Le papier est gratté par la plume fraichement encrée de l’écrivaine qui entame la sixième ligne d’une écriture extrêmement soignée, cachant l’intelligence et la manipulation de la propriétaire des mots imprimés sur cette feuille importante. Voilà bien des heures que malgré la présence de la Baronne, la pièce, le bureau reste silencieux à part bien entendu les sons provoqués par le bout de la plume. Une lettre majuscule est écrite pour débuter une nouvelle phrase, un point termine cette dernière pour laisser harmoniser les nombreux mots qui composent cette phrase. La lumière de la lampe à huile éclaire faiblement le bureau de la propriétaire des lieux, sa flamme est presque à l’agonie, sûrement épuisée d’avoir travaillée de nombreuses heures pour l’écrivaine. Peut-être que l’on peut entendre ses faibles plaintes mais malheureusement elles n’arrivent pas à l’ouïe de la Duchesse Danvers. C’est après quelques minutes, que la lettre est enfin rédigée, possédant au passage le sceau de la famille de Cassidy. Demain, ce bout de papier sera directement et secrètement transmis à la Reine d’Angleterre, cette Victoria toujours aussi désespérée de ne plus pouvoir être avec son mari car celui-ci était mort. Posant la plume sur son socle à côté de l’encrier, pliant soigneusement la lettre pour la recouvrir de son enveloppe, les faibles lueurs du soleil commencent à éclairer le bureau, obligeant l’Anglaise ou plutôt l’Américaine à fermer une de ses paupières par gêne des rayons lumineux. Encore une fois, la louve vient d’effectuer une nuit blanche à cause de son lourd travail de Conseillère. Heureusement, la fatigue ne pèse pas sur ses épaules, du moins pas encore malgré les quelques cernes qui élisent domicile sous les paupières inférieures de l’albinos. Avec du maquillage ce petit défaut sera corrigé. Reculant sa chaise par un mouvement de son fessier après s’être assurée d’avoir rédigée une lettre à propos de l’incompétence de Milena Bauer -car à cause d’un mauvais tir sa propre vie a été mise en danger lors d’une mission- les supérieurs de ce soldat en seront informés. La noble croise ensuite ses pieds sur la table. Ouvrant un tiroir de son bureau, elle attrape une cigarette pour l’allumer à l’aide d’une allumette. Durant plusieurs minutes, la rebelle savoure sa drogue, son tabac qui lui causera des dégradations sur ses poumons, malus qui seront automatiquement soignés par sa nouvelle nature de Noah. Ses billes écarlates contemplent cette boule lumineuse qui monte très lentement dans le ciel encore sombre. Ce joyau est si joli à regarder mais terriblement douloureux à admirer durant de longues secondes. Un trésor qui ne sera pas dérobé par la convoitise de l’homme…
Quittant ses quartiers après avoir terminé sa cigarette, Cassidy entre dans sa chambre sans un bruit. Elle peut y entendre la respiration lente d’Abigail Panabaker, sa femme, sa bien-aimée, son épouse qui a accepté de prendre soin du palpitant rebelle de Danvers en échange de lui confier le sien. La Scandaleuse est toujours endormie, rêvant sûrement, affichant un visage si doux à regarder. L’albinos n’ose pas entrer dans les draps pour la rejoindre, ne souhaitant aucunement être fautive de son réveil. Alors, silencieusement, la louve qui sent le tabac froid attrape une chaise pour se mettre quelques temps au chevet de sa blonde. Elle y croise ses bras, continuant de fixer la Prima Donna comme une louve gardant sa moitié et s’assurant de sa bonne santé.
L’amoureuse affiche un faible sourire surtout lorsque cette dernière s’amuse à caresser son alliance se trouvant à son annulaire gauche. L’albinos repense encore à cette journée où dans le secret le plus total, Cassidy Danvers se mit à embrasser sa douce et resplendissante pour sceller à jamais, pour toujours son union avec Abigail Panabaker. La Scandaleuse était si belle dans sa robe de mariée et plusieurs fois la Duchesse sentait son cœur lui faire mal tellement elle était heureuse de trouver son âme-sœur. Un sourire assez niais trône sur le visage de Cassie qui heureusement restera secret, dans l’ombre sans que personne ne sache que la louve peut sourire ainsi en contemplant sa femme. Elle serait prête à verser le sang de quiconque oserait se moquer voire même la regarder à ce moment là -excepté son épouse bien entendu.
Ses billes rouges sang prennent une teinte jaunâtre lorsque des bruits de pas se font entendre derrière la porte. Les mouvements ont été discrets, comme le ferait un assassin. Fronçant ses sourcils neigeux, Cassidy décolle son derrière de la chaise pour s’aventurer à l’endroit où des bruits ont été détectés par l’ouïe fine de la Reine du Crime. Pas besoin d’ouvrir l’obstacle qui se trouve entre elle et sa nuisance car son corps se dématérialise, la Banshee prend forme pour traverser ce qui la sépare d’elle et du majordome aux cheveux corbeau. « Si tu aurais réveillé mon épouse je ne donnerais pas cher de ta peau, Raven. » gronde à voix basse l’Anglaise qui pose ses phalanges osseuses sur le cou du majordome en chef de la maison Danvers. « Tu as des explications à me donner ? » demande-elle en souhaitant resserrer doucement ses griffes autour du cou de sa proie. Sa poigne serait minime permettant ainsi à son domestique de parler, de s’exprimer en présence de son Impératrice.
Dame Danvers n’exécute pas le geste, préférant rester neutre et ne souhaitant pas dégrader son lien avec Raven, s’il s’agissait d’une autre personne, cette dernière aurait subi la colère de la louve qui protège le sommeil de sa bien-aimée. « Des nobles souhaitent rentrer dans votre domaine, Duchesse. » avoue le corbeau qui n’arrive pas à cacher son embarra sur cette situation qui semble bien médiocre, minable aux yeux de sa maîtresse. « Eh bien, qu’attends-tu pour les congédier de mon territoire ? » questionne froidement la Baronne qui oriente une de ses oreilles sur le bois peu épais de sa porte de chambre pour espérer entendre la respiration endormie de son épouse. « Duchesse Danvers, j’ai pensé que vous devriez les aborder. Voyez-vous, ces personnes rétorquent qu’elles sont de votre famille. »
Cassidy plisse ses cristaux de sang puis arque un de ses sourcils neigeux. « Voyons Raven, cesse de me faire tourner en rond. Il s’agit de Noah n’est-ce-pas ? Si c’est le cas laisse les rentrer et prépare le thé. » Remuant son visage de gauche à droite, la Louve Blanche se prépare à retourner dans sa chambre, du moins avant que son meilleur majordome racle sa gorge pour attirer une nouvelle fois l’attention de sa maîtresse. Il semblerait que Raven Williams n’ait guère fini de discuter. « Madame, il ne s’agit pas de Noah. »
Devant les grilles sombres du Domaine, empêchant tout accès aux nombreux jardins de la cowgirl et d’autres biens de cette dernière, une tripotée de domestiques semble avoir du mal à contenir deux nobles qui promettent de rendre la vie des pauvres servants en un véritable enfer si ces derniers osent poser leurs pattes sur les intruses. Les majordomes et gouvernantes de Cassidy tiennent bon mais commencent à paniquer peu à peu que leur maîtresse ne soit pas encore arrivée pour calmer la situation. Un des plus courageux des enfants de la louve sort du troupeau pour dégainer un colt Américain en direction des deux femmes qui se ressemblent beaucoup, sûrement deux sœurs. De son pouce il appuie sur le chien afin d’armer son bijou. « Veuillez reculer, sinon je serais contraint de tirer. Vous êtes dans une propriété privée. »
La plus âgée des deux femmes monte son menton tout en toisant de haut le jeune homme à la chevelure blonde. « Vous osez pointer une arme sur moi ? Alors que je suis… » Sa phrase est coupée par le blond qui appuie sur la gâchette. La balle s’écrase entre les deux pieds de la bourgeoise. « La ferme ! Peu importe qui vous êtes. Un grand nombre d’assassins ont réalisé la même approche que vous pour tenter de dérober la vie à la Duchesse. Vous attendrez sagement. Dernier avertissement, mesdames ! »
Une main délicate se pose sur l’épaule de la plus grande des sœurs, celle qui venait de se faire tirer dessus par le blondinet détenant le prénom de Billy. « Celestia, il serait sage d’attendre la Duchesse. Cela ne sert à rien d’empirer les choses. » Grâce au ciel, malgré le mécontentement de Celestia sur cette situation fâcheuse, la Duchesse arrive au côté de son ombre Raven. Les billes des deux frangines observent curieusement la silhouette de l’albinos qui malgré sa stature de Conseillère, de femme forte et imposante, semble cruellement faible pour effectuer quelques pas. Se déplaçant avec sa troisième patte qui est une canne dont le pommeau représente une tête de loup albinos, Cassie se place entre Billy et Celestia, tentant par sa simple présence de faire stopper cette guerre futile, inutile.
