03 - Hold On Be Strong

Une honte pour une guerrière de devoir réparer son armure après une confrontation contre des moustiques géants. Non seulement la Mandalorienne avait été inutile, mais en plus elle avait failli mourir si cette dernière n'avait pas été accompagnée par Fenrir. Comment pouvait-elle honorer fièrement la Voie de Mandalore en échouant lamentablement sur sa chasse ? Jenefer devait devenir plus forte, monter en rang pour parfaire son art, sa maîtrise d'épéiste du clan Liss. Telle est la Voie.

Alors, dans un premier temps, la blonde cachée sous son casque, qui grâce au grand Mythosaure fut intact lors de sa précédente mission désastreuse, c'était rendu chez un forgeron afin de réparer son armure. Une grande partie de son argent fut consumée pour les services de la forgeuse. Inutile de vouloir acheter de nouvelles armes, Jenefer n'en avais plus les moyens. Difficile de vivre dans ce nouveau monde, son compte en banque se vidait bien trop vite.

Silencieuse dans un coin de la forge, jambe croisée contre l'autre, elle admirait la forgeronne dans son travail. Celui lui remémorait les souvenirs de son enfance, lorsqu'on lui fabriquait son tout premier casque de Mandalorien. Chaque fois que le marteau frappait les plaques métalliques, ses souvenirs du passé devenaient beaucoup plus persistants.

« J'imagine que vous vous êtes battu contre de terribles monstres. Votre armure a beaucoup souffert. » déclara la maîtresse des lieux qui venait de terminer de réparer une épaulette.

« Non. On m'a aidé à survivre... » fit Jenefer d'une voix faible, honteuse, à peine audible à l'ouïe de la forgeronne.

« L'extérieur est très dangereux, les aventuriers survivent généralement en groupe. » répondit la dame qui trempa une jambière dans de l'eau. Jenefer ignorait si la température était haute ou basse. De la vapeur de fumée se dégageait du morceau de l'armure.

Quelques heures plus tard, sa carapace était enfin prête. Elle avait une nouvelle vie et Jenefer se jura dans prendre soin. La Mandalorienne n'avait aucune envie de déverser encore plus son argent pour repérer ses erreurs. En parlant de maladresse, la blonde se rendit compte que dans sa hâte et pseudo déprime, elle n'avait aucunement refermé la porte de sa petite maison...

Ô Grand Mandalore, pourquoi ta championne était-elle si bête dans ce nouveau monde ?

Grimaçant dans son casque, Jenefer se rapprocha de ses quartiers et déglutit en découvrant ses chaussettes favorites déniapées par un chien bien plus petit que Fenrir. Nom de Mandalore, Jenefer bouillonna intérieurement, un peu comme la fois où elle avait déversé sa rage sur des larves de Vespoïds. La dame se jeta sur l'animal en espérant le capturer. Une action bien inutile, car la lourdeur de l'armure de Liss ne lui permettait pas de capturer une créature aussi petite et rapide. Jenefer s'écroula sur le sol, faisant tomber au passage une pile de livres sur sa personne. Elle fut littéralement engloutie par ses affaires...permettant à l'animal de prendre la poudre d'escampette...

« Dank farrik... » jura toute seule la guerrière qui maudissait cette fichue journée.

Avait-elle réussi à capturer le chien. Non, absolument pas. Tout ce qu'avait récolté Jenefer était la pile de ses livres favoris en pleine poire. Même avec son armure la Mandalorienne sentit l'impact des bouquins contre les plaques métalliques de son attirail. Elle ferma furieusement sa main et l'abattit d'énervement, de frustration contre le tapis rouge. Heureusement, sa force ne lui permettait pas de détériorer le parquet en bois. Encore heureux, car la guerrière n'avait presque plus un rond. Alors de quoi payer les réparations du sol...ce serait la goutte de trop...

Se relevant pour être sur ses deux jambes, elle visualisa la pièce et se rendit compte que le cabot venait de s'enfuir. Dank farrik, tous les chiens n'étaient pas aussi intelligents que Fenrir. Ou peut-être l'était-il en comprenant qu'il fallait s'enfuir.

Jenefer sortit de ses appartements en prenant la précaution de fermer cette fois la porte. Hélas, retrouver un animal en plein centre-ville fut l'épine dans la botte de foin. Sa chance lui sourit lorsqu'elle aperçut le cabot courir dans une ruelle marchande.

La guerrière s'empressa de le rattraper. Elle fit une remarquable action que de gueuler contre le fuyard, qui, au lieu de lui permettre de gagner du terrain, fit le sens contraire. Son imposante armure, plus contraignante que celle de son univers ne lui permettait pas d'égaler la vitesse du chien.

Pourquoi donc conserver cette boîte de conserve ? Parce qu'elle adorait le design de cette carapace métallique.

Au moins, cette course-poursuite lui donnait une opportunité de renforcer son corps. Mine de rien, rattraper le cabot pour lui faire payer était une bonne source de motivation et surtout de hargne.

La frustration voire même un peu de honte entouraient la Mandalorienne. Son ennemi n'y allait pas à fond, l'attendant parfois pour éviter de semer la blonde. Ce fichait-il de Jenefer ? Ou portait-il un semblant de respect envers cette dernière ? Liss ne trouva pas de réponses.

Cependant, elle n'abandonna pas. Il était parfaitement hors de question de laisser gagner ce chien. Aussi arriva-t-elle à finalement attraper ce clébard qui se roulait sur le sol devant un squelette déguisé. Un genou sur le sol, une main plaquée contre le ventre de l'animal, Jenefer sourit nerveusement de sa petite victoire.

