De ses resplendissantes émeraudes virant parfois aux turquoises, Risa admire la photo du portrait de sa mère depuis plusieurs heures. Assise confortablement sur le lit où sa maman s’est reposée tant de fois, la fille du vent salé caresse du bout de ses ongles le visage de la femme qui l’a mise au monde. Tout comme Morgana Holmes, sa fille est porteuse de la couleur de ses cheveux, de ses iris et de ses lèvres. Cette photographie représentant un nouvel espoir remplit de chaleur le pauvre cœur gelé de la douce détective. Un petit sourire s’échappe de son visage blanc qui exprime une joie de connaître enfin une vérité radieuse et ensoleillée. D’après Mrs Hudson, sa mère n’a plus donné de nouvelles depuis son voyage en Suisse. Les journaux ont mentionné sa mort, la Reine l’a affirmé, et le monde a tourné le dos à la génitrice de Risa. Un nouvel objectif est à présent créé pour la femme porteuse de cheveux de neige. Elle doit se rendre en Suisse à l’endroit même où Morgana s’est rendue pour découvrir le mystère qui entoure sa disparition mystérieuse. Si le Seigneur l’entend, s’il existe, la jeune femme prie pour que ça mère soit toujours en vie. Dame Drake ne sait pas comment réagir au moment où elle la verra. L’enlacer ? La disputer ? Pleurer ? Des questions qui causent une petite migraine passagère et farceuse au palais mental de la Sherlock.
C’est lorsqu’on frappe à la porte de la pièce que Risa se détache enfin de l’image de sa daronne. Son esprit lui remémore subitement les derniers événements : que Holmes vient d’accepter l’offre de Martha Hudson pour être la locataire de l’ancien appartement de sa mère. Sa paye d’Exorciste lui servira à payer le loyer et elle ne compte pas donner l’argent en retard car Drake est bien trop polie pour réaliser ce genre de faute.
«
Entrer » dit-elle en reposant la photographie sur une table de chevet pour ensuite y apercevoir Hudson entrer en tenant un plateau où une tasse de thé bien chaude et un journal s’y trouvent. «
Vous n’étiez pas obligé vous savez, madame Hudson. Je suis terriblement gênée à présent… »
La propriétaire des lieux se met à rire et dépose le plateau sur la table de chevet de Risa en faisant attention à la photo.
«
Laissez-moi savourer ma joie de rencontrer enfin, la fille de la célèbre Morgana Holmes. Je pense que le destin vous a guidé jusqu’ici et je suis heureuse de pouvoir vous louer cet appartement. » Elle déroule le journal et commence à le lire. «
Mais pourquoi donc, simuler votre propre mort, ma chère ? »
La compatible se saisit de la queue de la tasse, rapproche l’objet près de ses lippes, renifle délicatement le parfum et découvre de quel thé il s’agit : c’est un Earl Grey. Mélangé entre un citron vert et une orange amère. Le goût de cette boisson chaude remplit de joie les papilles gustatives de l’amoureuse du thé. Risa ferme les yeux en savourant son breuvage pendant quelques instants.
«
Pour éviter de trop attirer l’attention sur moi, my dear. » sourit sincèrement la demoiselle à Martha. «
Londres se porte mieux sans ma présence bien que je regrette les bons temps de devoir chercher des indices pour trouver les auteurs du mal. »
Hudson enlève ses lunettes de son nez et soupire.
