Plaisir et Révolte une rencontre qui fait perdre de l'argent.

Voilà plusieurs jours que Cassidy se trouve en France depuis son départ en Amérique après un petit adieu à son gang. En réalité, l'albinos préfère s'éloigner de son groupe afin de les laisser tranquilles suite au massacre de deux tiers de sa troupe. Ils ont voulu se révolter contre leur chef, Mordred est intervenue sans permission de son hôte pour montrer qui est le patron. À présent, la Reine du Crime s'oblige elle-même de rester loin d'eux pour éviter des morts inutiles. Quoi de mieux que ce pays ennuyant, la France. C'est chiant, énervant pour la cowgirl désireuse de liberté, de moments joyeux et surtout de faire exploser les banques pour récolter du fric. Ah là là, sa vie de gangster va lui manquer. Le Comte Millénaire lui a demandé de faire profil bas, chose que Cassie exécute sans broncher car grâce à ça gros balourd, ses hommes de son gang vont être riches. L'alcool à flot, les parties de cartes avec des paries à gogo, la musique au rendez-vous et la liberté avant tout. Elle soupire, peste assise sur son tabouret placé près d'un merveilleux instrument : le piano. Cela va faire des heures que la cowgirl joue de cet instrument pour y apporter de l'ambiance dans ce bar non dansant.

Danvers hallucine. Les Français font la gueule, ne danse pas, ne chante pas et ne sont pas joyeux. C'est tout de même un bar quoi. Un lieu pour y faire la fiesta. Mais non, pas ici visiblement. En plus, Cassidy déteste leur whisky. Il manque de goût, est poisseux et ne désaltère aucunement. Ça ne procure aucun plaisir pour la femme exotique. Pourtant c'est son septième verre de sky qui d'ailleurs épate le barman de ne toujours pas voir l'albinos saoul. Normal, Cassie tient bien l'alcool et avec ses avantages d'être un membre du clan Noah, le mot bourré n'existe plus.

Reprenant donc ses morceaux de musiques envoûtantes, dansantes d'un rythme western totalement étranger des hommes en berret tenant une baguette sous la main, la Reine du Crime observe un nouvel arrivant dans le bar. Un genre de clodo, sans domicile fixe, à moitié aveugle, mal rasé. Il a l’air d’un bosseur, d’un ouvrier, peut-être des mines de charbon. Lui au moins est bosseur comparé à la rebelle qui passe son temps à racketter les gens. De toute manière, voler l’argent c’est beaucoup plus excitant que de bousiller sa vie à bosser pour des tarés.

Sam l'Akuma de Cassidy sous forme humaine qui est une montagne vivante, est installé tranquillement à une table en jouant au poker avec des humains souhaitant le plumer. Pas de bols, l'Akuma est entraîné par la chef de gang. Ce n'est pas pour qu'il évite de déprimer par la suite, mais parce que Cassie en a marre d'être fauché à cause de son lourdaud de protecteur. Ça s'amuse à miser de l'argent qui ne lui appartient pas. C'est le fric de Cassie quoi. Du coup, la femme l'observe d'un œil assez prudent.

Lorsque son morceau de musique est terminé, l'albinos se retire de son tabouret pour observer le jeu de son compagnon. Un rictus apparaît sur son visage et une claque se colle sur le visage de Sam.

« Espèce de petit con, tu confonds encore les combinaisons gagnantes et je perds à nouveau mon fric. Je vais devoir mendier pour manger ce soir à cause de toi, espèce de moins que rien !!! » Cassidy tapote son index à plusieurs reprises sur la joue de Sam qui la regarde avec des yeux de cocker. « Je vais te réexpliquer combien de fois les règles de ce jeu pour que tu puisses enfin gagner, hein ? Shit, t’es vraiment à jeter Sam. Heureusement que tu es meilleur sur d’autres domaines. »

Énervée, Cassidy ferme ses poings, frappe le talon de sa botte sur le plancher en bois et se dirige au bar pour y recommander un nouveau verre de Whisky. En attendant, elle essuie la saleté sur ses lunettes de vue car sa vision est mauvaise à cause de son albinisme puis fixe l’inconnu un petit moment. L’albinos fronce légèrement ses sourcils puis tend son chiffon blanc à Tyki.

« Tu fais comment pour voir dans tes lunettes, elles sont crades, nettoie-les avant de bousiller encore plus ta vue. »  dit subitement la rebelle à l’inconnu en marmonnant le mot binoclard dans sa barbe.

