L'Homme qui tua la Vouivre Immaculée.

La nuit venait de tomber, l’orage grondait, déversant sa colère et sa fureur sur la mer. D’impressionantes vagues rendaient la navigation et le voyage difficile pour la Banshee. Les matelots à son bord, les fameuses Furies de Jaina Rosenberg, tentaient avec hargne de lutter contre ce mauvais temps. Une voile venait de se déchirer, libérée à cause d’un cordage mal serré. La faute à l’inexpérience de ces pistoleros en quête d’aventures. Elles étaient plus enclines à chevaucher des montures plutôt que de naviguer dans un bateau. Fort heureusement, la maitresse d’équipage, Sherry Whitemane, arrivait à résoudre rapidement les problèmes mineurs. Grâce à ses ordres, l’équipage n’avait presque pas de soucis à ce faire.

Dirigeant l’impressionnant bâtiment en tant que timonière, Jaina Rosenberg esquivait avec brio les quelques rochers en chemin et les monstrueuses vagues qui désiraient dégrader la Banshee. Elle se plaisait dans son nouveau poste, de pouvoir enfin prendre la barre et faire ce qui lui chantait. Pendant que sa main droite était occupée à faire tourner le gouvernail, son autre patte tenait fermement son Log Pose. L’aiguille indiquait le nord-est et Rosenberg souhaitait maintenir ce cap.

Au diable la tempête, l’albinos n’avait pas froid aux yeux pour naviguer dans un temps pareil. Son objectif ? S’éloigner le plus rapidement d’Îlipucie pour regagner Union John. C’était la seule route maritime pour éviter les gros monstres marins. De plus, son instrument de navigation pointait sans aucun doute cet endroit. Pourquoi cela ? Jaina se fiait comme toujours à sa bonne chance…

Plusieurs heures plus tard, l’orage cessa enfin son méprisable numéro. Le plancher du pont supérieur était très glissant et quelques poissons éjectés par la puissance des vagues, dansaient en mourant petit à petit dans ce monde sans eau. Des Furies profitaient de cette occasion pour ramasser ce butin gratuit et remplir le garde manger. D’autres profitèrent de ce moment de répit pour se reposer et de discuter de leurs prochaines aventures. Les murmures n’étaient pas réjouissants à l’encontre de leur capitaine albinos. Depuis la dissolution des Ravengeuses, de la destruction du Jolly Roger, l’équipage errait sans réel but. Jaina Rosenberg n’avait émit aucune indication pour le prochain chapitre de cette histoire…

La Louve Blanche savait pertinemment que le moral de sa meute baissait de plus en plus. Elle remarquait les regards inquiets et malveillants à son encontre. La place de l’Alpha semblait être convoitée…

Wanda Rosenberg descendit du poste de la vigie avec grâce et élégance par une corde. Elle se dirigea sans un mot dans la capitainerie en ne regardant aucunement sa mère. Pourquoi apporter de l’attention envers son unique parent qui avait tenté de se suicider en laissant sa fille… Notons également que Jaina lui avait promis de ne pas l’abandonner. Quand elle claqua la porte derrière elle, sa mère soupira désespérément. La vie ne lui offrait pas de cadeau lorsque l’albinos commettait des erreurs.

Sherry, la Mink renarde monta les nombreuses marches en bois recouvert d’un verni très sombre, pour rejoindre le pont supérieur, là où se trouvait la timonière. Elle posa son derrière contre la rambarde et se grilla une cigarette.

« L’équipage commence à se poser beaucoup de questions et certains convoitent votre poste. » révéla Sherry qui dégusta sa drogue, étant privée de cette chose depuis la fameuse tempête. « Sauf votre respect, vous devriez vous ressaisir avant le début d’une potentielle mutinerie. Nous ne sommes plus des Ravengeuses, donc logiquement plus des pirates. »

« Qu’ils tentent seulement de me mordre… »

« Capitaine Rosenberg ! » coupa la maîtresse d’équipage en prenant le risque de recevoir plus tard les représailles de sa supérieure pour ce manque de respect. « Vous ne pouvez pas vous permettre de perdre d’autres matelots. Nous sommes désormais sans médecin, sans second, sans maître canonnière. Jaina, nous sommes au point mort ! »

La renarde avait raison sur toute la ligne et Jaina ne trouva aucun mot pour la contredire. Elle passa outre le fait d'avoir été coupé dans ses propos. De toute manière, la Louve Blanche se voilait la face, refusant de voir la vérité en face. Jaina pouvait être très entêtée voire quasiment immature sur certains sujets, dont le cas présent. Rosenberg se mordit la lèvre inférieure, cherchant une solution à ce problème épineux.

