Black Iruka
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 Pour une poignée de berries

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Keisa Kyoko
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MessageSujet: Pour une poignée de berries   Pour une poignée de berries EmptyDim 3 Mar - 15:57

Sur Hat Island, dans un village quelconque, l’animosité était toujours au rendez-vous. Bagarre dans les rues pour un simple mauvais regard, pendaison haut et court pour le vol d’un cheval, ou encore l’exécution d’un pauvre bougre qui avait volé le portefeuille d’une personne qui ne fallait pas embêter. Le paradis sur terre, selon les Chapeautés qui ne connaissaient que ce mode de vie depuis leur tendre enfance. Dans un des nombreux bars, réputé pour avoir d’innombrables courtisanes, le patron des lieux sortit en trombe de son établissement le fusil de chasse à la main. Deux de ses employées ne répondirent pas à l’appel. Ce fut courant pour le patron que ces filles ne rentrèrent pas immédiatement au bercail…à cause de leurs clients bien trop entreprenants…

De ses pas énervés, le tavernier avec ses gros souliers quitta de terrasse en terrasse en ayant une seule destination en tête. La grange à chevaux à l’extérieur de la ville. Les rumeurs racontèrent que deux courtisanes auraient été emmenés dans ce bâtiment remplit de foin. L’homme espérait de tout cœur que la vermine n’eut pas blessé ses demoiselles. Sur sa route, un ivrogne effectuant des pas de danse dont il avait le secret, se fit renverser par le fusiller. Le bougre perdit équilibre et s’effondra dans l’abreuvoir pour les équidés. L’eau tiède réveilla la victime qui se demanda ce qu’il faisait dans ce bassin. Au moins…il pût prendre son bain de l’année et retirer cette odeur infâme de transpiration.

Lorsque Wilford, le patron des femmes de plaisirs arriva devant les deux grandes portes entrouvertes, il entendit le rire d’une de ses employées. Cassant son fusil à canon scié pour remplir les deux canons de douilles pleines, l’homme le referma aussi sec et entra dans la grange.

« Emma ! Violet ! » hurla le manieur du fusil qui manqua de se casser la figure en percutant un seau vide. « Où êtes-vous ?! »

Les deux demoiselles sortirent d’un enclo et se dépêchèrent de bien ce rhabiller, surtout devant leur patron. Wilford devint tout rouge, ses oreilles pourraient presque dégager de la fumée comme la cheminée d’une locomotive. Jamais ô grand jamais un client pouvait profiter de deux courtisanes en même temps. Il était fin énervé, terriblement en colère. Wil perdrait de l’argent, car dans son établissement, c’était une femme pour un homme. Subitement, le responsable ou plutôt la fautive de cette histoire rejoignit les deux beautés. La chemise presque déboutonnée, son tour de taille qui ne portait pas de ceinturon et ses cheveux en bataille recouverts de pailles, Jaina Rosenberg remit ses lunettes de soleil pour cacher le rubis de ses iris.

« Quoi ?! Tu as jamais eu de cliente qui aime en prendre deux pour le prix d’une ?! » La pistolera leva plus rapidement son bras face au fusiller et tira la première. Son ogive, sa balle coupa l’index de son ennemi. Il hurla à la mort, fit tomber son arme à feu. D’habitude la prédatrice tuait ses proies, mais pour les beaux yeux de ses louves, elle n’avait pas donné un patient pour la Faucheuse. « J’ai payé tes dames. » exclama Rosenberg qui récupéra son ceinturon pour le placer sur son épaule.

S’éloignant de la zone, se grillant une clope au passage, Jaina attacha correctement sa ceinture. Par des moulinets elle rangea ses deux colts dans les holsters. La fille de l’Homme à l’Harmonica n’était pas là par pur hasard. Rosenberg traquait une proie depuis plusieurs jours. Un prédateur affirmant être le meilleur de la détente. Un gêneur de plus pour celle qui désirait être la Reine des tireurs. Il y avait peu, l’albinos souhaitait abattre les célèbres frères Olson, hélas elle arriva trop tard. Sa proie d’aujourd’hui en était le responsable. Carol Reyghland. Au début Jaina pensait à une femme, sauf que les racontars affirmaient qu’il s’agissait bien d’un tireur et non d’une tireuse.

