Il n’y a pas de mer calme, il n’y a qu’un apprentissage lent et féroce de son déséquilibre.

Dos contre le mur, mains croisées sous sa poitrine généreuse, cigarette à moitié consommée entre ses lèvres envoûtantes, Cassidy ayant délaissé sa tenue de noblesse en femme du far-west Américain joue le rôle de spectatrice devant une scène morbide dans une pièce, un cabinet médical isolé du reste du bateau de croisière. En effet, elle assiste en ce moment même à une création squelettique du Comte Millénaire qui entre par la bouche d'un cadavre fraîchement tué, son corps mécanique. Ce moment est consacré à la naissance d'un nouvel Akuma. Il vivra longtemps ou aura une courte durée, c'est le destin qui va déterminer de son sort. Quelques gouttes de sang s'écrasent sur le visage du vampire qui reste de marbre, impassible devant ce spectacle dégoûtant et méprisant. Pourquoi fait-elle ça ? Pourquoi assister à ce genre de chose ? La raison est toute simple. Le Comte Millénaire a besoin d'agrandir les rangs de son armée de démon. Il a donc échangé une valise remplit de billets à la voleuse pour lui transmettre la tâche de recruter des nouveaux acolytes, des nouveaux pions, des nouveaux soldats...

Cassidy Danvers, actuellement la conseillère suprême de la Reine Victoria, dorénavant Duchesse et propriétaire d'une fortune colossale grâce à ses investissements qui portent enfin leurs fruits, a organisé sous un faux nom une croisière pour plusieurs jours en invitant d'innombrables personnes dont essentiellement des classes supérieures extrêmement répugnantes aux yeux de la Louve. Ces monarques, barons, contes et autres prétentieux de la haute société qui obligent les pauvres à se soumettre vont à présent connaître le même sort, ployer le genou et baisser la tête devant leurs nouveaux maîtres : les Noés. Le bateau étant parti de Londres depuis quelques jours, compte se rendre en France, puis en Italie et revenir tranquillement de son long voyage.

Travaillant avec un Brooker, partisan du Comte Millénaire, médecin Américain assez célèbre et réputé pour ses nombreux miracles dans le monde de la médecine, Cassie se sert de lui pour appâter le gibier afin de les dévorer. C'est donc en partenariat avec ce pion, que la prédatrice fait courir une rumeur au sein de ce rafiot magnifique ressemblant au Titanic, que son médecin du nom de Baudoin est capable de redonner la vie aux morts. Bien entendu, la Duchesse fait en sorte de pas être impliquée dans cette affaire pour ne pas attirer le regard inquiet de son amie la Reine. Elle joue donc le rôle d'assistante, de garde du corps pour tromper les personnes. Ses cheveux blancs sont cachés sous une perruque composée d'une épaisse tignasse blonde. Son maquillage, son makeup est entreposé sur son visage pour le déformer légèrement. Ainsi, Cassidy ne ressemble plus vraiment à la beauté exotique faisant chavirer un nombre incalculable de prétendants bourgeois qui est représenté dans les journaux de Londres. L'Avocate du Diable se souvient tout à coup qu'un vieux croûton avait osé lui demander sa main pour l'épouser. Lui promettant richesse, gloire et bonheur. Des mensonges aux yeux de la Louve qui sentaient de cet homme une puanteur épouvantable. Il désirait juste réaliser ses fantasmes malsains et dégoûtant tout en arrachant les privilèges de la famille de Cassidy. La cowgirl ne se souvient plus de la façon dont ce pervers est mort de ses mains.

Le nouvel Akuma sort de la pièce comme si rien ne s'était passé. De la même manière que les nouvelles recrues avant lui.

« Avec celui-ci, nous sommes à vingt Akuma. » se réjouit Baudoin le médecin qui s'en frotte les mains. « La liste est encore longue et nous avons plusieurs et longues semaines pour tout finir sans trop attirer l'attention. Vous en pensez quoi, mademoiselle ? » demande le Brooker d'un sourire sournois.