La rebelle qui tend toujours son petit chiffon blanc pour cet homme crasseux, ne sait pas comment réagir quand ce dernier utilise plutôt son pull que le morceau de tissu de l'albinos. Elle qui souhaite lui rendre un service, l'homme refuse et préfère se débrouiller avec ses propres moyens du bord. D'autant que les verres de lunettes de l'étranger sont encore plus sales que tout à l'heure. La reine du Crime se met à soupirer en fermant ses douces paupières maquillées d'un noir léger. Ce garçon est déjà désespérant mais peut-être agit-il ainsi pour ne pas salir le vulgaire morceau de tissu de la rebelle. Serait-il gentleman ? Ou bien timide ? Ou alors un peu con ? Cassidy ne souhaite connaître aucune réponse à ces questions. Du coup, sans demander l'avis de l'inconnu, la cowgirl se permet d'attraper la branche de lunettes du binoclard avec une douceur qui ne lui ressemble pas. Ce mot d'ailleurs ne fait pas partie du dictionnaire de Danvers. C'est donc un moment assez rare de la voir agir ainsi.

Orientant les verres presque ronds sur une source de lumière, l'albinos repère d'innombrables salissures qui date d'aujourd'hui et des jours précédents. De plus, pas mal de rayures trônent sur les verres qui n'améliorent aucunement la vision du propriétaire.

« J'hallucine... » marmonne-t-elle désespérée de voir l'état de cette chose entre ses mains. « Tu devrais penser à refaire tes verres. » dit-elle en tournant légèrement son visage exotique à l'inconnu. « Même si ce n’est vraiment pas donné... » avoue-t-elle en soupirant d'un air très dépité.

Rapprochant la monture près de ses lèvres délicates, Cassie les entrouvre afin d'y recracher délicatement l'air usé sortant de ses poumons. La buée se forme sur les verres et Danvers n'attend pas une seconde pour frotter son chiffon sur ces dernières. Heureusement que son haleine ne sent aucunement l'alcool comme certains poivrots des bars. C'est du moins ce que rapportent quelques personnes qui ont été autorisé à entrelacer leurs lèvres sur les siennes.

Terminant les petits soins, Cassie pose la monture à côté du verre d'alcool de l'étranger. Soigneusement, elle plie le petit chiffon et le range dans sa sacoche accrochée autour de sa cuisse droite.

« Tu devrais voir le monde sous un autre jour à présent. » déclare la rebelle en buvant d'une traite son verre de whisky qui l'écœure une nouvelle fois. « Tch...impossible d'être satisfaite avec cette merde pareille. »

Cassie croise ses bras sur le bar, tapote ses doigts droits sur son bras gauche et laisse échapper un petit trait de fumée rouge qui tourne autour de ses ongles noirs vernis. Elle repense subitement à son pays qui lui manque énormément. Rien à voir avec cette France. De plus, le temps qui joue entre la chaleur et le froid n'est guère appréciée par la criminelle.

Poussant avec son index sa monture sur son nez, la femme s'ennuie et souhaite passer le temps afin d'attendre l'heure de passage d'un train pour se rendre à la gare et voyager à Paris.

« Tu bosses dans les mines, le binoclard ? » demande subitement l'albinos en souhaitant s'intéresser à son voisin de table. « Pas trop désespérant comme métier ? J'ai entendu dire, que ceux qui travaillent dans ce genre d'endroit, n'atteignent pas tous la quarantaine, voire mon âge. Ça ressemble à un boulot pour trouver la mort rapidement. »

La femme qui est âgée de trente et un an depuis deux années, attrape la manche de la chemise blanche du barman afin de l'interpeller. Lui au moins pourra vivre plus longtemps que ces mineurs désespérants.

« Tu n'as pas un whisky plus fort ? Il n'a aucun goût celui que tu me sers depuis tout à l'heure. »

Le barman fronce ses sourcils, réfléchit quelques instants puis libère dans un placard une vieille bouteille poussiéreuse. Il en sert à la femme et rebouche le bouchon d'une manière professionnelle. Cassie n'attend pas une seconde et boit le breuvage cul sec.

« Ne range pas la bouteille. » dit-elle en tentant sa main en direction du récipient contenant l'alcool. « Je t'achète l'intégralité de ce qu'il y a dedans. Ce sky est parfait pour mes papilles gustatives. » Elle se resserre immédiatement puis fixe la taupe. « T'en veux ? »

Son voisin de table accepte volontiers de partager l'alcool de Cassie avec elle. Cassidy échappe donc un sourire de satisfaction. D'une délicatesse stupéfiante, la bague de la bouteille se pose sur le buvant du verre du binoclard afin d'y verser ce majestueux breuvage ancien bordé d'alcool. Le son du choc du whisky dans le récipient attise l'envie à la rebelle de boire en vitesse son deuxième verre pour en reprendre un troisième. Elle se souvient lorsque ses lèvres pures se sont trempées dans cette boisson pour la toute première fois. Ce fut un des plus beaux jours de sa vie. Cassie aimerait revivre cet instant qui ressemble au paradis, mais ne dit-on pas que les meilleures choses ont une fin ?