Les femmes avec qui elle avait passé toute la nuit possédaient des informations sur ce formidable gibier. Autant dire que la pêche fut bonne. À présent, elle se rendit dans un saloon, là où se terrait normalement un membre du nouveau gang de Carol dit l’Étranger. Le bandit logerait dans une chambre à l'étage. Poussant les portes battantes, sa tête inclinée pour permettre à son Stetson de cacher la moitié de son visage, Jaina mordit férocement le cul de sa cibiche. Ses oreilles qui fonctionnaient bien, entendirent le barman mentionner son prénom. L’enfant maudite ? Encore un nouveau surnom à ajouter dans son répertoire.

« On me demande ? » questionna l’albinos qui redressa sa tête en y retirant en même temps ses lunettes de soleil. Elle entama son chemin jusqu’au comptoir, les clients préférèrent se pousser pour la laisser passer. D’autres burent cul sec leurs Bière-Hat et s’empressèrent de quitter l’établissement. Le saloon devint moins rempli à l’arrivée de la cow-girl. « Ton meilleur whisky et un repas chaud. » Plissant ses rubis en se doutant que le gérant possède une arme derrière son comptoir, l’albinos sortit dans une vitesse époustouflante son révolver. Les moins bons, les moins expérimentés que Jaina pensaient qu’elle dégainait plus rapidement que son ombre. « Ton flingue tu le laisses bien sagement sur l’étagère. J’ai de l’argent, je suis une cliente, si tu me refuses dans ton établissement j’en parlerai au Juge du coin. On ne sait jamais…je peux avoir gain de cause… »

Posant son revolver sur la table, elle inclina son chapeau au touriste. Son teint de peau et l’ensemble de sa bouille ne correspondaient pas à un habitant de cette île.

« Je recherche l’Étranger et je m’appelle Jaina Rosenberg ! » déclara la Louve Blanche à l’inconnu. « Je t’ai entendu à l’extérieur, que tu cherchais ma proie. Tu lui veux quoi ? Si tu souhaites le dézinguer passe ton chemin, à moins que tu souhaites régler ça contre moi dans un duel. » fit-elle en effectuant un moulinet de son arme après l’avoir récupéré.

« C’est un ami à lui ! » balança le barman qui souhaitait sans doute compliqué les choses ou recevoir les faveurs de la louve pour sa propre sécurité.

« Ah oui ? Tu es aussi un bon tireur comme ton copain ? »

Tant de questions à l’encontre de Qin Shi Cai…
Jaina avait hâte de connaître les réponses. Affamée par sa chasse, elle avait en ce moment le tempérament à avoir la détente facile…et également à oublié qu'un membre de la troupe de l'Étranger avait loué une chambre en haut...
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MessageSujet: Re: Pour une poignée de berries   Pour une poignée de berries EmptyMer 6 Mar - 23:37

L'homme devint rapidement inintéressant aux yeux de l'albinos. Un tireur bon marché, ayant un revolver en guise de décoration. Ce fut presque une insulte pour Jaina qu'un individu se promène avec un colt à la ceinture sans savoir s'en servir. Il y en avait des tonnes sur cette île. Pourquoi ? Car l'arme était une assurance vie, une protection contre les gens malhonnêtes. Sans pétard, les coyotes attaquèrent les lièvres sans défense. Mais passons, revenons à cette histoire de cow-girl qui aurait voulu défier ce mystérieux personnage. Le tenancier de ce saloon remplit de poussières et sentant fortement l'homme, avait grossièrement raison sur le lien qu'entretenait le pied tendre.

Il jouait un rôle flou, ce qui donna beaucoup plus de méfiance et de curiosité à Jaina. Une personne qui considérait untel comme une connaissance pouvait soit le voir comme un allié, soit comme un ennemi. Alors, dans quel côté se trouvait ce méconnu ? Dans la logique de Rosenberg, gueuler haut et fort de traquer l'Étranger nuirait à l'inconnu s'il faisait partie du camp de ce dernier.

