaincre… Hier elle boitait, aujourd'hui elle marche normalement mais difficilement. Saleté d'Exorciste, pourriture d'Innocence. Alors, de bon matin, lorsque les coqs ont terminé leurs concerts bien qu'il y en ait pas dans le Domaine, Cassidy s'est levée discrètement de son lit sans réveiller sa petite amie Abigail qui dormait profondément. Elle a pris soin de remonter les draps jusqu'aux épaules de sa blonde pour qu'elle puisse profiter du mieux que possible la chaleur du lit. Une fois à l'extérieur de ses appartements, prenant le temps de se relaxer dans un bon bain chaud puis en s'habillant pour ensuite débuter sa séance de maquillage qui la rajeunit un tantinet, la louve entre dans la salle de détente pour s'assoir sur le tabouret de son piano. Cassidy scrute les différentes partitions dans son cahier et décide de jouer un morceau au hasard en levant le couvercle qui recouvre les touches de son instrument de musique...

Qu'il est plaisant de pouvoir faire chantonner son piano qui pour la musicienne demeure à être le meilleur instrument de musique au monde... Elle prend plaisir à jouer, fait danser ses doigts sur les différentes touches du clavier, ferme ses paupières pour y savourer le doux son des notes de musique tout en ne s'occupant plus de l'heure qui tourne...qui avance...qui réduit le temps de la journée... Après une petite heure à composer, son ventre se met à gronder. Lui ne chante pas, il hurle pour dégrader la mélodie du piano. Ainsi donc, la Duchesse décide de quitter les lieux pour se préparer un thé bien chaud tout en dégustant du raisin. Cependant, avant que son thé soit prêt, avant que l’eau ne soit suffisamment chaude pour pouvoir fusionner le thé avec ce breuvage bouillant, un de ses serviteurs la rejoint pour lui communiquer que son invitée vient d'arriver. Il ne s’agit pas de son fidèle majordome Raven qui est en congé actuellement. Non, depuis une semaine, la doyenne des lieux a pris soin d’engager plus de personnels qui sont dignes de confiance. Elle les a trillé dans le tas pour obtenir ceux qui seront prêts à mourir sans divulguer la moindre information. Après tout, ils ne savent pas que leur maîtresse, que leur patronne se trouve être un Noé représentant la Révolte. Fixant l'heure sur sa montre à gousset ayant appartenu à sa bien-aimée, Cassidy remarque que l'agent n'est aucunement en retard mais plutôt un peu en avance... C’est assez rare de constater qu’une personne préfère venir en avance qu’avec plusieurs minutes de retard. Déjà pour ce genre de petit détail, la louve est plus que satisfaite.

Remerciant chaleureusement le serviteur, l'albinos attrape deux raisins pour les manger en route. Elle serait honteuse de laisser son ventre rugir pendant les présentations. Ce n'est après tout pas convenable. Cassidy se souvient encore de ce moment très gênant où durant une réunion très importante, installée au côté de la Reine Victoria, son ventre n’a pas cessé de parler, de grogner, de se plaindre. Cela fit rire Sa Majesté mais pas Cassie qui devint rouge de honte comme l’est une tomate. Alors, ayant pris soin de remplir au minimum son estomac, en arrivant au hall d'entrée, la Duchesse découvre cette fameuse personne qui a réalisé une mission au côté de sa chérie. Cassidy Danvers fronce ses sourcils, fixe de haut en bas l'individu puis penche la tête sur le côté. « Je suis la Duchesse Danvers, propriétaire de ce Domaine, Conseillère de la Reine d'Angleterre. » annonce machinalement la louve sous forme de présentation basique accompagnant ces notes par un ton envoûtant comme elle a l'habitude de faire pour adoucir l'atmosphère et ses proies. « Heureuse de pouvoir enfin vous rencontrez Milena Bauer. » Elle se met à sourire puis tourne autour de la demoiselle ou plutôt de l'homme à la manière d’un prédateur à cause de l’apparence et l’accoutrement de Milena qui laisse planer un doute sur son sexe. « Dois-je vous considérer comme un homme...ou bien une femme ? » demande poliment la Duchesse qui s'arrête face à Milena sans quitter un seul instant son regard. « Je suis en train de préparer du thé, souhaitez-vous une tasse en ma compagnie ? J'en serais fort honorée. »

Croisant ses bras sous sa poitrine visible par la forme sous sa chemise blanche, continuant de fixer froidement la blonde qui reste au garde-à-vous, la Duchesse écoute attentivement les réponses à ses deux questions. Tout d’abord, elle souhaitait savoir si Cassidy devait considérer cet agent comme une femme ou bien un homme. Question qui fut vite répondue avec un tact, une façon de parler très militaire que la louve a déjà rencontrée pendant ses affrontements contre l’armée Américaine. Elle plaque sa langue sur son palais puis la décolle pour effectuer un léger bruit qui exprime légèrement son irritation. La Baronne n’apprécie pas cette façon de s’exprimer, cette manière trop militaire qui lui écorche les oreilles. Néanmoins, par respect pour cet homme ou cette femme, l’albinos n'en dira pas un mot, restera muette, ne s’exprimera pas pour demander à Milena de changer sa façon de s’exprimer. Ce sont donc ses supérieures comme elle le dit si bien qui lui a donné les ordres d’obéir à Danvers ? Ce n’est pas étonnant car il s’agit en réalité de la louve qui a tout manigancé. Cassie est au courant de l’existence de cet agent par le biais de sa petite amie, de sa compagne Abigail Panabaker. Alors, quand elle a sût que ce mystérieux personnage sortait du lot, Cassidy n’a pas hésité une seule seconde à vouloir les services de ce vaillant soldat. Ayant des espions qui se faufilent peu à peu dans ce globe bleu, la Conseillère de la Reine n’a pas eu de mal à trouver les supérieurs de la blonde pour acquérir le bien qu’elle convoite. Un abus de pouvoir ? Oui, ça l’est. Mais quand Cassidy joue le rôle d’une célèbre mondaine, il est normal de jouir de ses acquis. Donc, ce Milena Bauer ou plutôt ce Hauptmann Bauer sera sous ses ordres pendant une semaine. C’est parfait, oui c’est exactement ce dont la prédatrice avait besoin pour réaliser un petit travail fort intéressant. De plus, cela lui donne le sourire quand la Noah entend le mot "allemand" dans les dires du soldat. Est-ce que sa chère et tendre sœur Adelheid connaît cet agent si particulier, elle qui est également une Conseillère qui sert non pas une Reine mais un Empereur ? C’est fort possible car le Châtiment est bien plus doué sur le travail que les deux sœurs font en commun…