« Il ne me semblait pas avoir des invités pour aujourd’hui. » grogne la louve qui dévisage les deux sœurs. « Puis-je savoir à qui ai-je affaire ? Mon majordome prétend que vous êtes de ma famille. Hors, je suis la seule en ce jour à porter le sang des Danvers. » La plus grande des sœurs retire son gant afin de dévoiler une bague porteur du blason de la famille de Cassidy. L’autre femme effectue la même chose ce qui rend extrêmement confuse la Reine du Crime durant quelques secondes pour ensuite afficher un sourire narquois. « Nous sommes les enfants de Richard Danvers et nous revendiquons notre part du butin sur l’héritage de notre père. »
Plusieurs années en arrière, en Amérique plus précisément en Virginie à Jamestown.
Le bruit métallique retentit dans une ruelle anodine à Jamestown. Le son n'est pas très fort mais assez pour réveiller le pauvre homme qui sommeillait. Son visage est crasseux, des rides se sont déjà formées près de ses joues et au-dessus de son front. Le citoyen en piteux état par rapport à ses vêtements et des hématomes visibles là où le tissu ne cache pas sa peau, écarquille ses mirettes fatiguées. Il observe une gamine porteuse d'une tenue de noble qui lui sourit gentiment. L'homme se met à trembler, le rubis des orbes de l'enfant le met considérablement en colère. De sa main tremblante il attrape son gobelet pour le jeter sur le ventre de la petite laissant ainsi la pièce de monnaie rouler un peu plus loin, la laissant donc sans propriétaire. « Je ne veux pas de ta pitié ! » gronde le sans-abri qui arrive à faire reculer le louveteau par la peur. « Dégage avant que je te donne une correction. » Effrayée, l'enfant âgée de sept ans trébuche en voulant reculer. Son postérieur rencontre le sol, son chapeau quitte son crâne pour dévoiler sa tignasse de neige. Des larmes s'effondrent sur ses joues pâles à en faire jalouser la peau d'un mort. « Mais je voulais vous aider. Vous devez avoir faim, cette pièce pourrait vous acheter de quoi grignoter un peu... » déclare la petite louve qui subitement ferme ses paupières en s'apercevant que le vilain homme emprisonné par son dégoût des nobles, des classes supérieures s'apprête à violenter l'enfant. Heureusement pour la bourgeoise, aucun coup ne survient. En effet, un géant stop la tentative de violence puis soulève le pauvre type d'une seule main.
« Lady Danvers, j'ai eu si peur de ne jamais vous retrouver. Veuillez arrêter de vous promener toute seule en ville, c'est dangereux. » exclame le protecteur qui projette le SDF un peu plus loin. Lady Danvers enlace la jambe de son majordome porteur du prénom de Samuel, un grand homme mesurant deux mètres trois disposant d'une musculature plutôt impressionnante. « Sam ! Comment as-tu fais pour me retrouver ? Tu veux encore m'empêcher d'aider les personnes dans le besoin, c'est ça ? » questionne Cassidy à Samuel en gonflant ses joues tout en posant la paume de ses mains sur la hauteur de ses hanches, visiblement énervée. « Eh bien, une Lady albinos se baladant seule est plutôt rare à Jamestown. »
Malgré le mécontentement du louveteau, Cassidy se retrouve désormais dans une calèche, boudant son majordome qui attend patiemment l'arrivée du Duc Danvers, le grand-père de l'albinos, le grand chef de cette famille. Soupirant d'ennui, posant son coude contre la fenêtre de la diligence, une femme se précipite vers cette dernière. « Lady Danvers ! Lady Danvers ! » s'écrit cette citoyenne qui ne peut malheureusement pas approcher d'avantage sur sa convoitise car le géant fait barrage. « Oh ! Madame Pinkerton ! » exclame à voix haute la gamine qui se penche sur la fenêtre pour tenter de voir son interlocutrice mais sans succès. « Samuel, bouge de là. C'est une gentille dame. » supplie Cassidy tout en tapotant sa main sur la porte de la calèche, ce qui oblige Samuel à s'écarter en émettant un petit soupir. « Je voulais tant vous remercier de m'avoir conseillé d'arroser de quelques gouttes de vinaigre mes plantes pour leur redonner un second souffle. Désormais elles se portent comme un charme. » Voulant répondre aux remerciements de la dame, un homme arrive pour faire interruption de la conversation en cours. « Lady Danvers, je voulais vous remercier de l'argent que vous m'aviez donné pour les soins de ma femme, grâce à vous sa vie n'est plus en danger. Actuellement ma femme est enceinte, si nous avons une fille nous lui donnerons votre prénom. » La gamine se mit à rire, ce n'est aucunement de la moquerie mais la joie de Cassidy qui s'échappe de ses lèvres. « Je suis heureuse d'avoir réussi à vous aider. Porter-vous bien madame Pinkerton et monsieur Murray. C'est un honneur que vous me faites à propos de votre futur enfant monsieur Murray. »
Désireux de pouvoir encore parler à Cassidy, ces derniers décident de rebrousser chemin lorsque le Duc Danvers ressort de chez le barbier car il souhaitait parfaire sa barbe soyeuse. Il fixe d'un mauvais œil les fauteurs de troubles qui ont osé déranger sa petite-fille. Rien qu'à observer les iris de cet homme, on peut comprendre qu'il n'est pas le genre de personne à donner de la gentillesse aux gens. Conor Danvers gronde de sa voix grave lorsqu’il se trouve face à Samuel. « Tu dénigres ton travail de protéger ma petite-fille. Peut-être que je devrais te donner une correction pour ton incompétence. Réjouis-toi de ne pas être en cage comme tes congénères. » grogne Conor à voix basse pour ne pas ébruiter la conversation aux oreilles de Cassie. Le vieil homme qui ne semble pas encore être affecté par les défauts de la vieillesse si on ne se penche pas sur ses rides et de la couleur de ses cheveux grisonnants, prend place dans la calèche pour être face à Cassidy. Un sourire étire son visage. Conor Danvers est le seul membre de la famille de Cassie à se soucier d'elle.
Son père Richard et sa mère Ophelia ne portent aucun intérêt pour leur fille. Surtout quand son père qui désirait l'attention de Conor depuis son enfance se retrouve dégouté que sa propre fille soit aimée du patriarche des Danvers. La gamine ne compte plus le nombre de fois où Richard la traitait de monstre, d'erreur de la nature, de déchet. Sa mère portait les mêmes arguments que son mari malgré le fait qu'elle lui ait donné tout son amour durant ses neuf mois de grossesse. Le jour de la naissance de l'albinos, Ophelia avait tourné de l'œil par l'horreur qu'elle venait d'engendrer. Un démon selon les dires de Richard. Les parents ont tenté de tuer la nouveau-née mais Conor est intervenu pour sauver la vie de cet être. « Vous ne toucherez pas à Cassidy Danvers, ma petite-fille. » disait-il de sa voix rauque aux premières heures de vie de Cassie.
