La rentrée des classes

Bien des choses échappent encore et encore la louve désireuse de jouer le rôle d’une personne qu’elle ne maîtrise pas à la perfection. Malgré ses efforts, ses gestes pour avancer au lieu de reculer, Cassidy reste toujours Cassidy et non pas une femme qui surpassera un jour le côté noble, bourgeois de ses parents. Ce monde est toujours aussi vaste, inconnue, difficile et éprouvant pour la Duchesse qui arbore ce titre depuis début Mai. Jamais, ô grand jamais la demoiselle s’est retrouvée dans une situation aussi embarrassante que compliquée. Mais il y a toujours des solutions pour des problèmes, sinon l’être humain n’avancerait pas…

On tente de l'arrêter sur son chemin, de la faire patienter jusqu'à temps que la conseillère de l'empereur soit revenue de sa réunion à un fameux conseil. Cependant, l'immature Duchesse Danvers ignore totalement les remarques des suivants de sa sœur Adelheid. Débarquant sans prévenir, à l'improviste dans la demeure du Châtiment, l'albinos souhaite absolument la voir. Premièrement, elle lui manque beaucoup trop. Elle ressent quelque chose de nouveau, depuis sa première rencontre avec von Ronsenwald. Mais ignorante et surtout gamine sur ce qu'exprime son fragile cœur, la louve ne comprend pas que son palpitant voit le Châtiment comme une sœur dont Cassie a toujours rêvé. La cowgirl qui parcourt le manoir à la recherche de la jolie femme n'est pas en état d'être très coopérative avec le personnel qui est au service d’Adelheid. Agir ainsi, comme une gamine capricieuse pourrait même causer des problèmes entre l'Angleterre et l'Allemagne. Finalement, l'impératrice de la Révolte s'arrête, se met à soupirer et décide de se plier aux exigences du personnel.

Les sentiments impulsifs de Cassidy se calment, la cowgirl sans foi ni loi tombe dans le sommeil pour faire ressortir la Conseillère de la Reine d'Angleterre. Des excuses sont adressées aux suivants, la louve range ses crocs devenant plus docile mais aucunement domptable. Soit. Si Cassidy Danvers doit attendre, elle le fera. Donc, péniblement, la femme qui ressemble à un vampire effectue les cent pas dans une pièce qui doit servir de salle d'attente. Elle rouspète, elle grogne, elle jure dans sa barbe non naissante, elle tapote plusieurs fois le bout de ses talons sur le sol.

Peut-être que l'attente dure une minute, quelque seconde, mais c'est déjà une éternité pour l'albinos qui meurt déjà de soif. Du coup, en prétendant de ne pas avoir le gosier sec car elle commence à en avoir ras-le-bol du thé, l'Avocate du Diable décide donc...d'explorer les lieux sans aucune permission. Danvers en fait encore à sa tête, agissant comme une gamine mal éduquée. Quelques minutes plus tard, voilà que la manipulatrice arrive à trouver un endroit propice pour attendre. Sans gêne, d'une grande audace, l'Anglaise est entrée dans un bon bain chaud tout en ayant vidé une deuxième bouteille de vin. Quel toupet...de se comporter ainsi...mais la femme ne peut pas s'empêcher de tomber à pieds joints dans ses pulsions de révolte. Le vin est de très bonne qualité, la température de l'eau est extrêmement bouillante.

Elle fixe le miroir en face d'elle qui se recouvre peu à peu de buée. La mondaine y aperçoit non pas son reflet mais celui du parasite qui vit en elle, dans son corps. Un visage neutre, ou plutôt ennuyé, des iris d'un or pur qui donne froid dans le dos. Tu me dégoutes. chuchote Mordred en fonçant ses sourcils. « Pourquoi m'avoir choisi alors ? De toute manière, il n'y a qu'une phrase qui te correspond ma chère Elf. You are nothing. » Un sourire provocateur, un ton moqueur, la Duchesse ferme ses paupières et s'assoupit en attendant bien sagement le Châtiment.

