La truffe chaude d'un louveteau

Les préparations, réparations de la Banshee ne furent toujours pas terminés. Il y avait eu des contretemps, dont un manque de personnels de charpentiers pour des arrêts maladies. Ils étaient en sous-effectifs et les Ravengeuses retardèrent leurs ascensions sur Grand Line. Malgré la gueulante de Jaina Rosenberg au responsable des ouvriers, le travail ne pouvait pas s'améliorer, surtout lorsque le chef lui proposa des stagiaires pour aider les charpentiers. Un refus catégorique donné par la Capitaine des Ravengeuses. Qui disait stagiaire, annonçait de potentiels problèmes.

Ainsi, Jaina profita de la vue de son balcon de chambre pour boire un thé, un Earl Grey. Pas de clopes depuis son réveil, pas une seule goutte d'alcool dans l'estomac. Voilà pourquoi il pleuvait grandement en ville. Heureusement que le toit de l'auberge couvrait les balcons de chambres. Le temps, qui fut haït pour la plupart des personnes, demeura un fidèle allié pour l'albinos. La fraîcheur des gouttes d'eau n'aggressait aucunement la peau fragile de Rosenberg. Le soleil était caché derrière les épais nuages sombres et la température restait supportable voire même très agréable.

Posant sa tasse sur l'assiette en porcelaine, son attention se focalisa sur un homme qui marcha malencontreusement sur une flaque d'eau assez profonde. Il gueula, jura dans sa barbe de trois jours et reprit son chemin. Puis, son ouïe détecta des grommellements provenant de sa tendre fille. Couchée dans un des deux lits, Wanda n'avait pas l'air dans son assiette, si bien qu'elle demanda à sa mère de fermer la fenêtre. L'adolescente avait terriblement froid.

S'exécutant à la tâche, elle récupéra sa vaisselle, entra dans ses quartiers, referma la fenêtre puis s'installa au chevet de Wanda. L'assiette sur la petite table, Jaina plaça délicatement sa main nue sur le front de la gamine. Elle était brûlante. Son bourgeon de rose se mit à tousser sévèrement, puis remonta la couverture au niveau de son nez.

« Tu es fiévreuse. Je vais aller chercher Jessica. » déclara la mère à son enfant. Elle ne dit rien, hochant simplement son visage. Après avoir caressé les cheveux de l'adolescente, Jaina enfila un manteau, son Setson et sortit de la chambre. Les appartements de Jessica se trouvait juste à côté, à quelques pas. Le chemin ne fut pas éprouvant. Frappant à plusieurs reprises à la porte, personne ne répondit et aucun mouvement se fit entendre à l'intérieur. La chambre semblait être vide...

La cow-girl chercha à l'accueil de l'auberge, là où les clients pouvaient s'y détendre, manger et boire. Aucune blonde dans les parages. Ses recherches furent également fructueuses au port où se trouvait en cale sèche la Banshee. Soupirant, l'albinos allait devoir chercher un médecin exerçant son métier en ville.

Soudainement prise d'énervement couplé à de l'inquiétude, Jaina s'alluma une clope pour se détendre et éviter d'exploser. En prenant plusieurs lattes de sa drogue, son esprit bordélique se calma. Elle pouvait entreprendre ses recherches. Son regard s'orienta sur une femme, sa première cible, qui avait le courage de sortir par ce temps de merde. Sûrement une citoyenne de Luvneel. Cette dernière pourrait peut-être la renseigner, l'orienter auprès d'un médecin.

« Excusez-moi. » interpella la Capitaine des Ravengeuses primée actuellement à quarante millions de Berrys. « Bonjour, je recherche un médecin. Savez-vous où je peux en trouver un ? Je ne suis pas de Luvneel. Ma fille est malade... »

Même s'ils étaient réputés, il y avait toujours un souci avec un membre de la Marine. En civil, il passait généralement incognito. Le problème en étant une pirate primée, c'était l'affiche de recherche placardée un peu partout dans les villes qui dévoilaient la sale gueule de Jaina et une somme intéressante, pour sa capture ou sa mort. Ainsi, vivre primée donnait de plus en plus de risque à la petite vie bordélique de la Ravengeuse. Cela ne lui déplaisait aucunement. Après tout, elle souhaitait que son nom devienne une légende comme Gold Roger.