Arrivant au manoir Danvers, le grand-père attrape sa petite-fille pour qu'elle monte sur ses épaules. Aujourd'hui, Conor lui a promis de lui faire le baptême du feu. Depuis cette année le chiot s'intéresse aux armes à feu car cette dernière a été témoin du sport favoris du loup alpha. Un exercice, un jeu qui consiste à détruire des assiettes en plein vol. La demoiselle n'a pas arrêté d'en parler à ses parents qui préféraient la voir étudier plutôt que de la voir s'amuser à ce truc pittoresque. Au final, Conor a accepté la demande de sa petite-fille car pour lui, effectuer le baptême du feu fera de sa chipie une grande femme. Alors durant l'après-midi, sous la surveillance de Samuel et sous les conseils de Conor, le louveteau effectue son premier tir avec une carabine de petit calibre. La cible a été manqué mais son grand-père félicite déjà Cassie d'avoir réalisé son épreuve de feu. « Au moins tu n'es pas comme ton père, Cassidy. Tu es courageuse. Un caractère que chaque Danvers doit avoir. Tu seras l'avenir de notre famille ! »
Être l'avenir de la famille. Un bien grand destin. Ou bien un réel fardeau qui se posait en douceur sur les épaules de Cassidy à la manière d'une plume embrassant le sol. Cassie ignorait totalement ce que son grand-père lui racontait. Elle n'était qu'une gamine, désireuse de rencontrer un jour le prince charmant, comme dans les contes de fées. Conor détenait un appétit vorace pour la cupidité et l'albinos en faisait partie. Il l'aimait oui, mais d'une manière différente. Richard demandait souvent la raison de cette injustice entre lui et Cassidy. Pourquoi reçoit-elle son amour alors que lui n'en a jamais eu ? Conor préférait ne donner aucune réponse, surtout pas un lâche comme Richard.
Les années passent, désormais la petite louve est âgée de dix ans. Un peu plus grande, commençant à rayonner de sa beauté exotique, Cassidy reste tout de même le louveteau inoffensif et toujours aussi gentil envers son prochain. La gentillesse de cette Danvers est un véritable défaut pour Conor. Conduisant donc sa protégée dans son humble demeure, l'endroit où Richard a grandi, Cassidy marche à côté de Samuel et Samantha. Elle se trouve précisément entre les deux, étant rassurée d'être à leur côté comme si ces derniers représentaient en réalité ses véritables parents. Ce qui est le cas dans son esprit devenue rebelle depuis l'âge de ses huit ans.
« J'ai eu l'autorisation de ton père de parfaire ton éducation, Cassidy. » explique d'une voix ténébreuse Conor qui entrelace les doigts de ses mains derrière son dos. « Désormais, tu vas vivre chez moi. Samuel se chargera de rassembler tes affaires pour les emmener dans ta nouvelle maison. » Cassidy devenant petit à petit rebelle suite à ses nombreux refus d'écouter ses parents pour d'innombrables raisons, se mit à afficher un sourire de triomphe. Elle allait enfin être débarrassé de ses géniteurs. « Je suppose que Samuel et Samantha devront faire leurs valises. » dit-elle en imaginant déjà sa nouvelle vie en compagnie des deux domestiques. Conor s'arrête sur son chemin se faisant par la suite heurter par Cassidy qui ne regardait pas devant elle car cette dernière était trop rêveuse. « Non. C'est hors de question. » Entendant le caractère grognon de la gamine, le loup alpha se retourne pour gifler Cassidy afin de la faire taire. « Ma petite-fille, c'est la première et dernière fois que tu contredis mes paroles. Tu dois apprendre à savoir où est ta place. » Sur ses genoux, tenant sa joue encore en feu, serrant fortement sa mâchoire, luttant pour ne pas pleurer, l'albinos n'émet aucun mot, aucune phrase, aucune plainte. Elle se fait relever par Samuel sous ordre de Conor et une deuxième gifle se loge sur la joue jalouse, celle qui n’est pas encore en feu. « Je ne suis ni ta mère, ni ton père. Alors respecte moi, sinon je serais contraint d'employer une manière bien plus forte pour t'éduquer. »
Ainsi furent les dernières paroles de Conor lors de l'arrivée de Cassidy à son manoir. Le louveteau obéissait au loup alpha. Si cette dernière avait échappé à l'étude de l'histoire, des mathématiques et d’autres domaines pour être une parfaite bourgeoise, Cassie devait désormais s'y plier, la queue entre les jambes, sous une posture de dominée pour ne pas subir le courroux de son grand-père. Pensant goûter aux joies de la liberté, l’albinos dévorait une vie de prisonnière. Pendant sept longues années elle a subi les enseignements de son grand-père. Si les deux premières furent terriblement difficile dont par exemple de découvrir qu'il était un trafiquant d'esclaves, ou bien que Conor obligeait Cassidy à punir des esclaves pour leur côté rebelle et ainsi mater son propre caractère révolutionnaire, ou encore qu'elle ne reverrait plus Samuel ni Samantha, la petite louve ne voyait qu'un destin dans cette prison : jouer le jeu pour devenir plus forte.
Lors d'une journée de Juin, plusieurs jours après son dix-septième anniversaire, la louve venait de terminer de lire une biographie sur la victoire d'Abraham Lincoln contre Robert Lee à propos de l'abolition de l'esclavage. Notons par la même occasion que Conor dû changer de travail pour ne pas perdre son titre et sa richesse car la vente d’esclaves est devenu illégal en Amérique. Le vieux loup s’est reconverti à la fabrication de whisky tout en investissant dans la construction d’une chaîne de banques. Profitant de son temps libre pour détruire des cibles à l'aide d'un lance-pierre -dont chaque proie représentait sa famille que ce soit Richard, Ophelia et Conor- la demoiselle ne manquait aucune proie avec son arme bon marché. Au bout d'une petite heure à calmer ses nerfs sur ce jeu, un jeune homme plutôt très beau garçon participe sans autorisation au petit plaisir de la louve. De son pistolet il tire sur la cible représentant Ophelia Danvers. « Vous m'avez l'air redoutable sur ce jeu ! » exclame-t-il en s'inclinant lorsque Cassidy pose ses cristaux de sang sur le vert émeraude du perturbateur. « Comte Risewell. Mais vous pouvez m'appeler Logan. » Arquant un de ses sourcils neigeux, Cassidy pointe de son pouce sa proie volée par le Comte. « Vous venez de prendre ma cible. Pas très respectueux envers une femme, Comte Risewell. » Logan se mit à sourire puis à effectuer un baise-main en guise d'excuse. « Je suis en avance dans mon rendez-vous avec le Duc Danvers, auriez-vous la gentillesse de me faire participer à votre jeu de tir ? » Un rire moqueur s'échappe des lèvres envoûtantes de Cassidy. « J'ai bien peur de vous décevoir sur ma victoire, Comte. »
Plusieurs fois le Comte est venu rendre visite à Cassidy. Plus le nombre de rencontre augmentait et plus l'albinos tombait peu à peu sous le charme de l'homme. Depuis gamine Cassie rêve d'être mère, de pouvoir s'occuper de ses enfants en leur donnant l'amour qu'elle n'a jamais reçu de sa famille. Quelques mois plus tard, proche de la fin de l'année, Conor, qui observait dans l'ombre, élabore une alliance entre sa famille et celle de Risewell. Le fil permettant de souder ce lien serait un mariage arrangé entre Logan Risewell et Cassidy Danvers. Pour une fois, Cassie ne contestait pas cette destinée tracée par Conor. Elle désirait cet homme pour être sa femme, son épouse, la mère de ses enfants. Le mariage fut célébré dans la joie et la bonne humeur, du moins pas pour les parents de la mariée. Richard avait eu horreur de conduire sa fille à Logan Risewell. Voir Cassie heureuse le dégoûtait surtout quand Conor éprouvait ses plus sincères félicitations au couple. Il profitait même de cette occasion pour effectuer un discours où il vantait sa famille ainsi que celle des Risewell, rajoutant par la même occasion que Cassidy est en ce jour l'avenir des Danvers.