«
Londres irait beaucoup mieux si les voyous étaient arrêtés et installés derrière les barreaux Risa. La capitale n’est plus sûre et Scotland Yard est dépassé par les événements. » avoue Martha d’une manière désespérée. «
On y parle toujours du Boucher de Shadwell qui continue à commettre des meurtres. D’un voleur charmeur qui commet des méfaits et portant malheur à autrui. De Jack l’Éventreur, et de The Woman… »
La ravissante chevalière avale de travers son thé lorsque la propriétaire des lieux mentionne le pseudonyme d’Abigail Panabaker. Elle se met à tousser fortement et dépose la tasse sur la petite assiette en céramique. Instinctivement, la pauvre Martha tapote le dos de la jeune femme pour l’aider à passer ce vilain toussement qui ne souhaite guère partir tout de suite. Discrètement, la Sherlock enlève le sang mélangé à du thé sur sa main qui a été recraché par ses poumons malades. Risa peste intérieurement, se lève de son lit, cherche dans son petit sac et y attrape un petit tube contenant des pilules. Contrairement aux indications qui sont de prendre un cachet, la malade en prend trois et les avales avec l’aide de son thé. Une gélule ne procure aucun effet pour l’ex-droguée, elle a tenté d’en prendre deux mais le résultat demeure le même, peut-être qu’avec trois pilules le rendu final sera efficace. Peut-être...elle espère…
«
Qu’est-ce donc ma chère ? » demande curieusement Mrs Hudson d’un petit air inquiet sur les dernières notes de sa question. «
Vous êtes malade ? Dois-je vous donner une excellente adresse où loge un médecin très compétent ? »
Drake remue négativement la tête et emprunte le journal pour y lire les nombreuses notes sur ces prétendus malfaiteurs gênant la tranquillité de Londres.
«
Je crains fort que mon cas soit désespéré pour un médecin, d’autant que je ne fais aucunement confiance à ces personnes. Du moins, il y a quelques exceptions. Mais je me souviens d’une journée pluvieuse à Londres où un prétendu docteur m’a décrété d’être enceinte alors que je n’ai eu aucune aventure avec un nouvel homme. De toute manière, je ne ressens plus aucune attirance pour ces…mâles. » Risa se racle la gorge pour tenter de faire oublier ses remarques à son interlocutrice. «
Le directeur Jameson de The Times semble vouer une grande passion à critiquer chaque criminel. Le boucher est considéré comme un rat d’égout, un vengeur solitaire, un poivrot aimant manger de la viande humaine. » Rigole-t-elle ironiquement face à ses absurdités.
«
Pourtant ça me semble vrai non ? »
Risa marque une pause, son regard devenant vide et son resplendissant palais mental lui dévoile un événement du passé, de sa rencontre avec ce certain Martin alias le Boucher de Shadwell. C’est grâce à lui, que Holmes a réussi à faire tomber Moriarty de Sa Grandeur légendaire pour le faire ressembler à une crêpe. En y repensant, la sorcière se doit de donner des remerciements à cet homme. Un petit merci même si pour elle, le tueur passera son chemin sans jamais l’avoir vu et entendu. Ses babines affichent de nouveau un léger sourire.
«
Je préfère me donner une opinion d’une personne en l’ayant côtoyé plutôt que de croire aux idioties d’un journal. » avoue lentement la demoiselle en terminant son Earl Grey. «
Je dois repartir, je ne peux rester indéfiniment en ces lieux. Mais ne vous en faites pas Mrs Hudson, je reviendrais en vous préparant une tarte aux pommes dont je garde le secret. » Holmes s’incline et quitte ses quartiers en y enfilant son uniforme d’Exorciste.