Essoufflée d'avoir cherché en vain un médecin, dont surtout Jessica Hellhound, sa chance l'emmena auprès d'une jolie demoiselle exerçant ce même métier. Parfait, la Louve Blanche ne passera pas la nuit à gambader dans les ruelles pour trouver un soigneur.

« Nom d'un cheval, vous tombez à pic Doc. » fit-elle en tapotant le haut de sa poitrine pour chasser un vilain point de côté. Voilà les conséquences de trop fumer, ses poumons devenaient misérables pour du sport. Elle allait devoir sévèrement penser à réduire sa consommation, voire même arrêter pour son propre bien. « Merci de votre aide, suivez-moi. »

La cow-girl trempée de la tête aux pieds, rejoignit l'auberge où créchaient les Ravengeuses. Le voyage fut étrangement plus long, comme-ci le destin s'amusait à jouer sur l'inquiétude de Jaina. Peut-être qu'il désirait torturer cette femme qui n'avait plus aucun cœur depuis ses mésaventures. Perdre sa petite sœur, se faire torturer par des Hommes-Poissons, sa rupture avec Éléonore et le cauchemar qu'avait vécu Wanda rendirent Jaina encore plus terrifiante.

Elle ouvrit l'accès à ses quartiers et désigna le lit qui accueillait au fond de ses couvertures bien chaudes le petit louveteau. Accrochant son Stetson sur un porte-manteau, Jaina préféra ne pas ce désarmer. Son ceinturon entourait encore sa taille et Lilith pouvait être sortie à tout moment. Les intentions de l'albinos furent claire, mais aucunement dévoilés. Le moindre geste suspect contre Wanda enclencherait immédiatement les hostilités. Après tout, le plus gros point faible de Jaina, c'était son seul et unique enfant. Wanda Rosenberg.

« B-Bonjour docteur... » répondit faiblement le louveteau qui arrivait avec peine à se redresser de son lit suite à l'accord de sa maman. Elle lança un regard inquiet à sa mère, croyant que Jessica devait venir et non une inconnue. Jaina remua négativement son visage, lui faisant comprendre que ses recherches furent fructueuses.

Victime de quinte de toux, de plusieurs crises à vrai dire, la Louve Blanche pensa qu'il ne s'agissait pas d'un simple rhume. Son palpitant tambourina fortement dans sa poitrine. Jamais ô grand jamais la mère avait vécu une inquiétude de la sorte. Ce fut la première fois qu'elle découvrit son joli enfant en proie à la maladie. Puis, le médecin lui demanda de chercher un verre d'eau. Heureusement qu'une salle de bain se trouvait à proximité pour permettre à la louve d'apporter un verre par le robinet sans avoir la contrainte de trop s'éloigner de Wanda.

Elle tendit le breuvage tiède à sa fille qui le récupéra et but quelques gorgées. L'eau rafraîchit la gorge irritée de la jeune femme. Cela lui procura un peu de bien, un très léger répit à sa toux. Ainsi, Wanda fit ce que Jane Vantis lui ordonna. Respirer un grand coup, à plusieurs reprises pour permettre au médecin d'exercer son métier.

Non loin du lit, dans un hamac improvisé, le capucin de Jaina du nom de Berry gémit de tristesse de voir Wanda dans un état pareil. Il dégusta sa banane avec mélancolie et mâchouilla bruyamment. L'albinos vint à ses côtés et ramassa la peau de banane sur le sol pour la jeter dans une poubelle. Ensuite, elle récupéra une serviette pour essuyer ses avant-bras qui furent mouillés. On pouvait y apercevoir des tatouages sur son membre gauche. Un rosier et un corbeau tenant dans son bec une rose.

« Vous désirez du thé mademoiselle Vantis ? » proposa la pirate qui avait acheté tout un stock depuis son amour pour cette boisson chaude à cause de Sherry Whitemane. « J'espère que ce n'est rien d'alarmant...nous devons quitter Luvneel dans les prochains jours. » révéla la cow-girl qui se fit pour le moment son Earl Grey en attendant la réponse de Jane. Cela fit sourire intérieurement que cette jolie femme possède un prénom similaire à son propre surnom. Jane, sa mère Daisy l'appelait toujours ainsi.