Neuf fois plus tard, le plus grand désespoir de Cassidy se produit. Dans son lit, terriblement fiévreuse, l'accouchement se passe assez mal. Malgré le docteur officiel de la famille Risewell et des nombreuses suivantes, Cassie est à bout de force pour faire naître son louveteau, sa fille Caledonia. C'est après d'innombrables heures de travail que sa rose naît mais n'engendre pas ses premières larmes. Caledonia est décédée sous la déclaration du docteur. En vérité, la louve ignore que son bébé respire encore. Ignorante depuis sa grossesse des complots de son grand-père, Logan Risewell a eu vent par l’un de ses domestiques que le Duc désirait le tuer pour que Cassidy hérite de l'héritage du Comte, impliquant également la mort de l'enfant. Ainsi, pensant que sa femme joue le jeu de Conor -ce qui n'est malheureusement pas le cas- Logan emporte Caledonia pour retourner en Angleterre, laissant sa femme en pleure pour sauver sa peau et celle de son enfant. Lors du réveil de l'albinos, après avoir récupéré un minimum de force, Conor lui tend un verre d'eau. « Cassidy, j'ai des mauvaises nouvelles à t'annoncer. » Caressant sa joue à l'aide de ses phalanges bien plus grande que celle de l'Américaine, le manipulateur attend que Cassidy termine son verre pour continuer. « Caledonia n'a pas survécu. Le docteur envisage que ta fille n'ait pas survécu à l'accouchement. » Il faut une longue et interminable minute pour que la mère en deuil puisse réaliser l’horreur qui vient de s’abattre sur elle. Son pauvre bébé, sa Caledonia, n’est plus de ce monde. La louve n’a même pas pu la serrer dans ses bras à cause de l’épuisement de l’accouchement. Le désespoir s’abat sur l’albinos qui n’arrive même pas à pleurer, comme morte de l’intérieur. Son ouïe ne transmet plus les paroles de son grand-père, il ne peut qu’être observateur de l’état psychologique de Cassidy qui se dégrade à la manière d’un brasier brûlant d’innombrables hectares de forêt. Cassie n’émit aucun mot à la déclaration de Conor, ni même des révélations qui arriveront une semaine plus tard sur la mort tragique de Logan Risewell.
En effet, le pauvre homme qui désirait s’enfuir des griffes du loup alpha n’a pas réussi son coup. Des assassins ont été engagés par le manipulateur pour mettre un terme à la vie du Comte. Etant le seul héritier des Risewell, toute sa fortune, ses biens seront directement versés dans le compte en banque de la désespérée qui non seulement à perdu son bébé mais également son mari. L’avenir des Danvers ? Une bien grande déclaration qui signifiait juste que la louve était un simple outil pour les plans machiavéliques de Conor. Car oui, il continuait à nager dans sa cupidité, à se baigner dans sa baignoire en or remplit de billets Américain et Anglais. La fortune, la richesse étaient ses plus grands fantasmes dans la vie. Il serait prêt à tout pour manger le dernier morceau de viande de sa meute quitte à tuer ses propres congénères. Ce qui est le cas à propos de sa femme qui a été empoisonné par ses soins afin de gagner l’intégralité de son héritage.
Plusieurs semaines se sont écoulées depuis que Cassidy est veuve et héritière du titre de Comtesse. Refusant de séjourner en Angleterre, plus précisément à Londres, là où vivait Risewell, la louve préfère rester dans son pays natal, l’Amérique. A l’heure d’aujourd’hui, bien assise dans le wagon d’un train qui doit terminer sa course au Nevada, Cassie -devenue extrêmement silencieuse après son accouchement désastreux- fixe discrètement une gamine qui dort sur les genoux de sa mère, tous les trois sont dans la même cabine du wagon. La louve effectue un soupir désespéré qui est lent, silencieux et très long. Elle aurait pu être comme cette honnête dame, à jouir de son bonheur d’être mère au côté de sa fille. Ses sourcils neigeux se froncent en entendant le rire diabolique de son grand-père. L’albinos n’est pas dupe depuis qu’elle a reçu les enseignements du chef de la meute. La mort de Logan, l’héritage qui tombe aux pieds de la Comtesse, encore et toujours la même phrase d’être l’avenir des Danvers, Cassidy pense ouvertement que tout cela n’est pas un malheureux hasard. Il devait s’agir d’un plan pour permettre à Conor de s’enrichir.
Soigneusement, elle plie le journal d’hier pour l’installer dans son sac pour ensuite souhaiter s’enfermer dans les bras de Morphée. Ses paupières sont lourdes, le désir de s’endormir s’approche à grand pas puis un bruit souffle très fort, giflant son corps, son visage, ses oreilles pour emmener la Comtesse dans les ténèbres. Durant cette journée, la vie de Danvers ne tenait qu’à un fil qui était solidement accroché où aucune lame ne pouvait le découper.
Victime de la cupidité de son grand-père, la demoiselle devait mourir pour que son héritage soit automatiquement retransmis à Conor qui a minutieusement comploté dans l’ombre pour que son fils Richard ne touche pas un seul dollar de la mort de sa fille. Le wagon devait sauter, exploser par l’intermédiaire de coyotes engagés par le loup alpha. La petite-fille a miraculeusement survécu de ce terrible complot car la demoiselle venait de changer de wagon. En effet, ne supportant pas vraiment la lumière du soleil, le vampire désirait trouver une cabine accompagnée de rideau. C’est par la gentillesse de la mère et de son enfant que Cassie a pu s’installer dans leur voiture pour le reste du voyage. C’est ainsi que le wagon où devait se trouver à la base Cassidy venait d’exploser, causant d’innombrables victimes civiles et dégradant au passage les autres voitures alentours.
Malheureusement, au réveil de la Comtesse, l’horreur s’abat sur elle. Cette dernière ne se trouve plus dans sa cabine au côté de la mère et de son enfant qui sont probablement morts. Non. Voilà que Cassidy Danvers, le soi-disant avenir de sa famille se retrouve attachée. Impossible de bouger ses jambes, même choses pour ses bras. Un bâillon l’empêche de parler. La lumière atroce du soleil brûle ses rubis qui se mettent à pleurer sous la torture de cette étoile lumineuse. « Cheveux blanc, yeux rouge, c’est bien la Comtesse Danvers patron. » exclame à haute voix un homme qui donne un violent coup de pied aux côtes de la demoiselle qui se met à étouffer un gémissement de douleur. « Préparer la corde. » gronde une autre voix masculine beaucoup plus grave que la précédente. Sûrement le patron qui vient de gaspiller sa salive en donnant son ordre. Plissant ses iris sanglants, la femme qui est myope à cause de son albinisme ne peut voir qu’une forme floue de ce fameux patron qui se rapproche de sa position. « Et si on en profitait un peu patron ? L’employeur nous donne carte blanche. »
Les hommes, ces mâles, ces créatures qui ne pensent qu’à la chose entre leurs jambes commencent peu à peu à dégoûter Cassie. Se tortillant en sentant le canon du pistolet sur ses formes, où ce dernier se met à soulever sa chemise blanche pour dévoiler son nombril, la demoiselle refuse catégoriquement de subir cette torture infâme. Elle en implorait même le Diable en personne pour échapper à ce sort. Alors, lorsque le canon froid de l’arme s’aventure trop sur sa peau fragile et pâle, la Comtesse plie ses genoux pour par la suite donner un violent coup des talons de ses bottes sur le visage de l’obsédé. Une attaque bien placée qui casse directement le nez de l’agresseur.
