02 - A la recherche des disparus

Si Kanan a confiance en sa boule de poils ? Il se permet de jeter un bref regard à son félin tout en émettant un simple sourire. Bien sûr, le ranger a une grande confiance envers son Lixy. Disons que tous deux ont un lien très fort. Ils ont été victimes de la violence humaine donc ces derniers se sont très vite bien entendu. Mordred est devenu presque comme son défunt Caninos et il ne compte pas refaire la même erreur que dans le passé. Cette fois, son chaton électrique passe avant les autres. Disons que revivre une deuxième fois l'expérience d'avant n'est pas envisageable pour le motard. Kanan hoche donc sa tête pour confirmer la suggestion du Lieutenant Tallmaze.

Doucement, il dépose son Pokémon sur son épaule tout en oubliant aussitôt la douleur des griffes du chat qui s'est fermement agrippé contre sa veste de ranger. C'est parti pour avoir encore des petites cicatrices, comme-si le ranger n'en avait pas déjà assez sur lui, surtout à ses mains qui ont connu le véritable enfer lors de la perte du Caninos... Y repenser procure des désagréments, comme des fourmillements à ses phalanges, doigts, mains.

Fabien évoque l'hypothèse que les sans-abri pourraient squatter les parcs. Ça aurait du sens pour plusieurs raisons. C'est un lieu parfait pour du trafic. Il y a ses bancs qui serviront de couchettes pour ces derniers. De plus ces endroits regorgent de gens, dont des vieux qui ont toujours le cœur gros sur la main pour donner quelques petites pièces aux pauvres. « L'avantage de travailler en pleine nature c'est de ne pas rencontrer ce genre de situation. » explique d'un ton ironique Kanan au sujet des sans-abris qui repoussent consciemment ou non les citoyens des villes. Ces habitants en question qui font également la même chose que les SDF en se baladant par exemple dans les forêts faisant ainsi fuir les Pokémons.

Une fois à l'extérieur du Commissariat tout en ayant entendu l'échange entre Fabien et son supérieur hiérarchique, Kanan ne put s'empêcher de sourire à nouveau. Cet officier est lui aussi pas très délicat envers sa hiérarchie, tout comme Kanan avec la sienne. De quoi penser que son partenaire sera de bonne compagnie contrairement aux innombrables individus que Grynberg n'a jamais piffrés.

Débutant la marche, les mains dans les poches de son haut, son regard colérique, orageux, se fige légèrement sur un jeune homme qui s'apprêtait à dérober le portefeuille d'une dame. Son esprit souhaite intervenir mais son corps ne l'a pas fait pour la simple et bonne raison que le Pokémon de la victime, un Malosse, s'occupe directement du derrière de l'auteur des faits par une bonne morsure. C'est à ce moment que Fabien lui demande des informations sur la manière de communication des rangers.

« Eh bien, nous avons des radios portatives comme vous. » répond automatiquement Kanan en décrochant une radio de son ceinturon. « Cependant, je m'en sers uniquement dans ma zone de travail. Être à l'intérieur de Feranium c'est votre territoire et pas le mien, ce qui fait que je ne capte pas les transmissions de mes collègues qui bossent à l'extérieur mais les vôtres. » Rangeant soigneusement l'outil, il sort cette fois son téléphone portable. « J'ai juste ça, en cas d'urgence. »

Après un bon quart d'heure de marches, le lieu dont le lieutenant de police mentionne semble être devant Kanan. Une simple maison, vieille comme potentiellement le retraité. Avec curiosité, le ranger observe chaque centimètre de ce logement. Son regard colérique est minutieux, semblant y déceler le moindre indice sur le vécu de ce bâtiment. Tallmaze évoque la non-présence d'un Mastouffe ce qui signifie que le requérant de Fabien ne se trouve pas dans les lieux.

Sans un mot, Grynberg pose un genou sur le sol. Il y attrape une petite gerbe de poils qui restait accrochée au tapis de l'entrée. Le Pokémon devait dormir ici, peut-être pour surveiller l'entrée ou simplement prendre un bain de soleil. Impossible cependant de savoir si la place est chaude ou refroidit à cause de ses mains brûlées qui sont cachées sous ses gants en cuir marron. « On rencontrera peut-être ton collègue au parc. Je suppose que c'est un bon endroit pour promener son Mastouffe ? » Il reprend de sa hauteur, et souffle sur son gant pour y chasser les poils du Pokémon. Puis, aussitôt, lorsque les cheveux du Pokémon s’envolent dans les airs, le brun décèle un fin indice qu’il n’avait pas découvert tout de suite. Le paillasson devant l’entrée est légèrement décalé. Comme-ci on l’avait retiré. Hors s’il s’agit d’enlever les poils de la bête, cette hypothèse est absolument fausse, incorrecte. Pourquoi ? Car ce tapis qui est honnêtement de mauvais goût possède encore les résidus du Mastouffe.

Pliant ses jambes pour baisser en hauteur, le solitaire déplace le tapis pour y découvrir un trousseau de clés. Ça confirme donc que le retraité est parti se promener avec son compagnon. « Bon, allons au parc lieutenant. » reprend d’un ton neutre le ranger qui se redresse pour emprunter le chemin du parc. « Vous êtes Policier depuis longtemps ? » demande curieusement Kanan qui pense également que continuer la conversation sera peut-être plus appréciable que de rester froid et muet pendant le reste de la mission. « Simple déduction mais, vos supérieurs doivent vraiment vous apprécier pour vous laisser carte blanche. » Chose qui n’est pas le cas pour Grynberg dans son lieu de travail. Disons qu’il est la bête noir, le vilain petit canard. Kanan fait son taff oui, mais pas pour les beaux yeux de ses collègues, juste parce qu’il doit le faire tout simplement. Enfin, c’est une autre histoire…

Arrivant au parc, Mordred son Lixy saute de son épaule pour atterrir sur ses quatre pattes dans la pelouse tondue. Il se roule, mordille l’herbe morte puis se calme aussitôt lorsque le ranger repère un sans-abri dégustant une bière très acide. De sa poche il sort quelques Pokédollars puis une fois près de sa cible, Grynberg remplit légèrement le récipient du type. « On raconte que des enfants et des Pokémons disparaissent dans les rues de Feranium. » s’adresse Kanan au SDF qui est tout heureux de compter les petits billets qu’il vient de recevoir. « J’crois que tu trouveras c’que tu cherches dans les bas quartiers. J’y vais plus d’puis des mois mais il paraît qu’ya du trafic douteux. » Il rigole d’une manière assez folle dans sa barbe blanche ressemblant à celui du Père Noël. « Mon gars t’es généreux avec un papi comme moi. Vous v’lez pas me donner une p’tite pièce m’sieur le policier ? »

Souriant sur la demande du vieillard, il esquive un léger rire amusé puis décide d’orienter son attention sur Tallmaze. « On tente de trouver ton ami ? Il ne doit pas être bien loin et je ne pense pas que ce parc doit être grand. »