« Si tu n'aimes pas la violence et le tir, tu vas très vite être déçu d'Hat Island. C'est une coutume ici. Même les Juges y ont recours pour donner un semblant de justice en ces lieux. »

La louve retira sa cigarette de ses lèvres pour expirer la fumée prisonnière de ses poumons. Elle reçut son plat chaud ainsi que son whisky. Des haricots avec un morceau de veau. Décidément cet établissement était assez riche pour se permettre de servir un morceau de viande à sa cliente. Elle mouilla son index et son pouce pour pincer la tête fumante de sa cibiche et ainsi l'éteindre. Jaina rangea sa drogue dans une petite boîte métallique.

Attrapant ses couverts, elle découpa sa bidoche et s'empressa de manger son bout de viande. La cow-girl écouta les dires de l'inconnu. Il souhaitait le retrouver en s'aidant des talents de la Chapeauté, mais le pied tendre ne mentionnait aucune tuerie. Juste de rembourser les services de la louve en partageant tout. Qu'est-ce qu'il définissait par tout ? Son argent ? Son cheval ? Son flingue ?

« Si j'accepte. » reprit Jaina qui racla son assiette pour rassembler les haricots baignant dans de la délicieuse sauce. « Comment puis-je te faire confiance ? Quel est ton nom ? Si tu n'aimes pas la violence, que feras-tu si l'Étranger te tire dessus ? »

Ses questions, elle les avait posés après le râle de sa proie qui logeait toujours à l'étage. Pas la peine de se presser pour venir le cueillir, surtout en ayant demandé au musicien de reprendre sa musique pour éviter que le bandit sorte de sa chambre. Donnant quelques pièces de berries au patron pour le repas et l'alcool, Jaina termina ensuite son assiette. D'une traite, elle vida son verre. L'effet de l'alcool lui donna un bon coup de fouet.

« Le type en haut doit sûrement connaître la planque de ton homme. Si tu veux que je t'aide à traquer l'Étranger, il va falloir faire tes preuves. » Croisant ses bras sous sa poitrine généreuse, elle toisa l'inconnu tout en fronçant ses sourcils. « Je te laisse interroger son sbire qui doit passer du bon temps avec une courtisane. Si tu arrives à récolter l'endroit où se trouve son terrier, je t'emmène avec moi dans ma chasse. Si tu échoues, nous reprendrons nos routes séparément. » Elle haussa ses sourcils et observa de haut l'individu. Ses iris d'un rouge sang brûlèrent d'une animosité malveillante. La louve était affamée...désirant mordre de la chair fraîche.

Ne rajoutant aucun mot, plus de phrases composées voyelles et de consonnes, la Louve Blanche s’éloigna du comptoir pour emprunter l’escalier tapissé d’un ravissant paillasson vert émeraude. Instinctivement, elle préféra marcher sur les côtés pour ne pas salir l’épais tissu qui avait dû coûter une bonne blinde au maître des lieux. Arrivant dans un couloir donnant à des chambres de chaque côtés, Jaina entendit une mélodie amoureuse, plaisante entre un homme et une femme. Le sbire devait être dans la pièce numéro par le chiffre quatre. Plaquant son dos contre le mur d’en face, elle attendit que son potentiel allié décide de jouer le rôle d’interpellateur et d’enquêteur.
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MessageSujet: Re: Pour une poignée de berries   Pour une poignée de berries EmptyLun 18 Mar - 21:43

Jouant le rôle d'observatrice, la Louve Blanche ainsi nommée par les Drognars, décida de ne pas rester face à la porte de chambre de sa proie. Quand on dérangeait une personne faisant son affaire, il n'était jamais plaisant d'être interrompu. Donc, par mesure de sécurité, Jaina s'éloigna pour être devant l'autre chambre porteuse du numéro six. L'épaule contre le mur, ses mains agripant son ceinturon, Rosenberg resta silencieuse, curieuse de connaître le procédé de l'inconnu.

Si l'homme n'aimait pas la violence, il allait avoir beaucoup de mal pour faire parler un frère d'arme de l'Étranger. Au tout début, il frappa à la porte. Un procédé inutile surtout à la deuxième tentative qui créa une grande hostilité du gibier. Cela dit, Jaina nota que ce potentiel allié se débrouillait plutôt bien. Il utilisait sa cervelle et non de ses muscles. En l'observant entrer, l'albinos décida de remettre sa clope à moitié consumée entre ses lèvres. Faisant abstraction du boucan, elle alluma la tête de sa cibiche et se plaqua contre le mur pour laisser la charmante courtisane s'enfuir du couloir. Cette dernière avait pris son courage à deux mains pour quitter la chambre. Notons que Jaina en profita pour bien se rincer l'œil...