Tapotant son index sur son bras, Cassidy fronce ses sourcils ce qui donne un peu plus de froid à ses yeux rouge rubis qui ne sont aucunement rassurement. « Repos, soldat. » ordonne d’une voix autoritaire l’ancien chef de gang de malfrat. « Vous me stressez à garder cette position qui pour moi est inconfortable. » lance la Noah en se mettant à soupirer d’agacement. « J’espère que vous aimez l’Earl Grey, c’est un thé plutôt populaire dans mon pays et particulièrement délicieux pour les amateurs de ce breuvage. » dit-elle d’un ton beaucoup plus doux et très hypnotisant en ayant eu la réponse de sa deuxième question sur le sujet du thé. Elle tapote ses mains et instinctivement un majordome arrive aux côtés de l’albinos, un genou à terre et la main posée sur le cœur. La griffe de l’Impératrice de la Révolte saisit une lettre dans la poche de son pantalon pour la tendre au domestique. Enveloppe détenant le sceau de la famille Danvers, une tête de Loup. « Veuillez donner cette lettre à Raven, qu’il la transmet directement à la Reine. » ordonne d’un ton sec la Conseillère qui fixe machinalement l’heure de sa montre à gousset par crainte de manquer une réunion très importante du conseil de Sa Majesté mais se souvient que maintenant comme une idiote que le rassemblement ne se tiendra qu’après-demain. Son boulot l’épuise beaucoup trop. « Veuillez me suivre, monsieur Bauer, nous parlerons des objectifs comme vous le dites si bien, que je compte vous donner pendant l’heure du thé. »

Arrivant à la cuisine, préparant le thé et ne s’occupant plus de son nouvel invité, la bourgeoise prend tout son temps pour préparer avec douceur, avec amour, avec attention l’Earl Grey. Son but est de servir un thé exemplaire qui normalement devra être supérieur à la recette de son majordome Raven qui élabore toujours des recettes à couper le souffle. Lorsque son œuvre est terminée, lorsque la tasse d’Haptmann est rempli, Cassidy donne le Earl Grey à l’agent puis rejoint le salon pour s’installer sur un fauteuil près de la cheminée éteinte où se trouve comme d’habitude Jesse, le loup noir de la Noah. Ce dernier ronfle sur le tapis, rêvant sans doute d’une chasse dans une forêt cachant d’innombrables gibiers. Assise sur le fauteuil, jambe croisée, trempant ses lèvres rouges dans son breuvage pour y boire une légère gorgée, Cassidy sort de son silence quelques minutes plus tard. « J’ai eu vent de votre coopération au côté d’Abigail Panabaker. Cette dernière m’a révélé votre extraordinaire professionnalisme, je souhaite donc solliciter vos services pour m’aider à accomplir une tâche disons…importante. » Posant la tasse sur la petite assiette en porcelaine, elle essuie ses babines à l’aide un mouchoir blanc qui s’imprègne un peu de son rouge à lèvres pétant. « Vous devez vous infiltrer dans la demeure du Comte Blakely. Il fait partie du conseil de ma Reine et selon mes espions travaillerait en secret pour le Vatican. » Elle marque une courte pause en observant son loup qui s’étire de tout son être tout en reprenant son lourd sommeil de pacha. « Ses intentions sont assez…dérangeantes pour la Reine, j’ai donc la responsabilité de régler ce problème. Donc, voici mes deux questions monsieur Bauer. Êtes-vous capable d’ôter la vie d’un civil pour le bien de l’Angleterre ? Ou me suis-je trompée sur mon jugement à propos de vous ? » Instinctivement, avant que la blonde ne puisse dire un mot, la Duchesse lève son index pour faire comprendre à l’agent qu’elle n’a pas encore terminée. « Je veux que votre réponse soit sincère et non pas…celui d’un soldat qui obéit aux ordres. Votre franchise, voilà ce que je souhaite entendre de votre bouche. »

L’avertissement de la Baronne effectué, la Duchesse savoure en silence le thé qu’elle vient de préparer. Levant sa tasse, l’ôtant de son accouplement entre cette dernière et la petite assiette en porcelaine parsemée de roses sous forme de motif, trempant ses lèvres douces et délicates dans le breuvage chaud qui redonne un peu de chaleur au corps de la buveuse, Cassie ne s’occupe plus de son invitée, préférant la laisser réfléchir à sa demande. Si jamais cette femme ose une nouvelle fois répondre comme un vaillant soldat, l’albinos risque de s’énerver très sérieusement. Les personnes de ce genre, obéissant aux ordres sans y montrer leur volonté propre, Cassidy les répugne, les déteste. C’est ce que l’héritière des Danvers devait faire dans le passé, durant son enfance. À obéir aux ordres de ses parents pour devenir et rester un enfant manipulé de la tête aux pieds par ses géniteurs. D’un certain côté, ses darons ont finalement réussi à mettre en cage leurs propres filles. À la forcer à enfanter un nouveau descendant afin d’augmenter le prestige et le pouvoir de la famille Danvers. Enfant qui d’ailleurs est mort à la naissance par une fausse couche, brisant ainsi les espoirs des parents de la louve. Que c’est ironique que le karma frappe de cette manière alors qu’au final, l’Avocate du Diable désirait au fond d’elle-même un môme pour devenir une mère aimante et non tortionnaire comme sa daronne. Comme le souligne souvent le Souvenir de la Révolte, la vie n’est que souffrance et l’espoir est vain. Longtemps la cowgirl a médité sur ce dicton de Mordred, pensant qu’elle se trompait sur ses dires. Au final, la Dame Noire n’a peut-être pas si tort que ça. Tant que l’Innocence sera toujours présente dans ce monde, la Louve Blanche ne connaîtra jamais la paix, ni une vie paisible en compagnie de sa petite amie. Fermant ses paupières, obligeant son esprit à ne plus ressasser son passé douloureux ou plutôt de son enfance non joyeuse, elle inspire discrètement par le nez pour ensuite expirer lentement par la bouche afin d’effectuer un soupir timide.

