Après un gros effort, le lourdaud détenant un poids astronomique et un physique peu avantageux pour séduire la gent féminine, jette une caisse bien lourde dans un coin de la pièce, là où se trouvent d’autres boîtes identiques à la première. Il tente de retirer la sueur sur son front trempé mais rajoute encore plus d’humidité à cette partie du visage. Il n’en a cure de cette transpiration après son travail fourni car le gros lard pense déjà à se délecter d’une bonne bière bien mousseuse. Sa langue s’agite déjà dans sa bouche lorsque le cerveau de l’homme ressasse le souvenir du goût de l’alcool. Vivement la fin de son job pour décompresser.
Il se retourne pour faire face à la porte de sortie de l’endroit pour se retirer, se congédier lui-même. Hélas, la porte est bloquée par une femme adossée contre l’issue. Visage baissé, son chapeau sombre empêche au grassouillet d’apercevoir le visage de l’inconnue. Bras croisés contre sa poitrine généreuse, la cowgirl ne pipe aucun mot, jalousant les statues pouvant être aperçus dans Middlefall.
«
T’es qui toi ? » questionne l’intéressé qui ose approcher son horrible silhouette de la demoiselle. Le flair de l’homme qui semble bien développé, entraîne subitement une transformation soudaine du balourd après avoir reniflé une odeur écœurante. Il est un Mutant, un humain mordu par un autre qui ont la fâcheuse manie de casser les oreilles aux autres en dévoilant leur amour à la Lune. Lorsque ses pattes réduisent dangereusement la distance, la cowgirl se contente d’ouvrir la porte. «
Sam ! Un partenaire de jeu pour toi. » déclare l’inconnue qui après avoir ouvert la porte, fait ressortir une montagne vivante ressemblant à un homme appartenant au clan Noctix.
Des hurlements, grognements et autres bruits qui n’ont pas besoin de description résonnent dans la pièce pendant une longue minute. Le Mutant décède dans un bain de sang dont le liquide rougeâtre détient une odeur répugnante et repoussante. La cowgirl, Cassidy O’Hara qui se fiche du règlement de comptes de tout à l’heure, se contente de fouiller les caisses remplies d’armes à feu. Sur chaque bagage, le mot Campbell y est représenté. Un nom de famille qui répugne l’albinos.
Ainsi donc, le marché noir se poursuit encore et toujours dans Middlefall. L’empire de Conor Campbell vit toujours. Plissant ses cristaux sanguins, celle qui devait hériter de la pègre de son grand-père se demande si sa sœur jumelle ne serait pas la fautive de ces choses. «
Sam ? As-tu gardé la lettre d’invitation de Cornelia ? » interroge la prédatrice qui se met devant son adorable ami. Silencieux, le grand spécimen ressort de sa veste en cuir la fameuse enveloppe détenant l’emblème de sa famille de sang. De l’un de ses ongles, Cassie déchire le sceau en deux puis ouvre la peau du papier. Dépliant le message, les pupilles de la Morifer effectuent des va-et-vient de la gauche à la droite lors de la lecture. Puis, après être sortie de la pièce et d’avoir enjambé les nombreux cadavres dans le bâtiment anciennement détenu par un gang, un rictus se dessine sur les lèvres pulpeuses de Cassidy…
D’innombrables heures se sont écoulées, la rose ressort de son repos réparateur. Bien au chaud dans les couvertures de son lit, la barmaid est prisonnière d’une étreinte endormie. Avec délicatesse, la vampiresse retire les bras d’une Gwynevere encore plongée dans un profond sommeil. La veuve pense rester encore quelques minutes à contempler cet amour innocent. À tomber encore plus amoureuse de cette Aphrodite et pourquoi pas succomber à l’envie de la réveiller par un acte très intime. Cependant, la gérante de l’Impératrice se doit de remplacer deux de ses filles qui tiennent actuellement le bar. Alors, la Nosfer dévêtue de ses vêtements, ouvre sa garde-robe pour enfiler une seconde peau bien plus présentable pour ses clients. L’accoutrement habituel joue l’affaire.
Enfin prête, elle entretient quelque temps le service, toute seule pendant que sa chère et tendre ressorte du royaume de Morphée. Cassidy compte lui laisser l’occasion de se préparer pour le repas familial de la Duchesse Campbell. Après avoir géré les affaires, calmé une bagarre dans l’Impératrice puis donné les directives à Sam pour garder l’établissement en son absence, l’albinos rejoint ses filles et sa femme à l’extérieur du bâtiment dans une diligence. Lors du voyage jusqu’à Astrostorm, qui se demeure très long, Cassidy n’est point décidée à faire travailler ses cordes vocales comparées à ses filles qui sont beaucoup trop enjouées de revoir leur tante. L’ancienne mercenaire souhaitait ne jamais remontrer le bout de son nez dans les terres des Campbell. La dernière fois qu’elle a franchi le territoire, ce fut pour retirer la tête du patriarche de ses épaules par simple vengeance…
«
Donc, c’est ici que vous avez grandi mère ? » interroge d’une voix curieuse et très douce la plus jeune des filles de Cassidy, c’est-à-dire : Vanessa. Malheureusement, la plus adorable des sœurs ne reçoit aucune réponse de la matriarche. «
Je…je vous prie de bien vouloir recevoir des excuses, mère. » reprend-elle en baissant son visage tout en se faisant consoler par ses deux autres frangines.
Depuis longtemps, l’albinos déteste parler de son passé. Que ce soit pour ses filles et même sa femme. Néanmoins, elle est consciente qu’elle va devoir fournir des efforts durant cette soirée. Alors, son attention toujours portée à l’extérieur, son menton reposé contre le ventre de sa main accoudé à la fenêtre du transport, sa voix se fait soudainement entendre. «
Oui. J’ai grandi ici. Avec votre tante, jusqu’à mes vingt et un ans. » dit-elle dans un effort presque surhumain…
À destination, Cassidy sort la dernière du chariot et paye le cocher. Attrapant la main de sa femme et lui déposant un baiser sur le front, la cowgirl finira par donner férocement un grand coup de sabot aux longues portes d’entrée du manoir pour signaler sa présence à son adorable sœur…
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