Malheureusement, d’autres coyotes viennent aider le blessé pour immobiliser pour de bon l’albinos et ainsi la terroriser de la torture qui va bientôt s’abattre sur elle. Est-ce ainsi sa punition pour avoir été une jeune femme rebelle ? D’avoir grandi dans une famille infecte ? D’être bonne à jeter aux ordures après avoir rempli son rôle d’avenir des Danvers ? Maudit soit ses parents ! Maudit soit son grand-père ! Ils paieront pour les atrocités qu’ils ont commis ! Alors, lorsque sa fierté risque de disparaître à tout jamais, au moment où le traumatisme s’installe peu à peu dans son esprit pour la faire dégoûter des hommes, une flèche se plante dans l’épaule du futur violeur de Cassidy. Des hurlements se font entendre ou plutôt des cris de guerre. Les sabots des chevaux retentissent et font trembler la terre sèche du Nebraska.
D’autres flèches fusent dans les airs pour s’abattre sur les coyotes qui tombent un à un en gémissant d’une douleur insupportable. Les coups de feu harmonisent le terrain de guerre, le sang s’écoulent des nombreuses victimes abattues par les Amérindiens puis le silence survient lorsque le dernier des chiens se fait emporter par la Faucheuse.
« Aigle Rouge ! La femme respire encore. » hurle un jeune homme qui retire son manteau en peau pour cacher le corps à moitié nue de la louve affaiblit. Aigle Rouge porteur d’une coiffe détenant d’innombrables plumes d’aigle, descend de sa monture pour s’approcher de Cassidy. Il soulève légèrement le crâne de la femme afin de lui proposer de l’eau par le biais de sa gourde. « Mon fils a été témoin de l’horreur que tes frères voulaient te faire subir. Qu’as-tu fais pour t’attiser la haine de ces derniers ? » demande de manière neutre le chef de la tribu. « Je suis une femme…et un monstre pour ma famille… » annonce faiblement la Comtesse qui brûle volontairement ses billes démoniaque dans les rayons du soleil. « Merci…d’être intervenu…je vous dois la vie… » Ce sont les dernières paroles de la louve qui après autant d’émotions, subissant tout de même ce traumatisme d’avoir été presque salie par l’homme, tombe dans le royaume des songes.
Ce fut de nombreuses heures plus tard que la louve se réveille dans un tipi. La première chose qu’elle constate c’est encore ce monde flou à cause de sa maladie de naissance. Cependant, sa vue lui permet de constater que plusieurs petites têtes la fixe avec grand intérêt, sûrement des enfants Amérindiens. Ils sont curieux, observent la louve avec grand intérêt car ce n’est pas commun qu’un étranger séjourne dans leur domaine, leur territoire. Les visages pâles ne sont pas vraiment connu pour leur amabilité, eux qui sont les colonisateurs de leurs terres… Une femme entre dans la tente et chasse les petits curieux d’un dialecte totalement inconnue par l’Américaine. « Les enfants sont curieux car tu n’es pas comme nous, comme les autres. » explique d’une voix douce l’interlocutrice de Cassidy qui se met à éponger le front remplit de sueur de l’albinos. « C’est la première fois que nous voyons une étrangère comme toi. Manitou ne nous a jamais parlé d’une femme de ta trempe, visiblement il est toujours aussi mystérieux. » Arquant un de ses sourcils neigeux, celui de gauche comme toujours, l’albinos penche son visage en rebutant sur un mot de sa phrase. « Qui est Manitou ? Votre chef ? » La femme se mit à rire doucement tout en proposant des vêtements au vampire. « Manitou est le créateur de la vie sur nos terres. Il peut aussi incarner le mystère qui dirige toute vie et tout mouvement de ce monde. » Hochant la tête en comprenant que ce personnage est l’exacte description du terme Dieu pour la religion, la Comtesse n’ose pas trop en parler ne se penchant pas vraiment sur ce genre de conversation. Elle croit que ce qu’elle voit. Subitement, son attention se tourne sur Aigle Rouge qui entre à son tour dans le tipi. « L’étrangère doit me suivre. »
Sans protester, s’habillant des vêtements donnés par la femme dont Cassie ne connaît pas son prénom, l’Américaine suit silencieusement le chef de la tribu tout en remarquant les regards froids et haineux des villageois de ce camps. Le vampire a pris l’habitude de recevoir ce genre d’attention à son égard mais au moins, les Amérindiens semblent beaucoup moins froid que sa famille à elle.
Ainsi, s’arrêtant à la droite d’Aigle Rouge, le chef tend un tomahawk à l’étrangère qui constate avec effroi et haine que le coyote désireux de s’en prendre à son corps, à sa chair délicate se retrouve ligoté sur un poteau en bois. « Il vivait encore, j’ai donc décidé que ce serait à toi de prendre sa misérable vie. A moins bien-sûr que tu refuses de céder à l’appel de la vengeance. Je comprendrais ton choix, étrangère. » Prendre la vie d’une personne ? C’est quelque chose dont la Comtesse n’a jamais fait. Un procédé qui est bien familier pour son grand-père Conor qui a l’heure actuelle doit jouir de sa fortune encore plus grande. Cassidy attrape la hache puis pose ses orbes rubis sur le monstre en face d’elle.
C’est alors que des images refont surface dans son esprit. De ce moment où ses vêtements ont été déchirés, de la peur qui trônait dans son esprit, de son cœur qui se détruisait en plusieurs morceaux, de cette haine qui bouillonnait dans son sang maudit. Une minute s’écoule, la patience d’Aigle Rouge touche déjà à sa fin. Décroisant ses bras bien battit, il s’apprête à saisir l’arme des mains de la louve. Seulement, son action est contrée. La louve hurle de tous ses poumons, comme le ferait ce dernier à la lune pour chanter son amour envers elle. D’une grande férocité, Cassidy détruit le corps de son agresseur, le sang gicle sur son visage, des larmes s’écoulent de ses yeux pour chatouiller ses joues pâles. Cassidy Danvers effectue son premier meurtre, la Comtesse n’hésite pas à se salir les mains pour exprimer sa colère refoulée depuis tant d’années. Le spectacle est atroce à regarder, les femmes de la tribu font en sorte de cacher les yeux des enfants ou de les gronder de ne pas sortir des tipis. La louve ne veut plus se rouler sur le dos pour être soumise, pour être dominée.
Combien de coups de hache vient-elle d’effectuer ? Dix ? Vingt ? Trente ? Elle a oublié de compter. Aigle Rouge la stop soudainement en saisissant son poignet porteur du tomahawk. « Il est inutile de torturer l’enveloppe morte de ton frère. Tu viens déjà de dérober sa vie, de la dévorer même. » Se laissant faire, contemplant le désastre qu’elle vient de commettre, Cassie ignore quelle attitude aborder entre sourire de satisfaction ou bien pleurer. Le soir même, sous le feu de camp crépitant qui s’élève bien haut à en faire jalouser les hauteurs des tentes Amérindiennes, une fête est organisée en l’honneur de l’albinos. Aigle Rouge a décidé de l’adopter comme sa propre fille. Maintenant, Cassidy Danvers n’existe plus. Désormais la Louve Blanche fille d’Aigle Rouge est née.
Le glati de l’aigle résonne dans le canyon du Nebraska. L’oiseau vient de sortir de son nid pour partir à la chasse afin de nourrir ses rejetons. Le vent est rare en cette journée chaude et sèche. L’oiseau en plein vol plane dans les airs et repère soudainement une silhouette qui escalade avec difficulté une paroi du canyon, à l’endroit même où se trouve son nid. Il fonce alors à la manière d’un avion pour tenter de chasser l’imposteur qui va sans doute nuire à ses petits. Frôlant la vitesse de soixante à soixante-dix km/h, sa cible repère immédiatement le danger qui survient.