Prenant le temps de finir sa drogue tout en émettant un doux rire en entendant le sbire parler difficilement, Jaina revint lentement auprès de l'inconnu. Tout d'abord, elle ouvrit la fenêtre pour épargner ses narines de l'odeur nauséabonde de la pièce, puis elle vola les munitions du torturé. Radine, la cow-girl détestait dépenser son fric pour des broutilles. L'alcool et le tabac n'en furent pas parti.

« Pour quelqu’un qui n’aime pas le goût de la torture… » Elle soupire et reprit. « Le rocher des coyotes est à une demi-journée de cheval, à l'ouest de ce village. » déclara la Louve Blanche qui posa sa santiag contre le rebord de la bassine. Ses rubis lancèrent un regard infernal, démoniaque, digne du diable en personne. Le cow-boy se recroquevilla dans sa bassine, la peur lui fit voir une demoiselle des enfers venant chercher son âme. « Le nom n'est pas à prendre au sérieux, surtout pour un étranger. On l'appelle ainsi du fait que les personnes du mauvais côté de la loi y viennent pour préparer des sales coups. Là-bas, on y trouve un saloon isolé nommé : le rocher. Ne me demande pas pourquoi le bar se nomme ainsi, je n'en sais rien. »

Crachant sa clope qui percuta le front du bandit, l'albinos sortit de la chambre pour retrouver sa fidèle jument. Elle ne dit pas un mot de plus à l'homme qui ne s' était toujours pas présenté. S'il continuait à cacher sa réel identité, la cow-girl n'allait pas se gêner pour lui trouver un petit surnom. Malheureusement, il sera moins plaisant que pour celui d'une femme.

Empruntant la descente d'escalier, le musicien reprit sa musique, préférant ne pas se poser de questions à propos des précédents coups de feu et hurlement d'en haut. Tout était parfaitement normal, surtout à Hat Island. Se poser trop de questions finissait par raccourcir sa propre existence. Jaina attrapa une pièce dans sa poche pour la jeter non pas au tenancier, mais au pianiste qui donnait de l'ambiance dans le bâtiment.

Sortant de la bâtisse, enfilant ses lunettes de soleil, Jaina siffla après avoir placé son pouce et son index entre ses lèvres. Par ce son, Orphée galopa jusqu'à sa maîtresse, heureuse de la retrouver. Le canasson  donna un coup de museau pour réclamer de l'attention, des cajoleries et surtout un bon brossage. Caressant le chanfrein, la cow-girl lui promis de s'occuper de son toilettage après son affaire régler.

Grimpant sur la selle d'Orphée, Jaina attendit que son nouvel allié récupère son compagnon à quatre sabots. Une fois que cette attente fut terminée, Jaina ouvrit le chemin jusqu'au Rocher des coyotes. La traversée fut longue, ennuyante et éprouvante à cause de la forte chaleur. Une fois proche des lieux, Jaina se tourna face à son collègue. La voie était dégagée, n'offrant pour le moment aucun traquenard. C'était à l'intérieur du bar que tout pouvait dégénérer.

« Nous y voilà. As-tu un plan avant de rentrer dans le saloon ? » questionna la louve qui préféra jouer de la prudence. « Ou souhaites-tu renoncer ? À l'intérieur du rocher, nous n'y serons pas les bienvenues. »
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MessageSujet: Re: Pour une poignée de berries   Pour une poignée de berries EmptyMer 10 Avr - 21:59

Sa destination enfin atteinte, Jaina descendit de son fidèle destrier. Elle tenait toujours les rênes en cuir pour y faire un noeud sur la barre d'attache. Ainsi, Orphée ne pouvait pas s'échapper et les voleurs devront passer du temps pour retirer le lien bien emmêlé. Ayant promis un brossage pour son amie, la louve ne s'occupa plus de son collègue, qui, une fois ses pieds à terre entra dans le saloon. L'albinos récupéra une brosse dans l'une des sacoches accrochées à sa selle. Avec amour, Jaina astiqua le cuir de la robe ténébreuse de sa belle. Elle y retira les bactéries se baladant sur la peau de son animal tout en améliorant son lien avec ce dernier. Son travail durement accomplit après plusieurs minutes, Jaina rangea l'objet et effectua une petite tape amical sur la fesse droite d'Orphée.

