Messages : 1699 Date d'inscription : 03/03/2012 Age : 30
Sujet: Surveillance Lun 28 Sep - 13:25
Surveillance.
With
Asiye Y. Demir & Louis Roussel
Les mirettes de bois d'Arthur se posent sur le portrait de Hyacinthe, sur la photo qu'il a récupéré pendant sa relation lointaine. Selon ses dires, sa photo permettrait à Arthur de ne pas l'oublier. Chaque jour, chaque soir, le Français se sent vide en contemplant cette fleur qui vient de se faner dans les rues de Paris. Morte -écrasée par la cruauté de l'être humain- Hyacinthe doit être sûrement en train de taper la causette en compagnie de la défunte mère du Protecteur. Le vent souffle très fort depuis la position de l'étranger qui se trouve sur le toit d'un magasin de jouets. Il sent que son bien souhaite s'échapper de sa main gantée d'un gant en cuir marron pour réaliser une valse romantique avec le vent. L'envie le prend de laisser filer le dernier souvenir palpable de sa bien-aimée, de pouvoir se dire qu'il est de temps de tirer un trait sur tout ça mais la culpabilité l'empêche de réaliser ce tel affront. De son autre main, le faucon plie ses phalanges pour poser son front contre son poing. Son cœur déchiré le torture, le désire de pleurer se fait sentir. Aucune larme ne sera versée car le Français ne connaît plus ce supplice. Il est étranger depuis la mort de sa mère...
Finissant par rangée soigneusement l'image dans la poche intérieure du blouson de son grand-père Silvère, Arthur oriente son attention sur un faucon qui guette attentivement sa proie du crépuscule. Bientôt, l'heure de dormir arrivera ce qui oblige l'oiseau à remplir très vite son estomac pour ne pas être embêté la nuit par des gargouillements de faim. Remettant sa capuche, le regard de Blanchard est caché par l'ombre de son vêtement. On ne distingue que la moitié de son nez, ses lèvres ainsi que sa sale blessure qui restera à vie sur son visage. Le clocher de l'église sonne, le faucon bondit du toit pour s'envoler à grande vitesse sur sa proie, une souris, qu'il attrape dans ses serres tout en broyant les os de l'animal. Aujourd'hui le festin sera délicieux. Arthur quant à lui se relève pour observer le monde d'en bas. Les ruelles deviennent moins accueillantes lorsque les ténèbres de la nuit arrivent à grands pas. Les gens s'empressent pour la plupart de rentré dans leurs logements chauds afin d'y être en sécurité pendant que les plus rebelles -les plus malhonnêtes- sortent des ténèbres pour imposer le mal.
La raison de la présence d'Arthur, du faucon, du rapace n'est pas anodine dans Stockholm. Cependant elle ne sera pas dévoilée pour des raisons professionnelles. Si une oreille discrète apprend pourquoi Blanchard sort de l'ombre il ne sera pas nourri par le fauconnier. Reniflant un coup sec, l'homme qui est debout plie ses jambes tout en laissant ses bras pendre comme-ci ces derniers n'obéissaient plus à son corps. Lentement, son regard d'aigle pourchasse un individu ivre qui est bien trop gênant pour une Citadine Suédoise. Ses cris n'alertent absolument pas les forces de l'ordre qui doivent être occupées ailleurs. Le voyeur peste, saute du toit en accompagnant sa chute d'une roulade. Il se met à courir à très grande vitesse, pour arriver sur sa cible. Comme le fait le faucon, Arthur fonce à toute vitesse pour surprendre son festin. L'ancien combattant du feu surgit depuis les ombres pour faire tomber le soûlard qui souhaitait abuser de la femme. D'un croche pied, le voilà au sol. De son poing, l'ennemi tombe dans l'inconscience. La violence. Encore -toujours elle- poursuit le Français qui ne désirait plus faire appel à ses services...
Sans un mot, le capuchonné quitte les lieux en ignorant les paroles de la femme reconnaissante. Arthur serre sa mâchoire férocement en constatant que son gant est tâché de sang. Sa frappe était sans doute trop importante, l'individu dans les pommes pourrait soit avoir le nez cassé, soit la mâchoire de déboîté. Des lumières projetées par des lampes à pétrole se rapprochent dangereusement du Protecteur. Ce dernier bifurque dans une ruelle à gauche pour esquiver deux policiers. Il prend son élan, grimpe sur un mur pour gagner les toits -là où il se trouve en sécurité- afin de continuer son petit travail. De toit en toit il saute, bondit, s’envole sans y émettre de grands bruits. Son corps est conditionné pour le parcours, ses muscles répondent sans plainte aux demandes de Blanchard. D’ailleurs il n’est pas fatigué dans sa course. Ce dernier arrive à garder un bon rythme respiratoire ce qui l’empêche de recevoir des points de côté ou bien des crampes musculaires. Dans son chemin, gagnant parfois un peu plus de hauteur ou en perdant suivant la dimension des toitures, son sang bouillonne à l’intérieur de son être ce qui lui permet de chasser le froid de cette nuit de demi-lune. Désormais sur le plus haut sommet de l’église du coin, s’agrippant bien fermement pour ne pas tomber et éviter de mourir bêtement, l’oiseau reprend sa surveillance à la manière d’un héros guettant le moindre méfait des méchants.
Un rugissement alarme l’ouïe auditive de l’aigle qui focalise sa vision de rapace sur l’endroit bruyant. L’obscurité ne lui permet pas de bien voir mais heureusement les quelques lampadaires lui permettent de comprendre la situation de ce petit raffut. Un individu capuchonné -comme l’est Arthur- tente d’échapper à un tigre et à deux personnes -un homme et une femme- ce qui oblige le surveillant à perdre de l’altitude pour mieux voir ce qui se passe ou plutôt de suivre les poursuivants. Ainsi, sans un bruit, comme à son habitude à vrai dire, le Français pourchasse le couple depuis ses perchoirs. Peut-être se fera-t-il remarqué ou peut-être pas. En tout cas, Arthur ne compte pas se montrer dans l’immédiat, préférant observer depuis son toit en toute discrétion.