Lorsque le soldat reprend la parole, lorsque la blonde décide de répondre à l’albinos, la noble qui s’enivre du parfum de son thé à moitié consommé, ouvre ses paupières pour y dévoiler le rouge flamboyant de ses orbes. Tout d’abord, Bauer Milena partage son point de vue en tant que soldat, ce qui oblige l’hôte de Mordred de froncer légèrement ses sourcils neigeux. Evidemment que cette invitée est capable d’ôter la vie à une cible donnée, sinon Cassidy ne se serait jamais intéressée à cette Allemande. Donc, cette dernière ne lui apprend rien du tout, ce sont déjà des réponses acquises pour la nouvelle patronne du soldat. Néanmoins, l’Impératrice de la Révolte se contente de ne pas lui répondre, préférant garder sa salive au lieu de la gaspiller pour des paroles ennuyées et inutiles. Et puis, ne souhaite-t-elle pas partagée un autre point de vue d’après le début de son récit ? Sûrement que oui, du coup l’Anglaise préfère poser sa tasse sur l’assiette, de les éloigner de sa position pour les placer sur la petite table basse se situant entre les deux femmes.

Milena reprend sa respiration, s’apprête sans doute à continuer de répondre à la demandeuse qui elle, se limite à écouter sans répondre, sans contredire, sans partager son opinion sur les dires de la femme qui doit détenir un âge approximatif au sien. Ainsi dons, Bauer préfère les solutions moins extrêmes ? Qu’assassiner de sang-froid n’est absolument pas plaisant ? Alignant sa lèvre inférieure à la supérieure, un sourire rassurant se forme. Danvers est soulagée d’apprendre que ce soldat n’est pas une machine à tuer. Elle est encore humaine et l’albinos avait légèrement un doute à ce sujet. Désormais Cassidy est aiguillée. « Votre réponse me satisfait, monsieur Bauer. » répond de manière neutre la noble qui caresse tendrement le pelage de son loup endormi qui, en sentant l’affection de sa maîtresse à son égard, roule pour se mettre sur le dos tout en quémandant des cajoles sur son ventre. « Le Comte Blakely désire depuis toujours mon travail de Conseillère, seulement il n’est pas qualifié pour ce genre de travail. » gronde la louve qui monte le ton de sa voix dans les tons graves. Elle se lève de son fauteuil, place ses mains derrière son dos en les rejoignant, effectue les cent pas en se perdant dans ses pensées. « Je tente de convaincre la Reine d’adopter un genre de système plus plaisant, plus reposant pour les classes inférieures. Depuis longtemps les pauvres souffrent des riches et si une révolte n’a pas encore éclaté, cette nuisance plane un certain temps dans le pays que je chéris tant. » Cassidy marque une pause, croise ses bras sous sa poitrine, se retourne pour être face à l’Allemande toujours assise sur le fauteuil. « Vous allez me dire que les forces de l’ordre sont là pour contenir une émeute ? » Elle remue de gauche à droite son fin visage tout en plissant ses billes rubis. « Même si Scotland Yard assure notre protection, ils ne seront pas capables de contrer les émeutes des citoyens en colère. À Paris, en France, il y a eu la Prise de la Bastille, les journées sanglantes, d’innombrables personnes sont morts pour obtenir une liberté, pour lutter contre l’oppression d’un système de pouvoir inégalitaire. » Plaçant l’une de ses plumes contre son front, la louve soupir désespérément. « Blakely, votre prochaine cible, souhaite redonner un peu plus de pouvoir aux classes supérieures ce qui augmenterait considérablement la colère du peuple. Le Vatican se fiche des conséquences visiblement en travaillant avec un malade. »

Oui, le Vatican se fiche des conséquences car leur objectif est de chasser la Noah de la Révolte de son travail de Conseillère. Sans la protection de la Reine d’Angleterre, sans ses agissements pour satisfaire les Anglais désespérés, Cassidy Danvers deviendra une cible facile à abattre. Ce genre d’information, la Duchesse ne compte pas le dévoiler à un simple assassin, l’enjeu est bien trop grand. Elle se méfie de tout le monde excepté de ses sujets les plus loyaux mais également de l’amour de sa vie Abigail. Si la Baronne avance toujours, c’est grâce à eux, grâce à la famille qu’elle s’est construite. « Je ne vais pas y aller par quatre chemins, monsieur Bauer. Si Blakely continue de vivre, l’avenir de l’Angleterre est en danger. Parfois, pour améliorer les choses, il faut malheureusement se salir les mains. Je vous demande donc de m’aider, car vous êtes compétentes pour ce genre de travail, sinon je n’aurais pas annulé mes différents rendez-vous de mon planning pour pouvoir vous parler en personne. »

Marchant à une zone précise du salon, ouvrant le tiroir du haut d’une commode, l’Anglaise attrape un paquet de cigarettes, ouvre ce dernier pour saisir sa drogue et l’allumer à l’aide d’une allumette. Elle aspire une grande quantité de tabac pour dégrader ses poumons qui seront automatiquement guéris grâce à son Souvenir de la Révolte. Expirant de ses nasaux  la fumée de cigarette qui étouffe ses poumons, la Louve se penche pour saisir la gamelle d’eau vide de son loup. « Je vous laisse méditer à ma demande, vous êtes libres d’accepter ou de refuser. Vous avez le choix de sauver un pays en faisant couler le sang ou bien de vous retirer en revenant aux ordres de vos supérieurs. Je vais remplir la gamelle d’eau, à mon retour, j’espère que votre choix viendra non pas du soldat qui vit à l’intérieur de vous mais plutôt de la femme que vous êtes ou du moins, de votre partie humaine. »