Faisant à présent face aux portes battantes, les mains tenant fermement le ceinturon, Jaina se remémora les paroles de son partenaire de crime. Ils étaient déjà repérés, installant une certaine intelligence et prudence au sein de son adversaire se faisant appeler l'Étranger. Cela réjouit intérieurement Jaina Rosenberg de devoir traquer un gibier beaucoup plus malin que ses congénères. D'après son potentiel ami, son ennemi aurait pu abattre les deux cavaliers depuis un temps. Donc, le prétendu tireur surveillait de loin la Louve Blanche, comme un vautour guettant l'occasion pour voler de la chair humaine.

Entrant dans le bâtiment, l'ambiance pesante devint encore plus désagréable. Visiblement, sa réputation atteignait également cet endroit perdu. Était-ce le fait qu'elle était la fille de Lawrence Rosenberg ? Ou bien que ses nombreux crimes à elle lui donnait une bonne renommée sur Hat Island ? Passant ses crocs contre sa lèvre inférieure comme s'il s'agissait d'une caresse, Jaina préféra ne pas retirer son Stetson ainsi que ses lunettes de soleil. Les bonnes manières ne furent pas dans le dictionnaire de la prédatrice.

D'un pas en direction du comptoir, du bar, les bandits proches de la sortie eurent le réflexe d'approcher leurs mains sur leur holster. D'une patte de louve à l'avant pour dépasser l'autre, un homme détenant un ventre bien rond se leva de sa chaise pour tenter de dégainer son pétard. Il fut surpris de constater que Jaina était nettement plus rapide que ce dernier. L'homme se ravisa en reposant son pistolet dans l'étui, en levant ses mains au ciel tout s'asseyant sur sa chaise.

Désormais face au présentoir, l'albinos le contourna pour chercher dans le stock une bouteille de whisky. La plus forte, la plus efficace pour lui permettre d'oublier, de ressasser de mauvais souvenir. Elle trouva son trésor en saisissant une bonbonne poussiéreuse. De sa main, elle retira les particules pour inspecter l'étiquette. Jaina ne connaissait pas la marque et haussa ses épaules. Retirant le bouchon, la buveuse vida la moitié du contenu pour être suffisamment satisfaite.

Que cherchaient ces deux visiteurs dans ce trou perdu remplit de coyotes ? Un règlement de compte bien évidemment. Jaina qui lâcha un bon rot, ne mâcha pas ses mots pour expliquer sa venue.

« Nous cherchons l'Étranger. Il piétine mon territoire, attaque mes proies sur mon terrain de chasse et se permet d'affirmer d'être un excellent tireur. » Violemment, la prétendante au titre de Reine des tireurs voulu poser la bouteille sur le bar. Résultat ? Sa force brisa le récipient allongé, l'alcool se dispersa un peu partout, tâchant au passage le haut de la jeune femme. Elle pesta dans sa barbe inexistante et attribua un coup de santiag sous le menton du tavernier. Sa faute à vouloir saisir son fusil de chasse sous le comptoir. Dans le royaume des songes, le nez en sang et la bave sortant de ses lèvres, le gérant de l'établissement ne posa plus aucun problème.

« L'Étranger n'est pas encore là... » révéla le plus lâche de la bande. Soudainement, il s'attira la foudre des regards de tout ses petits copains. « Il...il se pointe toujours vers dix-neuf heures pétante. Mais...mais on était déjà au courant de votre venue. L'Étranger est...est très prudent. »

Plissant ses rubis, les bras croisées contre le comptoir, la louve inspecta l'horloge accrochée contre l'un des murs du bâtiment. Les aiguilles désignèrent dix-huit heures et quatre minutes. Pour passer le temps, Jaina pouvait éliminer toutes les personnes sauf son partenaire dans l'établissement. Néanmoins, elle jugea bon de ne rien commettre. Son copain n'aimait pas la violence.