« Espèce de sale cabot !! T'as mieux à faire que de détruire mes chaussettes ?! C'était une valeur sentimentale !! » gueula la femme en armure qui reçut gratuitement du sable sur le visage.

Manque de chance, des grains arrivèrent à s'incruster dans la visière pour irriter les émeraudes de Jenefer...

Elle lâcha prise, permettant au chien de s'enfuir. Encore…

Jenefer soupira, elle était essoufflée et transpirait à grande goutte sous son armure. Vivement un bain pour se détendre. Subitement, son palais mental lui remémora les paroles de Fenrir. Que le loup des enfers accomplissait les missions pour de la bouffe.

Une idée germa dans son esprit, surtout en observant le squelette déguisé avec son grand chapeau et ses instruments de musique bizarre. Rapidement, Jenefer entra dans une boutique et versa une petite somme d'argent au vendeur pour acheter un os. Puis, elle reprit la traque. Les passants, citoyens, badauds orientèrent rapidement la Mandalorienne sur la bonne voie afin de retrouver le canidé.

Quand elle l'aperçut, Jenefer pinça son pouce et son index avec ses lèvres pour siffler fortement. Un moyen pour tenter d'attirer l'attention du fuyard. Puis, elle lui agita le délicieux os de son autre main valide.

« Ohé le clébard ! J'ai un bon os pour toi. » Elle plia ses genoux et tendit la nourriture, dans l'espoir de choper l'animal. Si le toutou arriverait à dérober la nourriture et à fuir, Jenefer était prête à utiliser son grappin pour le stopper dans sa course.

L’appât fonctionna faisant grimacer de joie la blonde se cachant sous son casque. Pas le temps d’effectuer les manières douces, la Mandalorienne tendit son bras droit et actionna le grappin pour capturer sa proie. Elle réussit tant bien que mal à triompher de cette chasse imprévue. Elle ramena le cabot à ses pieds en tirant soigneusement le cordage. Heureusement, le chien n’était pas lourd, permettant à Jenefer ne pas se fatiguer sur cette tâche. Puis, quand le canidé fut à ses pieds, la dame de fer empoigna le col pour le soulever et ainsi le positionner devant son visage. Elle fronça furieusement ses sourcils et cessa de penser à des idées noires envers le spécimen.

Néanmoins, l’héritière des Liss ne fit aucune pincette pour engueuler le pauvre animal. Sa colère, sa grande gueule attira la curiosité des badauds. Elle souhaitait le secouer dans tous les sens mais s’y résigna en pensant que ce monde possédait peut-être des lois contre la violence animale. Elle se ressaisit immédiatement en découvrant un gosse tenant la main de sa chère maman qui pointait de son index la mandalorienne. Il se plaignait que la chasseresse tourmentait le pauvre animal. Jenefer pesta à l’intérieur de sa carapace métallique puis se rendit compte que maintenant que sa proie venait de parler, elle lui avait même répondu que c’était normal d’être aussi énervée à cause de la vacherie de ce dernier.

« C’est le Quacta qui dit au Stifling qu’il empeste. » déclara la dame dans son jargon. Une phrase qui signifiait que c’était l’hôpital qui se moquait de la charité. « Et tu l’annonces comme ça, que tu sais parler le cabot ?! » Elle venait de relâcher le chien par cet élément de surprise. Sa respiration était forte et énervée. Notons par ailleurs sa fatigue qui s’ajouta dans le lot, car courir avec une armure moyenâgeuse n’était pas une tâche aisée. « Se marrer hein ? Je n’appelle pas cela une partie de plaisir. Mais au moins…ça m’a permis d’endurcir mon cardio et mes muscles… » marmonna Jenefer d’une voix à peine audible à l’audition du sac à puces. Elle acquiesça ensuite à la demande de l’animal au sujet de l’os. Il pouvait le garder, la dame de fer n’en ferait rien. Il ne s’agissait pas de son régime alimentaire.

« Enchanté Billy, tu es le deuxième clébard qui sait parler. À croire que ce monde me réserve encore d’innombrables surprises. » Elle soupira fortement et bruyamment, recevant gratuitement son souffle en pleine face. Jenefer dût fermer ses paupières lorsque son dioxyde de carbone irrita ses billes émeraudes. « Je m’appelle Jenefer Liss, tu es un ami de Fenrir je suppose ? Un grand loup qui peut également parler. » Elle plissa ses iris à la dernière question de cette nouvelle rencontre. Jenefer plaqua ses mains gantées contre ses hanches. « Je suis une mandalorienne, je porte mon armure continuellement. Telle est la Voie. »

La blonde plia ses genoux pour réduire sa hauteur et ainsi permettre à ce Billy de ne plus avoir mal au cou. De plus, ce n’était pas dans l’habitude de la mandalorienne de regarder les personnes de haut. Elle ne figurait pas dans la liste de ces congénères qui aimaient montrer sa dominance. « Comment ça se fait que tu sais parler ? Une malédiction ? Ou ta race est ainsi ? » questionna la demoiselle qui rembobina son grappin à l’intérieur de son armure. « Tu possèdes un maître ? Histoire que je te ramène à ce dernier. Dans mon monde, les chiens fuyards ne sont pas très bien appréciés par la populace. Je peux aussi te donner à boire au passage, à condition que tu arrêtes de détruire mes affaires. »