C’est ainsi, qu’en effectuant une courte révérence de respect, la Duchesse prend congé dans la cuisine pour laisser un peu de paix à la blonde. Bien entendu, l’Anglaise prend un peu trop son temps sur une tâche bien trop simple à exécuter. C’est au bout des longues et interminables minutes, que Cassidy revient dans le salon, dépose la gamelle d’eau près du prédateur, se rassoit sur le fauteuil et attend ensuite la réponse de Milena tout en gardant le silence…

Comme annoncée, comme convenu , tenant toujours parole, Cassidy revient dans le salon, gamelle d'eau en main, cigarette à moitié consumée entre ses lèvres délicieuses. Son loup porteur du prénom Jesse comme le célèbre Jesse James, s'éveille de son sommeil en entendant le contact de la gamelle sur le tapis violet. Le voilà qu'il se lève, s'étire en arquant son dos tout en baillant grandement à s'en faire péter la mâchoire. Quant à Cassie, cette dernière se rassied sur son confortable fauteuil pour entendre la réponse de son invité. Retirant sa cigarette de ses lippes à l'aide de son pouce, index et majeur, elle contemple la fumée grise incolore de sa drogue. De ses oreilles de prédatrice, l'Anglaise écoute l'Allemande. Le soldat ou plutôt Milena Bauer accepte la demande de Cassidy Danvers. Une alliance se forme et les jours du Comte Blakely diminuent à chaque seconde, minutes et heures. Demain signifiera le décès de ce scélérat. Mais avant d'entamer le repas, de prendre la fourchette et le couteau pour couper la viande, il faut déjà installer les couverts sur la table. « Demain soir, le Comte Blakely organise une fête avec des invités haut placé. Ce dernier ne souhaitait pas m'inviter mais la Reine d'Angleterre a suggérée à Brian Blakely de faire cesser les hostilités. Pour ma Reine, la soirée de demain devrait signer un armistice, la fin des conflits entre moi et cet homme. » reprenant une bouffée de sa drogue, retirant la fumée de ses poumons par ses narines, la Duchesse affiche un air légèrement triste. « Je ne suis pas qu'une Conseillère, monsieur Bauer... » Elle écrase son mégot dans le cendrier situé près de sa tasse de thé qui vient probablement de se refroidir pour le peu qui reste dans le récipient en porcelaine. « Je suis son chien de garde. »

Frappant plusieurs fois dans ses mains, deux gamines qui sont jumelles, détenant un âge de dix années, tendent de leurs mains des vêtements ainsi qu'une petite boîte détenant l'insigne de la maison Danvers. « Je pensais à une infiltration pour que vous assassinez loin des regards des gêneurs, le Comte Blakely. » L'Avocate du Diable remue négativement la tête, se maudissant d'avoir des idées aussi stupides. Car oui, un simple assassinat installerait considérablement des doutes contre la Duchesse qui est connue pour avoir des tensions contre le Comte Anglais. Non, une meilleure approche est nécessaire. « J'ai changé d'avis. Au lieu de porter un rôle ingrat, vous allez entrer dans la peau d'un loyal serviteur, à ma solde. Je vais montrer à ses invités que cet homme représente la pire des ordures de ce monde. Je vais vous expliquer le plan, tâcher de ne pas me faire répéter, monsieur Bauer. »

Reprenant une tasse de thé bien chaude en jetant les restes de sa première tasse froide, la manipulatrice explique correctement son projet, d'une manière très compréhensible. En effet, Milena devra jouer le rôle du majordome de Cassie afin de lui assurer une protection. Car oui, la Duchesse va en avoir besoin pour le coup bas qu'elle va provoquer. Ce sera un terrible scandale dans les journaux de Londres, digne de sa petite amie Abigail Panabaker. Durant cette soirée, la Louve Blanche devra être en danger de mort à cause de Blakely. Prise d'une violente colère, l'homme va vouloir tuer la Duchesse devant tout le monde. Mais fort heureusement, l'élément vital de ce plan qui correspondrait à la pièce principale de la partie d'échecs, bondira de l'ombre pour taire cette partie, pour effectuer l'échec au Roi. De son pistolet, le majordome neutralisera le Comte. De son arme le soldat sauvera la vie d'une Duchesse qui se bat pour les pauvres et non pour les riches. C'est alors que les journalistes présents écriront des nombreux articles sur la tentative de meurtre de Cassidy Danvers. Un plan travaillé en quelques minutes par la manipulatrice Anglaise qui gagnera encore plus de prestige et d'importance dans ce pays.

Le projet fonctionnera car la louve détient des capacités pour exaucer son vœu. Il suffit juste de faire travailler son don naturel sur le Comte, en espérant bien entendu que Milena Bauer soit une brillante tireuse. D’ailleurs, la blonde ne sera aucunement au courant des pouvoirs de la Noah. Terminant les explications, attribuant le nouveau déguisement du soldat, l'albinos décide de se retirer dans ses quartiers en demandant aux petites jumelles de montrer la chambre toute prête pour la blonde qui dormira dans le Manoir pour sa sécurité et celle de la Duchesse... Il vaut mieux être prudent quand le pays menace de s'effondrer...