La tricheuse ne répond pas, restant dos contre le mur à fumer sa cigarette presque terminée. D’innombrables jours à rester avec ce cinglé risque d'être une torture épouvantable pour la Duchesse. Une éternité à perdre du temps alors que la femme est déjà loin de son logement, de son majordome, des Hyde qui méritent d'être surveillé à cause de leur comportement frôlant la destruction, mais aussi de Phoenix et de Wil ses chers enfants. Un long soupir se dégage de la femme et déçoit le médecin.

« Pourquoi ce soupir ? N'êtes-vous pas heureuse de travailler avec moi ? »

« Non ! » répond sèchement la Révolte qui dévoile le jaune doré Noah à ses cristaux. « Vous n'êtes pas attirant. Vous sentez l'oignon. Vous n'avez aucun atout qui attise mon appétit. » La louve montre ses crocs et pose son index sur le torse de l'homme tout en déposant le mégot de sa cigarette dans la poche de la blouse du médecin. « Faites votre travail docteur, en faisant en sorte que je n'entends pas votre voix masculine. Sinon je vous coupe la langue ou vous finissez comme ces bons à rien de bourgeois prétentieux ! C'est clair monsieur Jackson ? »

On frappe à la porte, un autre client arrive sur les lieux. Le médecin se recule avec prudence, attrape une serpillière pour nettoyer grossièrement le sang sur le sol.

« Une...une minute. » annonce Baudoin Jackson en terminant à l'arrache le ménage de sa salle de consultation. « Vous pouvez entrer. »

Cassidy reprend sa place en tant que garde du corps, retrouve son regard pourpre et ne fait pas attention au prochain client qui doit sûrement demander la résurrection d'un proche. Certains amenaient carrément la dépouille aux pieds du médecin, d'autres donnaient une photo pour montrer le défunt. Quelque temps souvent, voire quasiment tout le temps, la manipulatrice arrivait derrière les clients pour donner un petit peu de courage, de révolte grâce à son don naturel de Noah. Une capacité bien pratique pour inciter les proies à avancer tête baissée dans la gueule du loup.

La nouvelle proie s’avance dans l’antre de la louve albinos qui préfère adopter une méthode de camouflage pour éviter d’être repérée trop vite et trop facilement. Ainsi, arborant une peau, une robe ou plutôt une chevelure différente de son blanc si rare et exceptionnel, la prédatrice préfère ne pas s’occuper du tendre et doux agneau qui en réalité se distingue de toutes les autres victimes qui sont déjà venues dans ce cabinet. Son odorat est la première chose qui aiguise ses sens et donnent subitement un appétit révoltant pour son estomac constamment affamé. Alors, histoire de passer son ennui, la cowgirl continue d’éviter de regarder le repas qui se trouve à côté. Elle se contente de respirer, d’inhaler la douce odeur qui donne un grand désir à la rebelle de poser ses griffes sur le morceau de viande. Ses paupières se ferment pour torturer ses cristaux de sang qui souhaitent absolument observer cette chose qui vient de rentrer. Son flair lui indique déjà que ce parfum si envoutant provient d’une femme et non d’un homme. Une odeur qui attire beaucoup plus la Noah. Un penchant, une habitude, un goût de préférer la chair des demoiselles qui respirent la beauté, la tendresse et la douceur qui rend toute chose la nouvelle Révolte du nom de Cassidy Danvers. Ses ongles vernis d’un noir très sombre de sa main droite se plantent lentement dans son bras. La louve résiste, retient avec des chaînes ses pulsions de vouloir se jeter d’un coup sans prévenir sur la femme inconnue afin de planter ses crocs bien pointus dans la peau délicate de sa proie. De savourer à la manière d’un vampire le sang de sa victime qui s’écoule dans son palais gustatif. La tentation est si grande, sa main gauche se met à trembler. Voilà de longs jours, de longues heures, de très longues et éprouvantes secondes que la Reine du Crime n’a pas pu goûter à la chair humaine pour apaiser sa faim si douloureuse qui ébranle son corps tout entier. Depuis la mort de Scarlet, de sa rouquine à elle, de son épouse, de son Aphrodite, de son amour, l’albinos a oublié son appétit, préférant concocter un plan pour se venger du Savoir : Dominus. Sans oublier que ses autres jours à jouer le rôle de l’amie de la Reine d’Angleterre, de se battre contre le roux Exorciste, d’adopter ses deux enfants qui sont Wil et Phoenix, mais également de réunir une famille de taré n’a pas du tout été de tout repos pour Cassidy.