Sortant de sa sacoche accrochée autour de sa cuisse un paquet de cartes, Jaina proposa à son allié une petite partie pour passer le temps. Elle n'avait aucun souci à se faire des coyotes, la louve sera toujours plus rapide pour mordre ces charognes.

« Tu veux jouer ? Au fait c'est quoi déjà ton nom ? » Elle se souvint de la mention de Kanokuni dans les révélations de ce dernier lors du trajet. « T'es un cousin de Feng Han ? Tu m'as l'air aussi déterminé que lui. J'ai croisé ce maréchal sur cette île exotique, il m'a foutu en taule pour avoir agressé un menteur se prétendant être bon tireur. »
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MessageSujet: Re: Pour une poignée de berries   Pour une poignée de berries EmptySam 11 Mai - 22:48

Son partenaire de crime accepta la fameuse partie de cartes. Distribuant le bon nombre à celui qui désirait ne pas émettre son identité, l'albinos choisit de ne pas être très sympathique envers ce dernier. Du moins, pour les manches de poker qui tuaient le temps. Il restait environ quarante minutes avant l'arrivée du soi-disant pistolero. Au fond de son être, son palpitant bouillonnait d'impatience et d'excitation. Si le bonhomme disait vrai, l'Étranger représenterait une proie de qualité. Depuis sa péripétie pour être la meilleure tireuse au monde, l'albinos se confrontait généralement à de grandes gueules qui n'avaient rien dans le pantalon. Ce gars pouvait changer la donne et remplir pendant un temps l'estomac de la Louve Blanche.

Ayant fait attention de récupérer les bonnes cartes pour remporter à coup sûr cette première bataille, Jaina gardait un fragment de son attention sur les cow-boys qui remplissaient ce bar miteux. Autant dire que sa présence ainsi que celle de son coéquipier installait une nervosité palpable. Beaucoup pourrait dégainer leur pétoire et tirer sur les deux gêneurs, seulement Jaina était réputée pour être très rapide et adroite au tir.

Tout à coup, un élément de surprise ou du moins tant attendu, mais arrivant bien vite, perturbe la conversation entre les deux. La vieille pendule se mit à chanter, à prévenir qu'il était dix-neuf heure pétante. Ce gong signala que l'Étranger allait enfin venir. Tout le monde fut à son paroxysme, sauf Jaina qui décida de poursuivre la conversation, mettant fin au silence oppressant.

« Feng ferait un bon Juge pour Hat Island. » ajouta la desperada en changeant discrètement un dix trèfles contre une dame de cœur qui se trouvait sous sa manche. « Il est droit dans ses bottes, ne se laisse pas marcher dessus et apporte de la crainte aux bandits. Hat Island serait légèrement plus sûr en sa présence. »

Quelle ironie de parler en bien à la personne qui avait non seulement réussi à coffrer Rosenberg, mais aussi à garder ses anciens pétards durant son évasion. Ce fut une réelle défaite pour l'albinos que de se frotter à ce spécimen. Sa réputation en prit un coup, néanmoins la Louve Blanche avait réussi à s'évader par ses propres moyens. La prochaine fois, Jaina comptait réussir à surpasser ce brave homme. Elle avait appris deux trois choses grâce à Feng. Savoir comment protéger d'une main de fer son pays. Car oui, la cow-girl espérait conquérir Hat Island y établir ses propres lois.

Subitement, après ses dires en la faveur du Maréchal, l'antagoniste de cette histoire décida de présenter son show, son numéro éclatant et bruyant. Une balle, un projectile, un plomb qui entra dans la bâtisse, décida de rebondir sur un fer à cheval et de s'orienter sur Jaina. Répondant par toute son excitation, la cow-girl sortit un revolver par sa vitesse inouïe, légendaire, bref son "Infernal Speed" lui permit de non seulement dégainer, mais aussi de tirer dans la trajectoire de la balle. Les plombs se heurtèrent dans un son strident qui provoqua une légère étincelle.