C'est au lendemain, quand la soirée se rapproche, que la Duchesse n'ayant pas quitté ses quartiers en ressort enfin. Détenant une robe très luxueuse, un maquillage la rendant encore plus belle, Cassidy attend Milena dans une calèche proche de sa bâtisse. Malgré son imposant côté de femme forte, voilà que la louve est assez gênée, embarrassée de porter une robe car elle préfère porter des pantalons... S'assurant de l'heure sur la montre à gousset de sa petite amie, elle caresse de son pouce l'image de sa blonde à elle. Son médecin lui manque et l'envie d'être serrée dans ses doux bras la rend encore plus amoureuse de Panabaker... Le chariot, la carriole, la diligence, sera prêt à partir lorsque Milena sera entrée à l’intérieur…en espérant que la tireuse ne stresse pas trop pour cette mission très délicate…

C'est en ayant remis sa montre à gousset en argent dans l'une de ses poches de son manteau soyeux et très élégant que la Duchesse décale son visage délicat et sensible à la lumière du soleil afin d'admirer son nouveau majordome. De ses cristaux rubis, la Baronne baisse son regard puis le remonte pour toiser Milena et ainsi être convaincu que son déguisement lui va à la perfection. Ce qui est assez bluffant c'est que cet humain est une femme et non un homme, elle arrive à cacher ses courbes féminines et cela révèle un grand professionnalisme. Cependant, ce qui peut clocher sur ce costume de majordome c'est le fait que le blond n'a pas d'arme sur lui. Mais voilà que l'Allemande semble lire dans les pensées de sa nouvelle patronne en montrant discrètement l'arme, le pistolet, d'un calibre assez petit, qui servira à sauver la vie de l'Anglaise, à voler l'âme du Comte Blakely. Un sourire étire lentement son visage, quel dommage que ce soldat soit à son service pour juste une semaine. Avoir ce joker dans son jeu de cartes lui permettrait d'avancer bien plus vite dans ses noirs desseins. Elle effectue un hochement de tête, lui adresse un sourire rassuré tout en posant sa plume sur son cœur battant d'une excitation révoltante. « Vous m'en voyez ravie mon cher majordome. » déclare la Louve Blanche en posant son coude contre le bord de la petite fenêtre. « Je remets ma vie entre vos mains. » dit-elle d'une voix très calme pouvant cacher une crainte que l'opération ne se passe pas comme prévu. De toute manière, le Comte Blakely n'a pas les dispositions pour tuer Cassidy. Elle est une Noah, cette dernière résiste à beaucoup de choses mortelles pour les humains normaux dont les coups de feu ou bien des coups d'arme blanche. Cela lui refait penser à cette sombre nuit à Londres où un assassin du nom d'Angus Morganach a tenté de mettre un terme à la vie de la Révolte. Pas de chance pour lui, Mordred contrôlait le corps à ce moment précis, le pauvre rat d'égout a subi une terrible correction tout en étant détruit psychologiquement...

Lorsque la calèche commence à emprunter la route pour se rendre au manoir Blakely, l'albinos reste silencieuse, préférant observer le coucher de soleil qui disparaît peu à peu derrière les lointaines forêts de l'Angleterre. La température vient de se rafraîchir ce qui est très agréable pour la femme qui déteste énormément la chaleur. D'ailleurs, elle s'en plaignait constamment durant ses folies en Amérique avec son ancien gang. Heureusement que sa nature de Noah empêche les symptômes de son albinisme de se déclencher. Comme par exemple de sa peau qui brûle très vite à cause de la chaleur. Ou bien de sa vision, sa vue, sa myopie qui est très mauvaise. Instinctivement, l'Avocate du Diable s'assure une nouvelle fois de l'heure sur sa montre à gousset, qui est un cadeau de sa petite amie. Son palpitant est rassuré, son esprit est posé car la Conseillère de la Reine ne sera pas en retard pour la petite fête. Un sentiment de dégoût survient subitement. Bien qu'elle soit une bourgeoise, une femme appartenant aux hautes classes de la société Anglaise, Cassie répugne, déteste, les soirées mondaines, les réunions de nobles. On y respire mal car l'égoïsme de ces humains empêche la louve de respirer de l'air pure. Moquerie, arrogance, et d'autres de ces choses accompagnent généralement ces êtres ce croyant être supérieurs du bas peuple. Ils sont aveugles car leurs vies, leurs richesses, leurs bien-être sont dus aux personnes des bas étages. Ce sont les pauvres qui font vivre les riches...

Destination atteinte après une petite heure où la Duchesse n'a pas dit un mot à son associé, la Conseillère sort de la calèche en dernière tout en enfilant intérieurement son masque ou plutôt sa muselière pour éviter de mordre les morceaux de viande bien trop grasse, trop protéinés. Entrant par les deux grandes portes du manoir, ses oreilles, son ouïe se laisse bercer par le bruit de la fête qui se déroule sous ses yeux. Rire, discussion politique, conversation accompagnée de luxure, bruit d'instruments de musique dont le doux son du piano marié au violon, l'albinos garde une attitude froide et impassible. Elle se doit de ne pas se faire marcher sur les pieds, de ne pas tomber dans les critiques mentionnées à voix basse, de garder son grand statut de Conseillère. Aujourd'hui la Duchesse est en terrain ennemi et doit très vite se familiariser sur son entourage pour passer au plan crucial. De ses doigts cachés sous son gant blanc, elle attrape le pied d'un verre de champagne. Ses naseaux s'enivrent du parfum du breuvage pour tenter de reconnaître la boisson en question. D'ailleurs, pour sans doute tenter de ridiculiser l'Anglaise, un noble s'approche de la femme et lui demande si elle a reconnu de quel champagne il s'agit. « Moët et Chandon. » répond l'amoureuse du Whisky en donnant son verre légèrement consommé à son premier ennemi de la soirée. « Maison fondée par Claude Moët en 1743. Heureuse de vous revoir Vicomte Fawns. N'oubliez pas que vous devez négocier les termes du prétendu accord avec la Reine. Sa Majesté déteste devoir se répéter. » D'un sourire froid, de ses iris sanguins paralysant le corps de l'homme, la Duchesse s'engouffre dans la fête. « Mister Bauer, un petit conseil. » interpelle-t-elle son majordome d'une voix à peine audible aux oreilles du blond. « N'ouvrez pas votre bouche pour discuter avec les nobles. Ce sont tous des serpents qui profiteront de la moindre faiblesse pour nous empoisonner. Si vous êtes contraints de faire travailler vos cordes vocales, soyez formel et peu bavard. »