Difficile de ne pas s'endormir lorsque l'eau du bain est à point c'est-à-dire extrêmement brûlante pour l'amoureuse du whisky. Bien enfoui dans cette source chaude, ne laissant que sa tête dépasser, ses cheveux sous forme de chignon, la Duchesse est plongée dans ses rêves les plus fous, les plus doux où seule l'Impératrice de la Révolte y a accès. Elle y revoit son envie de vivre dans un ranch en Amérique, à être isolé du reste du monde. Y vivre avec sa charmante Scandaleuse. La faire sourire, la voir rigoler, la rendre heureuse. Puis, soudainement, un cauchemar prend forme. Une vision du passé la hante. Un événement de sa vie qui a bouleversé à jamais la cowgirl. Si les gens pensaient que Cassidy ne détenait aucun chagrin au cours de sa vie, cette information s'avère fausse. Il ne s'agit pas de la mort de sa danseuse Scarlet, mais d'un autre décès. Oui, à l'âge de ses dix-huit ans, l'héritière des Danvers venait pour la première fois de sa vie de mettre au monde un enfant, une petite fille, une mignonne Cassidy miniature. Sauf que, la mort a décidé de s'emparer de cette charmante merveille sans l'accord de la mère de l'enfant. Ce jour-là, Cassie s'est mise à pleurer, de maudire son propre sort, sa propre destinée et de jurer de jamais être attrapé par cette maudite mort. Au final, ce vœu a été exaucé car voilà que la mondaine est devenue une Descendante de Noé, une personne qui frôle l'immortalité. C'est ainsi, que le terrible cauchemar prend fin quand la sauveuse surgit de la salle d'eau du manoir. Adelheid Von Rosenwald, cette charmante rose détenant un nombre incalculable d'épines...

La Révolte ouvre ses paupières qui scintillent d'un doré éclatant rivalisant avec l'or pur qui demeure à être la convoitise des hommes ainsi que des femmes. Le réveil est assez doux aux oreilles de la louve qui profite discrètement pour admirer la silhouette féminine de l'Allemande. Oh non, il ne s'agit pas là d'une prédatrice qui regarde une louve avec un désir animal. Non, en réalité ce temps est terminé. Dame Danvers admire la silhouette élégante du Châtiment et se dit elle-même que la Reine du Crime n'arrivera jamais à l'égaler. L'hôte de Poena y dégage une prestance redoutable qui incite son entourage à la craindre et à l'aimer... Jamais personne n’arrivera à avoir sa prestance, ni son charisme. Elle mérite de montrer sur un trône et d’y diriger un pays, mais hors de question que ce soit l’Angleterre. Ce pays appartient à la Duchesse.

Elle reprend ses esprits par les claquements de mains d'Adelheid si bien que l'Avocate du Diable mouille son visage pour tenter de mieux se réveiller. Durant son petit sommeil, l'eau est devenue tiède et très désagréable pour Cassidy. Attrapant une serviette de couleur blanche, se dégageant de son bain sans y éprouver une quelconque gêne en exposant son corps nu parsemé principalement de cicatrices aux dos à cause de ses parents, un sourire taquin s'échappe des babines de la Louve Blanche. « Si j'aurais voulu te séduire Adelheid, j'aurai sorti le grand jeu. » s'exclame Cassidy en essuyant ses puissantes jambes à l'aide de la serviette. « Bien que l'envie soit assez tentante de te rejoindre dans ton bureau sans vêtement. » Cette manière d'agir ainsi, d'exposer cette "armure" ne lui ressemble aucunement. Ça doit être sa charmante Scandaleuse qui déteint sur elle. Dommage que ce ne soit pas Abigail à la place d'Adelheid en ce moment même. Disons que la louve se sent d'humeur ravageuse depuis ce bon bain bouillant.

Lorsque l'eau ne se trouve plus collée à son corps exotique, la Duchesse attrape ses vêtements, enfile sa garde-robe et rejoint sa sœur en prenant son temps. La frustration de Mordred hérisse ses poils et cela cause par la même occasion des picotements derrière sa nuque, une sensation de gêne désagréable. Se grattant pour enlever le petit inconvénient, elle ouvre dans la foulée une des deux portes du bureau de Lady Von Rosenwald. Refermant derrière elle, l'albinos s'étale sur un long fauteuil, se met à bailler et fixe le plafond de la pièce. Ses lèvres s'embrassent pour y former une ligne droite et ses bras se placent sous son crâne en guise d'oreiller. « Ça remonte à quelques jours depuis que je t'ai vu Adelheid. » constate la bourgeoise d'un ton triste. « Dois-je préciser que tu m'as énormément manqué ? Il semblerait que tu sois bien plus importante à mon cœur que je ne le pensais moi-même. » avoue d'une manière sincère Cassidy qui tourne légèrement son visage pour y observer le Châtiment. « La Reine m'a avoué de manière discrète que je ne ressemblais pas vraiment à une Duchesse mais plus à une boule de nerfs, à une non noble d'après ses dires. » Elle soupire se roule sur le côté en mode PLS pour bien regarder sa sœur assise derrière son bureau. « La Reine n'a pas tort, mais je n'y peux rien. Je n'ai pas été éduqué pour remplir ce rôle et puis...je préférais sécher les cours pour apprendre à tirer avec une arme. Je souhaite donc savoir si tu peux m'aider Adelheid. Je voudrais être une parfaite Duchesse, du moins une bonne Conseillère pour ma Reine... »