Pour elle, il était hors de question de reproduire les mêmes erreurs que les Ravengeuses. Ce n'était pas la composition le problème, loin de là. Mais plutôt des tueries de masse gratuite. Elle avait beau être une pirate, jamais ô grand jamais Jaina souhaitait être pire que son propre père. Il avait fallu que sa fille lui dise stop pour comprendre que cette dernière marchait dans une mauvaise direction.

« Sherry, je vous charge de la barre de la Banshee pour ce soir. Nous parlerons de nouveaux projets demain matin. Pour l'heure, j'ai besoin de repos. » dit-elle en posant délicatement sa patte contre l'épaule de la renarde. Bien que la canidé aux poils d'automne soit trempée des oreilles à la queue, elle ne sentait nullement le cabot mouillé. Les narines de la capitaine décelait un parfum de fruits. « Bonne nuit Sherry. »

La Louve Blanche retira son étreinte et descendit les escaliers en faisant attention de ne pas glisser. Jaina ouvrit ses quartiers et referma délicatement derrière elle, contrairement à son enfant. En parlant de son louveteau, sa douce dormait sur le canapé, le dos tourné à sa mère. La Dame Blanche se rapprocha et tira la couverture pour que cette dernière recouvre des pieds aux épaules de son bourgeon de rose. La respiration de Wanda était lente, paisible signalant probablement que le sommeil venait de la trouver.

Jaina s'installa à son bureau, tourna une petite manivelle en forme d'anneau afin de faire jaillir une flammèche de sa lanterne. Son plan de travail suffisamment éclairée, l'albinos décida d'écrire dans son journal de bord. En vérité, elle venait de l'ouvrir pour la première fois, espérant trouver des réponses et un semblant de paix en relatant les faits de sa journée. Au bout d'une vingtaine de minutes, elle s'endormit contre son livre, s'abandonnant au royaume des rêves à cause de son épuisement...

Le soleil ne pointait pas encore le bout de son nez. La température maritime était très douce, comme le calme ambiant au sein de la Banshee. Néanmoins, une âme s'apprêtait à trahir cette paix. Une adolescente de quinze ans sortit discrètement des quartiers du capitaine. Elle fit en sorte de ne pas faire grincer la porte, ni de réveiller Berry le capucin de Jaina. Wanda s'aventura sur le tillac, cherchant les cordes permettant de faire descendre une des nombreuses chaloupes du galion. Son opération se passa sans accroc, bien qu'elle fut surveillée de loin par Sherry Whitemane. La Mink renarde s'accouda à la rambarde après avoir bu une gorgée de rhum. Son fouet dandinait de gauche à droite par des mouvements lents. Ses oreilles se redressèrent pour capter le son provoqué par Wanda Rosenberg.

Lorsque la petite albinos s'apprêta à descendre l'échelle en cordage afin de rejoindre son bateau de fortune, Sherry Whitemane se rapprocha puis se pencha pour observer l'enfant de son capitaine.

« Ta mère va être très énervée en apprenant ta désertion chipie. » dit-elle d'une voix audible aux oreilles de la petite humaine.

« Rien à foutre. Elle n'est plus ma mère. » rétorqua le bourgeon de rose. Wanda jeta son sac sous une planche servant de banc appartenant à sa chaloupe et arma les rames. « Tu vas vouloir m'arrêter ? » demanda-t-elle en serrant le Log Pose de Jaina autour de son poignet droit.

« Non chipie. Je ne suis pas ton parent. » La renarde fit une pause, ressentant un pincement à son palpitant. Elle s'était beaucoup attaché à cette gamine, la voyant comme une petite sœur. Les deux avaient beaucoup partagé, aussi bien à propos de leurs secrets que de leurs rêves. « Tu vas me manquer. Fais attention et applique ce que je t'ai appris, d'accord ?! »

L'adolescente acquiesça tout en lui offrant un doux sourire, sa fameuse marque de fabrique. Puis, elle entama son périple, ou plutôt sa fuite. Wanda laissa sa mère dans l'ignorance jusqu'à son réveil...

Difficilement, Jaina Rosenberg sortit du royaume des rêves. Elle se redressa en récoltant des courbatures à la nuque. La faute d'avoir dormi dans une mauvaise position. La Louve Blanche se massa cette partie douloureuse tout en grommelant et en retirant le filet de bave accroché sur un coin de ses lèvres. Soudainement, une boule de poils qui venait lui aussi de se réveiller, se jeta de son hamac pour sautiller et rebondir contre le crâne de Jaina. Il atterrit sur le bureau, là où venait de se cogner sa maîtresse par sa propre faute. Berry sourit de toutes ses dents et ouvrit sa gueule en la pointant avec son petit doigt. Il avait faim...