Instinctivement, l’ombre saute de son perchoir pour atterrir sur une autre plate-forme afin d’esquiver le rapace, ce Pygargue. La femme peste dans sa barbe invisible et remet correctement son arc derrière son dos. La corde était sur le point de quitter son épaule gauche. Cassidy essuie la sueur de son front, remet correctement son chapeau de cowboy donné par son père Aigle Rouge qui devait appartenir à un coyote mort. La Louve Blanche lève son visage pour surveiller les hauteurs du canyon. Heureusement, la demoiselle a récupéré une paire de lunettes fraichement volée dans une diligence qui passait trop près de la tribu de son père. Désormais le monde n’est plus flou.
Ses lèvres s’entrouvrent légèrement lorsqu’elle aperçoit le nid de l’aigle chauve. Si ce dernier venait de l’attaquer c’est qu’il doit protéger ses petits. La louve suggère donc de changer de chemin et accessoirement de nid. Car oui, sa convoitise doit se trouver dans un nid de Pygargue à tête blanche. Son père adoptif lui a demandé que si elle souhaitait être réellement dans sa nouvelle famille, cette dernière devait monter le canyon pour récupérer sa propre plume d’aigle. Selon les dires des Amérindiens, les aigles sont des messagers spirituels entre les dieux et les êtres humains. Avoir sa propre plume est un grand privilège au sein de la tribu.
Soupirant donc à cause de la fatigue mais aussi de cette épreuve bien compliquée à réaliser qui joue également avec la mort si la Comtesse se met à chuter, Cassie manque de tomber en entendant le bruit bien distinct d’un serpent à sonnette. Le reptile se trouve sur son chemin et ne semble pas vouloir bouger d’une écaille. Lentement, la fille d’Aigle Rouge retire son arc, attrape une flèche de son carquois, l’encoche, vise le perturbateur avec un calme olympien. Son œil gauche se ferme, la corde se tend puis les doigts de la femme lâche le cordage pour propulser sa flèche. Le serpent se tortille en recevant l’objet et fini par chuter des hauteurs. Il servira de dîner pour le rapace qui continue à survoler l’albinos. Se penchant pour admirer l’ennemi s’écraser sur le sol, le rapace change de cible pour s’occuper du serpent en glapissant une nouvelle fois, pouvant signifier un remerciement. La demoiselle tire légèrement son chapeau pour répondre à l’appel de l’aigle avant de reprendre sa route vers le sommet.
Une heure plus tard, bien fatiguée, à bout de force, la Louve Blanche s’approche d’un nid qui a dû être abandonné depuis plusieurs semaines. Fort heureusement, sa convoitise se trouve sous des œufs cassés. La plume est grande, magnifique, un réel trésor pour les rubis du vampire. Enlevant son chapeau, elle plante son trésor sur le couvre-chef, désormais Cassidy fera partie de la tribu même si certains ne partageront pas cet enthousiasme car elle est une visage pâle et non une peau rouge.
Après une pause, lorsque son corps cesse de la faire souffrir, la visage pâle comme disent les Amérindiens rentre dans son nouveau foyer qui est bien plus accueillant que chez les Danvers. Elle rentre au soir, bien assise sur son canasson. Son père Aigle Rouge l’attendait depuis plusieurs heures, visiblement un peu inquiet. « Je vois que tu as réussi Louve Blanche, je suis fier de toi. Où-l ’as-tu prise ? » Descendant de sa monture, caressant le chanfrein de l’animal, l’albinos effectue une courte révérence envers son père, ne sachant pas encore s’y prendre envers lui. Peut-être qu’il aurait accepté un câlin ou alors il s’agit d’un acte répugnant pour eux.
« Dans un nid abandonné. Un prédateur a dû tuer les enfants de la mère au vu de l’état de œufs. » Le chef de la tribu fixe de haut sa fille, elle qui a été abandonné par son propre sang, le destin veut que cette dernière récupère la plume dans un nid abandonné d’une mère qui n’aura pas d’enfant. « Ce n’est pas anodin que tu aies récupéré cette plume, Manitou a tracé ta voie Louve Blanche. » Enlevant son chapeau afin d’y caresser son nouveau trésor, l’Américaine est pensive ce qui inquiète légèrement son père adoptif. « Sakari, la sorcière du village m’a parlé qu’il était possible de parler avec les esprits. Est-ce-vrai ? Car si c’est le cas, même si je doute de l’efficacité de la chose, j’aurai voulu savoir une chose. »
Un blanc s’installe, Aigle Rouge adresse une attitude neutre, incitant par un faible signe de main à sa fille de poursuivre. « Si mon mari m’a réellement aimée ou si c’était du bluff. Lorsque j’ai accouché de ma fille décédée, ce n’est pas lui que j’ai eu à mon chevet, mais mon grand-père. Logan Risewell venait déjà de prendre la route pour retourner en Angleterre… » La main de son père se pose sur l’épaule de sa fille et un sourire pourvu d’amour est adressé à la femme qui se met à rougir. Rien que ce geste, cette attitude foudroie Cassie de l’intérieur. Depuis qu’elle est gosse, la louve désirait ce genre de chose auprès de son père de sang. « C’est d’accord, nous verrons si l’esprit de ton mari souhaite te parler. Suis-moi, ma fille. »
De toute l’imagination débordante de la demoiselle, jamais, ô grand jamais elle se serait douter que pour parler aux esprits il fallait se droguer. C’est la première fois de sa vie que l’albinos goûte au tabac… si du moins la chose à l’intérieur du calumet de la paix en détient. La première bouffée est atroce, dégoûtante, retournant presque l’estomac de Cassie pour l’inciter à régurgiter son repas de ce matin. La deuxième bouffée qui est du coup plus hésitante est moins violente. Cependant, le monde autour d’elle est très bizarre, sans doute dû à l’effet de la drogue qui agit déjà. Sous la surveillance de la sorcière Sakari, le père de Cassidy se met à chanter tout en secouant une sorte de petit totem. La Comtesse est observatrice, silencieuse et pendant un moment elle aurait juré apercevoir un loup albinos sortir du feu pour s’assoir à ses côtés. Une hallucination, ce n’est franchement rien, c’est ce que ce dit Cassidy qui entame sa troisième bouffée qui automatiquement l’endort sous l’effet de la drogue.
A son réveil, Cassie ne se trouve plus au feu de camp mais dans une sorte de jardin parsemé de roses. Elle reconnaît entre mille l’endroit qui sont les jardins de son grand-père. Non loin là, sur un banc détenant une couleur similaire à ses cheveux, son mari, l’amour de sa vie est assis en train de regarder une photo, le sourire aux lèvres. Lors de son approche, Logan écarquille ses yeux tout en exprimant une immense terreur. Il se lève d’un bond de l’endroit où il était assis puis disparaît à la manière d’une forme fantomatique soufflée par le vent. La photo dans ses mains débute sa chute mais avant que le regard désespéré de la louve ne puisse se poser dessus, l’image disparaît de la même façon que Logan. Cassidy, désemparée, souhaite réagir mais une main lui agrippe violemment le bras pour la retourner brusquement. Mordred, sous sa véritable apparence, paralyse de terreur Cassidy…
Elle souhaitait obtenir des réponses, finalement la Louve Blanche s’en retrouve encore plus confuse, surtout de cette chose qui l’a sorti de sa rêverie, de cet être ténébreux qui lui a donné une frayeur bien rare. Lors de son réveil, Cassidy préférait ne rien dire à son père Aigle Rouge, car elle ne disposait d’aucune réponse concrète à lui donner. Le lendemain, la femme a tiré un trait sur Logan Risewell ainsi que des mystères de ce rêve étrange provenant sans doute d’une bonne hallucination concoctée par la drogue. Pourtant, tout semblait très réel. A présent morte aux yeux des Danvers, Cassidy continua de vivre auprès d’Aigle Rouge, à partager leur coutume tout en savourant enfin une liberté dont elle a toujours espérée.