« Je...je suis désolée m'man... » s'excusa faiblement Wanda qui fut à nouveau victime de toux.

La blanche revint près de son enfant et caressa tendrement ses cheveux soyeux de couleur neige. Même malade, son petit trésor était à croquer. Jaina en devenait de plus en plus gaga et l'idée de la voir partir un jour pinça son palpitant.

« Ne le sois pas, ta santé avant tout. Le plus important c'est que tu guérisses mon bourgeon de rose. »

Loin de sa fille, pour éviter que cette dernière entende les messes basses des deux femmes, Jaina servit une tasse de thé au médecin et reposa la théière difficilement sur la table lorsqu’elle apprit la triste vérité. Il ne s'agissait pas d'un petit rhume. Par tous les dieux des Drognars, son louveteau souffrait d'une grippe bien plus agressive. Sans soin, la maladie emporterait Wanda. Une histoire qui ne devait en aucun cas être réalisée. Sans son bourgeon de rose, Jaina en serait complètement détruite et cette dernière ne désirait aucunement obtenir le même destin qu'Éléonore Grey. L'albinos se questionna encore de comment la Marine arrivait à survivre en l'absence de ses enfants. Ce destin, cette torture, l'albinos ne voulait absolument pas y goûter. Quitte à marchander avec le diable en personne et vendre son âme pour sauver la vie de sa gamine.

« Je ne sais pas si c'est lié. Wanda est née prématurément. Durant les premières semaines, ses poumons étaient beaucoup plus faibles qu'un nourrisson. » révéla l'inquiète qui n'arrivait aucunement à boire son thé. Ses rubis se mirent à luire, comme-ci des larmes souhaitaient s'échapper. Aucune ne s'évada de ses cristaux carmins. « Je...je la trouve beaucoup plus fragile qu'une gamine de son âge... »

En effet, si son albinisme pourrait en être la cause, Wanda n'était absolument pas comme sa mère. Moins sportive, plus chétive, pouvant se briser après un mauvais choc. À bien y réfléchir, le terrible périple de la Banshee contre Dranzegul fut une grande épreuve pour la princesse. Devoir être témoin de la torture de sa mère, de servir de femme à tout faire pour l’Homme-Sèche et aussi d’avoir tué involontairement sa tante. Peut-être que tous ses périples l’ont rendu plus faible ?

« Je tâcherais d’en parler à une amie qui s’y connait dans la médecine. » informa l’albinos qui jeta un rapide coup d’œil à son capucin. L’animal saute de son perchoir pour atterrir sur le lit. Il s’avança tranquillement et se réfugia dans les bras de Wanda. Ses billes noires observaient avec grand intérêt la malade. Il effectua des gazouillements donnant des notes interrogatives. Berry ne savait pas pourquoi la fille de sa maîtresse ne se trouvait pas au milieu de sa forme comme d’habitude. « Je suis désolée Docteur Vantis, je ne peux pas rester trop longtemps sur Luvneel. » dit-elle une énième fois à la soigneuse. Jaina réussit à prendre sa tasse et à tremper ses lèvres hypnotisantes dans le breuvage chaud et parfumé.

Par la suite, Jane Vantis lui écrivit puis tendit une ordonnance listant les différents médicaments. Ces derniers pourront aider à guérir la malade, si du moins elle n’avait commis aucune erreur sur ce bout de papier. Avec une grande hésitation, la cow-girl récupéra ce morceau de feuille et fut automatiquement prise au dépourvue par les déclarations suivantes de la jolie femme. Ainsi, sa réputation la précédait. Jane osait la menacer, lui avouer qu’elle aurait pût la dénoncer ? Seulement ce grand morceau de terre n’était pas sous le joug de la Marine. Aucune garnison y créchait.