Jaina ronchonna et frappa un grand coup contre son plan de travail. Elle fit fuir son animal de compagnie. Par la suite, la capitaine pirate se prépara un thé tout en cherchant sa fille de son regard carmin. Aucune trace. La Louve Blanche sortit de ses quartiers, sa tasse de thé à la main. Elle sentit l'impatience de son équipage qui désirait connaître le prochain chapitre de leurs histoires.

« Rassemblement !! » gueula la cow-girl qui descendit les étages pour rejoindre le pont principal, là où se tenaient ses Furies. Tout le monde était presque là, même Sherry qui avait passé une nuit blanche à surveiller qu'aucun danger nuise au repos de la Banshee. L'impressionnant bâtiment s'était arrêté en pleine mer, maintenu par l'ancre qui était accrochée dans un récif.

Jaina plaqua ses mains gantées contre ses hanches et fronça ses fins sourcils neigeux. Ses billes sanguines ne trouvèrent aucunement son bourgeon de rose. Elle plissa ses paupières, monta une rangée d'escalier pour avoir un meilleur aperçu de sa meute. Mais non, Wanda Rosenberg était introuvable.

« Wanda est partie à bord d'une chaloupe... » déclara faiblement la renarde. « Votre fille m'a dit qu'elle ne vous considérais plus comme votre mère. Elle n'a pas digéré ce que vous avez fait sur Îlipucie. »

Le cœur de l'albinos fit un mauvais bon, causant une horrible douleur à cette dernière. Elle serra ses crocs et plaqua violemment ses pattes contre les épaules de sa maîtresse d'équipage. Son regard fut furieux, accompagné d'une aura malfaisante. Emploie-t-elle sa vision du diable contre la Mink ? C'est ce que pensa la renarde qui pâlit immédiatement, découvrant une nouvelle apparence bien plus terrible de sa capitaine. Une louve albinos s'apprêtant à la dévorer.

« Votre rôle est pourtant d'être responsable de l'équipage ! » Noyée dans la peur de perdre pour toujours son enfant, la colère bouillonna son palais mental. Ses pensées lui dictaient de punir sa camarade, d'en faire un parfait exemple pour le restant des Furies. C'était ce qu'aurait fait l'ancienne Jaina, ce monstre assoiffé de sang.

Jaina se rendit compte que maintenant que son Log Pose n'était plus accroché à son poignet. La fourbe, sa propre fille venait de lui voler quelque chose. Impressionnant, sa mère devait l'admettre.

« Elle n'a que quelques heures d'avance. Je vais la retrouver. » Jaina Rosenberg se retourna, dos à sa subordonnée. « Je pars seul. Retrouvez-moi sur Union John. Maintenez un cap jusqu'au nord-est. »

« Jaina ! » interpella Sherry qui l'observait se changer doucement en Vouivre. « Je ne l'ai pas empêché de partir pour éviter de dégrader encore plus ce lien qui vous uni toutes les deux. Wanda est bornée. Si je serai intervenu, elle vous aurait encore plus détesté. Car je suis sous vos ordres et uniquement parce que je vous suis entièrement loyal. » L'héritière des Whitemane serra fermement ses poings, ses griffes étaient en train d'agresser sa peau. « Je maintiendrais le cap sur Union John, mais je ne vous garantis pas de revenir avec l'intégralité de la meute...car une bonne partie hésite également à quitter la Banshee. »

« Je vois... » La Vouivre Immaculée prit son envol et survola la Banshee. Elle s'arrêta à quelques mètres du galion et observa ce qui restait de son équipage. « Je vais rattraper ma fille. Vous êtes libre de prendre des chaloupes et quitter la meute. En revanche, si j'apprends que mon bateau est volé, aucun royaume, aucun abri, aucune crevasse ne pourra vous protéger de ma colère. L'ère des Ravengeuses est terminée. Si vous vous joignez à moi sur Union John, nous formerons une nouvelle meute bien plus forte. Nous irons...conquérir non pas un trésor, mais un territoire !! Mes chères Furies, notre meute brillera en honneur, en courage et en sagesse !! Pour la Meute !! » hurla de tous ses poumons Jaina. Le fait d'être sous sa forme de Zoan amplifia son cri de guerre. Alors que les plus découragés s'apprêtaient à partir, leur capitaine, leur chef réussit à redonner de l'espoir dans leurs cœurs. Tous hurlèrent de joie, brandissant leurs pétards et lançant leurs stetson dans les airs... L’aura de meute de Jaina faisait toujours son petit effet…