La daronne pense au bonheur des autres et oublie de canaliser son appétit qui la torture à petit feu, constamment et tout le temps. Peut-être qu’un jour, Danvers va pouvoir trouver une solution pour apaiser cette faim maladive. Scarlet le pouvait mais elle n’est plus de ce monde. Ses incisives latérales qui sont bien pointues que ce soit de sa mâchoire inférieure et supérieure, se rencontrent pour s’enlacer, se caresser dans un bruit de grincement. Sa langue frotte sensuellement son palais puis se stop lorsque le son de la voix de l’étrangère se fait entendre. Elle demande si tout va bien et un sourire commence à naître sur les lèvres envoûtantes de la Duchesse. Ce dernier est amusé, et s’adresse au médecin qui échappe une goutte de sueur froide qui s’écoule depuis sa tempe gauche. Le regard de l’homme se pose sur celui de la noble qui reste toujours aussi silencieuse. Aujourd’hui, Cassie est un garde du corps et non une femme de pouvoir. Son rôle ne lui plaît pas du tout car l’Américaine préfère protéger une femme attirante ou bien un homme débordant d’un charisme et d’une douceur rare. Ce qui n’est pas le cas de ce charlatan.

« Oh…mais oui ! » se met à rire Baudoin en se frotte l’arrière du crâne avec sa main droite. « Tout va pour le mieux, mademoiselle. J’ai dû réaliser une opération d’urgence pour le patient avant vous. Il ne souhaitait pas avoir de médicament pour apaiser la douleur de mon travail sur lui. Du coup…je ne vous cache pas que l’opérer sans salir ma cabine car il bougeait tout le temps était infaisable. » Un long soupir se dégage de l’homme qui ment depuis le début à la nouvelle patiente. « Permettez-moi de me présenter. Je suis le célèbre médecin Baudoin. Je dois avouer que mon travail fait jalouser mes confrères. »

Il se tut ensuite en comprenant que la nouvelle arrivante est plus intéressée par Cassidy. Ce qui l’énerve et le déçoit. Baudoin lance donc son plus sévère regard à la Duchesse. Une chose qu’il n’aurait pas dû faire lorsque celui de la louve croise le sien et dévoile une grande envie de le zigouiller sur place. Heureusement qu’une autre question résonne dans la pièce et calme d’un coup, l’animosité meurtrière de Cassidy Danvers. L’étrangère demande l’identité de Cassidy, une chose qui amuse la Seigneuresse du mal.

Lentement, doucement, ses orbes de sang s’arrêtent (enfin) sur la proie se trouvant devant la Noah. Sans gêne, la femme ne cache pas son intéressement sur les courbes très féminines de la nouvelle venue. Une structure corporelle tout à fait remarquable, un spectacle magnifique et unique à contempler qui fait gronder l’estomac ou plutôt les désirs de l’albinos. Elle aimerait pouvoir passer tendrement sa langue sur ses babines mais ne le fait pas pour la simple et bonne raison que la bourgeoise préfère se retenir (un peu).

« Calamity. » sort-elle de ses lèvres recouvertes d’un rouge à lèvres bordeaux. « Calamity Jane. » Une fausse identité, mais une envie et un désir de mentir pour arborer le nom et prénom d’une femme de légende dont Danvers admire grandement.

La rousse la complimente sur son look et cela amuse encore plus la prédatrice. C’est comme-ci en ce moment même, il n’y avait plus que les deux femmes dans la pièce. Le médecin n’existe plus, il peut juste espionner la rencontre entre deux demoiselles aimant grandement jouer avec le feu.