« Je vous remercie chaleureusement pour avoir accepté de venir en aide à Wanda. » répond d’une intonation neutre la Capitaine des Ravengeuses. « En revanche, si vous souhaitez entrer dans un terrain glissant, mademoiselle Vantis, vous risquez de perdre à ce petit jeu. » gronda subitement la louve qui changea son masque de maman inquiète en une prédatrice assoiffée de sang. Son regard s’assombrit, son sourire disparût et ses sourcils qui se froncèrent émirent des rides sur le front. « Je compte sur votre bienveillance et votre professionnalisme, Docteur Vantis. Je ne serais pas longue pour trouver les médicaments. »

Reculant d’un pas sur la gauche puis d’un autre de la droite, elle tourna les talons et disparût de la pièce. Ses éperons fredonnèrent fortement dans la chambre, puis baissèrent le volume quand Jaina entama une marche dans le couloir accueillant d’innombrables chambres. Ce fut sur son chemin qu’elle croisa la renarde se diriger dans ses quartiers.

« Capitaine… » salua de manière nonchalante Sherry qui fumait tout en même temps une cigarette à moitié consumée.

« Reste près de la porte de ma chambre pour surveiller Wanda. Un médecin est à l’intérieur, à son chevet, pas de gestes brusques. Je vais chercher des médicaments. » gronda la prédatrice qui réveilla inconsciemment son aura de meute. Il ne fallut pas répéter une deuxième fois les instructions. Sherry Whitemane se contenta d’acquiescer et de s’adosser à la gâche de la porte de chambre pour surveiller en silence. Ses émeraudes ne quittèrent à aucun moment les deux femmes.

Pendant ce temps, au bout de plusieurs minutes, trente pour être plus précis, Jaina revint de sa course avec les médicaments pharmaceutiques demandés par Jane Vantis. La tâche ne fut pas aisée, surtout pour trouver une pharmacie dans une ville inconnue. Jaina avait été contrainte de demander son chemin plusieurs fois après s’être perdu malencontreusement en ayant cru apercevoir une Jessica dans une venelle. Ce qui ne fut absolument pas le cas…

Wanda de son côté, n’avait pas émit de mot envers le médecin. Se contentant de fermer ses paupières et de trouver du repos, en priant que sa toux la laisse tranquille. Hélas, cette saloperie la torturait de plus en plus. Jaina Rosenberg déposa le sachet près du médecin et congédia la renarde à ses occupations. Trempée de la tête aux pieds, la cow-girl essuya ses cheveux de neige à l’aide d’une serviette propre. Ses bras dénudés furent les suivants.

« J’aurai pu vous croire lorsque vous m’avez promis que ma fille serait en sécurité avec vous. De vous faire confiance. » déclara la pirate primée qui jeta la serviette mouillée dans une corbeille à linges. « Hélas, j’ai vécu en à peine quelques mois des drames et des blessures si profonds que ma foi a fortement diminué… Si vous arrivez à stopper l’avancée de la maladie de Wanda, alors vous aurez gagné ma confiance, Docteur Vantis. » Elle s’arrêta, stoppa ses paroles pour saisir une chaise et la tirer proche du lit à deux places. La cow-girl s’assied à son chevet, ne montrant pas d’hostilité à l’égard de Jane. « Vu que vous savez qui je suis, je me pose deux questions. Êtes-vous avec la marine ? Ou bien dans la bande des chasseurs de primes ? »

Désormais au coin de sa chambre accueillant une grande fenêtre dont l'extérieur donnait sur un balcon, Jaina tourna le dos à cette Jane qui avait avoué faire partie de la branche scientifique de la Marine. Décidément, Rosenberg avait le chic de toujours demander de l'aide à une femme inconnue qui travaillait pour ses ennemis.

Il y avait eu Éléonore Grey pour cajoler puis détruire son cœur. Cornelia Campbell pour l'aider à récupérer les chevaux volés appartenant à sa famille. Sans oublier deux autres femmes dont Jaina ignorait encore leur appartenance à la Marine. Pandore, qui lui avait donné des astuces pour s'occuper de Wanda et Ambrosias au sujet de la santé de sa jument Orphée restée sur Hat Island. Maintenant cette Jane qui soigna le louveteau malade.

Jaina Rosenberg soupira discrètement, plaqua sa main sur son visage et remua négativement sa tête. Avouer à Vantis qu'elle n'était pas surprise de son travail chez les soldats de la paix pourrait potentiellement la surprendre. Elle préféra garder sa salive de ce sujet. L'albinos joignit ses mains entre elles derrière elle et se contenta d'observer la pluie qui frappait les carreaux en verre de la fenêtre.