Il ne restait plus rien du navire Baroque Works qui retenait prisonnière Silke Weissmann. Les débris se retrouvaient au fond de l’océan et les corps furent dévorés par les poissons. En quelques mots, il était inutile pour la petite dizaine de chasseurs de primes de retrouver la trace des défunts collègues. Les Ravengeuses n’avaient pas mâché le travail et cela irrita le chef du groupe. Il froissa de sa main les affiches de recherches des femmes pirates et les jetèrent sur le sable parsemé de coquillages. Le vent se mit à se lever, faisant virevolter les cheveux longs du mécontent. Il allait devoir faire un rapport au dirigeant du Baroque Works. Pour au moins prévenir de la mort des chasseurs de primes et de la disparition de nombreux colis. Quant il s’apprêta à rebrousser chemin, un de ses collègues aperçu à l’aide de sa longue-vue une chaloupe. Une gamine s’y trouvait, déterminée à rejoindre la terre ferme. Ce qui choqua l’observateur c’était l’apparence peu commune de la concernée. Des yeux rouges, des cheveux blancs, en résumé une albinos. Il donna son outil au plus gradé, ce dernier se mit à sourire.

« Ça court pas dans les rues ce genre de spécimen. Nom d’une pipe en bois, donne-moi l’affiche de recherche de la Rosenberg ! » Son coéquipier s’exécuta et le demandeur se mit à glousser. La chance se mit à lui sourire. « Je suis certain que c’est sa fille, capturons-là pour appâter la mère. Les renseignements disent que Jaina est très protectrice envers son rejeton. Donc on va s’en servir pour toucher sa prime. »

Des heures plus tard, en plein vol, Jaina Rosenberg tentait de garder son allure pour rattraper Wanda. Elle n’arrivait pas à correctement réfléchir. Sans sa fille, l’albinos se sentait vide. La peur envahissait son esprit. Il était hors de question de perdre le dernier élément qui faisait battre son cœur. Son enfant était tout pour elle, bien que cette dernière avait tenté de mourir des mains d’un prince déchu. Le désespoir pouvait jouer de sales tours à ses victimes…

Qu’allait-elle dire en retrouvant son adorable bourgeon de rose ? Qu’elle était simplement désolée ? La Louve Blanche allait devoir ce méninger pour guérir cette blessure entre elle et Wanda. Car si la mère ne faisait rien, la suite de son histoire pourrait se finir comme Éléonore Grey. Perdre un élément cher à son palpitant. Autant se retirer la vie, plutôt que de survivre en étant abandonné par son enfant.

Jaina battit férocement ses impressionnantes ailes et sentit par ce geste l’humidité salée de la mer. La maudite reprit de la hauteur pour éviter de se faire à nouveau gober par un habitant des profondeurs. Cette fois, Valkia Bloodfallen ne sera pas là pour lui venir en aide.

Soudainement, à l’horizon, elle vit une île, un territoire qui ne semblait pas inconnu aux yeux malades de l’albinos. Il s’agissait d’Union John, de cette fameuse terre ressemblant à une petite Hat Island. Heureusement que l’arrivée pointait le bout de son nez. Son énergie s’épuisait et comme une conne, Jaina n’avait pas mangé, à part avoir bu un simple thé. À l’heure d’aujourd’hui, la cow-girl était affamée.

Par mesure de sécurité suite à ses précédents méfaits, Jaina ne dépassa pas les plages, restant plutôt en retrait pour éviter d’alarmer les habitants du coin. Elle vola en rase motte, surveillant les rivages à la recherche d’une quelconque barque appartenant à la Banshee. Au bout de quelques minutes, elle trouva son objectif, à l’exact opposé où elle avait rencontré une tribu d’indigène provenant de l’Île Maléfique. La cow-girl reprit sa forme humaine, marchant désormais sur le sable pour rejoindre la petite embarcation.

Inspectant le contenu de la chaloupe, elle découvrit un sac à dos remplit de vivre et de vêtements de rechange. Jaina trouva une photo d’elle et de sa fille. Au moins, la photographie n’était pas déchirée, rassurant légèrement la mère qui paniquait intérieurement de rencontrer une Wanda déterminée à renier définitivement la cow-girl. Cependant, voir le sac sans son propriétaire n’augurait rien de bon, surtout pour une fuyarde. Jaina se saisit de la lanière pour récupérer le sac. Elle s’apprêta à chercher sa fille mais n’eut pas besoin de se fatiguer. La cause du problème vint tout de suite la rencontrer.

Une dizaine d’hommes et femmes qui ne ressemblaient aucunement à des pirates. Elle fronça ses sourcils blancs en découvrant son enfant prisonnière du groupe. Les mains liées, sa bouche bâillonnée. Jaina n’était pas idiote pour comprendre la situation. Ces gens désiraient s’en prendre personnellement à sa personne, sinon pourquoi la menacé par son point faible qui était sa fille adorée. Par réflexe, l’albinos leva ses avants-bras en signe de reddition.