« Enchantée de vous connaître, Adélaïde. » dit-elle d’un ton charmeur tout en lui adressant un clin d’œil. « Mon patron aimerait savoir ce qui vous amène en ce lieu. Mais si vous n’êtes pas intéressé par ce piètre médecin, nous pourrions discuter…ailleurs. » propose-t-elle sans gêne en rajouter un brun de malice au dernier mot de sa phrase.

Un picotement à l’intérieur de son organisme réveille tout à coup la louve qui souhaite tourner autour de cette femme. Mordred semble vouloir parler, s’inviter à la fête mais Cassie préfère la repousser, curieuse de savoir pourquoi son parasite désire faire son apparition. Alors, soudainement, la voix de la désespérée, de la traîtresse, de l’assassin de Sam et de la responsable de la mort de Scarlet résonne dans l’esprit de la révolutionnaire.

« Au lieu de t’aveugler sur les formes de sa poitrine et de ses hanches, tu devrais faire attention. L’odeur de l’Innocence se dégage en elle. »

Mais depuis quand Mordred se met à prévenir du jour au lendemain son hôte de la présence d’un danger ?! Les deux sont ennemis et désirent chacune s’autodétruire. L’albinos ne répond pas à l’intruse mais garde tout de même l’avertissement. Est-ce le début de la naissance sur une alliance entre Mordred et Cassidy ? Probablement pas, car après tout, Danvers est très rancunière et ne digère toujours pas les mauvaises choses qu’à provoquer l’Apôtre en son absence.

Il semble que la petite provocation semble fonctionner envers l’étrangère du nom d’Adélaïde. Son voyage à bord de ce maudit rafiot risque d’être fort intéressant. De quoi passer l’ennui un certain temps avec cette petite beauté se trouvant devant les yeux de la Révolte. Un sourire charmeur se dessine sur ses lèvres envoûtantes et le désir de mordre sa proie à l’aide de ses crocs de louve est de plus en plus dur à résister. Mais Cassidy Danvers et non pas Calamity Jane, est une professionnelle et compte bien ne pas mettre en puéril sa petite mission, bien qu’elle ait très envie de lâcher l’affaire pour passer à des choses bien plus intéressantes et privées. La rebelle prend donc son mal en patience et montre une nouvelle fois une différence entre elle et Mordred ; qui déteste attendre avant d’agir. Cependant, la prédatrice doit bien reconnaître que le conseil, l’avertissement du Souvenir n’est pas à jeter. L’albinos ressent enfin le danger, une arme maléfique se cache en cette jeune femme rousse. Il s’agit de ses formes féminines appétissantes. Non ! Trêve de plaisanteries, Danvers connaît déjà la véritable réponse. L’Innocence sous forme d’un objet doit se trouver quelque part sur Adélaïde. Afin de ne pas trahir sa véritable identité, sa véritable origine, la Duchesse qui est à présent garde du corps, fait une nouvelle fois preuve de patience pour découvrir le mystère à cette énigme qui la met en danger. Tout à coup, la noble se fait gifler férocement par le médecin. Une action qu’elle n’a pas pu venir dans l’immédiat à force de reluquer malicieusement la jolie proie. Prise par surprise, la femme tombe sur un genou et se tient la joue. Étant de dos à l’auteur de cet acte et du séduisant repas, les orbes pourpres de Cassidy se changent immédiatement en leur véritable nature ; celui du Noah. Le jaune rivalisant avec l’or pur, se met à briller, bouillonner d’une colère inimaginable pour une simple personne banale. On pourrait même y apercevoir des flammes qui brûlent à l’intérieur des iris. Heureusement que l’Avocate du Diable se trouve de dos. Quel soulagement que personne ne puisse apercevoir ce signe, cet indice qui trahit immédiatement la couverture de la manipulatrice. Un rire se fait entendre, il s’agit de celui de Mordred qui apparaît sous forme fantomatique devant la nouvelle représentante de la Révolte. Le temps semble s’être figé, comme-ci sa discussion, ses désagréables retrouvailles avec Mordred doivent être une chose privée et très secrète.