Wanda toussait encore et la fatigue l'assomma à petit feu. Sa mère attendit que son enfant succombe au sommeil et lorsque le souffle de l'adolescente devint doux à ses oreilles, Jaina fit travailler ses cordes vocales par des sons posés pour ne pas nuire à l'endormie.

« Je n'ai pas élevé Wanda. On m'a retiré sa garde lorsque son père a disparu d'Hat Island. Il n'a pas voulu endosser son rôle de parent, me laissant me démerder. » Ses rubis se focalisèrent sur une goutte d'eau qui descendit le carreau en avalant sur son passage ses sœurs plus petites. « Ses parents adoptifs m'ont redonné Wanda cette année. Pourquoi ? Parce qu'elle ne voulait pas être une bergère comme eux, que son comportement ne leur plaisait plus. J'étais une criminelle à cet instant. J'ai voulu me rattraper, mais je me suis posé la même question que vous. Pourquoi ne pas lui offrir une vie plaisante ? »

La cow-girl se retourna, sourit faiblement au médecin et se rapprocha de cette dernière. Ses pas étaient lents, silencieux, comme une louve s'apprêtant à se jeter sur sa proie pour la dévorer. La regardant de toute sa hauteur, ses rubis se plantant dans les cristaux de Jane, la Ravengeuse poursuivit son récit.

« J'ai voulu la confier à mes sœurs. Deux mères adorables qui auraient pu donner cette vie paisible et sans embûche. Sauf...qu'un de vos commandant est arrivé pour chasser mon père déjà décédé. Il nous a attaqué, Wanda a voulu me protéger en se servant d'un fusil. Résultat ? Elle tua involontairement ma petite sœur Pearl. Par ce meurtre, ma grande sœur Annie ne veut plus nous revoir et ma mère est mourante d'un cancer. » Jaina s'arrêta en chemin, déplaça des mèches de cheveux neigeux qui devaient chatouiller le nez de Wanda. Son geste était tendre, très maternel, bienveillant.

« C'est elle-même qui a voulu me suivre. Je ne l'ai obligé en rien. Suis-je une mère irresponsable ? Probablement. Mais c'est sa décision d'être à mes côtés et non la mienne. »

Adressant un nouveau sourire au médecin, elle remit de la distance pour retrouver sa tasse de thé. Un moyen pour la cow-girl de ne pas céder à la tentation de la cigarette. Hors de question de fumer dans une pièce avec sa fille. Peu importe son état de santé, Wanda n'était pas une fumeuse et il fut évident que sa mère ne souhaitait pas nuire au poumon de son enfant avec la fumée de sa drogue.

« Est-ce que je réponds à votre question, mademoiselle Vantis ? » demanda la dame blanche qui trempa ses lèvres dans son thé. Elle but trois petites gorgées et soupira de bien être. « Il y aurait moins de pirateries, moins de crimes si vos collègues se comporteraient en tant que héros et non en tant que salopards. Vous savez votre commandant McLaughlin, il n'avait pas fait la différence entre civil et pirate. Pour lui, mes sœurs étaient des criminelles. Pearl serait toujours en vie si cet homme avait fait la différence entre un innocent et un coupable. Mais trêve de mélancolie, vous me prouvez qu'il n'y a pas que des pourries dans votre camps. Merci pour votre aide. »

Cette doctoresse n’était visiblement pas n’importe qui. Elle figurait parmi les rares cas qu’avait rencontré Jaina au cours de sa vie. Des personnes ayant un bon sens de la justice, qui n’hésitèrent pas à consacrer un peu de leur temps pour venir en aide aux gens dans le besoin ? L’albinos les comptait sur le bout de ses doigts. Assez étrange, ce fut les femmes que Jaina avait connu qui redonnaient de meilleures couleurs au drapeau de la Marine…

Un maigre sourire se dessina sur les lippes envoûtantes de la Ravengeuse. D’un certain côté, cette Jane dégageait une détermination remarquable comme sa chère et tendre Éléonore Grey. À croire que la tueuse aurait dû s’engager dans la Marine, comme l’avait fait sa demi-sœur Cornelia Campbell. Peut-être était-ce le destin de sa propre famille ? De se ranger dans la justice ? Annie, sa grande sœur exerçait le métier de Juge sur Hat Island. Quant à Pearl qui ne fut plus de ce monde, Jaina se souvint que sa frangine préférée lui avait avoué étant gamine de devenir une soldate… Au final, la capitaine des Ravengeuses se trompait probablement de voie. Pour devenir la Reine des tireurs, il ne lui fallait pas nécessairement être une pirate.