Comme disaient les Drognars, la hache de guerre fut déterrée. Les faibles au foie blanc sortirent leurs joujoux pour canarder les deux gêneurs de l’établissement qui furent Qin et Jaina. Tous deux se jetèrent derrière le bar après que le coéquipier de la louve eut lancé un petit cadeau pour les hostilités. Un composant chimique nettement inflammable. Nom d’un cheval, il en a fallu un poil de cul pour que Jaina ne soit pas carbonisé comme les cow-boys malchanceux.

À couvert derrière le comptoir, Jaina pesta en sentant une vive douleur à sa main gauche qui venait d’embrasser des morceaux de verres et ainsi provoquer un début de saignement. Heureusement, ce ne fut pas sa paluche directrice bien que la cow-girl était ambidextre, un talent indispensable pour un tireur. Levant sa tête pour observer le grand miroir reflétant l’intégralité de la pièce, la desperada pouvait s’assurer du nombre de bandits encore debout. Une petite poignée comparée au grand monde de tout à l’heure…

Attendant que les assaillants vident tous leur chargeur en même temps comme des idiots, Jaina Rosenberg sortit de sa cachette pour canarder les ennemis. Une balle pour chaque opposant, ce qui fit un nombre de six morts. Puis, elle attrapa son deuxième pétard reposant dans son deuxième holster. Toujours avoir un revolver de secours. Cette dernière effectua le même schéma d’attaque, marquant sur son ardoise six autres victimes dans sa longue liste de personnes qu’elle avait osé tuer. Ce fut cependant insignifiant pour battre le record de son père Lawrence Rosenberg.

Puis se doutant que l’Étranger guette une opportunité à l’extérieur pour entamer un deuxième round. Jaina décida d’envoyer un cadeau à l’ennemi qu’elle désirait surpasser. Pendant qu’un voyou s’apprêta à se précipiter sur la sortie. Jaina alluma la mèche d’une dynamite et balança l’explosif pour que ce bâton rouge mentionnant TNT, tatoué sur sa peau, atterrisse dans le sac en bandoulière du Chapeauté. Ni vu ni connu, le bandit sortit de l’établissement, les bras en l’air pour être épargné par l’Étranger. Une faute à ne pas commettre, surtout contre Jaina Rosenberg. D’une distance raisonnable, le fuyard qui ne se doutait pas d’être devenu une bombe humaine, explosa à l’extérieur en laissant les résidus de son corps s’éparpiller un peu partout de la zone. Pendant ce temps, l’albinos pointa du doigt une porte de sortie donnant sur l’arrière du bâtiment.

« Profitons-en pour filer du bar et prendre par surprise le gars que tu recherches. » proposa la Louve Blanche qui rechargea minutieusement ses deux revolvers. Elle espérait au fond de son être que l’explosion surprise puisse avoir blessé sévèrement ou légèrement le tireur d’élite se nommant l’Étranger…
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MessageSujet: Re: Pour une poignée de berries   Pour une poignée de berries EmptySam 17 Aoû - 11:10

Il courut, il se précipita pour échapper à une mort certaine. Le fuyard espérait pouvoir garder la vie sauve en s’échappant du bar. Hélas, le faible au foie-blanc ignorait qu’un remarquable explosif reposait dans son sac en bandoulière. Voyant que l’Étranger du nom de Carol Reyghland n’avait absolument rien à cirer de la poule mouillée, il fut extrêmement surpris lorsqu’une explosion surgit du cow-boy.

Le souffle de la détonation envoya valdinguer l’antagoniste de cette histoire, brûlant au passage une bonne partie de son corps. Il fut encore en vie, témoignant sa rage de survivre. Il était recouvert de sables et en avait même mangé un peu. Sa langue était recouverte de petits grains et autant dire que la sensation dans sa bouche était nullement agréable. L’Étranger toussa, encore et encore. Le pistolero cracha pour retirer le plus possible de sables dans sa gueule.

Carol grogna d’énervement en sentant de vives douleurs à la partie droite de son corps. De grosses sensations de brûlures, pire que des coups de soleil. Il n’aurait jamais cru que Jaina Rosenberg soit aussi folle pour utiliser un explosif. À croire que tous les Chapeautés d’Hat Island étaient fous.