Le parasite prend l’apparence de cette forme elfique qui apparaît tout le temps quand le don naturel de la Révolte englobe le corps de Cassidy Danvers. Maintenant, le vampire peut apercevoir en chair et en os cette silhouette. Absolument pas humaine, mais possédant une beauté très provocatrice. L’index du Souvenir soulève le menton de son hôte.

« Tu es surprise de me voir, Cassidy ? » demande la diablesse d’un ton froid et très malicieux.

Danvers se met à rire et retire la paluche de son ennemie par un geste de main.

« Tu arrêtes enfin de chouiner ? » se moque la rebelle en lui faisant un clin d’œil moqueur. « Tu comptes m’harceler aujourd’hui ? Inutile de vouloir reprendre mon corps, je ne te laisserais pas faire. Ta destinée s’est de regarder dans ta cage et non d’en sortir. »

« Un moment donné, tu vas devoir me libérer misérable bout de viande. » dit-elle en regardant de haut l’albinos. « Plus tu utilises mes pouvoirs, et plus tu seras obligé de me laisser sortir pour continuer à avancer dans tes petits projets. Rends-toi à l’évidence. Sans moi, you are nothing ! »

Le temps n’est plus figé, la douleur à la joue de Cassidy refait surface, la présence de Mordred vient de disparaître. De sa main droite, elle caresse sa joue. D’une longue et discrète respiration, le rouge des cristaux de Danvers est à présent revenu. La femme du Wild-West se relève et Baudoin lui remet une deuxième gifle à l’autre joue qui n’a rien eu pour le moment. Cette fois, la bourgeoise ne tombe pas et demeure impassible, imperturbable. Sa colère, sa haine, sa soif de sang sont arrêtées rapidement.

« Ton rôle est de me protéger et non de salir ma réputation et mes exploits. » crache l’Américain en foudroyant la hors-la-loi. Il se recule de quelques pas, tire un peu son col en exprimant un léger malaise, essuie son front avec son mouchoir rouge en tissue, se racle le fond de sa gorge pour attirer l’attention de la rousse. « Vous avez entendu des rumeurs comme quoi je ramène des morts à la vie ? » De son pouce et de son index, il tire le bout de sa petite moustache guidon et s’amuse à rouler les morceaux de poils entre ses doigts. « Ces rumeurs sont exacts, ma chère. J’ai les moyens et les connaissances d’exécuter ces miracles. Vous m’avez bien entendu miss Adélaïde. Je suis passé au-delà de la médecine. »

Cassidy reste silencieuse, se plaçant au fond de la pièce, assise à présent sur une chaise, baissant son visage pour le cacher grâce à son chapeau, posant sa jambe droite sur celle de gauche. La Noah est toujours silencieuse, ayant perdu sa langue. Sa crinière est cependant toujours hérissée, prête à bondir à un moment donné pour attaquer. L’élue de l’Innocence devient curieuse, bien trop au goût de la Conseillère de la Reine, ce qui confirme donc une chose ; il s’agit d’une Exorciste. Un ennemi naturel qui arrive à nouveau sur le chemin de la blanche. Ça va faire combien d’Exorciste rencontré ces derniers temps en ne comptant pas la catastrophe en Écosse ? Deux ? Trois ? La Révolte a oublié de compter mais grâce au ciel ou plutôt malheureusement à vous, l’Apôtre est toujours en vie et encore plus forte qu’avant. Néanmoins, il serait dommage que la carnivore attaque tout de suite cette rouquine, détenant une chevelure à l’identique de sa défunte fiancée. Danvers aime beaucoup cette couleur qui donne une apparence unique à certaines femmes. Doit-elle donc jouer la petite innocente et profiter de jouer avec la rouquine, ou bien enlever son déguisement pour passer aux choses ennuyantes ? Un dilemme s’offre à l’alliée du Comte Millénaire.

