Messages : 1699 Date d'inscription : 03/03/2012 Age : 30
Sujet: Nouveau job Lun 28 Sep - 12:00
Nouveau job.
With
Hilda Skarsgård
La bouteille se brise en plusieurs éclats d'une proportion différente sur le plancher en bois qui se recouvre peu à peu de l'alcool contenu dans le récipient. Le liquide est rouge, comme le sang, cela doit être du vin. Des têtes se tournent dans la direction du bruit, certains se mettes à rire par égoïsme sous l'effet de l'alcool, d'autres émettent un faible sourire en apercevant le barman qui sort de son endroit de travail, c'est-à-dire de derrière le comptoir. L'homme chauve, extrêmement grand, détenant une barbe le faisant ressembler à un Viking, dépose son torchon sur son épaule tout en poussant un râle de colère. Le voilà qu'il empoigne férocement le col de son client pour tenter ou plutôt forcer de réveiller le mécréant. « Ça suffit étranger, tu sors de mon bar tout de suite. » bougonne le gérant qui traîne le client comme s'il s'agissait d'un vulgaire sac de poubelle. De sa force impressionnante, il projette l’endormi hors de son bar puis se frotte les mains en guise de bon débarras. Le soûlard qui vient d'embrasser le sol, se met à tousser fortement puis à l'aide de sa manche essuie les gravillons encore collés à son visage.
Arthur Blanchard n'est pas beau à voir. Le Français se relève difficilement, encore affaibli par la fatigue de son long voyage pour se rendre en Suède. Désormais, seul dans un pays étranger, à fuir un passé qui est resté en France, l'étranger doit attendre le retour de son ami de prison, Sven. Ce dernier compte lui trouver un travail qui est certainement bien douteux. De toute manière, l'ancien combattant du feu n'a guère le choix. Si selon les dires de l'ancien taulard, ce job est fait pour lui. Espérons que le Suédois est raison... Titubant dans la ruelle, manquant de tomber et se faisant rattraper de justesse par un honnête homme, Arthur le remercie par une petite tape sur son épaule tout en se tenant le front. Une migraine horrible le tiraille. Blanchard n'est pas saoul, il est juste terriblement fatigué. Toute la pression depuis la mort de Hyacinthe et des différents éléments par la suite qui se sont enchaînés a des conséquences horribles pour son moral. Il ressemble à cette vieille branche d'arbre qui ne tient plus qu'à un fil, qui est presque sur le point de se détacher de l'arbre pour pourrir lentement sur le sol, où se briser en quelques morceaux si des choses lourdes l'écrasent.
Le taulard se cale contre le mur blanc d'un bâtiment qui se trouve être un magasin de bijouterie. Ses cheveux bien crasseux cachent son visage qui est baissé. Ses mirettes noisette sont vides, inexpressives, mourantes, sans doute désespérée. Heureusement que ses sœurs ne sont pas avec lui, il s'en voudrait de les inquiéter par rapport à son état psychologique. Une pièce de monnaie est jetée à ses pieds, sûrement un citoyen sensible qui a confondu Arthur en sans-abri. De toute façon, le vagabond en est un désormais. Aucune habitation, aucun domicile, aucun chez soi, rien ! Il finit par ramasser le bien laissé pour lui et souhaite remercier le donateur. « Y'a pas de quoi p'tit gars. » répond Sven qui affiche comme à son habitude ce sourire moqueur dont il a toujours eu le secret. « La patronne risque de ne pas apprécier de voir un type crasseux jusqu'à ses bottes. Arrête de t'enfuir et va prendre une douche chez moi. Sinon je donne pas cher de ta peau quand tu la verras. » Pas un mot ne sort des lèvres sèches du Français qui se contente juste de hocher la tête pour suivre son camarade.
Depuis quelques jours Arthur se refuse de séjourner chez Sven en attendant le fameux moment pour rencontrer la redoutable femme qui sera peut-être sa nouvelle patronne. Il est bien trop honteux de coucher sur le fauteuil ou bien sur une chaise de son hôte alors qu'il n'a rien en échange à lui donner. Le Français se voit comme un parasite, préférant donc passer le plus de temps dans la rue. Mieux vaut se familiariser avec les lieux qui demeurent à être à présent la ville où il vivra. De plus, l'étranger se refuse catégoriquement de déranger Jenna et Angela. C'est de sa faute si les jumelles doivent refaire leur vie en ces lieux, en Suède. Surtout que l'une d'entre elles a dû quitter son petit ami. Brossant ses cheveux mouillés, fraîchement lavés, l'ancien combattant du feu ne prend même pas le temps de se raser. Avoir un peu de barbe n'est pas si gênant bien que ce soit tout de même une négligence en guise de propreté. Enfilant des nouveaux vêtements, cachant ses abdos bien dessinés par une chemise blanche, Arthur attache sa longue tignasse sous forme de queue-de-cheval pour ensuite les cacher sous la capuche bleue du manteau de son grand-père Silvère. On frappe à la porte, sans doute Sven qui espère que son ami soit enfin décrassé pour le rendez-vous. « J'arrive. » fit-il d'un ton maussade.
L'agence dont Sven parlait tant au taulard ne ressemble absolument pas à ceux que imaginait le Français. Le voilà qu'il se retrouve devant une boutique de thé. Est-ce ça le boulot dont parlait tant le Suédois ? Faire du thé ou être serveur, voire même peut-être homme de ménage ? Arthur se retient d'échapper à un soupir irrité puis fini par hausser ses épaules. Il lui faut de l'argent pour survivre donc tout fera l'affaire, quitte à être humilié. Il laisse sortir un homme fringué comme un cowboy qui adresse un signe de salutation à Sven, Arthur entre après son ami dans le magasin. Le vagabond retire sa capuche tout en restant en retrait. Machinalement, Blanchard se frotte l'endroit de son visage où gît sa cicatrice causée par son Daron. Il est légèrement stressé pour cet entretien, lui qui n'arrive jamais à garder un boulot longtemps. « Dites à la patronne que j'ai ramené la recrue potentielle. » demande Sven à la réceptionniste.