Les années passent, le vingt-quatrième anniversaire de la Louve Blanche vient déjà de se consumer. Comme à son habitude, Cassidy accompagne son père et ses guerriers à la chasse. Les bisons sont tout proche, le temps est en paix, Aigle Rouge suggère que les Dieux sont cléments pour débuter la chasse. La tribu a besoin de vivres, de nourriture et cette dernière ne passera pas la semaine suivante si les provisions continuent de descendre à flot. Chevauchant sa monture nommée Elise, une jument de couleur blanche qui correspond bien à la chevelure de Danvers, la femme effectue un brin de causette avec un Américain, un étranger de la tribu.
En effet, un cowboy solitaire passe souvent dans le coin pour effectuer du troc avec Aigle Rouge. L’homme ramène des munitions, des armes, pendant que le père de Cassie lui échange des peaux et autres babioles qui intéressent énormément le vendeur. Roy Pierce, c’est le nom de ce type. Un solitaire qui préfère partager son temps avec les peaux rouge plutôt qu’avec les visages pâles. Cassidy s’est énormément prise d’amitié envers ce gars et plusieurs fois Aigle Rouge lui suggérait qu’elle formerait un beau couple avec lui. Sauf que ce ne sera pas d’actualité.
Au fond de son être, Cassie est toujours traumatisée par les bandits qui ont tenté de profiter de son corps avant de vouloir la tuer. Désormais, son cœur ne marche plus pour les hommes. « Je ne sais pas quoi dire en m’autorisant à venir avec vous, grand chef. » raconte Roy en mâchouillant son cigare tout en s’assurant que le barillet de son pistolet fétiche est plein. « C’est la quatrième fois que tu t’assures que ton chargeur est rempli. Peur de mourir ? » se moque ouvertement Cassidy qui nettoie les verres de ses lunettes à l’aide d’un de ses vêtements. « Père, nous devrions commencer une cérémonie à propos de la mort de Roy. » Aigle Rouge souriant par la remarque de la Louve Blanche, donne une grosse claque sur le dos de Pierce ce qui oblige la victime à tousser plusieurs fois. « Ne soit pas stressé mon garçon. Ma fille Louve Blanche te protègera des bisons, elle est une redoutable tireuse. » Il se penche pour s’approcher de l’oreille du cowboy afin de lui chuchoter quelques mots. « Surtout ne cède pas à l’arrogance comme elle. » Entendant les remarques de son père, l’albinos se met à protester comme une gamine ce qui amuse les deux hommes.
L’affrontement entre les chasseurs et les bisons débutent dans un bruit assourdissant. Les sabots des bêtes font trembler le sol, les hurlements de guerre des Amérindiens harmonisent le chaos ambiant, les flèches sifflent depuis les arcs et les balles chantent pour parfaire la mélodie. Certaines de ces braves bêtes qui ont le respect pour les peaux rouges s’effondrent en rencontrant la mort, tandis que quelques rares indigènes succombent à la fureur des chassés. Le plus gros bestiau du troupeau décide de faire cavalier seul tandis que la Comtesse le poursuit tout en armant son arc. Elle peut reconnaître le bruit du galop peu familier derrière sa position qui doit être Roy Pierce. La louve n’y prête pas attention mettant déjà en joue sa cible. Son œil gauche se ferme, sa concentration s’amplifie et la flèche est lâchée en direction du bison. Le projectile se loge dans le crâne de ce dernier ce qui lui donne une mort directe, sans souffrance. C’est ce que Danvers désirait, ne souhaitant aucunement torturer l’animal. Sautant de sa monture, rangeant son arc derrière son dos, elle retire la flèche puis se met à chantonner une mélodie pour apporter ses remerciements et honorer l’âme du défunt. Cassidy Danvers est attentivement observée par son père qui n’a pas arrêté de lui enseigner les rites et traditions durant la chasse. Un animal doit être respecté quel que soit sa nature. C’est grâce à ce dernier, à son sacrifice que la tribu continuera de vivre, de prospérer. « Nathorod et Kwanita chevauchent désormais les grandes prairies Aigle Rouge… » exclame tristement un chasseur. « Les chevaux ont pris peur lorsque le grand bison de Louve Blanche a quitté le troupeau pour attaquer. » Le chef dépose sa main bien grande et robuste sur l’épaule du jeune garçon de vingt ans. « Nous les installerons dans les hauteurs à notre retour au camp pour qu’ils soient protéger par les Wanagi. Je resterais une journée entière à leur chevet pour être certain que Nathorod et Kwanita entrent dans l’au-delà. »
Le soir venu, apportant les bisons morts ainsi que les deux défunts de la tribu, une fumée inquiétante, extrêmement dense, noire comme les ténèbres s’élève bien haut dans le ciel depuis le camp d’Aigle Rouge. L’odeur du brûler agresse les narines de la Louve Blanche qui pâlit énormément en comprenant le drame qui se trouve à quelques pas de chevaux. Personne ne crache un seul mot, tous se hâte sur l’incendie qui doit avoir commencé depuis une petite heure seulement. Arrivant la première du groupe, Cassidy saute comme à son habitude de son cheval pour entrer dans le tipi en feu d’Aigle Rouge. Elle est suivie de près par Roy Pierce qui, après plusieurs minutes, aide l’albinos à sortir un nourrisson et la femme d’Aigle Rouge de l’habitation. Les deux sont morts. La nouvelle mère de Cassidy a été tuée par des armes à feu, ses vêtements sont en lambeaux. Le bébé de plusieurs mois est quant à lui décédé par la fumée de l’incendie. Les genoux d’Aigle Rouge s’abattent sur le sol, sa tristesse se dévoile sous un gémissement mélangé entre des pleurs et des paroles Amérindiennes.
De ses bras, la Louve Blanche enlace son père du mieux qu’elle peut pour tenter d’apaiser le chagrin du désespéré. Elle le berce, cette dernière peut même sentir le palpitant de son père qui bat extrêmement vite. « Qu’avons-nous fait pour mériter un tel sort ?! » hurle de colère un chasseur qui s’effondre lui aussi en découvrant ce qui reste du cadavre calciné de sa sœur. « Une vengeance d’une autre tribu ? » demande Roy qui ferme les paupières d’un indigène allongé au côté de son enfant. « Non. Nos voisons ont quitté les plaines depuis longtemps. Une telle barbarie est causée par tes frères et tes sœurs. » accuse et menace un Amérindien en posant son couteau sous le cou de Roy. Son agressivité est si forte qu’il cause un saignement de la peau du cowboy. « Ce n’est pas de sa faute, Ohanko. » rugit Cassidy en repoussant l’indien pour protéger Roy ce qui augmente malheureusement la tension entre la Louve Blanche et Ohanko. « Vos frères et vos sœurs n’arrêtent pas de nous chasser alors que nous sommes chez nous, sur nos terres. Vous êtes le mal incarné ! » Il tente de donner un coup de poing à Cassidy mais Aigle Rouge bloque le mauvais coup de sa propre main. Le vieil homme est aussi en colère, surtout quand sa famille désire se déchirer entre-elle. « Ma fille et Roy Pierce ne sont pas les fautifs. Il est inutile de rester ici, nous irons nous réfugier dans la montagne, en espérant que la tribu d’Ombre Vengeur puisse nous accueillir. »
Se réfugier ? Partir sans riposter ? En laissant les agresseurs gagner cette guerre ? Le sang de la Comtesse bouillonne de rage, son regard s’embrase. Observant l’horizon, le lointain des plaines où les auteurs de ce mal ont dû venir et partir, l’albinos en tremble de colère. « Père, je ne peux pas accepter cela. J’en ai assez qu’on me vole ce que j’aime. » dit-elle d’une voix tremblante accompagnée par une grande quantité de rage et de tristesse. « Mère est morte, mon petit frère également. Je réclame la justice. » Tirant son chapeau pour le coller à son nez afin de cacher ses larmes chaudes et douloureuses, son père Aigle Rouge -dont son véritable prénom est Paco- rejoint sa fille pour l’enlacer à son tour pour tenter de lui transmettre tout son amour. « Ne mélange pas la justice avec la vengeance ma Louve Blanche. Si tu souhaites partir, je ne t’en empêcherai pas. Tu es libre depuis que je t’ai recueilli au sein de ma famille. » Posant son front contre celui de son père, Cassie ferme ses paupières et refoule ses larmes pour montrer à Aigle Rouge qu’elle sera à la hauteur pour rechercher cette justice qui n’existe pas vraiment en Amérique. « Je l’accompagne. » annonce Roy qui crache un bon mollard sur le sol. « Ils ont brûlé ma marchandise et agresser mes amis. Hors de question de laisser passer ça. Ne vous en faites pas, grand chef. Je veillerai sur votre fille. »
Lorsque les derniers adieux furent énoncés auprès du père et de sa fille, le groupe se sépara en deux parties. La première se dirigea dans les montagnes pour trouver refuse auprès de la tribu d’Ombre Vengeur, tandis que le deuxième groupe prit une direction opposée pour faire parler la poudre.