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Le début de la matinée continue dans sa lancée dévoilant un ravissant soleil qui apporte le sourire à certains à cause des jours passés pluvieux et quotidiens de Londres. Mains dans les poches de son luxueux uniforme de l’Ordre Noir, parsemé de décoration en argent et extrêmement coûteux, la Rose Noire emprunte les ruelles sombres et mal fréquentées de la capitale Anglaise. Capuche sur la tête, l’Exorciste y dissimule ses resplendissants cheveux pour éviter de trop attirer l’attention sur sa personne bien que son uniforme ne soit pas adapté pour être discret. Ça attire la curiosité des clochards, des poivrots et surtout des mômes orphelins qui grandissent dans les allées Londoniennes miséricordieuses. C’est d’ailleurs l’objectif de la compatible. Durant son passé, ses meilleures sources de renseignements furent données par Wiggins et sa petite bande. Grâce à ces gamins, plus besoin de chercher une épine dans une botte de foin. D’habitude les rigolos traînent près de la boulangerie faisant de ravissants aliments en forme d’animaux. Pour une fois, cette piste est fausse, la détective décide alors de se rendre à leur soi-disant quartier général. Un bâtiment désaffecté qui était autrefois une maison appartenant à un vieil homme aveugle. Le pauvre, il est mort en tombant dans la Tamise alors qu’il tentait de se rendre chez son banquier. De plus, la victime ne savait pas nager. Une triste histoire sachant qu’il n’avait aucune famille. Au moins sa baraque sert de logement pour des orphelins désireux de trouver un toit pour dormir. Arrivée à son objectif, l’Anglaise ouvre la porte sans gêne et y découvre la bande de marmots se jetant sur elle pour violation de domicile. Il ne faut guère de temps pour que les agresseurs soient mis au tapis par l’experte en Baritsu.
«
J’ai besoin de vos services comme au bon vieux temps. »
«
Holmes ? Nous te croyons morte, à cause de ton absence on a galéré à s’en sortir. Tu veux quoi ? Attention ça va te coûter cher cette fois !! » menace le jeune Wiggins en frottant sa joue toute crasseuse avec sa main qui l’est également.
«
Je recherche un homme mesurant environ un mètre quatre-vingt-cinq, mince, des rides sur le visage, un nez long voire sec, des lèvres charnues, des sourcils grisonnants épais, cheveux se mettant à grisonner également, ses yeux sont gris il me semble et terriblement froid. Son style vestimentaire est assez simplet, la dernière fois que je l’ai vu il portait un long manteau. Je pense que ses autres vêtements n’ont aucune importance car ma cible doit s’en débarrasser à cause de ses péripéties, du moins s’il regorge d’intelligence. A vrai dire, je recherche le Boucher de Shadwell. Donc, je souhaite trouver un tueur en série… »
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Les informations recueillies par les enfants furent assez intéressantes mais assez floues. Sa cible se cache dans le brouillard et arrive presque à échapper à la vigilance des yeux de Sherlock Holmes qui sont les mômes du quartier. Néanmoins, la demoiselle pense savoir où il se trouve. Il existe un individu dans Londres qui peut l’aider. Xuan Ming, le demi-frère de Seth Moriarty. Cette déduction est peut-être fausse mais une grande quantité d’ombres se cachent derrière le Semi-Asiatique qui doit être en charge d’un petit trafic douteux. D’autant qu’Abigail n’a pas hésité une seconde à s’associer à cet homme, ce dangereux individu. La piste de Wiggins l’entraîne également dans cette direction, du moins aux alentours… De toute manière, Holmes ne tarde pas à conclure que ses prédilections soient vraies ou fausses car derrière le bâtiment de l’antiquaire se trouve un civil ressemblant fortement à ce fameux Martin.
«
Eureka. » se dit à elle-même la chercheuse de vérités.
Doucement et avec précaution, la sorcière rétrécit l’espace qui la sépare du Brouillard.
«
Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour mon impolitesse. » commence Holmes en inclinant sa tête en guise de salutation à l’homme. «
Vous êtes le prétendu Martin que j’ai rencontré à Paris le 17 Mars de cette année ? Je suis la pauvre gamine blonde qui a tenté de vous arrêter. »
Risa retire sa capuche pour y dévoiler sa chevelure de neige et son visage meurtri par le désespoir causé par son ex-mari cachant la réelle beauté provenant de sa véritable mère. Discrètement, ses anneaux de Poséidon entourant ses index s’activent sous ses gants en cuir noir. La Sorcière aux Roses Noires préfère être prudente, surtout qu’elle n’ait plus aucune confiance aux hommes.
«
Puis-je m’entretenir avec vous ? »