« À qui ai-je l’honneur ? » questionna la pirate qui n’avança que d’un seul pas suite au pistolet à silex plaqué contre la tempe de Wanda.

« Nous travaillons pour le Baroque Works. Rends-toi sans faire d’histoires et nous relâcherons la fille. » gronda le leader du groupe. Il ne déconnait pas dans ses propos, sa voix était assurée, pleine d’entrain et menaçante. Le moindre geste suspect causerait la mort de Wanda.

« Je suis prête à vous payer l’équivalant de ma prime, si c’est l’argent que vous voulez. » mentit-elle alors que cette pirate n’avait pas la somme dans son compte en banque. Jaina espérait que la cupidité de ces vauriens lui permettrait d’ouvrir une échappatoire. « Ils t’ont fait du mal, mon bourgeon de rose ? »

Wanda s’apprêtait à lui répondre par un signe de tête, ce fut un total échec lorsque le chien du pistolet s’actionna. La gamine ferma les paupières et gémit de terreur. Des larmes se mirent à couler de ses rubis.

« Bernard, occupe-toi de la désarmer puis de la menotter. » commanda le leader porteur de l’identité de Tony. « Pas un geste Rosenberg, crois-moi, je serais prêt à faire feu. »

« Si vous osez la blesser…je vous détruirais !! » gueula de colère l’albinos qui fit peur à Bernard. L’homme tomba sur le cul et recula à quatre pattes. Le haussement de voix de l’ancienne Ravengeuse ne plut aucunement à l’agresseur. Il tira avec son flingue, la balle égratigna la joue de Wanda et lui donna gratuitement d’affreux acouphènes. Le chasseur ordonna à la Louve Blanche de se mettre à genoux et de s’excuser, chose qu’elle fit sans aucune hésitation, préférant détruire sa fierté pour le bien de son louveteau.

Il ne fallut pas longtemps pour que Jaina soit désarmée. Lilith et Morrigan venaient d’être recueillit par une femme de la bande. Son regard témoignait qu’elle allait garder ces joujoux pour elle. Puis, au moment où Bernard menotta Jaina, Tony gloussa et poussa Wanda sur le sable. Il la gifla au passage, un acte très égoïste qui témoignait simplement sa vengeance pour voir la mère désespérée.

Hélas, les bougres avaient oublié une chose essentielle, la malédiction du fruit. La pirate n’était pas entravé par des menottes en granit marin. Non, elles étaient ordinaires… Les pinces se brisèrent lorsque Jaina Rosenberg devint la Vouivre Immaculée…

Même s'il s'agissait d'une simple gifle, Jaina Rosenberg n'admettait aucunement qu'on s'en prenne à son tendre louveteau. Elle était devenue sa raison de vivre, son unique soutien pour survivre de ce monde merdique. Elle enragea qu'une situation similaire à Drangezul se reproduisait. Alors, il fut normal que la malédiction de son fruit se réveille pour régler ce problème épineux. Ainsi, les menottes se brisèrent, le corps de la cow-girl se métamorphosa pour prendre l'apparence de ce monstre assoiffé de sang : la Vouivre Immaculée.

Malgré les menaces de ce Tony qui prévoyait de tuer Wanda si elle ne reprenait pas sa forme d'origine, il n'eut pas le temps d'appuyer sur la détente. Le fléau à pointes au bout de la queue de Jaina s'écrasa violemment contre le crâne du chasseur de prime. Il devint un vulgaire clou planté dans le sol à l'aide d'un marteau. Son visage ne ressemblait plus à rien, se décomposant rapidement par l'acide de la Vouivre.

Ce ne fut pas terminé, il restait encore une dizaine de chasseurs qui espérait menacer la vie des deux Rosenberg. La mère s'enroula autour de sa fille, devenant un bouclier humain pour permettre à Wanda d'échapper à la fusillade. Les balles se plantèrent dans les écailles de Jaina, lui causant une douleur atroce. Difficile d'esquiver à cause de son imposante silhouette. Néanmoins, l'adrénaline lui permettait de tenir bon.

Après s'être assurée de la sécurité de Wanda, Jaina ouvrit sa gueule et cracha non pas des flammes, mais des jets d'acide. Tous ses agresseurs recevaient cette douche gratuite et fortement mortelle. La nuisance se décomposa à vitesse grand V dans des hurlements de souffrances et d'agonies. Un spectacle d'horreur observé par une ombre dangereuse...