Cassidy Danvers, la Louve Blanche, la Comtesse, savait pertinemment que pour avancer dans ses recherches au côté de Roy, elle devait recruter du personnel. Ainsi, la petite-fille de Conor Danvers dévoila sa véritable identité auprès des pauvres, de ceux qui détestaient les classes supérieures afin de créer un groupe, une organisation. Deadlock Rebels fut fonder par huit rebelles, huit salopards qui détestaient l’oppression des nobles contre les pauvres. Ils se nommaient par des noms de code pour ne pas dévoiler leurs véritables identités à leurs ennemis. Ainsi des affiches de recherches trônaient sur les bureaux des Sheriffs. Queen of the Crime pour Cassidy Danvers. Nobody pour Roy Pierce. The Kid pour Billy qui était un gamin de quatorze ans ayant eu un pistolet en guise de biberon. Les jumeaux, frère et sœur Gregory porteur des surnoms Lucky Charm pour Pearl qui est la sœur et Ace pour Earl qui est le frère. Black Coat pour Cyrus Calaway, un ancien croque-mort terriblement grand et costaud. Harmonica un musicien qui joue l’instrument de son surnom, ce dernier n’a jamais dévoilé son identité au groupe, prétextant qu’il reniait son passé. Whisky pour Harry McCoy, le seul de la bande à n’avoir plus qu’un œil et être toujours bourgeois.
Les huit salopards ont énormément agi jusqu’à ce que Cassie atteint l’âge de ses trente et un ans. Devenant la risée de l’Armée Américaine. Protégeant les Amérindiens de leurs oppresseurs. Volant aux riches que ce soit dans les trains, les diligences, les banques même parfois dans les bars. Aucun Shériff, aucun chasseur de prime arrivait à bloquer le chemin de ces rebelles qui disposaient à présent d’une prime monstrueuse dont la plus grande fut attribuée à la Reine du Crime…
Lors du mois de Décembre, dans les terres enneigées du Canada, dans la chaleur du feu de bois de l’auberge, Cassidy entame son sixième verre pendant que Roy se contente de s’effondrer sur le buffet complètement saoul. Encore une fois, la demoiselle gagne le duel sur le nombre de verre d’alcool ingurgité. Un sourire narquois se dessine sur ses lèvres envoûtantes lorsqu’elle entend son ami ronfler comme un ours. « Un autre whisky ma chérie. » demande la Reine du Crime en effectuant un clin d’œil charmeur à la serveuse tout en reluquant discrètement son décolleté qui la fait rougir énormément. « Comment faites-vous pour ne pas être comme votre ami ? » questionne la serveuse qui sert la convoitise de la rebelle. Cassidy attrape le verre et boit cul sec, son visage est à quelques centimètres de celui de la brune. « J’ai connu un alcool bien plus fort que cette pisse de chien grâce à mon père qui vit dans les montagnes. » ronronne la louve qui relève le menton de la demoiselle à l’aide de son index. « Cependant, je ne suis pas aussi forte pour résister à un trésor comme toi. » dit-elle en accompagnant ses notes de musique par de la luxure qui fait rosir les pommettes de la serveuse. Sentant les lèvres de la patronne de l’auberge se rapprocher des babines de la louve, Cassidy ferme lentement ses paupières lorsqu’elle s’apprête à embrasser le trésor derrière le bar. Cependant, le baiser n’aura jamais lieu lorsqu’un type, ivre mort, se met à ricaner en frappant plusieurs fois la paume de sa main sur la table. « Et là ma belle ! Après avoir réalisé mon affaire avec la femme d’Aigle Rouge, je l’ai trouée de partout avec mon pistolet. C’était la petite cerise sur le gâteau. »
Deux mots dans la phrase du soulard attirent l’attention des huit salopards qui se fondaient dans le décor de l’auberge. Lucky Charm bien assise sur les genoux du type en question se met à pâlir. Son frère jumeau laisse tomber ses cartes de poker dévoilant ainsi un jeu pouvant faire gagner la partie en cours. The Kid recrache son verre de lait sur le visage de Black Coat. Harmonica quant à lui effectue une fausse note dans la mélodie du piano. Nobody alias Roy Pierce est le seul à ne pas réagir, dormant toujours. La Reine du Crime recule son visage de la serveuse qui semble assez déçu de ne pas avoir reçu son dut. L’albinos fait tomber son ami de son tabouret pour qu’il se réveille puis elle s’avance en direction du fauteur de trouble. « Lucky, dégage de ses genoux ! » ordonne froidement la Comtesse qui empoigne le col de l’homme lorsque Pearl rejoint son frère. L’individu est plaqué sur le mur, le canon du pistolet de la fille d’Aigle Rouge est appuyé sur le nez du type. « Continue d’être bavard au sujet d’Aigle Rouge si tu ne veux pas connaître un mot bien pire que la torture. » grogne la Louve Blanche en enfonçant doucement son genou dans les bijoux de famille du mâle. « Nous sommes tout ouïe. »
Le calme revient peu à peu dans l’auberge même si d’innombrables clients viennent de le quitter. Le racontar explique sa version des faits à Cassie. Qu’il était un mercenaire parmi tant d’autres engagé par le Sénateur Richard Danvers. Leurs missions étaient de détruire le camp d’Aigle Rouge lorsque les braves, les guerriers partiraient à la chasse. Ce fut une incroyable réussite pour le Sénateur qui n’arrivait pas à les déloger pour acquérir les terres pour les colons. Désormais, une ville venait de se construire où vivait avant les Amérindiens. Depuis tant d’années, après d’innombrables recherches, Cassie obtenait enfin une réponse à sa question. Qui était le responsable du massacre des indigènes ? Richard Danvers. « On part pour le Missouri. » annonce de manière autoritaire la Reine du Crime qui sort une dague Amérindienne depuis sa botte pour le planter dans les parties sensibles de l’homme. « Euh…Queen, tu veux vraiment t’en prendre à un Sénateur ? » s’inquiète Lucky Charm en se bouchant les oreilles sur les cris de souffrance du blessé. « Je ne reculerais devant rien. » répond la cowgirl en sortant de l’auberge en laissant bien entendu le soin à Roy de payer la note au sujet de l’alcool.