« Comment je procède ? » Un rire arrogant est provoqué par les cordes vocales du médecin. « Mais ma chère demoiselle, il me suffit juste d’avoir une photo, un nom, ou bien un corps pour faire revivre la personne à qui vous tenez énormément. La meilleure méthode est de crier son nom devant ceci. » L’idiot montre déjà tout à la fille c’est-à-dire une rangée de squelette mécanique se trouvant derrière le bureau de Baudoin. Des petites horreurs bien cachées dans une pièce qui servait avant de chambre pour l’Américain.

Tout va trop vite dans cette scène qui doit rester secrète et si jamais Adélaïde refuse de coopérer dans une nouvelle résurrection, Jackson Baudoin compte bénéficier du don naturel de la Révolte. Du moins, si la Reine du Crime souhaite agir car pour le moment, la femme qui n’a absolument pas répondu à la question de la petite beauté, semble être désintéressée. Montrant aux deux individus, que la Noah joue une femme payée (et agressée par la même occasion) à protéger le crétin de docteur. En ce moment même, la révolutionnaire est en train de préparer dans son esprit une excuse auprès du Comte sur l’échec de cet incompétent bien trop bavard et arrogant.

La lèvre inférieure de Cassidy est mordue lorsque Baudoin montre le plan, le véritable plan, la grande solution, la tragique vérité de comment ramener des morts à la vie. Cet homme qui est bien trop arrogant de son nouveau statut de brooker, de ses avancées en médecine moderne est littéralement en train de creuser sa propre tombe. Qui plus est, l’idiot vient de détruire un potentiel moment fort agréable entre l’albinos et la rousse. Tant pis, c’est la vie, il y aura d’autres occasions et de toute manière, le cœur de la louve blanche a été volé récemment par un joli ange tombé du ciel. Actuellement, l’auteur du vol doit être en train de soigner précieusement le palpitant de la révolutionnaire pour tenter de lui redonner goût à la vie, à ses désirs d’ambitions et surtout à rendre Cassie un peu plus humaine. Un long soupir se dégage de ses lippes quand la carnivore est témoin de la scène de l’Exorciste apercevant les squelettes mécaniques Akuma. Le Comte Millénaire va être très furieux mais en même temps pourquoi engager un tel incompétent que ce soi-disant médecin pour agrandir l’armée des Noah ? Pour une fois, Adam manque de tact et fait perdre un temps considérable pour la femme d’affaires. Même si grâce au Faiseur, Danvers s’est remplie les poches pour agrandir son compte en banque. L’Avocate du Diable aimerait prendre un peu de repos, prendre congé pour son travail acharné depuis le début du mois de Mai. En y pensant, la prédatrice se verrait bien dormir une journée voire deux journées entières. Ça lui ferait un bien fou, mais pour le moment c’est un rêve impossible à réaliser. De ses doigts, la Calamity Jane s’amuse avec une pièce de monnaie Américaine puis elle la lance en l’air pour la rattraper par la suite. Une fois que c’est fait, la femme se retire de sa chaise en ignorant bien entendu les paroles de la rousse qui n’ont plus aucun intérêt pour la rebelle. Ses talons se rapprochent de Adélaïde pour s’arrêter à quelques mètres de la femme. Cassidy Danvers toise une nouvelle fois sa proie en devenant impassible. Ses cristaux de sang sous les verres de ses lunettes s’arrêtent à mi-chemin sur les orbes de la rouquine.

« Bon Dieu, il a fallu qu’on tombe sur l’Ordre Noir. » s’affole Jackson Baudoin qui se facepalm désespérément. « Je n’ai pas le choix…ma carrière et ma vie sont en jeu…tue-moi cette gêneuse sur-le-champ ! » ordonne le médecin en pointant son index sur la ravissante beauté qui mesure deux centimètres de plus que la Reine du Crime.