Car oui, les fameux chasseurs de primes n'étaient pas la grande menace de cette histoire. Bien qu'ils venaient de donner une peur bleue puis une colère noire à la Dame Blanche, ces derniers figuraient en tant que simples amateurs face à un homme qui s'approcha des Rosenberg.

Ce personnage avait eu vent des atrocités commises par cette impitoyable femme pirate. Tuant de pauvres civiles dans sa quête de piraterie. Dommage que sa fidèle acolyte ne fut pas à ses côtés...

« Jaina Rosenberg ? » demanda pour être certain l'inconnu qui avait les mains dans les poches.

« Quoi ? Vous voulez avoir le même sort que vos copains ? »

Une satisfaction naquit sur le visage de l'homme. Il disparut du champ de vision de l'albinos et revint devant elle comme par enchantement. Sa rapidité bluffa la Vouivre Immaculée qui n'eut pas le temps de rappliquer. Un simple coup de poing de son opposant suffit à la projeter plusieurs mètres plus loin de Wanda.

Sa force était phénoménale, hallucinante, si bien que Jaina faillit perdre connaissance. Elle n'était plus sous sa forme maudite, redevenant la simple cow-girl. Quand elle se releva, un violent vertige la fit tomber sur ses genoux. Elle était fortement étourdie, victime d'acouphènes. Puis, la peur revint hanter son âme. Wanda était à nouveau prise pour cible. L'étranger posa le canon de Lilith sur la tempe du louveteau.

« Jaina Rosenberg, mon nom est Saladin Calin. On me surnomme aussi le Modérateur. » se présenta l'ennemi. Il venait d'enrouler son bras musclé autour du cou de la gamine albinos. « Tu as causé des massacres impardonnables et injustifiés. Je me dois d'intervenir pour stopper tes méfaits et répondre aux désespoirs des victimes que tu as créées. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. »

Il allait poursuivre, mais se retint en découvrant que Jaina désirait se relever. Saladin capta le regard de l'albinos et la pétrifia de peur. À cet instant, la cow-girl se voyait perdre instantanément la vie, tué par sa propre arme, Lilith la Faiseuse de Veuves. Lorsque la dame se calma, posant son fessier contre ses jambes, il poursuivit la discussion.

« Si tu veux garder ta liberté, tu dois perdre ce que tu aimes. L'âme de Wanda contre toutes celles tu as prises. »

« Pitié... » marmonna la desperada qui ne trouvait plus du tout de force pour se relever. Elle se retrouvait totalement impuissante, à la merci de ce personnage à la force titanesque. « Pitié !! » hurla de désespoir la mère qui fondit en larmes. « Je...je ne peux pas vivre sans elle... » sanglota la capitaine pirate.

« Maman !! C'est bon... » sourit avec peine l'adolescente. « Même si je suis furieuse depuis Îlipucie, tu restes ma mère… Choisis...choisis de vivre. Tu as tant à accomplir et sans moi Pearl serait toujours vivante. Je...je t'ai privé de tante Pearl...je te cause trop de souci. Je suis désolé maman !! » dit-elle en pleurant à son tour. « Monsieur Calin...je vous en prie...laisser ma mère en vie... »

« Arrête de dire n'importe quoi Wanda!! » gronda de désespoir Jaina. « C'est moi qui dois payer ce que j'ai fait !! Tu mérites de vivre, pas moi !! Tu es ma source de lumière Wanda. Le plus beau cadeau de ce monde. Alors...alors arrête de dire des conneries. Je refuse, oui je refuse de vivre sans t'avoir à mes côtés. Je suis tellement fière de ce que tu es mon cœur. Une jeune femme forte, déterminée. Je ne pouvais pas rêver mieux et je regrette tant de ne pas avoir été capable de m'occuper de toi dès ta naissance... » Elle prit une bonne inspiration après avoir remarqué un pistolet à silex qui avait survécu aux jets d'acide. « Vous me promettez de la laisser en vie si je passe à l'acte ? Si vous êtes venu m'arrêter, ma vie devrait être suffisante, n'est-ce pas ? Ma fille est innocente dans cette histoire. »

« C'est entendu. »

« Parfait. » dit-elle en attrapant avec peine le pistolet. Elle leva son menton, positionna l'arme dessous et s'apprêta à appuya sur la gâchette malgré le hurlement de désespoir de Wanda.