Elle se met à rire de bon coeur sur la petite question de sa très chère sœur adorée. Qui est-elle et qu’a-t-elle fait de Cassidy Danvers ? Comme c’est marrant de se pencher sur cette petite interrogation qui au final s’avère être très intéressante. Qui l’aurait cru que la vulgaire et solitaire Cassidy changerait au fur et à mesure sa manière de conduite et de pensée. Avant, il n’y avait qu’elle et rien qu’elle. Désormais, beaucoup de choses, d’éléments sont indispensables pour la survie de la demoiselle révolutionnaire. Au cours de son début de vie de Noé, plus précisément depuis ce début du mois de mai, Dame Danvers se rend compte qu’elle détient un grand côté protecteur qu’elle n’aura jamais soupçonné au cours de son existence de rebelle. Oui, il semblerait que la Duchesse médiocre s’attache et protège avec acharnement sur sa propre meute que cette dernière fabrique, rassemble peu à peu mais sûrement. Désormais, son palpitant qui ne battait que pour le sang et le chaos, se penche désormais sur Adelheid Von Rosenwald. Pas en tant que louve à draguer pour tenter d’avoir une nuit de folie avec elle, bien que la tentation soit très grande quand elle se penche sur son premier instinct de rebelle. Non, en vérité, Cassie voit cette femme, cette Conseillère de l’Empereur Allemand comme une sœur, comme sa sœur à elle et rien qu’à elle. Il n’est pas mentionné que l’Avocate du Diable serait très jalouse en voyant d’autres personnes qui verraient Adelheid comme une sœur, mais ce qui est certain, c’est que l’albinos serait potentiellement prête à donner sa vie afin de protéger cette diva. Oh oui, comme le ferait Mordred pour Angsthasia, la cowgirl aime affreusement cette femme sur un plan familial, sœur à sœur. Elle tient à elle, voire beaucoup, voire abondamment comme si au plus profond de son existence, l’enfant albinos souhaitait avoir une véritable sœur à ses côtés, afin d’y rire dans la bonne humeur et de ce dire qu’elle n’est plus seule…

« Cassidy Danvers…cette vulgaire rebelle commence à s’adapter au nouveau monde civilisé vu qu’être hors la loi en Amérique ne fait plus partie du plan. » La Reine Révolutionnaire se met à soupirer longuement puis ferme ses paupières comme fatiguer de sa journée qui vient à peine de commencer et qui n’a pas été très épuisante comparée à celle de sa sœur. Lorsque Adelheid se lève pour saisir une pile de dossiers afin de les poser violemment sur la place où toute deux se trouvent, la rebelle sursaute, invoque ses deux révolvers, actionne les chiens de ces derniers prêts à tirer. Ses iris d’or sont enflammés et pourraient brûler toute la pièce entière, voire le manoir en exagérant un tantinet. Ce regard que lance la louve à sa sœur, n’est pas le sien. Oh non, il semblerait que ce soit celui de Mordred, le Souvenir de la Révolte. Les sourcils froncés, les babines embrassées sous forme d’une ligne droite, le visage méconnaissable comme si cela montrait que la Révolte incarnée souhaitait sauter à la gorge du Châtiment pour l’avoir surprise pour si peu, l’Elf sous la forme de Cassidy y détourne son regard avec lassitude, comme si cette réunion était une affreuse perte de temps. Silencieuse, faisant disparaître les armes, devenant beaucoup moins froide et menaçante, Mordred plisse ses iris tout en fixant de haut l’hôte de Poena. Elle ne dit toujours aucun mot, préférant tourner le dos à l’Allemande et reprendre son sommeil réparateur après les nombreuses confrontations que Cassie vient d’endurer durant ce mois dont son dernier affrontement contre l’Exorciste pirate. Il est donc normal que la malveillante Dame Noire ne se montre pas en ce moment, obligée de réparer le corps, les tissus charnels, de ressouder les os car la guérison humaine est bien trop lente. Si Cassidy continue à agir de manière impulsive contre ses ennemis, Mordred pense que son espérance de vie risque de diminuer très vite. Cette dernière est lasse de devoir retrouver un hôte convenable pour déposer sa couronne de pique sur le crâne de celui-ci. Reprenant donc le contrôle de son propre corps, la Duchesse donne un violent coup de pied sur le fauteuil qui n’a rien demandé. Elle est en colère que son parasite, que la stupide Elf puisse prendre le contrôle de son propre corps sans sourciller. Visiblement, le Souvenir cache encore plus de force que Cassidy ne le pensait…