Pendant ce temps, de l’autre côté, la Louve Blanche arracha la manche de sa chemise blanche pour compresser la blessure à sa main gauche qui avait été désinfectée grossièrement avec une bouteille d’alcool encore en vie. Les morceaux de verres venaient de réaliser une magnifique coupure. Son hémoglobine, rouge comme la couleur de ses yeux, tâchait ses vêtements, le parquet et même l’un de ses colts. Si l’arme n’allait pas être nettoyée, le sang endommagerait sévèrement le pétoire. Que fit Jaina Rosenberg ? Elle préféra balancer son arme dans l’espoir d’en retrouver une autre. La flemme de devoir entretenir des armes qui pouvaient être ramassées à la pelle sur Hat Island.

Comme convenu, Qin et Jaina sortirent de l’établissement qui était en piteux état à cause de la dynamite. Ils évacuèrent par la porte à l’arrière du bar et l’accès en bois tomba sur le sol lorsque Jaina tourna la poignée. Le bâtiment partait en ruine…

Le silence qui dominait à présent les lieux, devenait extrêmement gênant, voire même alarmant. La fumée de l’explosion empêchait qui que ce soit d’avoir un merveilleux champ de tir. Quant à l’odeur de cochon grillé, cela agressait les narines de la Louve Blanche. Elle préférait sentir le doux parfum de la poudre à canon ou encore celui des femmes.

Franchissant l’épais nuage de fumée et contournant le cratère creusé par la dynamite, la cow-girl albinos se retrouva nez à nez avec l’Étranger. Il se tenait contre la roue d’un chariot, son pétard positionné en direction de Jaina. Sa main droite tremblait, le blanc de ses yeux étaient irrités, son visage était parsemé de sables. Son doigt, son index ne pressait pas encore la détente. Son pouce quant à lui caressait le chien du revolver, prêt à l’enclencher pour un tir rapide.

Jaina s’arrêta et n’eut pas besoin d’avertir Qin de lui laisser ce duel. Il s’éloigna de la zone, permettant à Rosenberg d’entamer cette confrontation. Les mains sur son ceinturon, son regard bien fixé contre l’Étranger, la Louve Blanche prit moins de bouffée d’oxygène pour permettre à son palpitant de calmer la cadence.

Le vent se mit à souffler, caressant la bouille des deux desperados. Le duel de regard se poursuivit. Sans un mot. Sans un juron. Sans une quelconque personne pour venir les enquiquiner. Un tumbleweed roula entre les deux personnes pour se perdre quelques secondes plus tard dans le désert hardant d’Hat Island.

La tension monta, les sourcils se froncèrent et l’envie de tuer l’autre domina les tireurs. Chacun tenta d’éliminer son adversaire et seulement un coup de feu retentit. Jaina Rosenberg avait tiré la première, découpant l’index du tireur avec son ogive. Sa balle se planta en même temps dans l’épaule de l’Étranger. Pour une fois, la Louve Blanche ne tua pas sa proie, ce qui était plutôt rare. Elle préféra honorer son marché avec Qin. Lui laisser le type en vie pour une raison que la hors-la-loi ignorait.

La cow-girl tourna son arme autour de son index et le rangea dans le holster. Elle s’approcha de l’Étranger qui se trouvait à genoux. Jaina serra encore plus son pansement provisoire pour mieux compresser l’hémorragie à sa main gauche.

« Que je ne croise pas à nouveau ta sale gueule sur mon territoire, car la prochaine fois c’est ta vie que je prendrais. » Souriant faussement, Jaina vola la bourse de son adversaire. À l'intérieur, une poignée de berries. Elle inclina son chapeau aux deux hommes en guise de salutation et entreprit le chemin du retour. « Qin, je te conseille de quitter l’île par Fortifio. C’est le meilleur moyen pour éviter l’organisation d’Hector Gabril. Bonne chance avec ta proie ! »

Sifflant pour appeler sa jument Orphée, la demoiselle porteuse d’une élégante robe ténébreuse rejoignit sa maîtresse en gémissant de mécontentement. Elle avait échappé de peu à l’explosion et souffla bruyamment dans ses babines. Rosenberg caressa son chanfrein et lui promit de la brosser et de la cajoler lorsqu’elles seront de retour en ville. Un marché qui plaisait énormément à Orphée. Lorsque sa cavalière l’enfourcha, la jument se mit au trot pendant que Jaina joua un morceau de son harmonica…
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