Un coup de feu retentit, ne laissant aucunement l’adolescente être spectatrice de ce qui venait de se passer. Une vive douleur lui fit perdre connaissance, embrassant le sable, à regarder les vagues de la mer reculer puis avancer en laissant des coquillages sur son chemin. Le royaume des ténèbres l’emporta, après avoir lâché un dernier souffle de désespoir. Elle voulait quitter sa mère, peut-être que son souhait fut exaucé… Mais était-ce vraiment ce que Wanda désirait ? Ses larmes prouvaient le contraire…

Le désir de vouloir mourir pour sauver sa progéniture ne passa pas inaperçu aux yeux de Saladin Calin. Lui qui pensait que cette femme serait prête à laisser mourir son propre enfant pour survivre ne fut pas le scénario estompé. Ce soi-disant monstre assoiffé de sang possédait encore un cœur pour au moins une personne. Elle n’était pas intégralement corrompue. Alors, il assomma la jeune demoiselle prisonnière de son étreinte et bondit très rapidement devant Jaina Rosenberg. L’homme d’une force jalousant ceux d’un Dieu, attrapa le bras de l’albinos afin que le canon de l’arme se retire du menton de la Dame Blanche. Le coup de feu partit et n’exécuta aucunement Jaina Rosenberg. Avant même que la pirate puisse faire quelque chose, l’antagoniste de cette histoire fit perdre connaissance sa proie. Observant le corps inerte de la cow-girl, il se décida à lui retirer quelque chose et ce ne fut nullement Wanda.

Une heure défila à très grande vitesse dans cette journée ensoleillée. Les charognards, à savoir des corbeaux, commencèrent déjà à s’intéresser aux corps morts des chasseurs de primes, du moins ce qu’ils en restaient à cause de l’acide. Ils se mirent à table, picorant dans la chair et croassèrent de satisfactions. Cela réveilla le bourgeon de rose. L’adolescente se massa la tempe, étourdit dans un premier temps, puis réalisant dans l’étape suivante de ce qu’il venait de se passer. Elle avait entendu un coup de feu, celui du pistolet qu’avait récupéré sa mère. La gamine en panique chercha du regard son parent et la trouva non loin, gisant dans le sable.

Ce fut alors que le louveteau s’imagina le pire des scénarios. La mort de sa mère pour pouvoir rester en vie. C’était la seule réponse à ses yeux, car jamais ô grand jamais la gamine avait assisté à une telle impuissance de Jaina. Le chagrin revint la torturer. Elle fondit en larmes, se maudissant d’avoir quitté la Banshee et d’être responsable encore une fois de la mort d’un membre de sa famille. Était-ce son destin ? D’apporter la mort aux êtres qu’elle aimait ? Wanda tenta de réduire la distance qui la sépara de sa mère. Ses pas furent lents, pénibles, douloureux. Elle avait l’impression que son cœur se déchirait en deux.

Puis, elle s’écroula contre le corps de sa daronne qui avait le visage caché par son Stetson noir. Elle pleura, encore et à encore sans compter les secondes puis les minutes qui défilèrent. Puis, la soudaine envie de la rejoindre trôna dans son palais mental. Wanda se releva, essuya ses larmes avec la manche de sa chemise, tourna les talons et se dirigea en direction de l’océan salé.

Une jambe dans l’eau, l’autre suivit immédiatement. Ses doigts caressèrent les douces vagues. Son corps s’adapta très vite à la température de la mer. Ni trop froide, ni trop chaude de cet après-midi sans nuage. Il ne lui restait que de plonger son corps et de respirer afin de noyer ses poumons. C’était ce qu’elle essaya de faire, mais fut stoppée par une personne.

Des bras l’attrapèrent, l’entraînant à un niveau de la mer où Wanda pouvait poser ses pattes à terre. Qui était donc ce gêneur qui l’empêchait de rejoindre sa mère ? Le louveteau tourna son visage, fronçant ses sourcils en s’apprêtant à citer d’innombrables insultes contre son sauveur. Aucune voyelle, aucune consonne furent chantées par ses cordes vocales. C’était impossible, pas après avoir découvert de qui il s’agissait.

« Ma…Maman ? »

Jaina Rosenberg enlaça tendrement son enfant, ne manquant aucunement de la cajoler de baiser contre le front de sa prisonnière. Était-ce un rêve ? Ou bien Wanda avait-elle réussi à rejoindre sa mère dans l’au-delà ? Si ce monde était réel, si le louveteau était toujours en vie, alors pourquoi sa chère maman avait réussi à la récupérer sans être affectée par la malédiction de son fruit ?