Un ordre ? Encore et toujours un ordre donné par cet homme ? Le sang bouillonne fort dans l’organisme de Cassidy. Une chose dont elle a horreur dans la vie, c’est de recevoir des ordres, des obligations. Personne, oui personne ne doit et ne peut la soumettre à quoi que ce soit. La Duchesse est et sera toujours la femme qui défie n’importe quoi sans y éprouver la moindre gêne, la moindre difficulté. Car oui, la femme du wild-west est indomptable et même Dieu et le Comte Millénaire ne peuvent lui dicter sa manière de conduite. On peut l’insulter, tenter de la tuer, lui couper un bras ou une jambe, Cassidy se relèvera toujours avec la tête haute tout en ne baissant jamais le regard sur les obstacles qui se dressent devant son chemin. Un sourire en coin se dessine sur le visage du vampire. La noble attrape une cigarette dans son petit paquet, la mord avec ses crocs, allume la mèche de sa drogue à l’aide d’une allumette, effectue un rapide mouvement de sa main gauche pour éteindre le petit bout de bois en feu, inspire puis expire le bien que lui apporte cette chose qui dégrade la vie des gens. Cassidy tire la petite chaîne en or accrochée à sa ceinture pour sortir un objet rond de sa poche. C’est une montre à gousset, et pas n’importe laquelle vu qu’elle appartient à la scandaleuse. Ouvrant le couvercle de son bien, la Noah vérifie l’heure puis caresse de son pouce la photo se trouvant à l’intérieur. Celle de Phoenix Lanfredi, la petite Akuma qui est devenue sa fille, la personne dont elle protège de la crevure de Salvatore.

Puis la louve blanche préfère parlementer plutôt que de suivre bêtement les ordres de l’humain.

« Tu comptes nous arrêter ? » demande la prédatrice qui s’approche à pas de Loup en direction d’Adélaïde tout en rangeant sa montre. « Avec ta tenue magique de pirate et ta longue-vue ? » Elle plisse ses iris de sang, enlève ses lunettes, attrape un chiffon dans sa poche et les nettoie avec. Une fois que c’est réalisé, la paire de montures se repose sur son nez fin. « Je dois reconnaître que tu es une femme très impressionnante, très séduisante, très charmante. » La Révolte se pince un bout de sa lèvre inférieure. « Tu veux des réponses ? Je vais t’en donner. Mon employeur m’a demandé de planquer une dizaine d’explosif dans le rafiot. Afin que la mort de tous ces gens soit comment dire, "transparent", pour l’avènement de ces choses provenant de ces squelettes. Le bateau doit exploser ce soir, et je dois bien entendu, mourir dans la tragédie. » la menteuse soupire elle qui sait si bien mentir, jouer des rôles pour tromper ses ennemis afin de les poignarder derrière le dos. « Il détient ma petite sœur en otage, je n’ai du coup pas le choix…c’est le dernier membre de ma famille… » Elle verse une larme de chaque côté, bien entendu fausse. « Je joue la caïd, devant toi, car je sais que ma vie se termine dans la soirée… »

« Tu es sourde ma parole ? » hurle et coupe le gêneur. « Élimine là tout de suite !! » ordonne encore une fois le maître à son chien.

Sa patience est à rude épreuve et voyant que la louve ne lève pas la main sur l’Exorciste, il sort un pistolet dissimulé dans la grande poche de sa blouse blanche parsemée de quelques gouttes de sang de ses victimes et non de ses patients, arme le chien puis commence à appuyer sur la détente.

« C’est non…je ne peux pas… » répond la Révolte en baissant sa tête, essuyant ses larmes puis en enlevant ses lunettes salies par sa tristesse qui est fausse et bien jouée.