Heureusement, la cowgirl a entendu les dires de sa sœur qui enseigne déjà la toute première leçon. Cassidy va donc devoir se tenir correctement, ce qui est déjà difficile à digérer. Donc visiblement, son coup de pied de tout à l’heure n’est pas un geste à faire. Mais comment va-t-elle faire pour exprimer sa colère et son irritation. Ce que demande déjà Adelheid est inhumain. Machinalement, la Duchesse arque son dos tout en faisant pendre ses bras. « En fait, ce que tu me demandes, ma sœur, c’est déjà très difficile à l’entendre et à l’accepter. Ce serait montrer mes faiblesses à mes opposants. » se plaint-elle en se laissant tomber à nouveau sur le fauteuil. « Moi qui aie l’habitude de roter et mettre mes pieds sur la table, je vais devoir me résoudre à ne plus faire ce genre d’habitude. Grosso modo, tu me demandes de me comporter comme toutes la majorité des Anglaises qui roucoulent à l’idée de s’accoupler avec un mâle immonde qui détient la cervelle en bas entre les deux jambes. » Cassidy colle ses genoux à son ventre, tombe sur le canapé en se remettant en PLS. « Je me demande encore pourquoi j’ai repris l’héritage de ma famille. En fait, c’est la faute d’Adalie Van Eyck. Ada m’a pervertie à être une bourgeoise comme elle, c’est certain. J’en étais sûr qu’elle m’avais empoisonné après être parti du manoir de mes parents en Amérique. La garce… » jure-t-elle d’un ton neutre qui n’est pas vraiment une insulte pour le Savoir mais un compliment du point de vue de la Révolte…

Reprenant son sérieux et arrêtant d’être une gamine capricieuse, la louve se relève, fait donc face à Adelheid, restant debout et plaçant ses mains derrière son dos où ses dernières enlacent leurs doigts entre eux. La prédatrice se souvient de ses premières leçons au manoir de ses parents en Amérique. De ses nombreux professeurs qui n’arrivaient jamais à faire apprendre à Cassidy les bonnes manières. D’ailleurs, certains ont subi la colère de l’Avocate du Diable. Plusieurs fois ces profs ont été roué de coups pour avoir osé utiliser de l’outrage sur sa propre personne mais aussi sur les différents domestiques appartenant à ses parents. L’un d’eux, a même failli mourir pour avoir osé insulter Samuel et Samantha. En réalité, une chose que Dame Danvers connaît bien depuis son enfance, c’est de donner des coups à ses ennemis et de ne jamais être domptable. La Louve porteur du titre Alpha, la chef de la meute, voilà ce qu’est Cassidy Danvers. Mais va-t-elle continuer à jouer ce rôle, à la tenir fièrement ? L’avenir est incertain, surtout que son passé chaotique risque bientôt de la rattraper en guise d’un karma très violent. « Tu n’aurais pas plutôt du whisky ? » demande gentiment Cassie à Adelheid. « J’apprécie grandement ton vin, mais mon gosier n’est jamais hydraté sans whisky. Et sinon, toujours célibataire depuis notre dernière rencontre ? Dois-je t’aider à chercher la perle rare en échange de ton aide pour que je devienne une Duchesse exemplaire ? » Elle fixe la pile de documents et y pointe son index ganté sur cette dernière. « J’espère que je ne vais pas devoir lire toute cette paperasse ? Je ne suis pas réputée pour avoir une excellente mémoire. Par exemple, je ne me souviens jamais des prénoms des demoiselles d’un soir. Ni encore des salopards que j’exécute avec ma Calamity Jane. En plus de cela, j’ai oublié ce que j’ai pris comme petit déjeuner ce matin. Donc bon, tu es mal barré ma sœur si tu souhaites me faire apprendre des choses de manière théorique. Je préfère apprendre sur le terrain, ça forge et c’est plus excitant. »