Mais que diable faisait Jaina dans ce bourbier. Mais pourquoi ô pourquoi se retrouvait-elle dans une cantine, en compagnie de personnes extrêmement bizarres qui faisaient tous penser à être dans un culte. Ils avaient presque tous la même coupe de cheveux, dont beaucoup avec une calvitie. La plupart détenaient ce défaut naturellement, d’autres c’étaient rasés volontairement. Ils dégagèrent une allure très affreuse aux yeux de l’albinos. En plus de cela, certains virent en Jaina l’incarnation d’un démon de Satan. Cheveux blancs, peau cadavérique et surtout des iris rouges sanguins. Un vampire. Voilà la définition des idiots qui crurent aux sornettes qui sortaient des livres et des pièces de théâtre.
Quand la demoiselle eut demandé à boire, beaucoup se sont repliés dans un coin de la pièce en cachant leur cou avec leurs mains. Celui qui géra les boissons de la cantine, servit un verre de vin rouge tout en priant que Jaina ne remarqua pas le goût du raisin plutôt que celui du sang. Grossière erreur, la cow-girl s’était énervée en renversant le verre sur le sol. De tous les alcools, Jaina Rosenberg avait une sainte horreur du vin, qu’il soit rouge ou blanc. L’odeur restait infecte pour les nasaux de la louve et le goût correspondait à la pisse de chat. C’était sa manière de décrire bien que la demoiselle n’ait jamais trempée ses lèvres dans de l’urine.
Et puis l’alcool parlons-en. Les soi-disant religieux qui se surnommèrent les Maîtres du feu, ne devaient pas consommer de boisson forte. Cela était interdit dans leur fameuse bible, religion ou merdier qu’ils entretenaient avec soin. Autant dire que la demoiselle se retenaient de péter un câble dans cette joyeuse cantine religieuse.
Vint le moment le plus étrange de la journée de Jaina. Les Maîtres du Feu se mirent à louanger ensemble par une intonation forte le Mont Jifu-san. Pour eux, un Dieu. Pour Jaina, une simple montagne qui correspondrait, selon les dires des gens au terme de volcan. Pour éviter de trop attirer l’attention, ce qui fut déjà un véritable échec, la demoiselle leva son gobelet d’eau (car oui ça lui arriva d’en boire) pour accompagner les louanges de cette haute divinité. Pour la hors-la-loi, sa seule croyance reposait sur une loi. Celle du plus fort.
« Vous aussi vous vénérez notre dieu Jifu-san, voyageuse ? » demanda un jeune moine guerrier qui débordait de passion pour son adorable culte. Sûrement une jeune recrue ayant raté sa vie. « Il est rare que les Maîtres du Feu accueillent des femmes. »
Un rictus apparut sur le visage de Jaina. Elle détestait entendre ce genre de remarque. Cela virait toujours au sujet de la supériorité de l’homme contre la femme. La rose se contenta de boire une gorgée de son eau pour faire passer sa colère grandissante. Ça lui démangeait de sortir son flingue et de commettre un nouveau chaos.
Elle allait lui parler, mais le gosse rajouta la phrase de trop. Que les femmes servaient principalement aux petites tâches. Le corps de la renégate réagit tout seul. Sa main attrapa les cheveux du gosse pour l’écraser contre la table en bois. Elle répéta l’action deux fois de suite pour s’assurer que le gamin comprenne le message.
Encore une fois, le caractère chaud bouillant de Jaina entraîna la colère de l’intégralité des moines combattants. Ces derniers pouvaient être superstitieux, mais reprenaient leur courage quand il s’agissait de protéger un membre du culte. Tous effectuèrent des cris de guerre, des mouvements dans le vent en tapant dans le vide. Bref, ils souhaitèrent en découdre.
Se levant de son siège, montant sur la table en se servant du banc comme escalier, l’albinos dégaina son revolver pour potentiellement faire parler la poudre. Elle ne remarqua pas qu’un nouvel invité venait de rentrer dans la cantine.
« Celui qui dénigre encore les femmes, je lui fais un deuxième trou au cul ! Et votre saint Fuji-san, vous pouvez vous le fourrer là où je le pense ! J’obéis à une seule règle. La loi du plus fort ! »