Danvers enlève ses lunettes pour les poser sur le bar et place une de ses mains sur son visage exotique pour cacher ses orbes de vampire. Un mal de tête vient de la gêner pour y interrompre sa petite rêverie. Son sang est en ébullition car la chose que la cowgirl abrite s'agite un peu trop. La louve souhaite sortir de sa cachette car elle sent une odeur bien particulière qui émane de cet homme misérable. Il dégage une envie de se révolter. Du moins, ça y ressemble. Un peu comme Cassidy qui a une sainte horreur des nobles et n'hésite pas à leur arracher le cœur. Mais c'est assez ironique car l'albinos est fille d'une famille de bourges. Son titre de noblesse s'élève à Comtesse, cependant la rebelle déteste cette chose qui lui donne de la valeur aux yeux des riches et de la haine aux yeux des pauvres. Elle refuse d'être appelée de la sorte et de suivre le chemin de ses salopards de géniteurs. Ils désiraient la marier à un Duc pour y trouver meilleure fortune. Au regard de ses parents, Cassidy n'était qu'un bout de viande servant à enfanter et donner de la valeur à ces derniers. Rien que d'y penser, d'y émettre leurs visages dans son esprit, la Reine du Crime est énervée et se retient de briser son verre d'alcool dans sa main. Néanmoins, une petite fissure apparaît sur ce dernier et montre que la femme n'a pas réussi à calmer sa colère à temps.

Danvers boit cul sec son verre d'alcool, ça l'apaise un petit peu, lui change les idées.

« Bourge ou non, la vie est courte. » dit-elle en se frottant les yeux avec ses doigts. « La différence entre un pauvre et un riche est invisible à l'œil nu. » La rebelle pointe son index a quelques centimètres du torse de l'homme, là où doit se trouver son cœur, s'il en a un. « Tout est dans le cœur. Mais ce n'est que mon point de vue. » La femme du wild west tourne son verre posé sur la table pour mieux y voir la fissure. « On y trouve des gens plus honnêtes en bas de l'échelle. Eux au moins se réjouissent, dansent, chantent, s'amusent contrairement au soi-disant roi du monde qui pourrit les différentes terres et mer. » marmonne-t-elle d'une voix à peine audible à l'ouïe de son interlocuteur.

La migraine reprend, la Révolte rigole à l'intérieur de Cassidy. Elle le sait, que ce parasite au fond de son être se moque constamment de son hôte. Pauvre petite albinos. Comment peut-elle dire des paroles de ce genre alors que ses mains sont recouvertes de sang. De ses nombreuses victimes, beaucoup ne sont pas de la noblesse. Tuer est un mot qui survient trop souvent dans le quotidien de son dictionnaire, surtout depuis que sa destinée est tracée par sa résurrection en Noé. Après tout, ses premières victimes sont ses parents, c'est là où tout a commencé et ne se finira jamais.

« Même si pour toi, nettoyer de simples verres de lunettes ne sert à rien, tu devrais pourtant remarquer que le monde est bien mieux avec une meilleure visibilité. Parfois, on peut manquer des choses qui sont magnifiques et le regretter par la suite. » De ses mains, Cassidy masse ses tempes, serre les dents pour chasser cette migraine causée par Mordred et se resserre à boire. « Je ne te juge aucunement, tu as l'air de profiter de la vie pendant que moi... »

Je la détruis.

Cassidy brise le verre d'alcool dans sa main tout en perdant son sourire. Des minuscules morceaux de verre viennent de torturer la paume de la paluche de l’albinos. L'alcool s’est éparpillé un peu partout dont sur les vêtements de Danvers. Le barman gronde que ce verre sera rajouté dans la note de sa cliente et la prévient de ne pas recommencer. Le regard de la femme bien dissimulé sous l'ombre de son chapeau de cow-boy y montre des iris jaunes et menaçants. L'albinos baisse donc sa tête pour que personne ne remarque et subitement le doré disparaît pour laisser sa place au rouge révolutionnaire.

« Mes excuses. » se met à rigoler la rebelle en reprenant une attitude joyeuse. « À force d'astiquer des choses, on y gagne de la poigne, non ? Hm ? » demande-t-elle au barman en lui faisant un clin d'œil provocateur. « Je peux avoir un torchon pour essuyer ce petit désastre ? »

Danvers remercie l'homme en attrapant le tissu et essuie sa bêtise tout en jetant son attention sur l'étranger.

« Monsieur le piqueur, c'est quoi ton joli nom ? Histoire que j'arrête de t'appeler binoclard. » La femme tend le torchon trempé au barman et ne souhaite pas baisser ses orbes sur le porteur de lunettes. « J'espère ne pas t'avoir éclaboussé. Quel dommage que le reflet de tes loupes camoufle tes resplendissants iris. » avoue-t-elle en sortant de sa poche une carte de poker représentant la dame de cœur pour la poser près de ses lippes délicates.