Sauf que Baudoin semble vraiment perdre patience pour une simple et bonne raison. Il est victime du don naturel de l’Apôtre de la Révolte. Tout ce que l’homme souhaite s’est se rebeller et son cerveau veut à tout prix éliminer l’Exorciste. Un plan prévu depuis le début par la manipulatrice. Le coup de feu retentie dans la pièce, on peut même entendre des hurlements de civils à l’extérieur du cabinet du médecin. Il y a de quoi être surpris en entendant le bruit d’une arme à feu. Lourdement, le corps de la cible tombe sur le plancher en bois et se met à suffoquer. Ce n’est pas Adélaïde qui tente de retenir avec sa main son sang qui sort de sa blessure, mais le médecin qui comprend seulement maintenant ce qu’il vient de se passer. Quand il s’agit de tirer le plus rapidement possible, Cassidy est la première sur ce domaine. Avant que l’autre idiot ait eu le temps d’attenter à la vie de la rousse, la criminelle a invoqué un de ses Colt Single Army dans sa main gauche pour neutraliser la menace. De son autre main, l’albinos à boucher l’oreille se trouvant près du joujou de la Noah pour éviter de dégrader l’ouïe auditive de cette dernière. L’agneau se met à gémir de douleur, se tortille comme un poisson rouge hors de son bocal tout en jurant sur Cassidy. Oh, il mentionne bien qu’elle travaille pour le Comte. Il dévoile même que le Comte Millénaire sera furieux, mais heureusement la petite surprise sur sa véritable identité n’est pas dévoilée. De toute manière, la proie de l’affamée ne doit pas être sotte et se doute que Danvers est une potentielle Descendante de Noé. Retirant sa plume de l’oreille de la demoiselle, Cassie saute le pas et dépose furtivement un baiser sur les lèvres délicieuses de la rousse sans lui demander son accord, sans se soucier de sa réaction. Telle une voleuse arrachant sans prévenir un bien à sa victime. La Révolte contourne Adélaïde pour diminuer la distance qui la sépare de Jackson Baudoin qui continue son manège de plaintes et de menaces de mort à l’encontre des deux femmes. Comme cet arrogant est méprisant et donne à la Seigneuresse du mal l’envie de vomir. Son souffle fait disparaître la fumée se dégageant du canon de son jouet qui vient de blesser la pauvre brebis. Sa langue se met à lécher malicieusement ses babines pour tenter de regoûter à la saveur des lèvres de la rousse. Puis, sa main valide agrippe férocement la gorge de Baudoin pour le relever et le soulever dans les airs comme-ci il ne pesait qu’un seul kilogramme. Détenant une taille d’un mètre soixante, le pauvre nain tente de se débattre, agite ses pieds dans les airs et suffoque car il n’arrive plus à respirer. Des larmes de peur coulent le long de ses joues et son pantalon s’humidifie de son urine. Le peureux vient de provoquer la rebelle qui n’obéit à personne. Le trouillard vient de franchir une ligne à ne pas dépasser. L’idiot ne manquera à personne et évitera de ternir ce monde. La révolte dans son organisme est en même temps aspirée par la gloutonne qui regagne des forces en savourant le repas.

En quelques secondes seulement, le docteur vient de tout perdre à cause de la Révolte. Son job, ses rêves d’avenir, son argent, sa femme ainsi que ses enfants, son alliance avec le Comte Millénaire et sa propre vie. Il s’écrase par la suite sur le sol lorsque les griffes de la prédatrice se desserrent. De dos face à son nouvel ennemi, Cassidy enlève la perruque sur ses cheveux pour dévoiler sa crinière blanche comme la neige. Sa peau blanchâtre prend un teint gris comme les Noah. Des stigmates se placent sur son front, comme les Noah. Pour conclure, ses iris prennent une couleur or unique, comme les Noah.

« Tu es certaine de ne pas vouloir passer du bon temps avec moi ma jolie ? » Un sourire mauvais est adressé à la rousse Exorciste. « A moins que tu n’aies aucune expérience dans ce domaine. » La fumée pourpre du don naturel de Cassidy se dégage de la paume de ses mains pour l’entourer. Tout à coup, ses vêtements se changent automatiquement pour lui redonner sa tenue habituelle de cowgirl, de chef de gang, de caïd, de la Reine du Crime. Elle fait tourner son arme autour de son index pendant quelques secondes et le rentre dans l’étui au-dessus de sa cuisse droite en parallèle de l’autre pistolet se trouvant à sa cuisse gauche. « Approche, ma jolie ! Je suis tout à toi. »