Soudainement, après avoir discuté avec son majordome, elle heurte quelque chose ou plutôt...un obstacle lui barre le chemin volontairement. Du champagne se verse sur sa robe élégante ayant coûté une somme astronomique. D'une volonté inébranlable, se mordant intérieurement sa main pour ne pas craquer et dévoiler sa véritable nature de rebelle, l'Anglaise lève son visage pour y remarquer Blakely affichant un sourire narquois. « Duchesse Danvers, faite attention où vous marchez bon Dieu. Par votre faute je viens de salir votre jolie robe. » Inspirant et expirant silencieusement tout en étant calme, la louve qui a le poil hérissé attrape son mouchoir pour essuyer le champagne sur son décolleté. « Je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses Comte Blakely. Il semblerait que votre merveilleuse fête me désoriente. C'est un plaisir et un honneur d'être parmi-vous. »

Effectuant une révérence, empêchant son Souvenir de la Révolte de se manifester ce qui est une tâche extrêmement épuisante et difficile, une goutte de sueur froide perle le long de la colonne vertébrale de son dos. Cassie est certaine que cet enfoiré a fait exprès de renverser son verre sur elle. Il pense que la Conseillère va craquer et montrer à tout le monde qu'elle n'est pas digne de son poste au côté de la Reine ? Non ! Cassidy Danvers restera professionnelle sur le moindre de ses faits et gestes. Après tout, la rebelle a reçu une bonne éducation de la part de sa tendre sœur Adelheid, l’hôte de Poena, la Conseillère de l’Empereur d’Allemagne.

Les différents journalistes invités dans cette fête pittoresque aux yeux de Cassidy, observe attentivement la scène qui se déroule en ce moment même, de cette tension, de ses éclairs invisibles qui s’entrechoquent entre l’albinos et le brun. Bien entendu, sachant pertinemment qu’elle est observée, Dame Danvers garde avec sang-froid son professionnalisme en jouant la Duchesse sotte d’être rentrée sans le vouloir dans ce grand homme bien musclé débordant d’un physique avantageux et terriblement séduisant. Il attire le regard des femmes célibataires et parfois de celles qui désire obtenir des aventures derrière le dos de leurs maris. C’est le cas par exemple d’une Comtesse qui sourit un peu trop en observant le fessier du personnage en question, chose que Cassie repère très brièvement lorsqu’elle détourne son attention afin de calmer sa colère grandissante. Il lui faut très vite un verre d’alcool pour apaiser cette fureur qui dégouline déjà des extrémités. Du coup, d’un mouvement lent et faignant, Cassidy attrape une coupe de champagne pour boire deux gorgées qui pour elle est terriblement insuffisant pour réduire sa température de rebelle. Elle ressent l’observation de son confrère qui prend un malin plaisir à se délecter de cette situation. Il est au courant que la moindre entourloupe provenant de l’Anglaise risque de le rapprocher de la victoire. Pas de chance pour ce dernier, la Duchesse n’aime pas perdre et est prête à toutes les solutions possibles et envisageables pour remporter les défis qui se dressent sur sa route révolutionnaire. Le Prince Millénaire serait extrêmement fier de constater que la cowgirl ressemble enfin à une véritable noble bien que Cassidy en soit de plus en plus dégoûtée, sentant son estomac se retourner tout en ayant envie de régurgiter son petit-déjeuner ainsi que son repas d’hier soir. « Que diriez-vous de bavasser dans mes quartiers à propos de la Reine, loin des regards et de la curiosité des journalistes, Mademoiselle Danvers ? » Propose le Comte Blakely d’une voix ensorcelante qui ne procure aucun effet à la manipulatrice ayant déjà programmé la mort de ce bougre. De sa main tenant le verre, elle fait tourner le breuvage dans le récipient pour tenter de faire monter un peu plus l’alcool, un geste qui est plutôt utilisé pour les buveurs de vin, une habitude prise à cause de sa sœur porteur du Châtiment. « Je ne peux refuser une proposition unique de visiter vos quartiers, Comte Blakely. C’est avec honneur que j’accepte votre demande, mais ne soyez pas pressé, je ne montre pas mes collants dès le premier soir. » Ajoute-t-elle à la fin d’une petite note d’humour, comprenant très bien que son adversaire de ce soir dégage une aura luxuriante. Pas de chance, l’albinos déteste les hommes.

Tournant son visage pour trouver son majordome Bauer, elle effectue un signe de tête, un bref hochement signalant que ce dernier doit être prêt pour le grand moment qui arrive à grands pas. D’un sourire au coin de ses lèvres imbibées d’un rouge pétant en guise de maquillage, Cassidy tend sa plume pour qu’elle soit saisie par le Comte qui effectue un baisemain. Cassie se met à rougir, montre une facette de son talent d’actrice pour dévoiler sa gêne envers le prétendant. Lorsqu’il ouvre son bras, la louve enroule le sien avec ce dernier, faisant gazouiller les membres de cette fête, parlant déjà que la Duchesse et le Comte vont peut-être former un couple, qui, de ce fait, fera le buzz des nombreux journaux de l’Angleterre et peut-être d’autres pays. Montant les escaliers en silence, tenant de sa main valide un morceau de sa robe pour ne pas piétiner sur son vêtement et ainsi tomber par inadvertance, la femme se demande ce qu’il se cache dans les quartiers de son ennemi. Sûrement des babioles de bons marchés ou dans le pire des cas, une horde d’Exorcistes qui l’attendent dans l’ombre afin de l’abattre, ce qui serait très embêtant et difficile à contrer au vue de ses derniers affrontements contre eux. Un malaise s’installe dans son estomac qui la torture abondamment, devenant limite les choses gênantes qu’ont les femmes dans une période du mois.