« Vous savez, mon pays natal est sous l’influence du Gouvernement Mondial. » déclara la cow-girl qui cala ses fesses contre le rebord d’une table qui accueillait la bouilloire renfermant le thé. « Depuis qu’ils ont décidé de contrôler cette île, ils n’ont rien apporté à Hat Island. Faisant simplement acte de présence, les criminelles ont continué de pourrir encore plus cette contrée. Si cette soi-disante force de la justice aurait fait son job, je pense que j’aurai suivi les traces de mes sœurs. Rejoindre la bonne cause pour protéger les gens dans le besoin. »

Ses billes d’un rouge éclatant observèrent le bas du mur qui était recouvert d’un papier-peint. Il y avait de la salissure et des déchirures. La tapisserie ne devait pas être jeune. Fronçant ses sourcils neigeux en s’apercevant que maintenant qu’une tégénaire se reposait sur une toile d’araignée qui ne lui appartenait pas, Jaina se représenta en tant que l’arachnide qui s’installa dans ce filament pour effectuer sa propre chasse…

En empruntant le chemin de la criminalité puis de la piraterie, Jaina ne s’attendait pas à perdre une très grande partie de son humanité. Torturant, tuant pour un simple titre pouvant faire trembler les gens comme l’avait fait l’ancien empereur Kaido. Ensuite, sa folle aventure l’emmena au côté de sa fille, de cet être innocent ne demandant qu’une seule chose : vivre au côté de sa mère. La fille désirait sa famille et Jaina se rendit compte qu’elle-même souhaitait obtenir ce trésor. Ce fut ainsi que les Ravengeuses furent nées…

Elle préféra ne pas lui dire, que toutes les personnes extérieures à sa famille, à son sang et à son équipage n’étaient plus rien à ses yeux. Fort heureusement, le médecin avait réussi à être parmi les exceptions. Quand une âme charitable proposait son aide pour une personne importante à Jaina, l’albinos portait un autre jugement. Plus doux, moins asociable, nullement hostile.

Jetant son portefeuille près de la petite assiette en porcelaine qui accueillait la tasse de thé de Jane Vantis, la dame blanche désigna cette chose remplit de plusieurs billets. L’argent n’avait plus aucune importante lorsqu’il s’agissait de Wanda. Jaina était prête à se ruiner pour le bonheur ainsi que la santé de son seul et unique enfant.

« Prenez ce dont vous avez besoin, mademoiselle Vantis. J’espère cependant ne pas vous revoir dans des situations…compliquées. » Inutile pour Jaina de préciser ce dont elle voulait parler. Par exemple, si elle revoyait Éléonore, les deux femmes se battront sûrement jusqu’à ce que l’une des deux se soumet ou meurt après un terrible affrontement. C’était également la même chose pour sa demi-sœur Cornelia. Aujourd’hui, la famille, l’amour ne pouvait se mêler entre une pirate et une marine. Alors pour Jane ? L’albinos préférait ne pas l’avoir en ligne de mire… « Je suis désolé pour votre sœur…et j’espère que vous apporterez un meilleur visage à la Marine. »

À ses paroles, ses dernières créées par ses cordes vocales, l’harmoniciste qui trimballait toujours son instrument de musique autour de son cou, revint au chevet de sa fille, pendant que son capucin Berry se percha sur l’épaule de sa maîtresse. La porte de sa chambre fut ouverte par la Mink renarde Sherry pour inviter sans un mot au médecin de partir des lieux. Cette dernière hocha son visage et baissa ses oreilles pointues, reconnaissante des soins apportés à la gamine dont elle détenait une douce amitié.