Messages : 1699 Date d'inscription : 03/03/2012 Age : 30
Sujet: Épingler la douleur Dim 2 Fév - 19:38
Épingler la douleurWith Apollinaire G. de Buzancy
Plusieurs fois que Risa s’était arrêtée en chemin à cause des lourdes charges sur ses épaules. Pourquoi donc porter ces choses pour rendre visite à un Maréchal, à un prétendu homme venant du pays des glaçons qui allait devenir son nouvel instructeur. La détective était dépitée, désespérée d’avoir donné autant de mal, de fil à retordre et de déprime à la dompteuse. L’Anglaise n’a jamais voulu ça, elle ne souhaitait pas causer un tel échec pour cette Américaine qui a tout donné pour tenter de libérer Drake de ses ténèbres. Malheureusement, Risa était bien trop plongée dans ses propres abysses pour revenir à la lumière. La mort de sa fille, de son tendre bourgeon est une chose qui lui reste au travers de la gorge. La chevalière s’est bien vengée du responsable qui se trouvait être son ex-mari ; Seth Moriarty. Mais même en le jetant de la Tour Eiffel, sa victoire et sa vengeance contre ce démon prit un goût très amer. Moriarty avait raison sur une chose en déclarant la guerre à Holmes. Il comptait brûler le cœur de Risa, la faire souffrir à jamais, lui donner un cadeau bien pire que la mort. Le consultant du crime a réussi haut la main car sa chère et tendre épouse demeurait bien trop idiote, sotte, aveugle du monde dont elle vivait. Abigail Panabaker l’avait prévenu maintes fois que le comportement de sa rivale finirait par se retourner contre la détective. La Scandaleuse avait bien raison sur toute la ligne. Comme à son habitude, The Woman continue toujours d’avoir une longueur d’avance sur la Sherlock Holmes. Si seulement, si seulement Risa s’était rendu compte de son erreur bien plus tôt. Peut-être, oh oui peut-être que sa petite Flora vivrait en ce moment même avec elle, dans sa chambre à dessiner ou regarder les images des livres. À attendre le retour de sa mère pour recevoir des câlins, de la tendresse que la chipie n’a jamais eue de sa vie. Le sort en a décidé autrement, pour punir une nouvelle fois l’amoureuse du Savoir…
L’Anglaise se trouve à la porte du bureau du Français. Elle n’hésite pas à relâcher les poids sur ses épaules. Posant sa main contre le mur, la fille du vent salé tente de reprendre un souffle normal. Son cœur bat à une vitesse infernale si bien que ce dernier lui cause une bonne douleur à la poitrine. Décidément, ce Maréchal n’y va pas par quatre chemins en guise de Bienvenue. Risa pense qu’elle va vite le détester. La porte est frappée par le poing de la compatible. Une fois puis deux puis trois et aucune réponse dans le bureau. Si jamais de Buzancy s’est endormi, la demoiselle compte relâcher les poids sur sa tête. La poignée de la porte est actionnée par une petite rotation sur la gauche. L’obstacle s’ouvre et la Sherlock constate que le bureau est bien vite. Un soupir bruyant s’échappe des lèvres de la chevalière. Son palais mental se réveille après avoir subi un petit blackout à cause d’une crise d’angoisse de ce matin. Il indique immédiatement qu’un mot, une note est laissée par le Maréchal sur la table en bois. S’approchant de cette curiosité, Apollinaire signale sa présence sur le sommet d’une tour, la plus haute tour de la Congrégation de l’Ombre. Si les souvenirs de Risa sont exacts, plus de deux cents marches l’attendent. La joie, la grande joie. Holmes se doute qu’il s’agit d’un test, d’une première leçon adressée à l’Exorciste et le sujet doit concerner sa déprime maladive qui la tue à petit feu…
Prenant son mal en patience, Drake reprend les poids et entame ce nouveau chemin, ce nouvel objectif qui va l’emmener sûrement dans un meilleur avenir en trouvant une réponse, une solution pour combattre son deuil si douloureux. Alors, la fleur franchit la première marche, puis la deuxième et ainsi de suite. La fatigue est de plus en plus gênante, contraignante et l’envie de baisser les bras pour retourner dans sa chambre au cœur de sa solitude lui titille l’esprit. Mais son cœur est tenace même si actuellement, il est en plusieurs morceaux, déchiré par tous les événements qui sont arrivés sur elle à la manière d’une balle de pistolet. L’arrivée, la lumière au bout du tunnel ou du moins de la tour ou en réalité de la fenêtre de la tour arrive petit à petit mais sûrement. Sans retenue, la détective jette les poids près des pieds d’Apollinaire, à quelques centimètres de ce dernier tout en lâchant un regard qui n’exprime aucune envie de rigoler. Son état mental est en désordre, détruit, et franchement cette épreuve ne l’enchante guère. La détective souhaite être tranquille dans sa solitude car elle sa meilleure amie. Les ténèbres…un vieil ami.
Le Maréchal la remercie d’être monté jusqu’à lui et demande si ce n’était pas très long. La Sherlock préfère ne pas répondre, son silence est pour le moment sa seule réponse et il devra s’en contenter. La fille bornée et têtue est de retour… Puis, il souhaite avoir un rapport détaillé sur cette mutation, ce changement imprévu tout en gardant les poids sur ses épaules. Dommage, Risa vient de les jeter près des pieds d’Apollinaire. Impassible, l’Anglaise reprend donc les charges, ferme les paupières un instant avant de déballer ce fameux ressenti. Mais une chose la perturbe tout à coup, c’est l’ouverture de la fenêtre pour faire entrer le vent fort et glacial. Elle reprend sa concentration, ouvre lentement ses iris d’un bleu océan.
« Un échec. » commence-t-elle d’un ton sec. « Je suis un échec pour la Maréchale Cloud Nine, je l’ai toujours été, car je refusais constamment d’être une Exorciste. Je fuyais constamment pour une vengeance qui au final, m’a tout pris. Je le serais également pour vous, Maréchal de Buzancy. Je suis une erreur de ce monde, je ne fais que tomber au lieu de marcher. » dit-elle sans aucune retenue et d’un ton neutre bien que l’envie de pleurer soit oppressante. « Vous me faites porter ces poids sur mes épaules, sûrement pour me faire comprendre le lourd poids de la mort de ma fille, à cause de mon incompétence, à cause de ma sottise… » Ses larmes sont sur le point de couler, mais la détective lutte de toutes ses forces, sa voix est à présent tremblante et ses orbes d’un bleu océan changeant aux turquoises à cause de la luminosité de la lumière, exprimant une froideur et un désespoir indomptable. « Vous perdez votre temps Maréchal, je suis un poids mort pour votre unité… »