Au sommet de l'étage, plus précisément à la fin des escaliers du manoir où un tapis rouge parsemé de reliefs jaune or fait guise de décoration pour les réchauffer, Cassidy se laisse guider dans les longs couloirs de la demeure en ayant tout de même un soupçon de crainte contre son adversaire. Peut-être est-il bien plus fourbe que la louve dont sa pensée précédente sur une horde d'Exorciste. Mais son plus fort intérieur, son côté rebelle disons plutôt, pense que cet homme est rongé sur son désir de pouvoir, dégradant ainsi la malice de son esprit. Retirant ses gants blancs pour les placer dans une poche de son manteau, la Duchesse se relaxe sur un canapé situé dans le bureau de Blakely. Jambe croisée, mains sur la plus haute de ses cuisses, ses billes de sang ne quitte pas un instant son rival. Bougeant ses narines par agacement tout en y fronçant ses sourcils, Cassidy soupire puis relâche son côté professionnel, du moins juste un petit peu. « La Reine désire que nous nous réconciliions. Voyez-vous, nos désaccords ternissent la couronne. » Elle marque une pause, scrutant le noble qui semble chercher quelque chose dans son bureau, attisant du coup la curiosité de Cassidy. Va-t-il sortir en une arme pour mettre un terme à la vie de la Duchesse afin de la plonger dans les ténèbres ? Il semblerait que non, car le grand homme sort deux verres et une bouteille d'alcool très forte. « Je suis d'accord avec vous Duchesse Danvers. Mes associés pensent que vous n'êtes pas apte à occuper le poste de Conseillère. Ils ont raison et vous devez le comprendre, admettre que vous n'êtes point apte sur cette fonction Dame Danvers. »

Visiblement, l'Anglais profite de cet entretien privé pour planter des couteaux dans le ventre de la Baronne. Il ne manque pas d'audace et n'éprouve aucune gêne à ressortir son arrogance dégoûtante qui donne des nausées à Cassidy. La femme pense qu'il est temps de passer au plan, car plus elle écoute le venin de Blakely et plus Cassie désire lui ôter la vie. Elle soupire de tout son être, permettant ainsi de calmer ses pulsions de prédatrice. « Si vous refusez, je serais contraint de divulguer votre secret. » Il sourit d'une façon mesquine, il s'allume un cigare, prend une bonne bouffée tout en s'approchant de l'albinos. De sa poche, le Comte sort une photo représentant une femme. « La Prima Donna, Abigail Panabaker. Mes espions vous ont vus embrasser cette femme et je sais qu'elle travaille pour vous. Ce serait bien dommage que ces informations soient transmises aux journaux. Que les gros titres stipulent que la Duchesse s'accoquine avec une femme au lieu d'un homme. Une honte pour notre société. »

Levant son visage, montant son menton, ouvrant la couverture de ses yeux pour observer avec intérêt le plafond, le regard de Cassidy s'enflamme progressivement. La couleur de ses iris semble briller de plus en plus tout en perdant de sa couleur naturelle. À la manière d'une tornade qui pourrait évoquer, correspondre aux sentiments explosifs de la Louve Blanche, l'or remplace le rouge, l'humain enlève son masque pour devenir le démon. Bien que la noble fût durement entraînée par sa sœur Adelheid, à ne pas broncher face aux insultes, à un simple verre de champagne renversé sur sa robe, ou à d'autres choses enfantines en guise de provocation, Cassidy ne résiste aucunement à l'appelle de la Révolte lorsqu'on ose s'en prendre à Abigail Panabaker. Il s'agit là d'une réaction normale, car l'Alpha de la meute doit protéger ses louveteaux mais également sa louve. Sa langue entrouvre ses lèvres pour les lécher avec envie, pensant déjà au repas dans ce bureau, à ce grand homme qui va bientôt servir au noir dessein de Cassidy. C'est ce qu'elle va faire et sans aucune gêne. Les crocs du loup se dévoilent lorsque sa babine supérieure se relève. Aucun grognement ne survient, il ne faudrait pas gâcher la petite fête...

Le prédateur déstabilise déjà sa proie par la meilleure de ses armes ; la luxure. Méthode apprise par son amour, Abigail. Cassidy retire les couches sur sa peau pour dévoiler son armure, sa propre chair, une chose convoitée par le sexe masculin. Ses lèvres se rapprochent de celles de la brebis mais aucun contact ne se créer. Au lieu de cela, sa main se plaque sur le torse de Blakely afin de libérer son don naturel, sa fumée pourpre qui s'infiltre dans l'organisme du mâle. La manipulatrice repousse son ennemi qui atterrit sur un fauteuil. Il est complètement perdu, ailleurs à cause de l'acte de la femme qui en ce moment même, profite de la situation pour se rhabiller. À l'instant où le dernier de ses vêtements recouvre une partie de son corps, le Comte succombe aux désirs de sa Révolte. Il souhaite depuis toujours mettre un terme à la vie de Cassidy. Alors il sort une arme, un pistolet anglais facilement dissimulable pour le cacher dans un simple blaser. Le bourgeois tire, blessant la Louve à son épaule droite...

Cassidy gémit de douleur tout en sortant de la pièce pour rejoindre la petite fête. Se trouvant à nouveau en haut des escaliers, la Conseillère hurle aux invités que le Comte est devenu complètement fou. Au même moment, lorsqu'une servante se précipite pour aider la Duchesse tenant son épaule ensanglantée, Cassie l'emprisonne dans ses bras pour servir de bouclier, de protection contre le deuxième coup de feu qui s'implante cette fois dans sa jambe. Heureusement que de simples balles ne causent aucun ravage pour l'hôte de la Révolte. Demain, ses blessures et la douleur auront disparu. Un avantage d'être un Noah. « Comte Blakely ! Êtes-vous devenus fou ?! Baisser votre arme je vous en conjure !! » implore de désespoir Cassidy en versant des larmes de ses orbes rubis qui ne sont plus mariés à l'or tout en repoussant gentiment de ses mains la servante. « Mettez-vous à l'abri, votre vie est plus importante que la mienne. » ordonne la Duchesse à la suivante.

Blakely s'arrête face à Danvers qui vient de s'effondrer par la faute de sa blessure à sa jambe, il sourit de plaisir de faire souffrir cette nuisance devant ses yeux. Il est prêt à tirer une troisième fois, fermant son œil gauche pour améliorer sa visée. Le canon de l'arme vise désormais le crâne de la Baronne. La vie de cette dernière repose désormais aux mains de Milena Bauer et si jamais elle échoue, si sa compétence au tir laisse à désirer, alors la Dame noire, Mordred en d’autre termes fera couler le sang et détruira les projets fourbes de son hôte tout en punissant sévèrement...le soldat de son incompétence.