« Ne recommence plus cette folie… » supplia Jaina qui caressa les cheveux trempés de Wanda. « Je suis là…tout va bien. »

« Mais…mais maman, tu es dans la mer. Je t’ai vu te tirer dessus. Tu étais allongée comme morte sur le sable. Je…je ne comprends plus rien…mais s’il-te-plaît, je ne veux pas être réveillé. »

« Tu ne rêves pas mon cœur, je suis toujours là. Plus jamais je ne t’abandonnerai…je ne veux plus revivre cette expérience. Je suis soulagée d’être arrivée à temps… Le type m’a empêché de me tuer et m’a assommé. Quand je me suis réveillé, je t’ai vu dans la mer, t’apprêtant à plonger… »

Elles sortirent de la mer, ne se quittant plus d’une semelle. Ce fut alors que Jaina se rendit compte de quelque chose après avoir récupéré sa fille dans l’océan. La cow-girl ne ressentait plus de fatigue, ses forces ne l’abandonnaient plus en entrant en contact avec cette eau salée. Deplus, c’était désormais impossible de se métamorphoser en Vouivre. La Louve Blanche avait le sentiment de ne plus être maudite par son fruit. De ce fait, elle décida de tenter le tout pour le tout. Nager dans l’eau. Une chose totalement impossible après avoir mangé un Fruit du Démon. Sauf, que Rosenberg pouvait à nouveau jouir de ce plaisir. Nager, faire la brasse et ne pas couler comme une enclume.

« Ce Saladin m’a retiré le fruit de la Vouivre. » révéla-t-elle à sa progéniture. « Je ne suis plus maudite… » Elle enlaça fortement Wanda qui désirait s’excuser, se sentant encore fautive. Sauf, que sa chère maman ne voyait pas sa perte de pouvoir comme une faute commise par Wanda. En fin de compte, ce Saladin avait tué une partie de Jaina, la Vouivre Immaculée qui était en elle. « Peu importe. Je préfère perdre ce pouvoir plutôt que toi. Ce sacrifice me servira de leçon. » Elle se retira de l’étreinte et plaqua doucement ses pattes contre les bras du louveteau. « Désormais, tu vas devoir vivre avec une maman poule. J’ai d’ailleurs quelque chose à te dire. Honorer une promesse. J’ai vu ton père, Lucian et…il n’est visiblement pas le salaud que je t’ai décrit. Je dois le retrouver sur Hat Island en compagnie de ton arrière grand-mère, Flora. Donc, mon bourgeon de rose…nous allons retourner à la maison… »

Lorsque la nuit se mit à tomber, que la pleine lune était déjà très haute parmis les nombreuses étoiles, Jaina se tenait en haut d’une butte de la plage. Elle joignit ses mains derrière son dos et observa son équipage qui venait enfin de la retrouver. Sherry Whitemane se tenait au côté de Wanda, heureuse de retrouver le petit louveteau.

« Mesdames !! Il est temps pour nous d’effectuer un nouveau départ ! » exclama haut et fort la capitaine pour se faire entendre par tout le monde. « Nous quittons Grand-Line pour revenir sur notre terre natale : Hat Island. Nous avons tous vécu le chaos dans ce territoire et j’ai décidé d’y mettre un terme ! » Elle pointa son index en direction de l’horizon. « Notre île bien-aimée est en train de mourir à cause de brigands, d’esclavages et de disputes pour savoir qui était le premier à fouler ces terres. Même si la Marine loge désormais sur l’ancienne Bull Town, les soldats n’ont rien fait pour apaiser les bains de sang. Ma petite sœur est morte par leur faute. J’ai dû moi-même réduire en cendre l’organisation d’Hector Gabril. Alors, vu que la Marine est incompétente pour faire le ménage, nous allons le faire nous-mêmes ! »

Lorsqu’une Furie lui demanda si Jaina comptait s’allier au Gouvernement Mondial, la Louve Blanche répondit négativement. Il n’était pas question pour Rosenberg de porter un uniforme et de tourner le dos à la piraterie.

« Nous ne ferons pas couler le sang inutilement comme quand nous étions des Ravengeuses. Je souhaite restaurer l’honneur de ma patrie. Hat Island sera notre premier territoire et nous ne commettrons pas l’erreur de Gabril ou encore de cette idiote de Nnara. Nous formerons une Meute forte, soudée, qui resplendira l’honneur, le courage et la sagesse. Puis lorsque nous aurons récupéré notre terre natale, le Gouvernement Mondial sera obligée d’admettre l’indépendance d’Hat Island !! »

Sur ces promesses, les Furies hurlèrent en chœur. Enfin, oui enfin un nouvel objectif pointait son horizon. Avec leur capitaine, les cow-girls retrouvèrent de l’espoir, elles qui souhaitaient intérieurement du changement dans leur pays. Une terre sans foi ni loi…ne permettait pas aux habitants de vivre sereinement. Certaines Furies avaient perdu des proches à cause de l’égoïsme des Chapeautés et des foutus lois tordus. Si Jaina leur promettait une île plus sereine, voire pacifique, ces dernières seraient prêtes à donner leur vie pour permettre à leur famille de vivre sans avoir la peur au ventre et sans craindre la mort frapper à leur porte…