Joueuse comme à son habitude avec la mort, la Duchesse se retrouve une nouvelle fois dans une situation bien périlleuse. Son but était de pousser à bout le Comte Blakely, le faire reculer dans ses derniers retranchements et ainsi remporter la partie. Cependant, elle ne se doutait pas que cet homme serait aussi entreprenant dans le plan de la manipulatrice. Une balle à l'épaule et une autre à la jambe, décidément le Comte n'y va pas de mainmorte. Au moins les invités ne seront pas déçus du spectacle effroyable qui se déroule devant leur vue. Eh non, Blakely n'est pas aussi gentil et honorable qu'il le prétendait. Depuis le début des hostilités la Baronne savait que c'était une véritable ordure, quitte à même s'allier à l'Ordre Noir, au Vatican. La Reine sera heureuse d'apprendre que ce piteux personnage ne menacera plus la couronne et surtout les pauvres Anglais qui travaillent dur pour survivre. C'est un comble d'aider ces gens qui n'ont rien demandé en retour. C'est ironique que l'albinos travaille main dans la main avec le Prince Millénaire pour semer l'Apocalypse cité dans les textes religieux. Surtout que son parasite à l'intérieur de son organisme a fait de la Vie son ennemi. Ainsi, redoutant de montrer sa véritable apparence, de faire rugir Mordred aux yeux des ignorants, elle se repose sur son nouveau majordome, sur son soldat qui doit agir vite et avec professionnalisme. Comme convenue, Milena passe à l’action. D'abord d'un premier coup de feu qui se loge dans la jambe droite de l'agresseur. Il tombe sur le genou droit, mais Blakely impressionne grandement la bourgeoise lorsque ce dernier continue de viser avec sa main tremblante la Maîtresse de la Révolte. D'un deuxième coup de feu, le projectile entre dans la rambarde de l'escalier. Mordred s'agite à l'intérieur de Cassidy, elle est sur le point d'agir, prévoyant de le tuer à l'aide d'une arme du Trésor de la Révolte. Mais la Dame noire n'en aura pas l'occasion car le troisième tir de Bauer retentit pour accompagner les cris de panique des invités. L'objet pointu se loge dans le buste de l'homme qui gémit de douleurs, de plaintes pour ensuite se taire lorsque le coup final du soldat atteint le crâne du bourgeois. Il s'effondre lentement sur le sol, laissant l'hémoglobine de son sang s'écouler de son corps pour naviguer sur le tapis vert du couloir. Ses yeux deviennent vides, la vie disparaît peu à peu dans le corps du Comte. Un allié de moins pour l'Ordre Noir. Un nom à rayer sur la liste.

La servante que Cassie a sauvée, tente comme elle peut pour stopper l'hémorragie au genou de la Duchesse. De son regard de sang qui se fige froidement sur sa blessure, elle ressent déjà les soins que lui donne Mordred, réduisant ainsi de moitié la quantité de sang qui désire s'échapper de l'orifice de la balle de sa jambe qui se trouve encore en elle. C'est d'ailleurs la même chose pour son épaule. Cassidy respire calmement tout en fermant les couvertures de ses rubis pour chasser la douleur qui torture son corps. Ça brûle mais c'est infime comparé à l'Innocence. « Je suis désolé. » s'excuse la domestique qui commence à pleurer. « Ce n'est pas de votre faute... » répond Cassidy en déchirant un morceau de sa robe coûteuse pour se faire un garrot à la cuisse. Quel gâchis de devoir détruire ce vêtement. La prochaine fois, elle dépensera son argent sur d'autres choses plus utiles. Montant les escaliers, Milena arrive aux côtés de la Duchesse. « Faites-moi sortir de cet endroit, monsieur Bauer. » demande la louve qui émet un léger gémissement de plaintes en bougeant son épaule blessée. Bien entendu, dans tout le lot des invités, un médecin se trouvait parmi eux. Néanmoins, l'albinos refuse d'obtenir des soins, préférant être auscultée par son médecin à elle, sa Abigail Panabaker, fille d'un couple de médecins très réputé à Londres.

C'est ainsi, qu'avec de la difficulté, la Conseillère quitte le Manoir en ne manquant pas de se faire photographier par les médias. Il faut bien prendre la pose photo afin d'incriminer le défunt Comte et ainsi monter la réputation de la Duchesse qui oriente son regard sur les pauvres. Une fois dans la calèche, seule avec Milena, la louve enlève son masque de souffrante pour reprendre sa véritable apparence : la manipulatrice. « Vous avez manqué une fois. » signale l'hôte de Mordred en scrutant par la fenêtre la demeure du bourge qui s'éloigne progressivement. « Je pensais que vous étiez une excellente tireuse, du moins d'après vos supérieurs hiérarchiques. » Cassidy demeure froide, distante et gronde car elle est légèrement irritée de ses blessures qui sont de sa faute et non pas de son majordome. Mais l'Anglaise a ressenti de la peur sur le coup, lorsque Milena a manqué sa cible au deuxième tir, craignant ainsi de voir débarquer Mordred qui détruirait le plan de son hôte. « Merci de m'avoir sauvé Milena Bauer. Je vous dois la vie et mes plus sincères remerciements. Vous êtes un agent de qualité et je suis jalouse de ne pas vous avoir définitivement dans mes rangs. Je m'en sentirai plus en sécurité. » Elle croise sa cuisse blessée sur sa jumelle tout en souriant ténébreusement à son allié -cuisse qui d’ailleurs ne saigne plus du tout- la balle quant a elle vient d’être réduit en poussière par son organisme Noé. Ô petit soldat, ressens-tu de la peur en voyant une simple femme guérir aussi rapidement de ses blessures ? « Je vous congédie à notre arrivée au Domaine, j’informerais vos supérieurs de votre excellent travail. Maintenant que vous m’avez rendu service, avez-vous une contrepartie à me demander ? »